mardi 23 octobre 2012

Courir le 42 300 mètres haies

Le chemin de renouvellement de visa aime se parsemer d'embûches. Tirez-vous donc une bûche, que je vous en conte une bonne.

J'ai mentionné récemment que le directeur de mon ancienne école de japonais, où j'enseigne le français à l'occasion, avait offert que son institut parraine mon visa. Vendredi dernier, mettant la main sur le formulaire qu'il avait dûment rempli, je croyais être fin prêt à soumettre mon dossier à l'immigration. C'était prendre mes désirs pour des réalités.

Le premier obstacle, somme toute gérable, se dresse au moment d'appeler la ligne d'information d'immigration pour confirmer les documents requis dans mon dossier. La dame à l'autre bout du fil me surprend en précisant qu'il me faut un document au long nom (jūminzei kazeishōmeisho, 住民税課税証明書). Il s'agit d'un relevé de taxes municipales, à obtenir au bureau d'arrondissement, dénommé kuyakusho (区役所), qui ferme à 17h. Puisqu'il est près et qu'il me reste encore quarante minutes, je m'y précipite à vélo.

C'est alors qu'un nouvel obstacle, plus redoutable, prend la relève de son confrère déchu. Prenant un air navré, l'employé de la section fiscale m'indique que puisque j'ai emménagé dans l'arrondissement de Shinjuku au mois de juin, et donc que je n'y vis pas depuis le début de l'année, il ne peut accéder à ma demande. Je dois plutôt me référer au bureau de l'arrondissement au sein duquel j'habitais en début d'année, Adachi. Je suis dépité, car il est loin Adachi. Je quitte l'endroit bredouille, accueilli à la sortie par une pluie naissante, compagnonne idéale de mon état d'esprit.

La déception du moment estompée, et refusant de me laisser abattre par de telles tribulations triviales, je décide que demain matin non seulement à vélo j'irai obtenir mon jūminzei kazeishōmeisho, mais, doté d'un dossier ainsi complété, je me rendrai ensuite directement au bureau d'immigration, pour tout régler la même journée. La tâche n'est pas mince : 12,2 kilomètres me séparent du kuyakusho, lequel est à 18,6 kilomètres du bureau d'immigration, à partir duquel je devrai parcourir 11,5 kilomètres pour rentrer à bon port. Un total de 42,3 kilomètres, soit une centaine de mètres de plus que la distance officielle d'un marathon.

Devenu athlète par la force des visées de visa, je ne ferai qu'une bouchée des embûches. C'est du moins mon désir, en espérant qu'il devienne réalité.

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