lundi 30 avril 2012

Cendrier


J'ai trouvé Kagoshima anormalement poussiéreuse jusqu'à ce que comprenne qu'il s'agissait de cendres, que le volcan tout près crache continuellement.

En tel voyage, il est essentiel de bien s'hydrater, et de disposer à tout moment d'amples ressources hydriques. Les bières belges consommées la veille de mon vol, offertes par mon coloc comme cadeau de départ, ayant pipé les dés, en fin de journée hier ce n'est qu'au bout de plusieurs verres calés que j'ai commencé à me sentir désaltéré.

La flexibilité constitue un autre facteur essentiel au bon déroulement vacancier. Ainsi, j'avais initialement projeté de me rendre à Yakushima aujourd'hui, île recouverte en partie d'une forêt primitive de cèdres japonais. Il a suffit d'aller au terminal des traversiers pour me faire changer d'idée. Attendaient en longues files des dizaines de Japonais, tous en vacances pour la Golden Week, voulant tous visiter le même endroit prisé.

J'ai d'abord regrétté d'avoir acheté mon billet d'avion sans penser à cette semaine de l'encombrement touristique, puis je me suis fait à l'idée : Yakushima saura attendre, comme clou de mon voyage dans trois semaines, une fois le calme revenu.

D'ici là, j'amorce le tour de Kyushu, à l'itinéraire susceptible de modifications. Première étape : Sakurajima, la source de crachat des cendres à l'apparence poussièreuse.

samedi 28 avril 2012

Gérard Départ-Dieu

Ça y est : trois semaines de pouce et de camping dans la campagne japonaise. Projet qui promet!

Le moment est enfin arrivé. Il est trois heures moins quart du matin, mon vol est prévu pour neuf heures moins cinq, donc d'ici quelques heures à peine, et je viens de finir mes bagages. 

Si j'ai attendu si longtemps, voire jusqu'à la dernière minute, pour les faire, c'est que je devais tout d'abord enfoncer le dernier clou dans le cercueil d'une traduction considérable.

Si je n'ai pu terminer la traduction avant, c'est que ce matin j'ai tout d'abord dû enseigner six leçons. Rien de mieux qu'être débordé avant des vacances, afin de sentir qu'on les mérite vraiment. C'est presque un mantra pour moi.

Je me réjouis à l'idée de voir ce que me réserve ce voyage plutôt inusité. Trois semaines pratiquement sans objectif clair, si ce n'est de Yakushima et ses cèdres millénaires, sous-tendues par un billet de retour ouvert, moment idéal pour y perdre ses repères. 

Sauf quelques rares moments, je ne devrais pas avoir accès à Internet. La présente tribune devait souffrir d'un silence radio plus ou moins prolongé. Les contributions, plus rares, devraient néanmoins gagner en originalité et en fraîcheur, redorées du blason d'une perspective nouvelle.

Du camping solitaire et des rencontres intéressantes. Deux activités aux antipodes, deux activités auxquelles j'ai hâte de m'adonner.

Sur ce, bon voyage à moi!

vendredi 27 avril 2012

Karaosé

Les endormis du métro. Dans le train de retour au bercail hier soir, le vendredi précédant la Golden Week, ils étaient légion, assoupis dans le train ou sur la plateforme. 

Quand elle ne peut dormir chez moi, d'ordinaire nous allons au karaoké à mi-chemin, mais c'était plein. Nous avons dû nous rabattre sur le café de manga, moins intime, moins propice à nos duos.

Nous faisions trop de bruit, qu'on nous a avertis. Au pays du manga, le chant des ébats n'est pas prophète.

mardi 24 avril 2012

Succession de Z

Le sommeil m'emportera bientôt. Je résiste, j'écris.

Un matelas de sol, une lampe frontale.

Les pièces manquantes du puzzle qu'est le voyage de camping à venir, aujourd'hui trouvées.

Il y en aura probablement d'autres, des pièces à dénicher, mais j'ignore encore qu'elles manquent à l'appel.

Un matelas de sol, voilà qui me donne une idée, à la gloire de Morphée.
Moi, je ne manquerai pas à l'appel du sommeil.

lundi 23 avril 2012

Arrière-train

Soixante-dix bornes de vélo par temps beau, achevées juste avant la pluie

J'ai le derrière endolori, aucune raison d'en être surpris

Ça fesse(s), aux dires de mon amie Sophie

Elle n'aurait pu mieux dire, à postérieuri

dimanche 22 avril 2012

Citoyens du monde

Pat à l'agonie en Patagonie

Mon amie bi de Namibie

Étienne d'Éthiopie, atteint d'myopie

Guy et Anne de Guyane

Sans inspiration, carte du monde devant moi

samedi 21 avril 2012

La bouteille

La bouteille d'Allemagne portait les deux bandes d'usure caractéristiques des récipients maintes fois réutilisés.

En en sirotant le liquide ambré, j'ai pensé à la pléthore d'Allemands qui ont fait comme moi, la même bouteille en main.

Exportée en pays qui ne s'adonne pas à pareille pratique, son aboutissement elle a connu, au moins avec quelqu'un qui a su en apprécier le contenu.

vendredi 20 avril 2012

Élève honni

Je déteste ce type!, tonne Oana ma collègue contre l'élève Ryohei, en entrant dans la salle des profs. Après toutes ces leçons, son niveau demeure atrocement faible, il est incapable de construire des phrases sensées, il ne fait qu'enchaîner des suites de mots sans queue ni tête, qu'elle ajoute, visiblement enragée, avant de cracher un juron bien placé.

Heureuse coïncidence, c'est à moi que revient l'honneur de lui enseigner sa seconde leçon, après les cinq minutes de pause. Oana me rend le dossier de l'étudiant, qui indique que je lui ai déjà enseigné. Comme d'habitude, je ne parviens pas à le replacer.

La cloche sonne, annonçant la nouvelle leçon. J'entre dans la salle 13. Je reconnais Ryohei en un instant. Certes, il n'est pas le plus rapide, il n'a pas le don des langues, il ne fait probablement pratiquement aucun effort hors des cours, mais il est sympathique, et contrairement à d'autres, il ne dégage pas d'odeur nauséabonde. 

C'est alors que je remarque sa chemise. Il vient de l'acheter, car le petit autocollant XL se trouve toujours au-dessus de sa poche de poitrine. Apparemment Oana a pris sa revanche en jugeant bon de ne rien lui dire. Je souris, peu subtilement à mon goût, puis je décide de lui faire remarquer la petite bévue qu'en fin de leçon. Il m'est également arrivé de la commettre, cette bévue, empoté que je suis. D'un empoté à un autre, la leçon s'est bien déroulée.

jeudi 19 avril 2012

En mauvaise indue forme

Le mois dernier, j'étais allé à l'ambassade du Canada pour y déposer ma demande de renouvellement de passeport. À ma surprise, elle était dotée d'une bibliothèque, baptisée en l'honneur d'un illustre Canadien dont le nom m'échappe maintenant. 

Tant qu'à m'y trouver, j'avais jugé bon d'emprunter quelques livres. Deux romans d'Haruki Murakami, et son recueil d'entrevues des victimes de l'attentat de 1995 au gaz sarin, que je devais rapporter dans un délai de quatre semaines. 

Plus tard, le jour même, j'avais invité à souper mon amie Natsumi, rencontrée à Toronto dans le cadre d'échanges japonais-français. Elle m'avait exprimé sa volonté d'éviter de régresser en anglais. Je lui ai alors prêté A Wild Sheep Chase, l'un des romans, qu'elle m'a rendu il y a deux semaines, date à laquelle il était dû.

L'ambassade n'étant pas très bien située pour moi, et ayant entamé à mon tour cet ouvrage, ce n'est qu'aujourd'hui que je suis parvenu à le rendre. J'étais disposé à débourser la pénalité, si pénalité il y avait, mais la bibliothèque avait déjà fermé ses portes. 

Je ne prévois pas d'y retourner uniquement pour m'acquitter d'éventuels frais de retard. Cette question devra donc rester en suspens, dans l'espérance que mon mauvais dossier d'usager ne reviendra pas me hanter quand l'aide de l'ambassade je nécessiterai...

mercredi 18 avril 2012

Épopée pas pire

En 2003, il y a neuf ans déjà, j'ai dérivé sur les routes de France. J'avais dix-neuf ans, je faisais du pouce, et ma pancarte indiquait non pas où je souhaitais aller, mais simplement Je suis Québécois. L'attrape-nigaud par excellence. Pendant les quatre semaines qu'a duré mon périple, je n'ai payé que cinq fois pour un toit. J'en garde d'excellents souvenirs, parfois une certaine nostalgie.

J'ai bien refait du pouce ailleurs, notamment de Calgary à Montréal, et plusieurs allers et retours entre Trois-Rivières et Québec, mais jamais avec l'abandon de la campagne française, où je tendais mon pouce en bord de route non pas pour me rendre à destination, mais pour voir du pays.

(Évidemment, en fin de parcours destination il y avait, soit Guernesey pour y trouver du travail, mais cette destination n'a justement commencé à effleuré mon esprit qu'en fin de parcours).

Au Japon, je compte déjà deux expériences de pouce, à Okinawa et dans le Tōhoku, mais chaque fois il était question de se rendre à destination. Du pouce dont on ne peut savourer pleinement, car hâté. Heureusement, trois semaines de vacances viennent sous peu. Doté d'un billet aller-retour pour Kagoshima, il est temps de voir du pays.

Ma pancarte Je parle japonais (日本語が話せる), ma tente, mon brûleur, mes noix et mes repas déshydratés, mes jambes, mon cou. Une aventure qui promet. Une épopée qui ne saurait tarder.

lundi 16 avril 2012

Larcin orangiste

L'impression me vient que je parle souvent de course par les temps qui courent. C'est peut-être qu'au fond, ce qui vaut la peine d'être relaté ne se produit qu'en ces moments. Car si la course est essentiellement routinière, les endroits parcourus n'en sont pas identiques pour autant.

Ainsi je m'engage dans une courbe. Le temps est humide pour avril, et au loin se profilent des nuages menaçants. Devant, un oranger, dans une arrière-cour clôturée. Il est chargé de lourds fruits, et certaines de ses branches s'aventurent au-dessus de la rue. Sous sa voûte, je m'immobilise un instant, hésite un instant de plus, puis saute pour agripper l'orange la plus accessible. C'est raté. Je me reprends, cette fois avec succès. J'amorce à nouveau mes pas de course, sphère en main.

Non loin se trouve un parc. Je m'installe sur un banc pour peler l'agrume dérobée. Non loin, des gamins s'énervent sur les balançoires, tandis que je m'exerce à cracher les noyaux le plus loin possible. Trois ou quatre fois, je me dis qu'une graine particulièrement bien expulsée constitue le record imbattable, mais une autre vient confondre le sceptique en moi.

Les nuages se décident soudain à engendrer des éclairs, avec leur tonnerre afférent. Je ne crois pas en avoir vécu auparavant au pays du solevant. Les premières gouttes ne sauront tarder. Je me lève du banc, jette la pelure et le dernier quartier, cette orange étant exceptionnellement massive, puis me remets à courir en direction du parc Toneri, que je ne trouverai jamais, au demeurant. Cela ne fait qu'ajouter au charme, car même les excursions les mieux planifiées connaissent leurs imprévus, qu'il s'agisse d'un chemin perdu ou d'un fruit gagné.

samedi 14 avril 2012

Esquive

En fin d'après-midi les dimanches, crevé j'arrive chez moi, la journée d'enseignement enfin terminée. Depuis quelques semaines, après une sieste, je parviens à sortir courir.

Cette semaine, je me sens plutôt ralenti. Je finis par amorcer ma sieste, mais bien tard, et celle-ci s'éternise, si bien que je ne reprends vie qu'à vingt-trois heures.

J'hésite un instant, puis décide d'aller tout de même courir. Mes jambes m'apportent dans un quartier jusqu'alors jamais visité, et j'arrive à la hauteur de la maison de détention de Tokyo, imposant complexe sur lequel mon regard se pose à l'occasion depuis le train.

Courir, c'est s'évader de la prison de la sédentarité. Ce soir je me suis échappé des pièges de l'immobilité. Courte liberté par course libératrice.

vendredi 13 avril 2012

Cerisier de cassis

Belle journée, vers la fin de la floraison des cerisiers. Postés aux entrées du parc Gyoen, des gardiens vérifient le contenu des sacs. Aucun alcool n'est toléré, ni même les bouteilles qu'on ne compte pas consommer. Je viens de me procurer deux bonnes belges, en plus de lui en offrir une au cassis. Le garde est intransigeant. Un dur.

Nous trouvons un casier dans lequel déposer le fruit interdit. Elle décide toutefois d'omettre d'y mettre la bière de cassis et de l'enfouir plutôt dans son sac. Ce n'est que du jus, qu'elle me dit. Avec un taux d'alcool de 3,5 %, elle n'a presque pas tort.

Nous allons à une autre porte. Moins sévère, la gardienne ne demande pas qu'on lui ouvre nos sacs. Il suffit d'une déclaration selon laquelle on n'a rien à déclarer.

Assis sur la toile bleue devant un grand cerisier aux fleurs blanches, nous nous passons la bouteille, buvant à petites gorgées. Quelques gardes de la tempérance font bien leur tournée, mais cela ne nous concerne guère.

Du bon jus en effet. J'admire sa décision de ne pas s'en laisser imposer. Nous nous étendons pour faire la sieste, sa nuque reposant sur mon bras droit. Dans le groupe à notre gauche, un bébé pleurniche. Qu'importe, le sommeil nous vient vite.

mercredi 11 avril 2012

Jeune matente

Je me suis procuré une tente. La tente. La tente dans l'attente latente des vacances.

En après-midi je l'ai trouvée à moitié prix, seule de sa marque, d'ailleurs inconnue, sa boîte en carton passablement maganée.

En soirée une amie m'a invitée à un hanami. Les hanami sont les rencontres entre amis, s'asseyant auprès de cerisiers en fleur. Prétexte pour boire en plein air.

J'ai jugé bon d'utiliser ma nouvelle tente comme toile de sol. Bon moyen de l'inaugurer.

Naomi, la coloc de Tomoko l'organisatrice, a distraitement laissé tomber des cendres ardentes de sa cigarette, créant ce faisant un trou dans ma belle tente tout juste acquise.

Ainsi ma tente, qui bientôt devra m'héberger, a été déviergée.

mardi 10 avril 2012

Gorgoton

Mercredi c'est mon vendredi
Demain jeudi, mon samedi

Pour ma journée de congé
Je compte me procurer tente et brûleur
 Pour les vacances qui viennent
J'ai des rêves de camping, de grandeur

À cela il faut ajouter des vivres
Car en nature
De la nourriture
Il en faut pour survivre

Près de l'institut où j'enseigne le français
Se trouve le musée des pompiers
Qui vend des victuailles déshydratées
Moyen facile de s'alimenter

Faire bouillir dans la marmite
Au-dessus du brûleur
Et en moins de deux
Voilà! Un festin à point, délicieux

lundi 9 avril 2012

Course-métrage

D'une certaine manière, courir c'est voir un documentaire sur la réalité de sa ville où l'unique narration est sa respiration. Dans la majorité des visionnements, on n'interagit pas avec le paysage, on le subit, mais à l'occasion le long-métrage se transforme en livre dont vous êtes le héros ou du moins un personnage mineur.

C'est ainsi que j'ai couru aujourd'hui, par un temps à tendance estivale.

En pur observateur, je traverse un parc au sein duquel des retraités se prélasse à l'ombre de cerisiers tout en fleurs. Je m'engage ensuite dans une rue, où je croise une dame au vélo bien chargé de provisions. Je ne fais pas cinq pas que je l'entends chuter lourdement dernièrement moi. De simple figurant, je deviens protagoniste. L'acteur de série B est prêt à faire sa B.A.

La pauvre dame a éparpillé son manger, sur le trottoir et un peu dans la rue. Je l'aide à ramasser ses crevettes, son thé, sa sauce soya, ses nouilles. Ne manquent que quelques œufs rompus, arrangés avec le gars des vues. En bonne Japonaise, elle ne cesse de s'excuser, comme si sa chute m'était inconvenante, comme si l'aider était un affront au bon goût et à la dignité.

Bien que visiblement trop chargée, elle refuse catégoriquement mon offre d'amener ses vivres jusqu'où elle vit, selon ses dires tout près. Tant pis. 気をつけて。危ないよ!, que je lui dis. J'y vais d'un haussement d'épaules, puis je reprends ma route. Honnêtement, je ne pense pas avoir haussé les épaules, mais faut bien conférer une touche dramatique. Il s'agit d'un documentaire fascinant, après tout.

Relégué à nouveau à un rôle sans dialogue, donc, je poursuis mon chemin. Un héros aurait su l'empêcher de tomber. N'importe qui d'autre aurait apporté son aide après coup. Un livre dont vous êtes n'importe qui.

samedi 7 avril 2012

Une bonne marche au bon marché

J'ai manqué le dernier train. Une première.

J'ai pu me rendre jusqu'à la station Kitasenju, à six kilomètres de marche de chez moi. Rien de déraisonnable, malgré la douzaine de kilomètres parcourue plus tôt, en jogging.

En ce dimanche, tard et sombre, les rues étaient quasiment désertes. J'ai marché à bon rythme, apercevant un chat ou un humain à l'occasion.

Sans en avoir eu le choix, cette balade nocturne a été plaisante. Elle m'a ramené à mes premiers mois en sol japonais, où sans emploi et aux économies bien garnies, je n'avais que mes leçons de japonais comme responsabilité, le reste n'étant que loisir et découverte de la ville. À maintes reprises j'avais ainsi déambulé dans la ville.

Les jambes fatiguées mais pas tout à fait endolorie, je m'apprête à me coucher, heureux d'aimer marcher.

jeudi 5 avril 2012

Sirop de vélo

Une petite bouteille
De sirop d'érable
Au supermarché
Que lui faut-elle
Sur l'étiquette
Pour la rendre
Plus typique?

L'image du château Frontenac

Une balade de vélo
En bord de rivière
Par journée ensoleillée
Que lui faut-elle
De pénible
Pour la rendre
Moins sympathique?

Un vent de face qui attaque

mercredi 4 avril 2012

Chétective

Dans la précédente entrée 
Au lieu d'écrire furieux
J'aurais pu écrire courroucé
mais ça ne rime pas avec Dieu

Au gym aujourd'hui, une équipe de télévision était venue de Hokkaido pour y filmer deux culturistes en pleine séance culturelle. Était plutôt encombrante la caméra braquée sur ces deux dames soulevant de la fonte de divers poids et formes. J'ai à quelques reprises dû m'immiscer dans le champ de la caméra afin de saisir des haltères pour mon propre usage. Chétif en ce lieu, j'offrais un beau contraste pour ces femmes fortes.

En soirée, invité à une soirée organisée par Sabine, bénévole infatigable du Japon post-tsunami mais devant revenir un temps en Écosse, j'ai parlé à un certain Tom de Chicago, un peu grande gueule. Il m'a indiqué être un quart franco-américain. Comme toujours lorsque je rencontre un des dix millions de ses compatriotes ayant du sang français, je lui ai demandé quel était le nom de famille de la grand-mère ou du grand-père concerné. Il n'a su me le dire. À moins que Tom soit du genre à ignorer le nom de ses grands-parents, j'ai eu l'impression de débusquer un imposteur. Julien, détective généalogique génial et logique, à votre service.

mardi 3 avril 2012

Course divine

Avec l'obtention d'un nouveau passeport vient la nécessité d'y transférer mon visa de travail japonais. Le transfert doit se faire au bureau de l'immigration, encore plus mal situé qu'auparavant depuis mon déménagement, en début d'année.

En ce mardi, j'ai deux leçons à enseigner en matinée pour ensuite être libre jusqu'en soirée. Pour lier l'obligatoire au sport, après la seconde, je décide d'y aller au pas de course, pour une distance d'environ onze kilomètres. On annonce du beau temps, ça promet du bon temps.

Après un court somme post-leçon, j'enfile mes vêtements de jogging et sors de l'école par l'escalier de service. À la hauteur de la rue, surprise! Un fin crachin tombe du ciel. J'hésite un instant. Tant pis, je m'élance, me sachant dépourvu de cacao, pariant que le temps n'empira pas.

Les kilomètres initiaux défilent sous mes pieds sans obstacle, malgré la bruine intermittente.

À mi-chemin environ, fier de ne pas m'être laissé abandonné, je me dis que si j'étais croyant, j'aurais été convaincu que Dieu avait provoqué l'intempérie pour tester ma foi en lui.

Mais Dieu n'a rien à y voir. Il n'y a que moi et ma volonté de courir, que les conditions soient idéales ou non.

En tournant un coin alors même que cette pensée agite ma cervelle, une forte bourrasque en pleine face vient me déstabiliser. Tu penses que j'existe pas? impie!, de rétorquer Dieu, furieux. À genoux, par le vent terrassé!

Mais c'est qu'il est susceptible, le Tout-Puissant.

Amusé par cette pensée, je poursuis ma route.

Les derniers kilomètres sont le théâtre de la conversion de la bruine en pluie. De la pluie ruine-parapluie, car le vent se met de la partie. J'atteins le bureau de l'immigration, passablement détrempé. Je remarque que j'ai reçu un courriel. Mon école annule les leçons restantes de la journée pour cause de typhon!

Le nouveau passeport désormais doté de son visa, je peux quitter ce lieu, bien que le temps dehors me pousse à prendre mon temps en dedans. Prolonger au-delà du strict minimum son séjour en bureau gouvernemental, geste inusité pour journée anormale.