lundi 16 avril 2012

Larcin orangiste

L'impression me vient que je parle souvent de course par les temps qui courent. C'est peut-être qu'au fond, ce qui vaut la peine d'être relaté ne se produit qu'en ces moments. Car si la course est essentiellement routinière, les endroits parcourus n'en sont pas identiques pour autant.

Ainsi je m'engage dans une courbe. Le temps est humide pour avril, et au loin se profilent des nuages menaçants. Devant, un oranger, dans une arrière-cour clôturée. Il est chargé de lourds fruits, et certaines de ses branches s'aventurent au-dessus de la rue. Sous sa voûte, je m'immobilise un instant, hésite un instant de plus, puis saute pour agripper l'orange la plus accessible. C'est raté. Je me reprends, cette fois avec succès. J'amorce à nouveau mes pas de course, sphère en main.

Non loin se trouve un parc. Je m'installe sur un banc pour peler l'agrume dérobée. Non loin, des gamins s'énervent sur les balançoires, tandis que je m'exerce à cracher les noyaux le plus loin possible. Trois ou quatre fois, je me dis qu'une graine particulièrement bien expulsée constitue le record imbattable, mais une autre vient confondre le sceptique en moi.

Les nuages se décident soudain à engendrer des éclairs, avec leur tonnerre afférent. Je ne crois pas en avoir vécu auparavant au pays du solevant. Les premières gouttes ne sauront tarder. Je me lève du banc, jette la pelure et le dernier quartier, cette orange étant exceptionnellement massive, puis me remets à courir en direction du parc Toneri, que je ne trouverai jamais, au demeurant. Cela ne fait qu'ajouter au charme, car même les excursions les mieux planifiées connaissent leurs imprévus, qu'il s'agisse d'un chemin perdu ou d'un fruit gagné.

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