samedi 31 juillet 2010

Quatre vins au menu

Il est particulier le nombre quatre-vingt.

Voilà une belle multiplication : quatre fois vingt donnent en effet quatre-vingt.

L’origine de cet adjectif numéral remontrerait aux Celtes, qui recouraient au système vicésimal, utilisant la base 20. Pourquoi vingt? Mis à part les estropiés et ceux souffrant de polydactylie, le commun des mortels est doté de vingt doigts, dix de main et dix de pied. Ainsi, en matière de négoce, on comptait sur nos doigts et nos orteils pour les calculs de base.

Il est plutôt laborieux d’écrire le numéro de Wayne Gretzky en toutes lettres. Quatre-vingt-dix-neuf, c’est moins élégant et concis que son équivalent japonais, 九十九, non?

Le jour où je serai nommé secrétaire perpétuel de l’Académie française, mon premier décret proclamera l’abolition de quatre-vingt au profit d’octante, beaucoup plus logique sur le plan étymologique. Ça arrivera un jour, n’ayez crainte, même si je dois attendre d’être octogénaire, ou devrais-je dire quatre-vingtenaire?

vendredi 30 juillet 2010

Ration alitée d’allitérations

Ma foi, voilà un loisir oisif de bon aloi

Tout feu tout flamme, l’esclave s’esclaffe

Tout compte fait, le comte fait tout

En somme, souvent au sortir d’un somme nous sommes assommés

Figure-toi que j’ai fait piètre figure : j’ai figé et failli à mon rôle de Figaro mal fignolé

jeudi 29 juillet 2010

Pèlerinage cinématographique

Il est un endroit de ma ville qui pourrait bien devenir un haut lieu du septième art.

Un lien puissant unit la capitale de l’Ontario à un film culte du cinéma américain.

Un lien qui dépasse l’entendement, par son simple pouvoir évocateur.

Ce lien, c’est une intersection, qui se démarque d’entre toutes.

Avez-vous vu The Shawshank Redemption? Il s’agit ni plus ni moins du film le mieux coté de l'histoire par les cinéphiles, selon le très crédible imdb.com. Pas mal. On pourrait parler du contraire absolu du pire navet de tous les temps, disons.

Et bien se trouve-t-il que l’intersection Shaw-Shank existe, ici même à Toronto.

J’imagine déjà des milliers de pèlerins s’y recueillir chaque année, un festival annuel consacré à ce chef-d’œuvre, un musée, un centre d’interprétation, des manèges, et un monument érigé à ma gloire, pour avoir relevé l’existence de ce carrefour ahurissant.

On peut toujours rêver en Technicolor, non?

mercredi 28 juillet 2010

Le délire de trop relire

Je trouve un peu curieux, voire peu curieux, ceux qui s’entêtent à relire, maintes fois parfois, un bouquin dont ils ont raffolé.

On n’a qu’une vie à vivre, et un jour on va mourir. C’est inévitable, et il est vital d’en tenir compte. Le fait demeure qu’il y a beaucoup plus d’ouvrages dignes d’intérêt qu’il est possible d’en lire en une vie.

Chaque minute de notre existence consacrée à relire un livre est une minute de moins pour découvrir un nouvel auteur et atteindre de nouvelles hauteurs.

Alors voici un conseil à mes lecteurs se délectant de relecture : la prochaine fois qu’un chef-d’œuvre vous envoûte, et que vous voulez le revivre coûte que coûte, attendez donc vingt-cinq ans avant de replonger dedans!

mardi 27 juillet 2010

La course épiée

Je reviens de courir, au-delà de dix kilomètres en un peu plus d’une heure.

Je suis en sueur et épuisé, mais en quelque sorte zen et reposé. Ça doit être les endorphines.

À l'occasion, quand je me sens faiblir et pour me motiver, je me dis : « allez mon vieux, un pied devant l’autre, tu vas y arriver! »

Et quand on y pense, le jogging est exactement cela. L’exercice physique le plus simple qui soit.

Fondamentalement, il ne s’agit que d’une suite de deux mouvements, identiques de surcroît : enjambée d'une jambe, enjambée de l'autre. Il suffit ainsi de partir du bon pied et de répéter cette séquence toute simple, ad extenuam.

Mentalement, il faut se pousser, se botter le derrière. Inutile de se berner, le jogging n’est pas toujours plaisant, et c’est parfois carrément pénible, mais somme toute, les bienfaits que j’en tire en valent amplement la peine. Bienfaits pour moi!

lundi 26 juillet 2010

Que c'est con, duire n'existe pas!

Il y a porter, duquel proviennent comporter, emporter, déporter, exporter, reporter.

Ce qui nous reporte à venir, qui nous surprend avec convenir, devenir, subvenir, survenir et provenir.

Et si on s’emporte un peu, notons prendre, qui devient comprendre, entreprendre, méprendre, s'éprendre, surprendre.

Voilà pourquoi je suis surpris de l’inexistence de duire. Conduire, enduire, réduire, reproduire et déduire existent bien, pourtant! J’en déduis une cruelle injustice, et je m'éprends de ce pauvre duire!

dimanche 25 juillet 2010

Mais pourquoi es-tu désormais triste, optométriste?

Mon optométriste s’appelle Gaétan Tanguay.

Gaétan Tanguay.

Pensez-y un instant, et répétez ce nom lentement.

Ça pourrait tout aussi bien être Guaytan Tangaé, non?

Dans mon imagination débridée, ayant perdu un pari stupide, ses parents ont dû, comme conséquence, baptiser leur enfant ainsi. Vint donc au monde Gaétan Tanguay.

M. Tanguay semble un professionnel épanoui, et peut-être que son nom singulier l’a aidé à se faire un nom dans le merveilleux monde de l’optométrie.

S’il affectionne particulièrement les litres et les mètres, on pourrait le caractériser d’optométrique! Et s’il est plutôt matinal, parlerait-on de lève-tôt métriste?

samedi 24 juillet 2010

Message d’espoir aux dépassés

Un être pas sage qui prétend n’être que de passage

Non seulement il ment passablement

Mais il profite de passe-droits, assurément

Il est en passage à vide, le malheureux

Ça se voit par son teint livide, terreux

Tiens bon, mon vieux

Et cesse cette fixation sur le passé

Demain, tourné vers un avenir radieux

Tu sauras sûrement te surpasser!

vendredi 23 juillet 2010

Ce tortionnaire d'air caniculaire

Il fait chaud aujourd’hui, oui monsieur, quarante-et-un degrés en tenant compte de l’imparable indice humidex. Sans la protection aseptisée du divin air climatisé, c’est pénible. Sous cette chaleur écrasante et collante, parlons canicule accablante.

Canicule provient du nom latin donné à l'étoile Sirius, canicula (petite chienne), qui se lève et se couche avec le Soleil pendant l'été, du moins à la latitude du Caire. Pour les anciens, cette époque de concordance hélio-siriusienne marquait le début de l’été.

Fait intéressant, on désigne ces jours de supplice thermique Dog Days en anglais, cette expression étant calquée sur le mot français. D'ailleurs, avez-vous vu le film Dog Day Afternoon avec Al Pacino? Un vrai bijou, où les protagonistes en suent un coup, dans tous les sens du terme, lors d'un braquage de banque qui tourne au vinaigre et en prise d'otages, en pleine vague de chaleur new-yorkaise.

Ce n'est donc pas une coïncidence que canicule fasse penser à canin. Cette chaleur étouffante d’été, quelle petite chienne mal léchée!

jeudi 22 juillet 2010

Contraires impossibles

Il y a de ces mots à première vue négatifs dont le sens positif n'existe pas.

Quand on remarque que la comédie qu'on vient juste de voir était complétement désopilante et délirante, un film monotone et ennuyant ne devrait-il pas être opilant et lirant?

Ainsi, s'il est déplorable de débourser douze dollars pour aller voir un tel long-métrage médiocre et moche au cinéma, n'est-il pas parfaitement plorable de payer autant pour une œuvre qui en vaille la peine?

Quand on ne voit aucun inconvénient à aller se balader au parc, cette promenade n'est-elle pas alors convéniente? Les anglophones utilisent bien convenient, alors pourquoi pas nous?

Lorsqu'un hockeyeur se fait bêtement ravir la rondelle, on le taxe de nonchalance. En revanche, n'est-il pas chalant le joueur qui déjoue habilement ses adversaires pour la mettre dedans en prolongation? S'il est un peu trop arrogant dans la victoire, on pourra au moins le traiter d'achalant!

mercredi 21 juillet 2010

Méprises

Durant ma tendre enfance, j'ai souvent mal compris certaines expressions.

Je croyais qu'avant d'accoucher, la femme enceinte perdait ses os, et non pas ses eaux.

En quatrième année, un camarade de classe nous a confié qu'il avait vu un maudit beau pétard dans le Playboy déniché au chalet de chasse de son père. Je m'étais alors imaginé une belle bombe pour des feux d'artifice, pas une belle blonde pulpeuse dénommée Alice!

Quand l'enseignante de cinquième année nous avait demandé si on savait ce qu'était un préservatif, je m'étais dit qu'il s'agissait d'une personne à qui on confie la tâche de préserver quelque chose. Du genre : René Tardif-Tremblay, préservatif de denrées. Sûr de moi, j'avais levé la main pour répondre à la question de madame Lévesque. Par chance, cette dernière avait choisi Marie-Pier, plutôt précoce à cette époque, qui elle avait la bonne réponse. Quelle humiliation heureusement évitée!

mardi 20 juillet 2010

La respiration

La respiration est une fonction physiologique des plus intrigantes.

Presque toujours automatique, elle se régule normalement sans intervention consciente de notre part.

Il suffit néanmoins d'y penser, comme c'est le cas maintenant, pour que tout à coup on la maîtrise consciemment.

Fascinant, n'est-ce pas?

Et comment la rendre automatique à nouveau? En l'oubliant, tout simplement.

lundi 19 juillet 2010

Tête d’affiche

Que l’on soit une tête forte ou folle

La tête, on peut la perdre

Se la casser

L’avoir dure

La tenir haute, et tenir tête

Aux têtus dont l’arrogance monte à la tête

D’un mal de tête on peut souffrir

Sur un coup de tête on peut partir!

Tête de mort, symbole des pirates, rêvant de sang et de pillage

Tête de linotte, synonyme de distrait, rêvassant, la tête dans les nuages

Réflexion faite, ma belle, je t'invite à un tête-à-tête aux chandelles

Qui saura bien, l'occasion étant belle, nous donner des ailes!

dimanche 18 juillet 2010

La pêche

Sous toutes ses formes, la pêche est savoureuse

La pêche, cette activité, on peut en savourer les fruits

La pêche, ce fruit, on peut la savourer, quelle belle activité

N’empêche, ce n’est pas un péché de se dépêcher

D’absorber l’abondant nectar doré

S’écoulant de la pêche bien mûre

Sinon, évidemment, on se salit à coup sûr

Quand on a la pêche, on peut aider autrui, en tendant la perche

Quant on pêche, on peut chasser l’ennui, en taquinant la perche

La pêche, quel beau péché mignon, non?

samedi 17 juillet 2010

L'énoncé suivant est vrai. L'énoncé précédent est faux.

Il est toujours 10h10 dans les publicités de montre. Pour en avoir la preuve, il suffit de feuilleter n'importe quel magazine. Pourquoi 10h10, vous vous dites? C'est positif, comme un beau sourire.

Celui qui remporte un tournoi d’échecs est-il un perdant?

Dans les restaurants huppés, on ne règle pas l'addition, on règle la multiplication.

vendredi 16 juillet 2010

Diantre, d'où vient donc cette dinde?

En français elle vient d'Inde.

En anglais la turkey est originaire de Turquie.

En portugais, enfin, la peru est ressortissante péruvienne.

Pourquoi ces différences, et d'où diantre la dinde vient-elle?

Cet oiseau de l'ordre des galliformes (Meleagris gallopavo) provient d'Amérique. Lorsqu'ils l'ont découvert, les explorateurs anglais, français et portugais ont dû le nommer, influencés par leurs croyances et leur contexte particulier.

Les Anglais ont cru, à tort, que la dinde faisait partie de la famille des pintades, qu'ils nommaient Turkey Fowl (volaille de Turquie), celle-ci étant exportée de la Turquie à l'Europe.

Les Portugais, quant à eux, importaient principalement les dindes de la colonie espagnole du Pérou. Le nom peru a donc été adopté pour cette volaille.

Lors de leurs premières explorations outre-atlantiques, les Français étaient avant tout à la recherche d'une route vers les Indes. Arrivés en Amérique, et croyant faussement qu'il s'agissait bel et bien des Indes, il ont nommé cet animal trapu poule d'inde, devenu à la longue d'inde, puis finalement la dinde que l'on connaît aujourd'hui.

La propension des Français à se croire aux Indes nous a donné d'autres expressions bien connues : le cochon d'Inde, présent à l'état sauvage dans les Andes, ainsi que le maïs, aussi dénommé blé d'Inde au Québec, originaire des trois continents américains.

Ce n'est pas tout : notons la rose d'Inde, l'œillet d'Inde, le tamarin d'Inde, et bien sûr les Indiens (alias Amérindiens), qui sont pourtant tous on ne peut plus américains!

jeudi 15 juillet 2010

La chasse

Il peut s'agir d'une chasse à l'homme

D'une chasse au trésor

Ou, pourquoi pas, d'une chasse au trés'homme...

On peut chasser le naturel, ce boomerang galopant

La grisaille quotidienne, qui revient, pourtant

On peut même s'imaginer un chassé-croisé policier abracadabrant, pour chasser et pourchasser un truand qui s'échappe en échasses, haletant!

Que l'on opère notre chasse-neige pour dégager l'entrée enneigée

Que l'on fasse du chasse-neige pour dévaler la piste enneigée

Ou que l'on tire la chasse, pour chasser cette chia... c'est assez!

mercredi 14 juillet 2010

Le génie

Le génie selon moi, c'est la capacité de découvrir des liens entre des idées et des concepts à première vue disparates.

Chaque jour je m'efforce d'acquérir de nouvelles notions et connaissances.

Il ne suffit pas d'emmagasiner une quantité donnée de données brutes, loin de là.

L'étincelle, la clé de voûte, c'est l'art d'établir, de tisser, des liens entre ces données.

Ce tissage, véritable fil conducteur de mes connaissances, voilà l'aboutissement de l'apprentissage!

mardi 13 juillet 2010

Le plus beau jour de ma vie

C’est Québec, enfin libérée de sa canicule, pesante

Ce sont mes pieds, détrempés, qui ont bien marché en cette nuit, collante

C’est, ma foi, cette sublime réalisation

Enfin révélée, la voilà donc, la mia vocation

Écrivain

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