lundi 30 janvier 2012

Gafrica

George mon coloc est un amateur de géographie. Les murs de la chambre qui est mienne depuis presque deux semaines en témoignent. Ils arborent une grande carte du monde, et celles, plus petites, de la Grande-Bretagne, du Japon et de Londres. D'ailleurs, celle nippone est tombée aujourd'hui. Ne lui dites pas.

La mappemonde, sur le mur face à mon ordi, je la fixe souvent en rêvassant. J'y observe les miniscules îles baignées par les eaux du Sud-Pacifique, du Sud-Antlantique, de l'océan Indien, certaines n'abritant qu'une poignée d'âmes. Pitcairn et Tristan da Cunha sont particulièrement intéressantes.

Ces moments de distraction m'ont fait rendre compte d'une réalité singulière. Les pays africains commençant par G, soit la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le Ghana, la Guinée équatoriale et le Gabon, ont non seulement accès à la mer, mais tous sont situés sur la côté atlantique, entre le treizième parallèle nord et le quatrième parallèle sud.

Grandiose avec un grand G.

dimanche 29 janvier 2012

Sucrerie des bas pays

De Oorspronkelijke. C'est ce qu'indique l'emballage du petit bonbon au café reçu d'un collègue, je ne sais plus lequel. Je crois en fait qu'il s'agit d'une laquelle. L'emballage confirme aussi ce que je soupçonnais : il s'agissait d'une friandise néerlandaise. J'en mange pas souvent des aliments des Pays-Bas, ni même de la boisson.
Heineken c'est pas mon fort.

L'autre fois, j'ai aperçu une belle veste de l'armée néerlandaise à un surplus de l'armée d'Okinawa. Sont rares les vêtements de cette armée, contrairement à ceux de l'Allemagne ou des États, et la rareté j'aime. Malheureusement la veste en question ne me faisait pas. Ça ira à une autre fois le port de la Hollande.

Alleen echt met dit merk!

jeudi 26 janvier 2012

Savourer le présent

En marchant sur l'avenue Shinjuku, en direction de la gare du même nom, la plus achalandée du monde, je suis attiré par un bac de marchandise, sur la devanture d'un magasin.

À ma surprise, j'y trouve quelque chose à la fois rare, vieux mais bien préservé, bon marché, fragile, et surtout en lien avec mon vécu. Cette trouvaille, je l'achète sur-le-champ.

J'ai d'abord l'idée d'en faire part sur la présente tribune, de partager ma joie de l'avoir dénichée. Puis je me souviens de l'anniversaire d'un ami proche qui approche. Il s'agirait-là d'un cadeau fort à propos, que je me suis dit. Auquel cas, ai-je pensé, je ne puis rien mentionner sur ce blogue, autrement ça ne serait plus une surprise.

Déchiré entre la volonté de dévoiler la nature de l'article procuré et de maintenir le secret quant à son existence, j'ai opté pour le buste milieu : en parler sans le révéler, et le faire parvenir à l'ami avec ordre de le déballer que le jour A.

Cher ami, un présent s'en vient, n'en soit pas surpris.

mercredi 25 janvier 2012

Son son sonne fort

En public, écouteurs sur les oreilles, me vient souvent la crainte que ma musique est perceptible, et dérangeante, pour ceux qui m’entourent.

Assailli par le doute, je les retire alors d’un coup sec, les porte à ma poitrine, tends l’oreille et, immanquablement, rien.

Rassuré, je me couvre les oreilles à nouveau, me replongeant dans la mélodie du moment, jusqu’à l’apparition des prochains symptômes de doute, sans fondement ni bruit.

mardi 24 janvier 2012

Gravité sans gravité

De retour au bercail vers vingt-deux heures trente, dans le train de la ligne Tobu Isesaki, ma nouvelle ligne, je lis un bon bouquin, plaisir nouveau car moins pratique à l'époque de mon ancien logement à Yotsuya.

Le train est bien occupé, sans être bondé. Soudain, j'entends un bruit étouffé à ma droite, de quelque chose tombée au sol. L'action semble s'être déroulée à environ cinq mètres, à la hauteur des portes. Un homme se penche pour ramasser un téléphone, que personne ne réclame.

Il saisit l'appareil victime de la gravité et, un peu désorienté, demande au type le plus proche s'il s'agit bien du sien. Non seulement ce dernier ne réagit pas, il se laisse doucement balancer par les vibrations du train en mouvement. Comme s'il venait d'entendre une histoire invraisemblable, le propriétaire du téléphone dort debout! Ce somnambule immobile se fait réveiller par le bon samaritain de la téléphonie, qui lui redonne son engin de communication.

Depuis ma banquette, bouquin en main, je ricane devant cette scène à rire assis. À ma droite, un autre représentant de l'espèce humaine, plus bridé celui-là, se joint à la rigolade. Ensemble, nous savourons le moment.

Tout va bien, le téléphone est sauf, et son propriétaire reconnaissant retourne au pays des rêves. Rien de grave au pays de la gravité.

dimanche 22 janvier 2012

Elle tombe

Excrétion blanche venue du ciel
Je suis au sec et au chaud alors que dehors la gravité fait son œuvre, entraînant dans son sillage de l'eau cristallisée que l'on nomme flocons. De gros flocons souffrant d'embonpoint qui lentement tombent, si on veut.

Depuis mon arrivée, le temps n'a pas su encore se départir du qualificatif de maussade. Cette neige mouillée et déplaisante, dont je suis témoin pour la première fois à Tokyo, me porte aux divagations les plus décalées, dont celle qui me force à débilement penser à la possibilité que ce soit moi qui ai importé cette grisaille gelée du Canada.

Au chapitre du Pitre moins lui-même maussade, l'effet du décalage horaire s'est à toutes fins pratiques estompé. La preuve, mes doigts malmènent le clavier une heure du mat dépassée. On n'aurait pu en dire autant quelques jours auparavant.

Me voilà à présent propriétaire d'un futon, pièce maîtresse d'une chambre à coucher nippone qui se respecte, et d'autres pièces relevant un peu moins de la maîtrise seront acquises sous peu. Tout ça dans l'optique de l'entité humaine que je suis ne songeant pas à consacrer une éternité à son nouveau logis, et ce faisant voulant éviter d'avoir à se départir au bout d'un chapelet de mois de cossins accumulés peu utilement. C'est qu'il a l'accumulation facile, le bougre en question.

Le plus qu'on ne puisse dire, c'est que mon inaugurale leçon de japonais cuvée 2012 avait de relents plutôt corsés de pénibilité. Ainsi se dessine le chemin de croix de celui qui, face à la pente raidement à pic de l'apprentissage du japonais, n'a pas daigné une seule fois pendant ses trois semaines canadiennes se botter les manches et se retrousser les fesses. S'ensuivit une crucifixion sur l'autel de l'humilité.

Rebonjour routine. Lentement je t'apprivoise à nouveau, nonobstant le manteau blanc dehors.

vendredi 20 janvier 2012

Samedi tôt

Sept heures dix-sept. Dans une vingtaine de minutes, je m'en retourne au travail, ma première journée de l'année, qui sans surprise s'annonce longue.

L'avantage des quatorze-heures de décalage horaire, c'est que je n'ai eu aucun mal à me lever tôt et que conséquemment j'ai plus de temps qu'à l'habitude avant ma première leçon, à huit heures trente. Bientôt, une fois l'horloge interne au diapason de l'heure nippone, se lever si tôt sera pénible à nouveau.

Mon collègue et maintenant coloc, George, vient de se lever, du moins ce que je crois entendre. J'espère que notre cohabitation se déroulera bien, car après tout, j'empiète dans sa vie d'homme vivant seul depuis des années. Je crois qu'il est sincèrement heureux de m'accueillir.

Ainsi se poursuit ma réinsertion dans la routine postvacances. Processus jamais plaisant, mais sur la roue j'accote mon épaule et la pierre je la roule sans qu'elle n'amasse mousse.

lundi 16 janvier 2012

Torontour

Voilà que je me trouve au sous-sol du 565 Ossington, mon ancien repaire torontois. J'y ai vécu un an et demi, et l'endroit regorge de bons souvenirs.

Avec Jeremy et Jérôme, mes deux meilleurs amis, aujourd'hui j'ai revisité tant de lieux qui ont habité mon quotidien, mon hebdomadaire ou mon mensuel dans les années précédant mon départ au Japon.

Il se fait tard, et comme à l'époque où je vivais en ce logis, l'heure du coucher arrive trop vite. Ainsi j'écris comme clou à la soirée, comme tombée de rideau.

Que dire de plus, sinon quel délectable plaisir de vous avoir vus, chers amis dont le prénom suit.

Jules, Pierre, Myriam, Caroline, Marie-Claude, Carole, Marie-Claude, Valérie, Christine, Catherine, Émilie, Ève, Maxime, Vincent, Sébastien, Nicole, Errol, Julien, Lisa, Rosalie, Noah, Chris, Peter, Shawna, Sally, Pawel, Candice, Aubrey, Guillaume, Émilie et compagnie, merci!

mercredi 11 janvier 2012

Trifluvie

Trois-Rivières. Dans le salon de la maison de mes parents, normalement vide à cette heure matinale en jour de semaine, car ceux-ci travaillent, je songe à ce que cette ville représente pour moi, aux souvenirs et émotions qu'elle m'évoque.

Cet automne, une décennie se sera écoulée depuis mon déménagement, initialement pour amorcer mes études universitaires à Québec. Dix ans à en observer l'évolution à distance, à découvrir par intermittence ce qui change, ce qui reste.

À mesure que je vieillis, j'ai de plus en plus de mal à bien départager dans le temps mes expériences et celles des autres en ces lieux. Tant de choses se produisent; il est ardu de ne pas en confondre l'ordre chronologique.

Des amis ont désormais des enfants, certains ont quitté la ville, d'autres encore ont quitté la ville et engendré leur progéniture. Ma mère est à moins de six mois de la retraite, mon père suivra dans quelques années. Certaines personnes s'en sortent mieux que j'aurais cru, pour d'autres c'est le contraire.

À chaque passage, c'est la même évidence : cette ville n'est plus la mienne, c'est en visiteur qu'elle m'accueille. Au fond, elle n'a jamais été destinée à être mienne, et chaque séjour en son sein me conforte dans cette conviction.

Le vrai plaisir que j'en tire, c'est le temps de qualité passé avec des êtres proches. Chère famille et chers amis, vous êtes ma Trifluvie.

dimanche 8 janvier 2012

Sur glace

Des vacances, mais peu de repos
Disséminés par-ci par-là
Tant de gens à voir

Hockey extérieur en plein Vieux-Québec
Deux heures à se faire aller le bâton
Joues rouges et chaudes
Muscles endoloris dont j'ignorais l'existence
Du plaisir simple et sain