lundi 31 octobre 2011

Poing géant

De retour derrière l'objectif, à immortaliser le collègue Clive, cette fois dans la tour au vingt-deuxième étage de laquelle siège mon école de japonais. À moi la gloire et les chambres noires!

Le poing

Le géant

jeudi 27 octobre 2011

Crépuscule sur le Tōhoku

Coucher de soleil depuis la maison des bénévoles
Café instantané à mes côtés, j'arrive déjà à la fin de ma dernière journée. Il est étonnamment bon ce café, d'ailleurs. Ce soir, peu avant minuit, je monte à bord de l'autobus qui me ramènera au bercail.

Mes doigts parcourent le clavier moins vite qu'à l'habitude. La journée à piocher pour décoller du sous-plancher aggloméré ont rendus mes muscles d'avant-bras un peu moins vifs. Quelques observations sur mon séjour :

Les maisons sont conçues pour être bâties, et non pas débâties. Avec le nombre imposant d'heures-personnes consacrée à un seul domicile, celui du barbier, pendant ma présence de quatre jours, je n'ose même pas imaginer le coût d'une telle corvée, si elle avait été effectuée par des travailleurs rémunérés.

Mercredi, le dîner était offert gratuitement par le marché de poissons local. Au menu, de la soupe de crabe et de la kujira frite. Bien que je sois opposé à la consommation de kujira, et que j'essaie d'éviter les aliments frits, ça reste qu'elle était déjà décédée, cette kujira, et gratuite. J'en ai donc mangée. On ne mord pas l'hameçon qui nous nourrit.

Presque huit mois se sont déjà écoulés depuis la vague de destruction, mais partout les débris, parfois personnels tels que des photos, jonchent toujours le sol. Avec ses milliers de bâtiments lourdement endommagés, lorsqu'ils n'ont pas été carrément détruits, Ishinomaki mettra des années à retrouver un semblant de normalité. D'ici là, le principal secteur d'activité sera celui de la reconstruction, et les bénévoles demeureront une ressource précieuse et appréciée. 
Et vous, quand viendrez-vous prêter votre coup de main forte?

mardi 25 octobre 2011

Histoire entraidante

Je me trouve dans la pièce commune de la maison où loge le groupe de bénévoles que j'ai rejoint à Ishinomaki, dénommé It's not just mud. La pièce est vide, depuis presqu'une heure. Les autres se sont retirés dans leurs quartiers. Cette réalité contraste avec ce qui prévalait hier, alors que nous étions une bonne douzaine.
Coupez! Coupez! Ce n'est pas bon comme introduction de texte. Il faut plus de mordant, plus d'émotions!
Lundi matin, neuf heures trente. Devant la gare d'Ishinomaki, un homme attend qu'on vienne le cueillir. Les badauds se succèdent, mais personne qui ressemble à un bénévole venu accueillir un confrère, fraîchement arrivé après une nuit mal dormie dans l'autocar de nuit.

L'homme en question, votre narrateur, a plus tôt aperçu un écriteau sur la façade de la gare, indiquant les caractéristiques du séisme du onze mars, en plus de comporter une ligne, à environ un mètre de hauteur, indiquant le niveau maximal atteint par le tsunami à cet endroit. L'océan se trouve à quelques kilomètres.

Mais que peut bien faire mon contact?, l'homme à la barbe de trois jours se demande impatiemment, en jetant une énième fois un coup d'œil agacé à sa montre.
Coupez! Coupez! C'est quoi cette surdramatisation? Le narrateur n'était nullement pressé. Il est venu donner de son temps, pas courir après! Et pourquoi encore relater le tout à la troisième personne? C'est quoi cette manie?
Je dois avouer ici que je ne sais pas trop comment m'y prendre pour décrire mon deuxième séjour de volontariat, d'où le présent récit tarabiscoté.

Simplement écrit, nous nous affairons à rendre habitables les domiciles endommagés, sans pour autant être détruits, par le tsunami. Cela implique d'arracher les cloisons sèches, la mousse isolante des murs et les plafonds, d'enlever les broches, vis et clous qui les tenaient en place, et au besoin de démonter le plancher pour retirer la boue sous-jacente.

C'est peut-être pour ça que j'éprouve de la difficulté à bien décrire mon expérience : à la base, le bénévolat comme je le fais présentement n'a rien de glorieux. C'est plutôt banal, même.

Mes collègues, en revanche, sont sans exception agréables à côtoyer et l'atmosphère qui règne en est une de camaraderie. Chacun a son histoire à raconter. Il y a notamment Yannick, de France, qui depuis quatre mois fait sa part, énorme; Andrew, le néo-zélandais homme au foyer venu retaper le foyer d'autrui; Horiba-san, venu tout d'abord en aide à titre de membre des Forces japonaises d'autodéfense qui, une fois redevenu civil, a décidé de poursuivre son œuvre; ou encore Anna, une Américaine née et élevée au Japon, revenue après plus de trente ans aux États-Unis, et sur le point d'amorcer l'administration d'un orphelinat local.

Les habitants de l'endroit, aussi, ont leur histoire à raconter. Qu'il s'agisse de cette homme de soixante-quinze ans qui se réjouit à l'idée de bientôt pouvoir rouvrir sa boutique de saké, fondée il y a quatre-vingt ans par son père; de ces dames âgées débordant de gratitude car nous les avions aidées à déménager; ou du propriétaire du salon de barbier dans lequel nous travaillons depuis deux jours, qui se fait un point d'honneur de nous apporter jus de fruits et collations et ce faisant de nous remercier à profusion; tous vivent avec l'espoir de jours meilleurs.

Ainsi, le bénévolat, glorieux ou non, c'est fondamentalement des humains qui, entre eux, s'entraident. C'est ça qui compte après tout, nonobstant les textes sinueux, dont le présent, à la fin duquel vous arrivez maintenant.

jeudi 20 octobre 2011

Perspective


Un calmar qui donne l'impression d'être autre chose. 
À chacun son interprétation, mais je vois une belle tête de champignon.

mercredi 19 octobre 2011

Zette

Dix-sept minutes de rédaction sans retenue, parce que dix-sept ressemble à disette, comme dans disette à mon apport quotidien au blogue.

Commençons par la réflexion quant à mon avenir, annoncée naguère à la troisième personne sur la présente tribune. J'ai décidé de poursuivre l'expérience japonaise un temps. Quelques êtres proches m'ont guidé dans ce questionnement, et pour cela j'en suis reconnaissant.

Un facteur décisif de ma décision de rester et de poursuivre mon apprentissage de la langue nippone est la réalisation que, comme tant d'autres, j'ai la fâcheuse tendance à ne pas terminer ce que j'entreprends. Si mon niveau de compréhension et ma capacité à exprimer ma pensée dans la langue de Ken Watanabe sont aujourd'hui appréciables, j'ai l'impression qu'un retour précipité au pays du sirop d'érable et de la chasse à l'original me ferait perdre ces appuis linguistiques. Simplement dit, mes assises langagières ne sont pas tout à fait assez solides, la langue n'est pas encore tout à fait mienne, pour m’asseoir sur mes lauriers et présumer que le japonais j'ai maîtrisé. Voilà une chose de commencé que, pour une fois, je vais m'efforcer de terminer.

Dès dimanche soir, je serai de retour dans le nord-est du Japon (Tohoku, 東北), pour faire du bénévolat au profit des sinistrés du tsunami. Si la première fois je n'ai offert qu'une journée, cette fois-ci, il s'agira de quatre. Reste à savoir quels sont les besoins du moment. Dans tous les cas, comme toujours il me fera plaisir de sortir de Tokyo, ce microcosme macroscopique évoluant apparemment en autarcie, comme toutes les grandes métropoles. C'est bien de se rappeler qu'il existe un Japon extra-muros, au-delà de la ligne Yamanote.

Si je comptais consacrer un mois de mon existence, en janvier prochain, à visiter famille et amis au Canada, le soutien apporté par Berlitz quant à ma demande de visa m'a forcé à quelques concessions, dont celle de ne passer que deux semaines au pays. Je devrai me grouiller un peu plus qu'escompté pour voir tout le monde, alors chaque instant en votre compagnie n'en sera que plus précieux, plus urgent.

Sur ce, les disettes minutes sont écoulées. Bonne nuitée!

lundi 17 octobre 2011

Coq-cophonie

Boubam, bam, bingboum...
buruburuburuburu, zazazazaaaaazazaa, buruburu, zazazazazaaaaaza, vroum, vroum vroum...
Toc, toc, toc, tinc, tanc, toc toc...

Ces onomatopées peu convaincantes, représentant des planches jetées par terre, une scie mécanique et des coups de masse, constituent une tentative douteuse de mettre en mots la cacophonie qui règne devant chez moi. 

À huit heures tapant chaque matin du lundi au samedi depuis trois semaines maintenant, une équipe de démolition se met à l'ouvrage, et amorce sa brillante symphonie de bruit. Ses membres ont la tâche de démantibuler deux maisons dont le temps est venu.

La terre étant plus précieuse que les bâtiments qui la recouvrent, comme partout ailleurs à Tokyo, d'autres domiciles, plus modernes mais probablement tout aussi exigus, prendront ensuite le relais. Depuis mon arrivée, bon nombre de bâtisses de mon quartier, jugées désuètes, ont connu le même sort.

Des gars de la construction, tu parles d'un réveil-matin. On est loin du cocorico de la campagne d'antan, on s'entend. 

samedi 15 octobre 2011

Et légumes



Oh, fluite alors! J'ai une fluite d'eau. Fluite fluite, appelle le plombier, sans quoi mes fluits frais tremperont dans le fluide! On verra pour la fluite des choses!

vendredi 14 octobre 2011

Nikko


Train dans la nuit naissante
Je suis tout de bleu vêtu
Félicitations : c'est un garçon!

Faire son étranger

Vendredi dernier, je me procure à une boutique de téléphonie cellulaire autorisée un nouveau fil de recharge pour mon téléphone prépayé, l'autre ayant été irrémédiablement endommagé. Il se détaille presqu'à mille yens, ce qui n'est pas donné pour pareille bébelle.

Je me rends ensuite à un petit marché non loin pour m'acheter du manger, et voilà que je tombe sur la même affaire, pas autorisée mais dix fois moins cher.

Je l'achète, content car je pourrai compter sur un remboursement, en argent comptant.

Le vendredi suivant, au retour du cours de japonais, je me rends à la boutique. Un type qui a des allures de gérant garde l'entrée. Il me demande si j'ai un rendez-vous. De toute évidence c'est l'heure du diner qui commence, dès que les clients déjà présents auront été servis. Je lui dit que non, et en lui présentant le chargeur dans son emballage et la facture, je lui explique que je désire simplement un remboursement.

Le type, déjà peu avenant, observe brièvement la boîte de plastique et de carton, puis me dit sèchement qu'il ne peut rependre ce produit, sous prétexte que j'en aurais ouvert l'emballage. L'effronté, le véreux!

C'est à ce moment que je souviens des sages paroles de Ryan, un collègue de travail. En cas de problème, avait-il dit, fais ton gaijin, ton étranger, et reste planté là à t'obstiner jusqu'à obtenir satisfaction.

Je me lance : Non, je n'ai jamais ouvert la boite, le produit est resté dedans car j'ai retrouvé mon vieux chargeur chez moi tout de suite après l'achat du nouveau (ndlr : je ne pouvais tout de même pas lui révéler la vérité du chargeur contrefait à cent yens). J'ai ma facture et l'acquisition remonte à une semaine à peine, alors j'exige un remboursement.

Ce petit Napoléon grimace de dédain, puis pénètre, chargeur en main, dans le magasin pour consultation, me laissant sur le pavé. Il ressort une minute plus tard avec les 960 yens en monnaie, qu'il me remet prestement en échange de ma facture, sans sourire, politesse ni regard dans les yeux.

Moi, je souris en m'éloignant, fier de cette petite victoire. Petit Napoléon s'est frotté à Waterloo Pitre.

mercredi 12 octobre 2011

Sur le fait

J'ai vu un plouc aujourd'hui

Un pauvre plouc que j'ai surpris

Se vidant la vessie sur mon édifice

Qui de pisse souillait ma bâtisse


Le bougre me voyant du coin de l’œil arriver

Le zizi s'est empressé de ranger

Et sans plus tarder s'est mis à marcher

Sans derrière oser lorgner


Ce n'est qu'après un temps

Qu'il s'est risqué à un regard oblique

Juste à temps pour me voir, ricanant

À l'idée de l'avoir pogné, ce pisseur public

lundi 10 octobre 2011

Laurent

Il arrive que je me mette à rêver de faire du vélo-tourisme, ou bien de m'évader longtemps dans le bois, dans la montagne, dans l'arrière-pays. C'est peut-être parce que j'habite Tokyo, selon certaines estimations la plus grande conurbation du monde, et avant j'habitais Toronto, selon toutes les estimations la plus grande du Canada, et donc que je ressens un besoin assez viscéral de revenir dans les espaces verts, souvent fréquentés durant mon enfance mais rarement maintenant.

Parce qu'il est parfois de bon aloi de s'imposer des objectifs, en voilà deux : faire une escapade à vélo d'ici un an, et ce d'au moins dix jours, et partir en randonnée en nature au moins cinq jours, d'ici l'été prochain. Et pourquoi ne pas opter pour le sentier Laurentien?

jeudi 6 octobre 2011

L'histoire

C'est l'histoire d'un gars en période de questionnement par rapport à son avenir.

C'est l'histoire d'un gars qui ne sait plus trop s'il veut rester, revenir ou partir ailleurs.

C'est l'histoire d'un gars qui, s'il décide de rester, doit encore déterminer comment s'y prendre.

C'est l'histoire d'un gars qui a le culot d'écrire sur lui-même à la troisième personne.  

mercredi 5 octobre 2011

Appel de la nuit

Minuit, le téléphone sonne.  

Julien? C'est Alain. Je viens de recevoir le message de ta mère. Apparemment ton frère a été hospitalisé en psychiatrie et elle n'est pas capable de te rejoindre!

Euh, quoi? C'est quoi cette histoire-là?


Ta mère c'est bien Anabelle? Ton frère s'appelle Alexandre, non?

Non. Ils s'appellent respectivement Armelle et Guillaume. Tu ne connais pas un autre dénommé Julien?
Mmm, laisse-moi y penser. Ah oui, ça me revient! Ça fait une éternité, de ce Julien! Désolé mon ami, bonne nuit!
 Bon nuit, l'ami!

Familiarité

Une dizaine de jours à ne pas publier. Inspiration tiédie doublée de vacances avec la famille. 
Que de piètres excuses, j'en conviens, mais du temps en famille ça fait du bien.