vendredi 14 octobre 2011

Faire son étranger

Vendredi dernier, je me procure à une boutique de téléphonie cellulaire autorisée un nouveau fil de recharge pour mon téléphone prépayé, l'autre ayant été irrémédiablement endommagé. Il se détaille presqu'à mille yens, ce qui n'est pas donné pour pareille bébelle.

Je me rends ensuite à un petit marché non loin pour m'acheter du manger, et voilà que je tombe sur la même affaire, pas autorisée mais dix fois moins cher.

Je l'achète, content car je pourrai compter sur un remboursement, en argent comptant.

Le vendredi suivant, au retour du cours de japonais, je me rends à la boutique. Un type qui a des allures de gérant garde l'entrée. Il me demande si j'ai un rendez-vous. De toute évidence c'est l'heure du diner qui commence, dès que les clients déjà présents auront été servis. Je lui dit que non, et en lui présentant le chargeur dans son emballage et la facture, je lui explique que je désire simplement un remboursement.

Le type, déjà peu avenant, observe brièvement la boîte de plastique et de carton, puis me dit sèchement qu'il ne peut rependre ce produit, sous prétexte que j'en aurais ouvert l'emballage. L'effronté, le véreux!

C'est à ce moment que je souviens des sages paroles de Ryan, un collègue de travail. En cas de problème, avait-il dit, fais ton gaijin, ton étranger, et reste planté là à t'obstiner jusqu'à obtenir satisfaction.

Je me lance : Non, je n'ai jamais ouvert la boite, le produit est resté dedans car j'ai retrouvé mon vieux chargeur chez moi tout de suite après l'achat du nouveau (ndlr : je ne pouvais tout de même pas lui révéler la vérité du chargeur contrefait à cent yens). J'ai ma facture et l'acquisition remonte à une semaine à peine, alors j'exige un remboursement.

Ce petit Napoléon grimace de dédain, puis pénètre, chargeur en main, dans le magasin pour consultation, me laissant sur le pavé. Il ressort une minute plus tard avec les 960 yens en monnaie, qu'il me remet prestement en échange de ma facture, sans sourire, politesse ni regard dans les yeux.

Moi, je souris en m'éloignant, fier de cette petite victoire. Petit Napoléon s'est frotté à Waterloo Pitre.

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