lundi 3 septembre 2012

Somnolence

Aéroport international de Narita. Je prends ma place dans l'avion qui m'amènera à Los Angeles. Le siège du milieu, honni, m'est imposé par la machine à cartes d'embarquement. Heureusement, la personne devant occuper celui de l'allée ne se matérialise pas. Je le lui ravis. Les absents ont toujours tort. Je préfère cette place, de laquelle le petit coin m'est accessible sans entrave.

Prenant place dans le siège de l'autre coté de l'allée, un peu devant, elle enfile des chaussettes et pantoufles de vol, puis s'endort peu après.

Elle entre à nouveau dans mon champ de conscience lorsque je remarque son oreiller cervical tombé au sol. Je le prends et l'insère dans l'accoudoir de son siège, car elle dort toujours.

À deux autres reprises elle refait le coup, inconsciemment. Lorsque vient le tour du cellulaire, qui en rebondissant atterrit à mes pieds, je me dis qu'elle est probablement sous l'influence de somnifères. Elle le reprend en s'excusant.

Le clou vient au moment du petit-déjeuner, une heure avant notre arrivée à l'aéroport LAX. En essayant d'ouvrir le sachet contenant un petit pain, elle tire trop fort. Le sac fend d'un coup, son contenu est projeté sur mes jambes. Du visou sans le vouloir.

À nouveau elle s'excuse abondamment, mais cette fois-ci nous nous moquons du caractère ridicule de cette situation.

Nous nous parlons dans la file des douanes. Elle est surprise que je puisse m'exprimer en japonais. La conversation se déroule bien. Elle est jolie. Elle me confirme que sa maladresse était bien l’œuvre des somnifères. Elle me dit qu'elle a vécu à Los Angeles il y a dix ans et qu'elle doit aller louer une voiture. Je l'invite à me montrer la ville, elle accepte. C'est vers Santa Monica qu'elle m'amène, par un temps radieux et surtout sec, sublime contraste à la chaleur étouffante de Tokyo.

En japonais, l'expression itchigo-itchié (一期一会) désigne les rencontres fortuites qui n'arrivent qu'une fois, et donc qu'il faut chérir. En ramassant une oreiller, un téléphone et un petit pain, j'ai récolté d'un tour de ville en bonne compagnie. Itchigo-itchié en effet.




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