jeudi 31 janvier 2013

Alpinocturne



Hier, en début d’après-midi, inspiré par l’ode que je venais de consacrer à mon ami, dont je suis aussi fier à la relecture que je l’étais en la composant, j’ai ressenti l’envie d’aller en terrain montagneux. Accessible en moins d’une heure depuis la gare Shinjuku, le mont Takao était tout indiqué pour m’étancher la soif de verticalité. 

La journée était radieuse et donc idéale à pareille entreprise. Souhaitant d’abord m’acquitter de quelques tâches à même de n’être achevées qu’après la nuit tombée, j’étais sur le point de remettre l’aventure à plus tard lorsque je me suis rappelé avoir déjà non seulement gravi ce mont, mais d’y avoir passé la nuit. Ma décision était prise. J’allais parvenir à son sommet et aussi en revenir le soir même, les conditions hivernales rendant périlleux d’y dormir à la belle étoile.

Ayant donc pris soin de consulter l’horaire ferroviaire, question ne pas devoir cogner à la porte d’étrangers à la recherche de toit pour cause de dernier train manqué, je me suis rendu à vélo à la gare Shinjuku en vue de monter à bord du train de 19h30, devant me déposer à la station Takaosanguchi (littéralement, bouche du mont Takao) à 20h25. 

Le train était bondé. Surprise, car le touriste d’une soirée que j’étais n’avait pas songé au quotidien de sardines de tant de banlieusards. Lorsque finalement j’ai bénéficié d’assez d’espace personnel pour tenir cahier et crayon, j'ai gribouillé ceci:

Je viens de permettre à une dame d’âge d’or massif, pas juste d’or plaqué – je veux dire par là qu’elle est presque antique – de prendre place dans un siège, en lui demandant si elle souhaitait s’asseoir, question à laquelle elle a sans surprise répondu par la négative, mais assez fort pour que la bonne femme assise devant lève les yeux de son bouquin et se sente obligée de lui céder la place. Je suis un héros.


Sorti du train dans les temps, je me suis rendu au pied du mont et j’ai monté puis monté jusqu’à atteindre le sommet. (Permettez-moi de faire dans l’abrégé ici, par manque de détails pertinents à partager, n’ayant pas croisé une seule âme qui vive!) J’ai dû me reprendre à quelques reprises pour obtenir un autoportrait satisfaisant, dont les tentatives se trouvent ci-dessous, et quelques photos de la plaine illuminée en contrebas. Ensuite s'est amorcée la descente par un sentier presque entièrement pavé, différent de celui plus naturel emprunté à la montée, aux occasionnelles plaques glacées, sources d’insécurité. 

Juste avant d’amorcer le dernier segment de descente, j’ai finalement aperçu un autre promeneur, à la tête sertie d’une lampe frontale, revenant d’un belvédère non loin. Nous avons jugé bon de ne pas aller à la rencontre l’un de l’autre, et c’était tant mieux pour moi, et probablement pour lui aussi, car on ne va pas en montagne de nuit pour y socialiser. Premier engagé dans le sentier de retour au pied du mont, j’ai maintenu un rythme à même de le semer, en route vers la gare où m’attendait le train de retour au bercail. Aventure fort réussie, de laquelle j'ai hérité d'un fessier endolori. 


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