jeudi 21 juin 2012

Menue menterie

Une douzaine minutes de treize à écrire, car semble-t-il que les soirs où l'inspiration ne jaillit point, une limite temporelle bien définie suffit pour extraire le jus de force.

Tenaillé par un petit creux, il n'y a pas une demi-heure de ça, j'ai décidé de dévorer le premier élément comestible à portée de main, une baguette achetée dans l'après-midi. Il n'en reste plus, sinon sur mes jeans le teint clair de la farine qui s'en est délogée. Manger du pain nature, sans assaisonnement aucun, ça me ramène à mon époque parisienne, où ô combien moelleuse était la baguette de la boulangerie du coin, parfois mangée telle quelle, plus souvent agrémentée de Nutella.

Vers 19h30, alors que j'étais chez moi, Alain mon ami m'a appelé pour me proposer d'aller prendre un verre. Toute juste revenu du centre de la ville, et par conséquent n'ayant pas trop envie de m'y rendre à nouveau, je l'ai convaincu de se rendre jusqu'à Kita-Senju, à mi-chemin.

Nous déambulions dans une ruelle animée à la recherche d'un établissement de restauration lorsque j'ai reconnu une fille, accompagnée de ses deux amies. Il s'agissait de Kim, l'employée de Tokyo Rent, une agence immobilière desservant les étrangers, qui m'avait fait visiter des appartements il n'y avait pas un mois.

À l'époque, exaspéré par le processus semé d’embûches et paniquant légèrement, j'avais versé un dépôt équivalent à un mois de loyer pour réserver un endroit bien situé mais minuscule à un point claustrophobique. Ayant ensuite trouvé le logement beaucoup plus potable après d'une autre agence, j'avais demandé à Kim la Coréenne s'il était possible d'obtenir le remboursement du dépôt, au prix d'une certaine pénalité, prétextant faussement qu'un bon ami m'avait offert une chambre à ne pas manquer dans son spacieux logis. À ma surprise, elle avait fait en sorte que le dépôt en entier me soit rendu.

(La treizaine de minutes s'est écoulée à l'instant. Qu'importe, mes propos ne sauront attendre)

Semblant à la fois surprise et heureuse de nous voir, Kim nous a invité à se joindre à son petit groupe, composé d'elle et de deux de ses élèves de coréen. Même si cela n'avait pas ou peu d'importance, j'espérais que ni moi ni Alain n'allions révéler involontairement mon petit mensonge de l'ami doté d'une chambre à occuper.

Heureusement, nous nous ne sommes pas échappés, je n'ai pas subi le courroux de Kim la Coréenne, et ensemble nous avons passé un agréable moment. Fiou!

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