mardi 12 février 2013

La timbrée

Je passe au bureau de poste du quartier. Aussitôt entré, je me sens agressé par le grésillement des tubes fluorescents, défectueux. Ils me confèrent un mal de tête instantané, et je m'étonne que le problème n'ait pas été réglé depuis ma dernière visite. Je me dis qu'au fond, si rien n'a changé, c'est qu'eux n'en voient pas de problème. Mais comment font-ils pour supporter ce calvaire?

Je me présente au kiosque qui est libre. Dans la main, quatre enveloppes contenant des cartes de base-ball, destinées à ceux qui sauront les apprécier. Je demande à la dame en poste de m'indiquer le prix d'expédition le moins cher. Sans trop en comprendre la raison, je perçois une certaine animosité de sa part, quoique voilée. C'est peut-être l'éclairage qu'il l'affecte, elle aussi. Je lui en parle, en pointant les coupables au plafond. Elle ne semble pas trop s'en soucier.

Elle m'indique que les frais sont de 110 yens pour chacune des trois petites enveloppes, et 260 yens pour celle un peu plus grande. M'attendant à payer moins cher, je lui exprime mon étonnement. Elle reste campée devant moi, ne dit rien. Je me résigne, calcule la valeur des timbres que j'ai déjà en ma possession, puis lui demande de me vendre quatre timbres de dix yens et quatre autres de cinquante.

Je cède ma place au prochain client et vais coller les timbres à la table prévue à cet effet, posée contre la vitrine. La lumière du jour qui m'éclaire alors est autrement plus apaisante.

Je retourne au kiosque pour confirmer que tout est en règle. La dame s'horrifie de voir que certains des timbres, ceux que j'ai apportés de chez moi, ont des bordures légèrement abîmées. Qu'importe que les bouts manquants ne font pas deux millimètres, elle m'avertit que le centre de tri postal risque de m'en refuser l'envoi. Un brin froissé, je lui réponds qu'au pire on me renverra les enveloppes aux timbres inadmissibles.

Dans ce qui semble le point final de notre interaction brève mais acrimonieuse, elle tamponne par avion sur chacune des enveloppes. 
- Attendez une minute, madame, par avion? Ne serait-ce pas moins cher par bateau?
- La différence est négligeable.
- N'empêche, pouvez-vous vérifier?

Elle pose une des petites enveloppes sur la balance.

- Ça reviendrait à 90 yens.

- Ma p'tite dame, qu'importe que la différence soit d'un ou mille yens, je vous ai clairement demandé de m'indiquer l'option la moins cher, ce que vous n'avez pas fait. Pour aujourd'hui ça ira, mais la prochaine fois que je voudrai connaître les frais les moins chers, je m'attendrai à ce qu'on me les indique, les frais les moins chers.
Sur ces paroles, je quitte le bureau poste. Aussitôt sorti, je me permets quelques jurons bien placés, en québécois bien sûr, ayant pour objet cette incompétente pas fine. Soulagé, j'enfourche mon vélo et me mets à pédaler en direction du gym. Sur mon chemin se dresse un autre bureau poste, qui par défaut vient de se mériter un nouveau client, lequel n'a qu'une seule requête, toute simple : être dispensé d'éclairage qui donne la rage.

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