samedi 29 juin 2013

Philippines jour 7 : au rythme de la pluie

Après une journée toute en hauteur, couronnée par un passage chez le barbier, car nos barbes se faisaient longues et la chevelure de Guillaume un peu trop foisonnante, nous prévoyons nous tourner vers la mer, de manière à combiner kayak et plongée en apnée aux fins d’exploration de récifs coralliens. Tyson, qui a accepté de nous y guider, doit venir nous cueillir en matinée. Et si jusqu’à maintenant la saison des pluies s’est abstenue de jouer la trouble-fête, à notre réveil nous comprenons que la météo, un heureux maelstrom de pluie et vent, aura le dernier mot.

Nous demandons à Suzette de notre auberge d’appeler Tyson pour annuler jusqu’à nouvel ordre notre plan de la journée, en laissant ouverte la possibilité de le réaliser ultérieurement moyennant le retour du beau temps. Au bout du fil, Tyson lui indique qu’il ne pouvait de toute manière venir à notre rencontre, une urgence familiale l’ayant obligé à se rendre à Cagayan de Oro, chef-lieu de la province de Misamis Oriental, sur la grande île de Mindanao, au sud.

Tout en espérant que ce n’est rien de trop grave, nous sommes soulagés de savoir qu’en annulant, nous ne privons pas Tyson de revenus qu’il aurait pu engranger autrement.
La journée n’est pas perdue pour autant, pour cause de mauvais temps. Fin seuls dans le Casa Roca aux portes grandes ouvertes et protégées par la toiture bien en saillie, passons la matinée puis l’après-midi à lire, et alimenté par le café fraîchement infusé par Suzette, je parviens à reprendre une partie du retard dans la rédaction de nos récents jours d’aventure.

Vers quatorze heures, l’envie me prend de bouger, comme si, avant qu’il se fasse trop tard ou soit trop noir, je veux éviter d’avoir eu le sentiment de perdre ma journée. Sous une faible pluie, je m’arme d’un masque et d’un tuba appartenant à l’auberge, et vais explorer la vie sous l’eau. Guillaume vient m’y rejoindre quelques minutes plus tard, et nous passons un bon moment à admirer l’endroit, où poissons de toutes sortes abondent, en plus de nombreux oursins. 

Vivifié par cette saucette et constatant que le temps s’est éclairci, vers seize heures, nous convenons de profiter des deux heures avant l’obscurité pour découvrir un peu l’île. À quelques kilomètres au sud se trouve le cimetière submergé de Catarman, héritage d’une éruption de volcanique en 1871 dont les coulées ont entraîné dans leur sillage et jusqu’à la mer une multitude de pierres tombales.

Pour atteindre ce lieu de plongée, le meilleur moyen est d’utiliser la mobylette de l’auberge. D’abord hésitant à l’idée de conduire pareille machine à deux temps, car il y a quelques années en Thaïlande j’en avais hérité une cicatrice de brûlure sur le mollet, je finis par me faire à l’idée, et prudemment nous partons sur l’engin que Suzette prend l’initiative de nous prêter en payant uniquement l’essence. 

L’endroit vaut la peine, non seulement pour les artefacts de cimetière s’y trouvant comme scène d’une grouillante vie marine, mais aussi parce qu’il donne sur l’ouest, et donc sur le soleil couchant. Peu après qu’il eut franchi l’horizon, nous retournons à la mobylette, et voilà la pluie qui se remet de la partie. En attendant que l’averse se soit calmée, nous pensons qu’en cette journée de mousson typique, nous avons pu nous détendre sans pour autant ne rien faire. Aujourd’hui, il a plu. Aujourd’hui nous a plu.

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