jeudi 18 août 2011

Ishinomaki

Je suis arrivé en après-midi à Ishinomaki, une des villes les plus durement touchées par le tsunami, accompagné par Satoko Fujimoto, une Japonaise résidant en France et rencontrée au festival de Fukushima.

Celle-ci est à l'origine du projet Ringono, dont la raison d'être est la distribution de pommes et de jus de pomme aux habitants de Fukushima et des régions touchées par les radiations. Ce fruit contient de la pectine, et dans les années suivant la catastrophe de Tchernobyl, des scientifiques biélorusses ont découvert que cette substance contribuait à combattre l'accumulation du césium radioactif dans le corps.

Elle s'est donc associée à un pomiculteur d'Aomori, et à Fukushima!, elle donnait, depuis un kiosque, du jus de pomme et de l'information sur les bienfaits de la pectine aux festivaliers. C'est là que je l'ai rencontrée. C'est elle ensuite qui m'a invité à Ishinomaki.

À Fukushima!, Satoko, à droite, aidée de Tomoko Iwaki et Denis Cordier

Si nous nous sommes rendus dans cette ville, c'est qu'elle aide depuis des mois le refuge Meiyukan (明友館), où je loge ce soir. Ce centre d'aide doit son existence à une action citoyenne émanant des survivants du tsunami, unis par le destin et une situation commune. Il se démarque donc de bon nombre d'autres endroits du genre, mis en place par l'État, et donc alourdis par les approbations et la paperasse, propres à la bureaucratie.

Yasuhiro Chiba, à la base victime du tsunami parmi tant d'autres, est devenu chef du refuge par la force des choses. D'environ 140 personnes aux tout débuts, Meiyukan en abrite toujours une vingtaine, malgré que le séisme s'est produit il y a presque six mois. De par son absence d'attache officielle, il est en mesure de réagir très rapidement à l'évolution des besoins des sinistrés.

Monsieur Chiba démontrant les pièges à mouches,
ces dernières ayant proliféré depuis le 11 mars.
Sur place, j'ai fait la rencontre de Dean Newcombe, mannequin globe-trotteur d'origine anglaise, qui lui aussi, par la force des choses, est devenu un leader de l'aide à la région. Arrivé quelques semaines après le séisme, avec seul objectif d'apporter son aide d'une manière ou d'une autre, il est à présent coordonnateur d'une équipe de nettoyage et de restauration de domiciles endommagés, équipe à laquelle je vais me joindre demain pour apporter mon aide, ne serait-ce qu'une journée.

Dean, dont le t-shirt a été modifié pour lire "J'aime NY et le Japon"
Dean a jusqu'à présent amassé 18 000 livres anglaises par l'intermédiaire de son site. On le sent fédérateur, entreprenant, certainement charismatique. Je me sentais presque mal à l'aise d'offrir de mon temps que pour une petite journée, mais il m'a assuré que toute aide était utile.

Si la situation sur le terrain n'est plus critique, les besoins demeurent, et des années encore seront nécessaires avant de libérer la ville des cicatrices du tsunami (dont je publierai des photos d'ici quelques jours). C'était dans tous les cas réellement inspirant de rencontrer ces individus rayonnant d'espoir, conscients qu'il peuvent, et doivent, faire la différence.

Ne reste qu'à se mettre au boulot demain!

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