lundi 1 juillet 2013

Philippines jour 9 : transport et incidents



Départ pour notre troisième et dernière destination du voyage : après l’ensemble Panglao-Bohol aux infrastructures touristiques assez développées, suivi de Camiguin plus tranquille et charmante, direction Cagayan de Oro, chef-lieu de la province de Misamis Oriental, province du nord de l’île de Mindanao, la deuxième plus vaste du pays.

Le traversier qui doit nous permettre de gagner cette nouvelle île n’est pas annulé, tel que nous le redoutions, et nous y prenons place quelques vingt minutes avant le départ prévu, le matin à huit heures. Peu après le départ nous avons droit au spectacle du premier Philippin fâché aperçu du voyage : debout à une dizaine de rangées de sièges devant, gros et joufflu il semble en colère à l’égard d’un autre passager, et exprime sa frustration assez vocalement. Heureusement, il se calme avant que l’affaire ne s’envenime davantage (quoiqu’un côté voyeur en moi ait voulu le voir en venir aux poings).

Nous accostons à Balingoan au bout d’une heure trente. Cette petite localité est située à près de quatre-vingt-dix kilomètres de Cagaya de Oro, et dès la porte du terminal franchie un type aux deux incisives inférieures rongées vient nous proposer le transport privé jusqu’au centre de la ville. À 2 000 pesos, nous jugeons son prix exorbitant, mais celui-ci nous indique qu’à 800 pesos, il peut nous transporter, pourvu qu’il trouve d’autres personnes à transporter. 

Sans accepter ni refuser son offre, car je doute qu’il puisse nous trouver de tels compagnons de transport, nous cherchons ailleurs. Un autre type nous offre de nous emmener jusqu’au terminal de bus de Balinguan pour dix pesos chaque (environ 50 cents au total). Nous convenons, présentons de brèves excuses à celui aux incisives abîmées, et montons dans le tricycle de son compatriotes. Celui-ci avance de cinquante mètre, tourne à droite dans la route principale, la parcourt sur un autre cinquante mètres, et voilà pour le parcours de taxi le plus court de ma vie! 

L’homme enrichi de vingt pesos nous dépose directement devant un vieil autocar presque déjà rempli de Philippins. Le prix de transport jusqu’au centreville de Cagayan : soixante pesos chaque! Pareille aubaine est évidemment dégarnie de tout confort, et l’habitacle est tout autant sinon plus inconfortable que les bus scolaires de mon enfance. L’autocar semble rempli à capacité au moment du départ, mais cela est sans compter l’esprit d’entreprise philippin, car à maintes reprises il s’immobilise en bord de route pour laisser monter de nouveaux clients, qui s’entasse d’abord à l’arrière, puis un peu partout, à trois sur les banquettes conçues pour deux, et finalement les gens doit se tenir debout dans l’allée. Sans surprise notre banquette finit par être occupée par une grand-mère tenant son petit-fils sur les cuisses. 

Nous sommes entassés, la route est longue, il fait chaud, et malgré tout le transport se déroule somme toute bien. Guillaume a le temps de finir de lire son roman, tandis que je parviens à faire la sieste.
À mi-chemin environ, nous sommes témoin d’un autre événement qui, à la manière de l’homme furax du traversier, se produit probablement souvent aux Philippines, mais pour lequel nous assistons pour la première fois : alors que nous sommes immobilisés dans un tronçon passant, tout juste à notre hauteur nous voyons le conducteur d’une moto tentant un dépassement à notre gauche (du côté où nous prenons place) fait une mauvaise manœuvre et glisser longuement, agrippé à sa moto et en compagnie de ses deux passagers, sur l’asphalte de la voie opposée. Un camion-citerne a tout juste le temps de se ranger, sans quoi ces trois accidentés de la route y auraient laissés leur peau, plutôt que de ne perdre qu’un peu de peau par frottement.

C’est la commotion autant dans l’autocar que pour les Philippins témoins de l’accident dans la rue. On vient rapidement en aide à ces trois personnes, on enlève la moto de la route, et rapidement la circulation reprend son cours normal et dense, au moment où notre propre bus se remet en route. Les personnes impliquées ne semblent pas blessées, au point où, quelques minutes plus tard à peine, nous les apercevons qui nous dépassent, l’un des passagers tenant un bout de clignotant de la moto, détaché sous la force de l’impact!

Nous parvenons finalement au centre de Cagayan, et allons prendre une chambre à l’hôtel Ramon, plutôt délabré mais bien situé, comme premier pied à terre dans ces nouvelles terres à explorer. La soirée dans cette ville chaotique, congestionnée mais bien vivante, nous offrira notre troisième situation inusitée du voyage, sous la forme d’une fille avilie par l’alcool et embarrassant ses amis, en plus d’autres rebondissements et surprises. Camiguin la paisible est bien loin, mais la folie d’un centre urbain philippin mérite aussi d’être vécue, ainsi pensons-nous au moment de trinquer dans le resto-bar, alors que derrière nous une certaine fille ivre fait toute une scène.

Aucun commentaire: