samedi 11 août 2012

L'évangile selon

Il s'appelait Mathieu, mais tout le monde le surnommait par son nom de famille. Il faisait partie de la gang des skateux du secondaire, plus cool que moi, qui s'en crissaient plus que moi. Dans la hiérarchie des spots de la place d'accueil, ils s'arrogeaient certaines des meilleures tables.


Souvent à la pause du midi, il allait se rougir les yeux à un endroit jugé sûr près de l'école. Il en revenait ralenti, les écouteurs aux oreilles, attendant paresseusement la reprise des cours.

Je ne l'ai jamais côtoyé de près, je ne lui ai même pas adressé la parole si souvent, mais je me souviendrai toujours d'un moment de grandeur de sa part.

C'était le temps des sucres. Dehors, sur lit de glace concassée on offrait de la tire d'érable. Depuis la place d'accueil nous parvenait la voix insupportable d'un animateur quétaine nous exhortant à vivre l'esprit de la saison, sur fond de musique traditionnelle.

Mathieu s'était levé pour tranquillement se diriger vers les haut-parleurs transmettant ce vacarme. Une fois débranchés et le calme revenu, il avait regagné à sa place, comme si de rien n'était. Une bonne dizaine de minutes s'était probablement écoulée avant que les responsables, ayant découvert le sabotage, aient rebranché le système acoustique. J'étais émerveillé par son effronterie.

Du front tout le tour de la tête, ce Mathieu.

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