samedi 2 février 2013

Chausse-pied

Il y a quelques jours je voulais traiter de mes nouvelles bottes. L'anecdote que je comptais relater en guise d'introduction s'est plutôt arrogée l'avant-scène. Permettez-moi de m'expliquer. 

Montréal, 21 décembre 2012. Le temps des Fêtes cogne à nos portes. Le vol se pose avec un peu de retard. Cueilli à l'aéroport par mon frère, je pose les yeux sur l'est du Canada recouvert d'un épais manteau de neige fraîche, hérité de quelques tempêtes ayant précédé mon arrivée. Je me réjouis en pensant au Noël blanc qui m'attend.

Dans mes pieds, des bottillons de parade de l'armée canadienne, achetés quelques années auparavant dans un surplus de l'armée torontois. Présentant un meilleur pouvoir d'isolation que de simples espadrilles, ils ne sont pas adaptés à l'hiver pour autant.

Deux jours s'écoulent. Les bottillons sont tachés de dépôts de calcium. Leurs semelles lisses sont en manque criant de crampons. À plus d'une reprise j'évite toute juste de chuter, mes pieds se dérobant sur des surfaces pourtant peu glissantes. Le constat s'impose : il me faut meilleure protection podologique. Direction Surplus D'Armée Du Cap Enr.

Sur place, j'en essaie quelques modèles, puis mes yeux se posent sur la paire promise. Pratiquement neuves, elles montent jusqu'à mi-mollet, ne sont pas trop larges et, surtout, sont dotées de crampons et d'un cap d'acier. Le propriétaire m'indique qu'elles étaient à l'époque exclusivement attribuées aux soldats en formation au Collège militaire royal de Saint-Jean. Elles sont rares, elles sont belles, je les aime, elles sont miennes.


Malgré l'absence d'isolement hivernal, protégés de deux paires de bas mes pieds demeurent au chaud. Le calcium est incapable de les ternir après traitement. Je les porte fièrement, et mes sorties extérieures ne s'en portent que mieux. Je suis heureux de me savoir en possession de ces bottes polyvalentes, qui pourront me servir en toutes saisons de plusieurs façons pour les années à venir, à condition de les entretenir.

Quelques jours après leur achat, je les montre à mon ami Charles. Il remarque immédiatement l'inscription sur la semelle, vibram, et sort de sa penderie une paire de bottes de randonnée, de marque Merrell, presque identiques à celles qu'il portait lors de notre voyage aux Pyrénées, la paire originale ayant, m'informe-t-il, rendu l'âme. Ses bottes sont bien différentes de ma nouvelle acquisition, mais pourtant vibram y apparaît également, et cela me surprend.



Ainsi, me rappelant cette histoire, en début de semaine dernière je décide d'effectuer des recherches sur cette mystérieuse marque, lesquelles me permettent de découvrir qu'une société italienne privée est à l'origine des semelles en caoutchouc au motif à croix caractéristique qui ornent les produits d'innombrables d'équipementiers de couvre-pieds.

Décidant d'ériger l'anecdote en entrée de blogue, je juge bon de commencer par mentionner le voyage de Charles et moi avions effectué, alors que nous étions bien vibramés, pour ensuite enchaîner avec mes bottes d'armée. Les Pyrénées ayant toutefois pris naturellement le dessus, la trame du récit a emprunté un tournant inattendu.

Un tournant inattendu, mais aussi heureux, car ce faisant j'ai pu mettre en mots mes souvenirs et impressions d'un voyage vécu en bonne compagnie, tout en retardant la rédaction du présent billet de manière à me permettre entretemps de les soumettre à leur premier véritable test, dans le cadre duquel elles se sont acquittées de leur tâche avec brio. Comme quoi le parcours sinueux de la vie nous réserve de belles surprises, pour peu qu'on s'y chausse en conséquence.

Caractéristiques croix et terre de Takao

2 commentaires:

Camusi a dit...

ah ah ca me rappelle qu'aux premieres neiges ici, j'ai porte mes doc martens pour marcher au resto; grave erreur! la semelle transparente n'accroche pas du tout, et pire, on dirait qu'on marche sur du savon! c'est la seule fois ou je suis tombee a yellowknife!

Julien a dit...

En effet, difficile de bien se "cramponner" avec des bottes mésadaptées!