Camiguin, île choisie notamment pour son relief
accidenté de volcans. Nous y voilà. Le Casa Roca, lieu de séjour sélectionné
par Guillaume en fonction des critiques élogieuses trouvées sur Internet, est
un charmant Bed & Breakfast en bord de mer, doté de trois chambres
seulement. À notre arrivée vers les coups de dix-sept heures la veille, nous
découvrons qu’il manque une pièce fondamentale de la satisfaction de la
clientèle passée : les propriétaires, Jim et Evelyn, lui Canadien, elle Philippine,
sont partis le matin même en vacances à Kuala Lumpur. Exit la perspective,
soulignées dans les commentaires de ceux qui nous ont précédés, de discuter
avec ce charmant couple tandis qu’on nous prépare le petit déjeuner. L’auberge
est heureusement tenue par leur employée, la ravissante Suzette originaire de
l’île, souriante et blagueuse. La déception ne dure qu’un temps.
Comme première journée entière sur cette île,
nous décidons de nous tourner vers le haut, avec dans la mire son seul volcan
actif, Hibok-Hibok, culminant à 1332 mètres. Objectif ambitieux requérant
départ très matinal, car le guide Tyson, recommandé par Suzette et qui passe
nous voir la veille, doit passer nous chercher à six heures (tout de même une
heure plus tard que sa suggestion initiale). La montée totalisant mille deux
cent mètres, il nous a recommandé d’apporter au moins trois litres d’eau et de
la nourriture. Nous avons prévu le coup : en plus de barres énergétiques
apportée du Japon, nous comptons apporter des sandwichs aux œufs préparées par
la cuisinière qui nous prépare le petit déjeuner. Le plan est bon, si ce n’est
que l’on s’aperçoit que la bouffe est restée dans notre chambre qu’une fois
arrivés à l’entrée du sentier, et ce, après une quinzaine de minutes sur la
moto de Tyson! Mêmes les meilleurs plans ne sont pas à l’abri de sottises de
Pitre!
Heureusement,
la cuisine du centre de villégiature de l’endroit est ouverte et convient de
nous préparer un riz chinois (ou plutôt riz de Shanghai, comme on l’appelle
ici). Riz en sac, nous nous mettons en route une quinzaine de minutes avant les
coups de sept heures.
Rapidement,
nous comprenons l’importance d’un départ matinal : dans ce climat chaud et
humide, l’effort physique occasionné par la montée nous détrempe en un rien de
temps. La fréquence des pauses augmente à mesure que nous gagnons en hauteur,
et le rythme d’ingurgitation de nos six litres d’eau suit celui de notre
progression. Lors d’une pause à mi-chemin environ, je retire ma camisole, la
tords pour en extraire la sueur à grosses gouttes, et suis dégouté de devoir la
remettre, quelques minutes plus tard, froide et collant à la peau.
Au bout de
presque trois heures de sudation intense, de respiration profonde et d’occasionnels
coups sur la tête par branches vicieuses, nous parvenons au sommet. Malgré
qu’elle soit partiellement voilée par les nuages avoisinants, la vue en vaut la
montée. Triomphaux, nous mangeons notre riz et le partageons avec Tyson,
admirons le paysage, prenons quelques photos, puis amorçons la descente. Le sac
m’est resté sur les épaules pendant la quasi-totalité de l’ascension, mais à
présent c’est Guillaume qui doit le porter. Heureusement pour lui, il est
allégé de quelques kilos, grâce à nos réserves d’eau ayant fondu de moitié.
Malheureusement pour lui, le sac est profondément imbibé de ma sueur de montée.
C’est pratiquement comme s’il me portait sur le dos!
La partie
supérieure de la montagne, au degré d’humidité moindre, est sensiblement plus
fraîche qu’en contrebas (de l’air climatisé naturel, que nous indique le guide
en riant). Elle est également traversée de nuages, ce qui rend glissantes les
pierres couvertes de mousse. Tâchant de minimiser mon centre de gravité, je m’appuis
sur les mains, offrant une traction supérieure à celle de mes semelles lisses, afin
de faciliter la descente et me ménager les genoux.
L’effort
est à la fois moins physique et plus pénible, car les muscles sollicités sont
moins intensément employés au quotidien. Nous semblant excessivement long, le
retour nous fait comprendre l’ampleur de ce que nous venons d’accomplir. J’en
suis presque découragé au moment d’arriver à une petite station sismographique,
longtemps après le départ du sommet, construite par un institut japonais, car
en montant elle m’avait semblé bien haute.
Nous sommes
finalement de retour dans un plateau, où un ami de Tyson travaille la terre.
Celui-ci nous sert des noix de coco, ouvertes à la machette, dont nous buvons
le jus et dévorons la chair. Après cette pause-coco, nous parcourons le dernier segment avant la
fin du sentier, et ainsi s’achève la conquête de Hibok-Hibok. Chacun, nous
avons bu trois litres d’eau et une noix de coco, sommes tombés à une reprise,
et portons les souvenirs des plantes de toutes sortes nous ayant grafignés au
passage. Belle activité, au cours de laquelle en plus de sang nous avons été frères de sueur, couronnée par
un bain bienvenu dans les bassins des Ardent
Hot Springs, sources thermales heureusement pas aussi ardentes que leur nom
donne à penser. À la tienne, Hibok-Hibok!
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