Voir plus d’une île de l’archipel philippin est
bien sûr souhaitable, mais n’est possible qu’au prix d’une durée non négligeable
de transport. Direction l’île de Camiguin, au sud de Bohol et Panglao où nous avons
passé les derniers jours. Journée de transport dont la récompense est l’arrivée
à la Casa Roca, un Bed & Breakfast parmi les mieux cotés de l’île.
Ronald
Ramos, mari de Zing l’agente de voyage et guide de notre tour de Bohol, nous a prévenus
la veille qu’il nous prendrait à huit heures, à l’entrée du centre de
villégiature au sein duquel nous séjournons depuis trois jours. Si jusqu’à présent
les Philippins avec lesquels nous avons eu rendez-vous sont arrivés d’avance,
Ronald accuse un léger retard, entièrement justifiable car lui et sa femme
doivent également coordonner l’arrivée et l’hébergement de dizaines de délégués
devant participer à une conférence de cartographie maritime au lancement
imminent, et issus de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est.
Comme
toujours jovial, Ronald conduit jusqu’à Tagbilaran, chef-lieu de Bohol et de l’autre
côté du pont reliant Panglao à Bohol. Il y cueille Zing, puis nous emmène jusqu’au
terminal routier, car nous devons monter à bord du traversier à Jagna, à une
cinquantaine de kilomètres à l’est. Nous comptons nous y rendre en petit bus de
groupe (au prix de 100 pesos chaque, soit environ 2,50$), jugeant un peu
dispendieuse l’option de bus privé initialement proposée par Zing. Après avoir
payé ce gentil couple qui a su nous servir admirablement bien, nous nous
échangeons des adieux, puis ils partent, devant encore régler mille et un
détails logistiques de l’accueil de visiteurs de Chine, de Thaïlande et d’ailleurs.
Premiers
installés dans la camionnette, nous sommes contraints d’attendre environ
quarante minutes avant de la voir se remplir (et à capacité, car une personne
de plus et le malheureux aurait fait le trajet sur le toit). Guillaume se
propose d’aller acheter du café peu avant le départ. Les verres qu’on lui donne
sont coiffés de couvercles trop grands, si bien que dès le départ la route
cahoteuse le pousse à ouvrir la fenêtre pour jeter par-dessus bord le contenu
encore chaud de son verre. Je parviens à conserver le mien sans le laisser me
tacher les pantalons, en ne risquant toutefois pas d’en boire, voyant en cela
parfaite matière à situation loufoque pour les autres, mais brûlante pour moi.
On nous
dépose au terminal de traversier de Jagna vers onze heures, près de deux heures
avant le départ pour Camiguin. Nous devions nous y rendre en traversier rapide,
mais celui-ci étant en cale sèche (ce qui n’est pas si choquant, car Guillaume
avait déjà vu en fouillant sur Internet que sa fiabilité n’étant pas son fort),
c’est celui régulier, plus lent, qui doit nous mener à bon port.
Au moment
de l’embarquement, nous remarquons que, en dépit du fait que le navire est doté
d’un pont d’accès aux véhicules, aucune voiture ni camion n’y embarque. La
raison probable nous apparaît dès lors : la surface du pont est corrodée
par endroits au point d’en être remplie de trous. De même, les parois du
bateau, visiblement tout aussi rongées par la rouille, ont été repeintes à la
va-vite comme tentative un peu molle de dissimulation. Ce traversier ne
passerait pas l’inspection dans nombre de pays, mais aux Philippines, un coup
de peinture ici et là (et probablement du petit pot-de-vin par-ci, par-là), et
hop! on a un beau bateau bien sécuritaire!
Les bancs
pour passagers sont situés sur un pont extérieur couvert. Heureusement, nous
montons un palier d’escalier pour trouver un seul siège en contrehaut, aux
côtés de la cabine de pilotage (j’aimerais ici dire « à babord » ou « à
tribord » de celle-ci, mais je ne suis pas certain de lequel représente « à
droite »). Tout au long de la traversée en cette chaude journée, nous
sommes ainsi exposés à une agréable brise, laquelle échappe aux autres
passagers. L’absence d’habitacle fermé nous rend également bien heureux de nous
déplacer par beau temps.
Au loin, l’île
Camiguin a au départ une forme petite et rendue floue par l’air humide qui nous
en sépare. Nous pouvons estimer la proportion complétée du périple en comparant
la taille apparente de notre destination à celle décroissante de Bohol, et l’exercice
nous rappelle bien vite la lenteur de notre rythme de croisière. Nous jugeons
bon de consacrer ce temps de transit à la lecture, représentant jusqu’ici notre
plus longue période de concentration sur le récit de notre roman de voyage
respectif.
L’île finalement atteinte, comme dernier jalon de transport nous nous rendons à la Casa Roca en tricycle (mode de transport très répandu aux Philippines et constitué d’une petite moto à laquelle est fixée une remorque couverte dans laquelle jusqu’à une dizaine de personnes peuvent prendre place). Journée n’offrant rien bien spectaculaire ni déplaisant, mais un pays se découvre de plusieurs angles, y compris en en expérimentant les transports sous diverses formes!
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