dimanche 30 juin 2013

Philippines jour 8 : tour motocycliste



La peur de la mobylette surmontée la veille, l’heure est au tour de Camiguin à deux roues. Guillaume n’ayant aucune expérience à cet égard, ni aucune cicatrice sur le mollet droit pour le prouver, je suis conducteur par défaut. 

La journée est bien plus belle qu’hier, quoique la mer agitée nous pousse à abandonner l’idée d’y faire de la plongée en apnée. Nous projetons heureusement de nous rabattre sur les sources, froides et chaudes, comme source de plaisir hydrique. 

Nous donnons le premier coup d’accélérateur vers dix heures trente. Premier arrêt, le chemin de croix d’une bourgade joliment dénommée Bonbon. Nous gravissons le flanc de montagne, et vite couverts de sueur, admirons à intervalles réguliers les quinze étapes de la crucifixion et de la résurrection du Christ, sous forme de statues de plâtre dont les contours crus me rappelle les tableaux de peinture naïve. Sans être éreintante, cette montée suivie du retour à la moto stationnée sur la route périphérique de l’île nous rappelle ce que nous avons fait subir à nos jambes, encore endolories, deux jours auparavant lors de l’ascension du mont Hibok-Hibok.

Notre exercice physique quotidien rayé de la liste, nous remontons à moto, et progressons vers le sud. La route est généralement dégagée et toujours en bon état. Preuve que l’île ne reçoit qu’un faible nombre de visiteurs de l’extérieur (ce qui, je n’en doute point, est appelé à changer, car Camiguin a tout les atouts pour plaire au touriste), les attractions touristiques sont mal ou pas indiquées, et les restaurants se font rares. 

Partageant un petit creux, nous arrêtons d’ailleurs à l’un d’eux, face à la mer. Persuadés que nous pourrons nous y nourrir à satiété, car de nombreux mangeurs s’y trouvent déjà, nous mordons la poussière lorsqu’on nous dit que l’endroit est fermé, saison basse oblige, et que lesdits mangeurs font partie d’un groupe organisé ayant transporté leur propre manger!

L’estomac dans les tibias (ou peut-être les chevilles, mais pas tout à fait dans les talons), nous repartons, à l’affût d’un établissement de restauration, n’importe quel. La quête s’enrichit de petites routes explorées en vain, d’un resto-eldorado dont on perd la trace, et de barres tendres salvatrices nous permettant de poursuivre le chemin un temps. Se met finalement sur notre chemin le Lagoon Café, donnant sur, tenez-vous bien, un lagon. L’endroit est déserté malgré le beau dimanche, ce qui me donne à croire que les restos sont en général probablement hors de prix pour le Camiguinien moyen, ce qui explique, en plus du très faible nombre de touristes, la rareté des restaurants et autres bistros.

Après dîner, nos atteignons le village de Benoni, lieu de départ des traversiers vers Mindanao. En ce dimanche, la fête de Saint-Pierre bat son plein, et les environs de l’église sont bondés. Sur le parvis, de vieux haut-parleurs crachent une musique religieuse plutôt entraînante, enivrés de laquelle les villageois dansent à la gloire de Dieu. Nous allumons quelques cierges vendus par d’entreprenantes dames, puis allons observer les parties de basketball qui se déroulent de part et d’autre du terrain, de l’autre côté de la rue. Nous allons finalement nous informer quant à notre traversier, qui doit quitter le port le lendemain matin à huit heures. On nous indique qu’en vertu de l’incertitude des conditions météorologies, le départ reste à confirmer, et qui pourrait très bien être annulé.

De retour sur la route, d’abord lentement puis en accéléré une fois la foule de fêtards derrière nous, nous visons d’atteindre une source d’eau froide, baptisée Macao Spring. On l’atteint au moyen d’une route de terre boiteuse par endroits, non sans d’abord emprunter la mauvaise route. La source est composée d’un bassin plus ou moins naturel et rempli d’une eau tout à fait naturelle et fraîche. Quelques jeunes Philippins (quoique dans ce pays dont l’âge médian est inférieur à vingt-trois ans, ceux-ci pourraient être considérés vieux un peu) consacrent leur après-midi à se partager des alcomixes, tandis que d’autres, réellement jeunes, se plaisent à se tirailler dans l’eau.

Rafraîchis et remis en route, il ne nous reste plus que les chutes de AAA (nom plutôt long qu’il me faudra retracer). Dans les terres à cinq kilomètres environ de la route périphérique, nous en dénichons et empruntons la route d’accès, et montons de manière presque ininterrompue. Nous parvenons au site vers dix-heures vingt, ce qui nous laisse environ quarante minutes de clarté, requise à un retour sans danger sur cette route libre de lampadaires. La chute, tombant le long d’une paroi rocheuse à l’impressionnant dénivelé, est magnifique. Nous l’admirons et l’immortalisons, et c’est à ce moment que la pluie se met de la partie. 

D’abord faible et n’entravant pas la prise de photos, bien vite elle s’intensifie au point de nous forcer à retarder notre départ motocycliste. Spéculant qu’elle se calmera bien vite, nous achetons une mince galette garnie de sirop à un kiosque dont la propriétaire nous offre gracieusement de prendre place sur une petite table à l’abri de la pluie. Depuis cet emplacement protégé, nous ne pouvons que rire en constatant la pluie qui sans cesse semble empirer, jusqu’à devenir déluge dans la rue, alors même que la lumière du jour faiblit à rythme alarmant.

Si le rire est jaune, le soulagement ne manque pas d’être vécu sincèrement lorsque finalement la pluie s’estompe pour rendre praticable le chemin de retour. Je descends lentement et prudemment, guidés par les phares qui ne sont pas encore essentiels mais presque, et nous finissons par regagner la route principale, depuis laquelle la Casa Roca n’est plus très loin. Nous aurons relevé avec brio le défi de la moto, malgré l’obstacle de l’eau tombée du haut!

samedi 29 juin 2013

Philippines jour 7 : au rythme de la pluie

Après une journée toute en hauteur, couronnée par un passage chez le barbier, car nos barbes se faisaient longues et la chevelure de Guillaume un peu trop foisonnante, nous prévoyons nous tourner vers la mer, de manière à combiner kayak et plongée en apnée aux fins d’exploration de récifs coralliens. Tyson, qui a accepté de nous y guider, doit venir nous cueillir en matinée. Et si jusqu’à maintenant la saison des pluies s’est abstenue de jouer la trouble-fête, à notre réveil nous comprenons que la météo, un heureux maelstrom de pluie et vent, aura le dernier mot.

Nous demandons à Suzette de notre auberge d’appeler Tyson pour annuler jusqu’à nouvel ordre notre plan de la journée, en laissant ouverte la possibilité de le réaliser ultérieurement moyennant le retour du beau temps. Au bout du fil, Tyson lui indique qu’il ne pouvait de toute manière venir à notre rencontre, une urgence familiale l’ayant obligé à se rendre à Cagayan de Oro, chef-lieu de la province de Misamis Oriental, sur la grande île de Mindanao, au sud.

Tout en espérant que ce n’est rien de trop grave, nous sommes soulagés de savoir qu’en annulant, nous ne privons pas Tyson de revenus qu’il aurait pu engranger autrement.
La journée n’est pas perdue pour autant, pour cause de mauvais temps. Fin seuls dans le Casa Roca aux portes grandes ouvertes et protégées par la toiture bien en saillie, passons la matinée puis l’après-midi à lire, et alimenté par le café fraîchement infusé par Suzette, je parviens à reprendre une partie du retard dans la rédaction de nos récents jours d’aventure.

Vers quatorze heures, l’envie me prend de bouger, comme si, avant qu’il se fasse trop tard ou soit trop noir, je veux éviter d’avoir eu le sentiment de perdre ma journée. Sous une faible pluie, je m’arme d’un masque et d’un tuba appartenant à l’auberge, et vais explorer la vie sous l’eau. Guillaume vient m’y rejoindre quelques minutes plus tard, et nous passons un bon moment à admirer l’endroit, où poissons de toutes sortes abondent, en plus de nombreux oursins. 

Vivifié par cette saucette et constatant que le temps s’est éclairci, vers seize heures, nous convenons de profiter des deux heures avant l’obscurité pour découvrir un peu l’île. À quelques kilomètres au sud se trouve le cimetière submergé de Catarman, héritage d’une éruption de volcanique en 1871 dont les coulées ont entraîné dans leur sillage et jusqu’à la mer une multitude de pierres tombales.

Pour atteindre ce lieu de plongée, le meilleur moyen est d’utiliser la mobylette de l’auberge. D’abord hésitant à l’idée de conduire pareille machine à deux temps, car il y a quelques années en Thaïlande j’en avais hérité une cicatrice de brûlure sur le mollet, je finis par me faire à l’idée, et prudemment nous partons sur l’engin que Suzette prend l’initiative de nous prêter en payant uniquement l’essence. 

L’endroit vaut la peine, non seulement pour les artefacts de cimetière s’y trouvant comme scène d’une grouillante vie marine, mais aussi parce qu’il donne sur l’ouest, et donc sur le soleil couchant. Peu après qu’il eut franchi l’horizon, nous retournons à la mobylette, et voilà la pluie qui se remet de la partie. En attendant que l’averse se soit calmée, nous pensons qu’en cette journée de mousson typique, nous avons pu nous détendre sans pour autant ne rien faire. Aujourd’hui, il a plu. Aujourd’hui nous a plu.

vendredi 28 juin 2013

Philippines jour 6 : Hibok-Hibok



Camiguin, île choisie notamment pour son relief accidenté de volcans. Nous y voilà. Le Casa Roca, lieu de séjour sélectionné par Guillaume en fonction des critiques élogieuses trouvées sur Internet, est un charmant Bed & Breakfast en bord de mer, doté de trois chambres seulement. À notre arrivée vers les coups de dix-sept heures la veille, nous découvrons qu’il manque une pièce fondamentale de la satisfaction de la clientèle passée : les propriétaires, Jim et Evelyn, lui Canadien, elle Philippine, sont partis le matin même en vacances à Kuala Lumpur. Exit la perspective, soulignées dans les commentaires de ceux qui nous ont précédés, de discuter avec ce charmant couple tandis qu’on nous prépare le petit déjeuner. L’auberge est heureusement tenue par leur employée, la ravissante Suzette originaire de l’île, souriante et blagueuse. La déception ne dure qu’un temps.

Comme première journée entière sur cette île, nous décidons de nous tourner vers le haut, avec dans la mire son seul volcan actif, Hibok-Hibok, culminant à 1332 mètres. Objectif ambitieux requérant départ très matinal, car le guide Tyson, recommandé par Suzette et qui passe nous voir la veille, doit passer nous chercher à six heures (tout de même une heure plus tard que sa suggestion initiale). La montée totalisant mille deux cent mètres, il nous a recommandé d’apporter au moins trois litres d’eau et de la nourriture. Nous avons prévu le coup : en plus de barres énergétiques apportée du Japon, nous comptons apporter des sandwichs aux œufs préparées par la cuisinière qui nous prépare le petit déjeuner. Le plan est bon, si ce n’est que l’on s’aperçoit que la bouffe est restée dans notre chambre qu’une fois arrivés à l’entrée du sentier, et ce, après une quinzaine de minutes sur la moto de Tyson! Mêmes les meilleurs plans ne sont pas à l’abri de sottises de Pitre!

Heureusement, la cuisine du centre de villégiature de l’endroit est ouverte et convient de nous préparer un riz chinois (ou plutôt riz de Shanghai, comme on l’appelle ici). Riz en sac, nous nous mettons en route une quinzaine de minutes avant les coups de sept heures. 

Rapidement, nous comprenons l’importance d’un départ matinal : dans ce climat chaud et humide, l’effort physique occasionné par la montée nous détrempe en un rien de temps. La fréquence des pauses augmente à mesure que nous gagnons en hauteur, et le rythme d’ingurgitation de nos six litres d’eau suit celui de notre progression. Lors d’une pause à mi-chemin environ, je retire ma camisole, la tords pour en extraire la sueur à grosses gouttes, et suis dégouté de devoir la remettre, quelques minutes plus tard, froide et collant à la peau.

Au bout de presque trois heures de sudation intense, de respiration profonde et d’occasionnels coups sur la tête par branches vicieuses, nous parvenons au sommet. Malgré qu’elle soit partiellement voilée par les nuages avoisinants, la vue en vaut la montée. Triomphaux, nous mangeons notre riz et le partageons avec Tyson, admirons le paysage, prenons quelques photos, puis amorçons la descente. Le sac m’est resté sur les épaules pendant la quasi-totalité de l’ascension, mais à présent c’est Guillaume qui doit le porter. Heureusement pour lui, il est allégé de quelques kilos, grâce à nos réserves d’eau ayant fondu de moitié. Malheureusement pour lui, le sac est profondément imbibé de ma sueur de montée. C’est pratiquement comme s’il me portait sur le dos!

La partie supérieure de la montagne, au degré d’humidité moindre, est sensiblement plus fraîche qu’en contrebas (de l’air climatisé naturel, que nous indique le guide en riant). Elle est également traversée de nuages, ce qui rend glissantes les pierres couvertes de mousse. Tâchant de minimiser mon centre de gravité, je m’appuis sur les mains, offrant une traction supérieure à celle de mes semelles lisses, afin de faciliter la descente et me ménager les genoux.

L’effort est à la fois moins physique et plus pénible, car les muscles sollicités sont moins intensément employés au quotidien. Nous semblant excessivement long, le retour nous fait comprendre l’ampleur de ce que nous venons d’accomplir. J’en suis presque découragé au moment d’arriver à une petite station sismographique, longtemps après le départ du sommet, construite par un institut japonais, car en montant elle m’avait semblé bien haute.

Nous sommes finalement de retour dans un plateau, où un ami de Tyson travaille la terre. Celui-ci nous sert des noix de coco, ouvertes à la machette, dont nous buvons le jus et dévorons la chair. Après cette pause-coco,  nous parcourons le dernier segment avant la fin du sentier, et ainsi s’achève la conquête de Hibok-Hibok. Chacun, nous avons bu trois litres d’eau et une noix de coco, sommes tombés à une reprise, et portons les souvenirs des plantes de toutes sortes nous ayant grafignés au passage. Belle activité, au cours de laquelle en plus de sang  nous avons été frères de sueur, couronnée par un bain bienvenu dans les bassins des Ardent Hot Springs, sources thermales heureusement pas aussi ardentes que leur nom donne à penser. À la tienne, Hibok-Hibok!

Philippines jour 5 : transport multiforme



Voir plus d’une île de l’archipel philippin est bien sûr souhaitable, mais n’est possible qu’au prix d’une durée non négligeable de transport. Direction l’île de Camiguin, au sud de Bohol et Panglao où nous avons passé les derniers jours. Journée de transport dont la récompense est l’arrivée à la Casa Roca, un Bed & Breakfast parmi les mieux cotés de l’île.

Ronald Ramos, mari de Zing l’agente de voyage et guide de notre tour de Bohol, nous a prévenus la veille qu’il nous prendrait à huit heures, à l’entrée du centre de villégiature au sein duquel nous séjournons depuis trois jours. Si jusqu’à présent les Philippins avec lesquels nous avons eu rendez-vous sont arrivés d’avance, Ronald accuse un léger retard, entièrement justifiable car lui et sa femme doivent également coordonner l’arrivée et l’hébergement de dizaines de délégués devant participer à une conférence de cartographie maritime au lancement imminent, et issus de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. 

Comme toujours jovial, Ronald conduit jusqu’à Tagbilaran, chef-lieu de Bohol et de l’autre côté du pont reliant Panglao à Bohol. Il y cueille Zing, puis nous emmène jusqu’au terminal routier, car nous devons monter à bord du traversier à Jagna, à une cinquantaine de kilomètres à l’est. Nous comptons nous y rendre en petit bus de groupe (au prix de 100 pesos chaque, soit environ 2,50$), jugeant un peu dispendieuse l’option de bus privé initialement proposée par Zing. Après avoir payé ce gentil couple qui a su nous servir admirablement bien, nous nous échangeons des adieux, puis ils partent, devant encore régler mille et un détails logistiques de l’accueil de visiteurs de Chine, de Thaïlande et d’ailleurs.

Premiers installés dans la camionnette, nous sommes contraints d’attendre environ quarante minutes avant de la voir se remplir (et à capacité, car une personne de plus et le malheureux aurait fait le trajet sur le toit). Guillaume se propose d’aller acheter du café peu avant le départ. Les verres qu’on lui donne sont coiffés de couvercles trop grands, si bien que dès le départ la route cahoteuse le pousse à ouvrir la fenêtre pour jeter par-dessus bord le contenu encore chaud de son verre. Je parviens à conserver le mien sans le laisser me tacher les pantalons, en ne risquant toutefois pas d’en boire, voyant en cela parfaite matière à situation loufoque pour les autres, mais brûlante pour moi.

On nous dépose au terminal de traversier de Jagna vers onze heures, près de deux heures avant le départ pour Camiguin. Nous devions nous y rendre en traversier rapide, mais celui-ci étant en cale sèche (ce qui n’est pas si choquant, car Guillaume avait déjà vu en fouillant sur Internet que sa fiabilité n’étant pas son fort), c’est celui régulier, plus lent, qui doit nous mener à bon port.

Au moment de l’embarquement, nous remarquons que, en dépit du fait que le navire est doté d’un pont d’accès aux véhicules, aucune voiture ni camion n’y embarque. La raison probable nous apparaît dès lors : la surface du pont est corrodée par endroits au point d’en être remplie de trous. De même, les parois du bateau, visiblement tout aussi rongées par la rouille, ont été repeintes à la va-vite comme tentative un peu molle de dissimulation. Ce traversier ne passerait pas l’inspection dans nombre de pays, mais aux Philippines, un coup de peinture ici et là (et probablement du petit pot-de-vin par-ci, par-là), et hop! on a un beau bateau bien sécuritaire!

Les bancs pour passagers sont situés sur un pont extérieur couvert. Heureusement, nous montons un palier d’escalier pour trouver un seul siège en contrehaut, aux côtés de la cabine de pilotage (j’aimerais ici dire « à babord » ou « à tribord » de celle-ci, mais je ne suis pas certain de lequel représente « à droite »). Tout au long de la traversée en cette chaude journée, nous sommes ainsi exposés à une agréable brise, laquelle échappe aux autres passagers. L’absence d’habitacle fermé nous rend également bien heureux de nous déplacer par beau temps.

Au loin, l’île Camiguin a au départ une forme petite et rendue floue par l’air humide qui nous en sépare. Nous pouvons estimer la proportion complétée du périple en comparant la taille apparente de notre destination à celle décroissante de Bohol, et l’exercice nous rappelle bien vite la lenteur de notre rythme de croisière. Nous jugeons bon de consacrer ce temps de transit à la lecture, représentant jusqu’ici notre plus longue période de concentration sur le récit de notre roman de voyage respectif.

L’île finalement atteinte, comme dernier jalon de transport nous nous rendons à la Casa Roca en tricycle (mode de transport très répandu aux Philippines et constitué d’une petite moto à laquelle est fixée une remorque couverte dans laquelle jusqu’à une dizaine de personnes peuvent prendre place). Journée n’offrant rien bien spectaculaire ni déplaisant, mais un pays se découvre de plusieurs angles, y compris en en expérimentant les transports sous diverses formes!

jeudi 27 juin 2013

Philippines jour 4 : kayak et vin de coco

Première journée dont l’horaire n’est pas dictée par tour à faire ou traversier à prendre. Nous nous levons aux alentours de huit heures (mieux que le lever à cinq heures de la veille), réglons quelques détails des jours à venir, et optons, comme activités pour journée pénarde, de faire du kayak et s’accorder un massage sur plage. La journée s’annonce plutôt grise, mais pas tout à fait pluvieuse. 
 
Les kayaks à louer ne sont pas légion, tandis que leur location n’est qu’horaire et pas particulièrement abordable. Nous nous limitons donc à deux heures, et en louons une paire. Aussitôt lancés, ils se démarquent par une stabilité déficiente, surtout avec la mer relativement agitée. Je chavire rapidement, mais par gilet de sauvetage porté, je parviens plutôt facile à reprendre place. Soit Guillaume est plus doué en matière de maintien de l’équilibre, soit son kayak est plus stable (orgueilleux, je tends vers la seconde option), mais lui ne tombe pas à l’eau, tandis que l’expérience se répète à quatre reprises dans mon cas.

Ayant loué nos kayaks à l’extrémité est de la plage Alona, nous longeons la falaise qui continue à l’est, toute en rochers par marée haute et n’offrant que de rares points d’accès à la terre sous forme d’escaliers en ciment ou d’échelles précaires en bambou.

Au bout d’une vingtaine de minutes, nous apercevons une petite plage parsemée d’embarcations de diverses tailles et d’un petit groupe de Philippins, et décidons d’y accoster. Ils nous saluent, tandis que nous touchons terre à une trentaine de mètres. L’un d’eux vient nous voir peu après, un cruchon et une tasse à la main. Expliquant qu’il s’agit de vin de coco mélangé de boisson gazeuse dégazée, il nous en offre une tasse. Je l’accepte, l’humecte pour m’assurer qu’il s’agit bel et bien d’un produit comestible, puis en prends une petite gorgée. Ce n’est pas infect. Je passe la tasse à Guillaume, pour lequel la mixture semble encore moins plaisante. Je rends la tasse à moitié pleine à notre bienfaiteur. Sans surprise il se met à nous demander les questions habituelles : notre origine, la durée de notre séjour et s’il s’agit de notre premier dans son pays. Il s’informe ensuite du prix de location de nos kayaks, et nous indique que pour moins cher nous aurions pu lui louer une belle pirogue pour toute la journée. Échappée belle de notre part. Nous lui promettons de songer à passer le voir le lendemain, petit mensonge éhonté car il s’agira d’une journée de transport, mais avec un peu de chance il n’est pas lecteur de notre blogue.

Nous quittons la plage et naviguons à nouveau vers l’est. Une faible pluie tombe depuis notre départ, et elle dérange non pas parce qu’elle nous trempe, car l’eau de mer n’ayant de toute manière aucun problème à pénétrer nos rafiots, mais parce qu’elle est froide, et chaque goutte touchant la peau s'accompagne d'un petit frisson.
Si les premières trente minutes de notre sortie sont plutôt pénibles par la nécessité de me concentrer à demeurer à flot, je finis par m’habituer et l’expérience devient plus plaisante. Nous arrivons à la hauteur d’une plage d’apparence privée, car libérée de feuilles mortes et autre détritus, au sein d’un centre de villégiature luxueux et surtout complètement désert. Nous y marquons notre deuxième et dernier arrêt, malgré le risque perçu de nous faire chasser par du personnel zélé (zèle qui ne se manifestera finalement pas).
Nous nous détendons, le corps immergé dans l’eau comme manière de nous prémunir contre l’averse, puis le moment est venu de revenir et rendre nos vieux kayaks moins stables et chers que des pirogues.

De retour à la plage Alona, comme derniers moments sur l’île Panglao, une heure de massage se doublant d’une occasion de sieste, de la baignade, et des moments à rigoler au bar australien peuplés de mononcs amateurs de plongée et issus d’Australie, d’Angleterre ou du Texas, agrémentés d’un chansonnier que nous alimentons de bonnes suggestions (Sweet Home Alabama de Lynyrd Skynyrd, Paradise City de Guns N’ Roses, Hey Joe de Jimmy Hendrix et Hurt So Good de John Cougar Mellencamp ayant résonné particulièrement bien auprès de la clientèle habituée et majoritairement quinquagénaire de l’établissement). Au revoir, Alona Beach, where the girls are pretty, car demain Camiguin nous attend!