samedi 18 mai 2013
Chino 2/2 : la montagne
Le coup de fil aux environs de sept heures trente nous réveille tous deux. Jason y répond, puis se lève, près d'une heure après l'objectif annoncé la veille. Il ne se stresse pas pour autant, son employeur n'étant pas de la plus grande sévérité en matière de ponctualité.
La journée s'annonce superbe. Ce matin comme hier, nous prenons le temps d'enfiler les sujets de conversation. Il a ce point en commun avec tous mes amis d'avoir la capacité de discuter de tout et rien, et d'éprouver du plaisir à le faire.
Malgré l'effort de la veille, d'abord la quarantaine de kilomètres sur deux roues, suivies des quelques kilomètres de jogging en sa compagnie après sa journée de travail (il souhaitait me montrer une longue et effrayante glissade à flanc de colline), je me sens plutôt d'attaque et mes muscles ne me font pas trop souffrir. Après le tour du lac, qui fondamentalement représente un parcours plane, je décide de viser plus haut, littéralement, en optant pour un gain d'altitude.
Pour m'offrir une certaine continuité hydrique, j'opte comme premier objectif pour un petit lac, à une dizaine de kilomètres. Lancé peu après onze heures, bien vite j'ai affaire à une pente, tantôt douce tantôt escarpée, mais toujours ascendante. Moi qui ai l'habitude d'un vélo sans dérailleur, je m'épate entre deux respirations de la merveille d'ingénierie qu'est un vélo comme celui de Jason, me permettant de grimper continuellement, pour peu que je maintienne le rythme, le Shimano réglé en conséquence.
Au premier arrêt à un petit marché de produits locaux, je m'offre deux sacs de petites tomates, bien mûres et juteuses à point. Je dévore les quatre issues du premier sac, et conserve le reste pour plus tard, en espérant qu'elles ne s'écraseront pas dans le sac de transport.
Le vrai défi commence au moment de rejoindre la Venus Line, une sorte de route scénique parée de chalets et auberges. La montée est éreintante, même à la vitesse du vélo la plus facile. Je me concentre sur ma respiration, inspirant profondément à intervalles réguliers.
Après un bon moment, j'arrive à la hauteur d'un terrain de golf, dont la région est réputée. Puisqu'il est en bord de route et qu'il offre une belle vue avec montagnes au loin, j'y marque mon deuxième arrêt. Et tant qu'à m'y trouver, j'y vais d'un autoportrait, en tentant d'attraper une des tomates, pourquoi pas.
Après en avoir célébré le non-écrapoutissement en la mangeant, je me remets à pédaler, conforté à l'idée que le lac n'est plus très loin. La veille j'avais eu envie de curry indien, mais Jason ne connaissait pas d'établissement en mesure d'en servir. La providence a heureusement voulu qu'un restaurant indien se dresse sur mon chemin, au moment idéal car je suis affamé.
L'estomac bien rempli de curry masala, je m'accorde une sieste de rigueur en bord de lac. Repu et reposé, j'enfourche ma monture à nouveau, pour aller toujours plus haut.
Hydraté par de l'eau glaciale d'un ruisseau, au bout de quelques heures je finis par atteindre un belvédère offrant un panorama saisissant. À ma surprise, le panneau indique qu'est visible au loin Kita-daké, deuxième plus haute montagne du pays après Fuji, que j'ai conquise en août l'an dernier. La boucle de mon amour des montagnes est en quelque sorte bouclée.
Je prends quelques minutes pour admirer le paysage, prendre des photos, et discuter avec les autres visiteurs, étonnés qu'on puisse monter si haut à vélo.
Je poursuis ma route, car la journée avance. Bientôt j'atteindrai la crête, et une descente vertigineuse et presque ininterrompue prendra le relais du combat contre la gravité que je mène depuis mon départ ce matin. Tout au long de la journée, je me suis rappelé à quel point j'ai bien fait d'avoir décidé à la dernière minute de m'organiser une escapade hors Tokyo, surtout en cette superbe journée à prouver qu'avec un peu de volonté, un corps en santé et aidé d'ingénierie cycliste, rien n'empêche de gravir les montagnes!
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