mercredi 15 mai 2013

Chino 1/2 : le lac




La voix du chauffeur annonçant mon arrêt me tire du sommeil. Je rassemble mes affaires, me lève de mon siège et descend de l'autocar. L'arrêt de Chino, directement en bord d'autoroute, est désert, le soleil vient à peine de s'affranchir des collines à l'est, ma montre indique cinq heures cinq. Arrivé vingt-cinq minutes d'avance, le cou endolori, je me mets à marcher vers la gare centrale de Chino, lieu de rendez-vous prévu avec Jason. En chemin, je traverse une rivière dans lequel miroite le soleil levant.


Il est courageux d'être venu me chercher à une heure si matinale. Je suis en congé; lui doit travailler. Je l'aperçois dès mon arrivée à la station. Nous nous serrons l'un l'autre dans les bras, puis amorcerons la montée vers son logis.

Il est presque six heures lorsque nous y parvenons. Pendant un peu plus de deux heures, nous discutons, déjeunons et nous caféinons, puis Jason doit aller au boulot. Nous nous donnons rendez-vous à 16h30, après sa journée d'enseignement à l'école secondaire non loin.

Jason a un vélo, et celui-ci est adapté à sa grande taille. Avant de partir, il me donc fait part de ses doutes quant à ma capacité de m'en servir. C'est mal me connaître, mon Jason.

Je sors mon petit kit d'outils, et me sert d'une clé hexagonale pour abaisser le siège à sa position minimale, laquelle me convient tout juste. Mes affaires fin prêtes, j'enfourche ma bécane d'un jour, légère et sportive, et dévale la côte. Direction : le lac Suwa, par température radieuse.

Le lac se trouve à une dizaine de kilomètres environ de mon point de départ, et il est en aval. L'accélération naturelle de la pente descendante est contrée en partie par le vent de face qui souffle, ce qui augure bien pour la montée de retour. Il y a d'ailleurs longtemps que je n'ai pas utilisé un vélo doté d'un dérailleur, lequel réagit mieux à pareilles fluctuations que le vélo sans vitesses de mon quotidien. Je me sens ainsi tel un mordu de cyclisme, et me photographie en imitant, monture à bout des bras, les plus intenses de l'autolocomotion à deux roues.


Si j'ai choisi initialement de me rendre jusqu'au lac, c'était avant tout parce qu'il s'agissait là du point d'intérêt topographique de la région. L'intention était donc d'en atteindre la rive, mais dès cet objectif atteint, constatant la piste cyclable qui semble le ceinturer dans son intégralité, j'entreprends d'en faire le tour.

La distance ne me semble pas excessive, et un panneau me le confirme bien vite : seize kilomètres. Le vent de face étant bien plus fort, l'effort est de mise. Autant souffrir à l'aller, que je me dis alors que je peine à maintenir le rythme.

Je finis par atteindre le bout du lac, point où, finalement, le vent devient mon allié, mes voiles. Pour me récompenser de l'effort, je m'installe sur l'herbe, consomme un goûter, puis m'accorde une sieste bien méritée, tant pour tout ce pédalage que pour la nuit écourtée. Somnolant et digérant lentement en congé au soleil dans l'herbe sous la brise par température confortable, je ne peux m'empêcher de dire, à voix haute mais seul pouvant me comprendre, quelle belle journée!



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