Il y a un peu plus d'une semaine, joggant allègrement dans le quartier Ikebukuro, je remarque de l'autre côté du boulevard une devanture comportant les caractères représentant l'adjectif usagé (中古). Il ne semble pas s'agir d'une simple boutique, mais plutôt d'un grand entrepôt. Intrigué, je m'y rends en traversant l'intersection non loin devant.
L'établissement se nomme Tenpos. Dès que j'y entre je comprends ce dont il s'agit : répartis sur cinq étages de grande surface, se côtoient des articles neufs et usagés, et bon marché, de tout ce dont les milliers de restaurants de la ville ont besoin, mais d'absolument tout, de la gigantesque casserole au couteau à beurre en argent, de la table ronde en bois massif au panneau électronique d'affichage extérieur, en passant par le malaxeur industriel, le réfrigérateur à bières et la cuisinière à gaz, sans oublier les innombrables sets de bols, d'assiettes, de coupes à saké, bref de tout ce que vous voulez. Je suis aux anges.
Vous cherchez un récipient pour votre soupe? Eh bien, vous avez du bol mon ami!
Puisque j'y mets les pieds un lundi après-midi, l'endroit est désert. Les employés se trouvent au rez-de-chaussée, et dès le deuxième je suis pratiquement fin seul à déambuler dans les longues allées, m'arrêtant par-ci, par-là pour manipuler un quelconque bout de vaisselle ou le démonstrateur d'un ensemble de tasses de café.
Je décide de me procurer une grande carafe en acier inoxydable pour me faire du café, un petit ouvre-bouteille et une grande choppe. En somme, des objets que je pourrais trouver ailleurs, mais probablement un peu plus chers.
Je prendrais le troisième tabouret rose de la deuxième rangée, svp...
J'accède au cinquième et dernier étage, aussi caverneux que les autres et dédié au mobilier, tant les étagères et éviers de cuisine que les tables, tabourets, chaises et fauteuils de salle à manger. C'est alors que mes yeux se portent sur le Graal : un magnifique petit bateau tout de bois construit, la voile en vrai tissu, sans pièce de plastique aucune. Une pièce de collection à cinq cents yens, ou cinq dollars.
Je n'ai jamais été fanatique de la chose nautique, mais pour une raison quelconque j'ai toujours voulu posséder pareille barque, et aujourd'hui je suis exaucé. Me voyant mal revenir à la course chez moi, à plus de cinq kilomètres, avec dans une main une carafe et dans l'autre une maquette de bateau, je les achète et les mets en gage en promettant de revenir dans la semaine.
Je reprends mon jogging là où je l'avais laissé et me dirige vers chez moi. Ce faisant, je songe à l'endroit duquel mon beau bateau pourra briller de tous ses phares dans l'appartement. Dans un coin près du plafond, pourquoi pas?
Aucun commentaire:
Publier un commentaire