vendredi 31 mai 2013

Jeantier


Au plus fort de sa jeunesse, Jean le mannequin embellissait de sa présence la vitrine des plus prestigieux magasins, mais le poids des années a fini par tarir les meilleurs débouchés. N'ayant su se recycler, Jean n'a désormais d'autre choix que d'assurer vaillamment la sécurité des chantiers, la nuit.

mercredi 29 mai 2013

Sudation d'occasion

Vingt-trois heures quarante, mon thermomètre indique vingt-quatre degrés et soixante-quinze pour cent d'humidité, de l'extérieur me parviennent les plic plic de la faible pluie et le son caractéristique des voitures circulant sur la chaussée trempée. La saison des pluie (tsuyu, 梅雨) a officiellement débuté il y a quelques jours, et le temps présent en est un exemple typique.

Nous ne sommes pas encore en juin et déjà tout effort physique le moindrement soutenu entraîne une sudation abondante, en tous cas c'est mon cas. Ce n'est pas tant le temps légèrement inconfortable d'aujourd'hui qui me désespère, mais bien le fait qu'il représente une sorte de coup d'envoi à au moins quatre mois de température suffocante.

Mais faire pareille scène n'est que mise en scène, car si ce n'est pas la première fois que sur la présente tribune je me plains contre l'humidité, aujourd'hui je m'en suis senti obligé, car sinon comment souligner l'inclusion de chialage à l'édition 2014 du Robert, tout juste annoncée? Et contre la météo, n'y a-t-il pas plus beau et inutile chialage?

lundi 27 mai 2013

Jinba 3/3 : blanc sur bleu

Je me réveille, ne puis me rendormir. Il fait trop chaud, le soleil est trop haut. Ma montre indique six heures quarante. J'espérais pouvoir dormir deux heures encore, mais c'était sous-estimer l'astre solaire.

Je songe brièvement à relocaliser mes quartiers de nuit à l'ombre, mais j'en conclus qu'il vaille mieux s'activer, au diable d'insuffisance sommeillesque.

En m'extirpant de mon sac de couchage, seulement habillé d'une paire de boxeurs, j'aperçois avec surprise un grimpeur matinal, à une trentaine de mètres. Absorbé par l'observation du paysage en contrebas, il ne semble pas avoir remarqué ma présence, et quand il le fait, je suis déjà tout vêtu. Quelques minutes plus tard au moment où il accède au sentier menant à Jinba, nous prenons le temps de discuter et j'apprends qu'il est parti de son domicile de Tachikawa ce matin tôt en voiture, laquelle il a stationné en début de sentier.

Il poursuit sa route tandis que je m'installe pour déjeuner. Je reprends à mon tour l'ascension vers sept heures trente. La chaleur inconfortable ressentie depuis le sac de couchage n'est que mauvais souvenir, car à l'ombre des arbres qui longent le sentier, la progression est confortable. Et compte tenu de la différence altitude nette d'à peine cent trente mètres entre Kagenobu où j'ai passé la nuit et Jinba où je m'en vais, la pente est plus souvent qu'autrement douce et plaisante sur les presque six kilomètres du parcours jusqu'au sommet.

À peine une vingtaine de minutes après m'être lancé, je croise avec surprise le même bougre. Celui-ci n'est pas qu'en simple randonnée, mais en jogging montagnard. Nous nous saluons, et j'oublie de lui demander si l'attend le travail après ce léger exercice matinal.

Le sentier est empreint de quiétude, mais de temps en temps je rencontre d'autres randonneurs, seuls ou en groupe, lancés au petit matin depuis la base, sans l'avantage d'une nuit à la belle étoile en hauteur. C'est que ça se lève tôt, ces petits montagnards-là!

Cheval blanc sur ciel bleu, avec orange sur pattes


J'atteins le sommet vers dix heures trente. À l'horizon, aucun nuage et un vue à 360 degrés des alentours, avec comme point de mire l'incontournable Fuji. À l'opposé, la vaste plaine du Kantō. L'endroit a été aménagé en profondeur, avec des tables de pique-nique un peu partout, une statue équine (car le 馬 des caractères de Jinba [陣馬] signifie cheval), des toilettes, un restaurant dont la terrasse offre une vue prenante sur l'iconique volcan conique.

Je prends le temps de m'imprégner de ce beau tableau et d'en tirer quelques photos, puis vais m'installer sur une table de la terrasse, avec comme droit d'entrée l'achat d'un café. Celui-ci étant bien trop chaud, je le couvre, me couche sur le banc de bois, et avec une veste roulée en guise d'oreiller, m'accorde une deuxième courte nuit, fort méritée. Oui, Jinba et son cheval blanc valaient bien une nuit blanche.


samedi 25 mai 2013

Vers Jinba : nuit blanche (2/3)

Je marche en direction du début du sentier devant me mener jusqu'au sommet du mont Jinba, si la carte dit vrai.

La route, asphaltée et en pente douce, est plus longue que prévue. Bien vite je regrette de ne pas avoir apporté mes patins à roulettes, lesquels m'auraient permis de gagner du temps tout en réveillant le voisinage, bruyants qu'ils sont.

Il est deux heures trente lorsque le sentier se présente finalement à moi, au bout de six ou sept kilomètres. Après une collation et l'insertion de nouvelles piles dans ma lampe frontale, je m'y enfonce. Dès ses premiers mètres il monte abruptement, et serpente la colline. En contrebas se trouve l'autoroute reliant Tokyo à Nagoya, et j'en perçois la lumière qui occasionnellement se fraie un chemin dans l'épais feuillage. Le bruit des véhicules qui y circulent, que de simples plantes ne sauraient entraver, est toutefois continu.

Mes hanches et épaules n'ayant à transporter que le strict minimum, je parviens à maintenir un rythme appréciable, si bien que je suis assez élevé pour percevoir la plaine du Kanto lorsque les premières lueurs du jour se mettent à teinter le ciel. Il n'est que 3h40, mais il s'agit du pays du soleil lève-tout, après tout.

Il est d'ailleurs à la veille d'apparaître à l'horizon lorsque j'atteins le mont Kagenobu, à 727 mètres d'altitude. Fin seul, hormis les oiseaux aux chants matinaux variés, je reste sur place à admirer le paysage qui gagne en luminosité jusqu'au lever du soleil vers 4h40.

Me vient toutefois la réalisation de la nuit blanche passée à grimper. Je juge sage de m'accorder quelques heures de sommeil avant de lancer à l'assaut de Jinba, situé à 5,7 kilomètres. Je déroule mon sac de couchage, l'insère dans le sac-bivouac, et m'insère à mon tour dans ce cocon. Puisqu'il fait frais, presque froid, et que le soleil ne représente encore qu'un faible apport thermique si bas dans le ciel, je m'installe de façon à en être bien exposé. J'estime ainsi pouvoir profiter d'au moins trois heures de sommeil avant que l'autocuisson en sac ne me serve de réveille-matin. Bonne nuit matinale!

vendredi 24 mai 2013

Jinba : prélude (1/3)

Jeudi en début d'après-midi, j'enseigne un cours de français près de la station Fuchinobe, dans la partie ouest de la région du grand Tokyo, pas très loin des derniers retranchements de la plaine du Kanto, au sein de laquelle la mégalopole a pu se développer. Au-delà s'élèvent les premières montagnes avec à leur tête l'incontournable Fuji.

L'envie me prend d'aller y grimper directement après la fin de ma leçon à 15 heures, peut-être le mont Takao conquis à quelques reprises déjà, quitte à y passer la nuit. Mais faute d'équipement adéquat car l'idée s'est manifestée après que j'eus quitté mon logis, j'abandonne et retourne au bercail.

J'essaie de me convaincre que c'est mieux ainsi, compte tenu des nombreuses tâches qui m'attendent dont l'achèvement n'en saurait que retardé, mais tel un témoin de four à gaz, l'envie d'aller m'y défouler les mollets demeure en dormance, sans que je puisse la chasser entièrement.

Dans mon antre je me fais à manger, accomplis quelques tâches, trouve même le temps d'étudier un peu de japonais. J'ai beau me garder occupé de la sorte, rien à y faire : gagne en intensité le désir d'aller en montagne à mesure qu'avance la soirée. C'est peut-être qu'avec mon horaire en pleine efferversence des récentes semaines, je souhaite profiter de chaque moment libre, ou que mon corps s'efforce de retourner en terrain montagneux après l'expérience cycliste de la semaine précédente à Nagano.

Cédant, je vais prendre le dernier train de la soirée à destination de Takao, quittant la gare de Shinjuku peu après minuit, en jetant toutefois mon dévolu non pas sur cette montagne, déjà conquise à maintes reprises dont deux fois de nuit, mais sur le mont Jinba non loin, dont l'altitude est supérieure aux six cents mètres de Takao.

Il est plus d'une heure de matin lorsque je descends du train, une station trop tôt pour cause de distraction. Je me mets à marcher vers le début du sentier vers Jinba. Dans mon sac à dos, tout ce dont j'ai besoin pour dormir à la belle étoile au sommet ou quelque part avant. L'air est frais, la nuit est calme, l'étouffante chaleur estivale n'est pas encore tout à fait installée. Je me mets en marche. Ainsi s'amorce mon ascension. À moi Jinba.

Chemin vers sentier

jeudi 23 mai 2013

Bazar par hasard

Je l'ai déjà dit et je le maintiens : la course à pied, outre ses bienfaits pour la santé, a l'avantage de faire découvrir des recoins d'une ville où d'ordinaire on ne s'aventurerait pas. Et dans la mégalopole tokyoïte, elles sont innombrables, les pierres à retourner.

Il y a un peu plus d'une semaine, joggant allègrement dans le quartier Ikebukuro, je remarque de l'autre côté du boulevard une devanture comportant les caractères représentant l'adjectif usagé (中古). Il ne semble pas s'agir d'une simple boutique, mais plutôt d'un grand entrepôt. Intrigué, je m'y rends en traversant l'intersection non loin devant.

L'établissement se nomme Tenpos. Dès que j'y entre je comprends ce dont il s'agit : répartis sur cinq étages de grande surface, se côtoient des articles neufs et usagés, et bon marché, de tout ce dont les milliers de restaurants de la ville ont besoin, mais d'absolument tout, de la gigantesque casserole au couteau à beurre en argent, de la table ronde en bois massif au panneau électronique d'affichage extérieur, en passant par le malaxeur industriel, le réfrigérateur à bières et la cuisinière à gaz, sans oublier les innombrables sets de bols, d'assiettes, de coupes à saké, bref de tout ce que vous voulez. Je suis aux anges.



Vous cherchez un récipient pour votre soupe? Eh bien, vous avez du bol mon ami!

Puisque j'y mets les pieds un lundi après-midi, l'endroit est désert. Les employés se trouvent au rez-de-chaussée, et dès le deuxième je suis pratiquement fin seul à déambuler dans les longues allées, m'arrêtant par-ci, par-là pour manipuler un quelconque bout de vaisselle ou le démonstrateur d'un ensemble de tasses de café.

Je décide de me procurer une grande carafe en acier inoxydable pour me faire du café, un petit ouvre-bouteille et une grande choppe. En somme, des objets que je pourrais trouver ailleurs, mais probablement un peu plus chers.

Je prendrais le troisième tabouret rose de la deuxième rangée, svp...

J'accède au cinquième et dernier étage, aussi caverneux que les autres et dédié au mobilier, tant les étagères et éviers de cuisine que les tables, tabourets, chaises et fauteuils de salle à manger. C'est alors que mes yeux se portent sur le Graal : un magnifique petit bateau tout de bois construit, la voile en vrai tissu, sans pièce de plastique aucune. Une pièce de collection à cinq cents yens, ou cinq dollars.

Je n'ai jamais été fanatique de la chose nautique, mais pour une raison quelconque j'ai toujours voulu posséder pareille barque, et aujourd'hui je suis exaucé. Me voyant mal revenir à la course chez moi, à plus de cinq kilomètres, avec dans une main une carafe et dans l'autre une maquette de bateau, je les achète et les mets en gage en promettant de revenir dans la semaine.

Je reprends mon jogging là où je l'avais laissé et me dirige vers chez moi. Ce faisant, je songe à l'endroit duquel mon beau bateau pourra briller de tous ses phares dans l'appartement. Dans un coin près du plafond, pourquoi pas?



samedi 18 mai 2013

Chino 2/2 : la montagne


Le coup de fil aux environs de sept heures trente nous réveille tous deux. Jason y répond, puis se lève, près d'une heure après l'objectif annoncé la veille. Il ne se stresse pas pour autant, son employeur n'étant pas de la plus grande sévérité en matière de ponctualité.

La journée s'annonce superbe. Ce matin comme hier, nous prenons le temps d'enfiler les sujets de conversation. Il a ce point en commun avec tous mes amis d'avoir la capacité de discuter de tout et rien, et d'éprouver du plaisir à le faire.

Malgré l'effort de la veille, d'abord la quarantaine de kilomètres sur deux roues, suivies des quelques kilomètres de jogging en sa compagnie après sa journée de travail (il souhaitait me montrer une longue et effrayante glissade à flanc de colline), je me sens plutôt d'attaque et mes muscles ne me font pas trop souffrir. Après le tour du lac, qui fondamentalement représente un parcours plane, je décide de viser plus haut, littéralement, en optant pour un gain d'altitude.

Pour m'offrir une certaine continuité hydrique, j'opte comme premier objectif pour un petit lac, à une dizaine de kilomètres. Lancé peu après onze heures, bien vite j'ai affaire à une pente, tantôt douce tantôt escarpée, mais toujours ascendante. Moi qui ai l'habitude d'un vélo sans dérailleur, je m'épate entre deux respirations de la merveille d'ingénierie qu'est un vélo comme celui de Jason, me permettant de grimper continuellement, pour peu que je maintienne le rythme, le Shimano réglé en conséquence.



Au premier arrêt à un petit marché de produits locaux, je m'offre deux sacs de petites tomates, bien mûres et juteuses à point. Je dévore les quatre issues du premier sac, et conserve le reste pour plus tard, en espérant qu'elles ne s'écraseront pas dans le sac de transport.

Le vrai défi commence au moment de rejoindre la Venus Line, une sorte de route scénique parée de chalets et auberges. La montée est éreintante, même à la vitesse du vélo la plus facile. Je me concentre sur ma respiration, inspirant profondément à intervalles réguliers.

Après un bon moment, j'arrive à la hauteur d'un terrain de golf, dont la région est réputée. Puisqu'il est en bord de route et qu'il offre une belle vue avec montagnes au loin, j'y marque mon deuxième arrêt. Et tant qu'à m'y trouver, j'y vais d'un autoportrait, en tentant d'attraper une des tomates, pourquoi pas.
 

Après en avoir célébré le non-écrapoutissement en la mangeant, je me remets à pédaler, conforté à l'idée que le lac n'est plus très loin. La veille j'avais eu envie de curry indien, mais Jason ne connaissait pas d'établissement en mesure d'en servir. La providence a heureusement voulu qu'un restaurant indien se dresse sur mon chemin, au moment idéal car je suis affamé.


L'estomac bien rempli de curry masala, je m'accorde une sieste de rigueur en bord de lac. Repu et reposé, j'enfourche ma monture à nouveau, pour aller toujours plus haut.

Hydraté par de l'eau glaciale d'un ruisseau, au bout de quelques heures je finis par atteindre un belvédère offrant un panorama saisissant. À ma surprise, le panneau indique qu'est visible au loin Kita-daké, deuxième plus haute montagne du pays après Fuji, que j'ai conquise en août l'an dernier. La boucle de mon amour des montagnes est en quelque sorte bouclée.


Je prends quelques minutes pour admirer le paysage, prendre des photos, et discuter avec les autres visiteurs, étonnés qu'on puisse monter si haut à vélo.

Je poursuis ma route, car la journée avance. Bientôt j'atteindrai la crête, et une descente vertigineuse et presque ininterrompue prendra le relais du combat contre la gravité que je mène depuis mon départ ce matin. Tout au long de la journée, je me suis rappelé à quel point j'ai bien fait d'avoir décidé à la dernière minute de m'organiser une escapade hors Tokyo, surtout en cette superbe journée à prouver qu'avec un peu de volonté, un corps en santé et aidé d'ingénierie cycliste, rien n'empêche de gravir les montagnes!







mercredi 15 mai 2013

Chino 1/2 : le lac




La voix du chauffeur annonçant mon arrêt me tire du sommeil. Je rassemble mes affaires, me lève de mon siège et descend de l'autocar. L'arrêt de Chino, directement en bord d'autoroute, est désert, le soleil vient à peine de s'affranchir des collines à l'est, ma montre indique cinq heures cinq. Arrivé vingt-cinq minutes d'avance, le cou endolori, je me mets à marcher vers la gare centrale de Chino, lieu de rendez-vous prévu avec Jason. En chemin, je traverse une rivière dans lequel miroite le soleil levant.


Il est courageux d'être venu me chercher à une heure si matinale. Je suis en congé; lui doit travailler. Je l'aperçois dès mon arrivée à la station. Nous nous serrons l'un l'autre dans les bras, puis amorcerons la montée vers son logis.

Il est presque six heures lorsque nous y parvenons. Pendant un peu plus de deux heures, nous discutons, déjeunons et nous caféinons, puis Jason doit aller au boulot. Nous nous donnons rendez-vous à 16h30, après sa journée d'enseignement à l'école secondaire non loin.

Jason a un vélo, et celui-ci est adapté à sa grande taille. Avant de partir, il me donc fait part de ses doutes quant à ma capacité de m'en servir. C'est mal me connaître, mon Jason.

Je sors mon petit kit d'outils, et me sert d'une clé hexagonale pour abaisser le siège à sa position minimale, laquelle me convient tout juste. Mes affaires fin prêtes, j'enfourche ma bécane d'un jour, légère et sportive, et dévale la côte. Direction : le lac Suwa, par température radieuse.

Le lac se trouve à une dizaine de kilomètres environ de mon point de départ, et il est en aval. L'accélération naturelle de la pente descendante est contrée en partie par le vent de face qui souffle, ce qui augure bien pour la montée de retour. Il y a d'ailleurs longtemps que je n'ai pas utilisé un vélo doté d'un dérailleur, lequel réagit mieux à pareilles fluctuations que le vélo sans vitesses de mon quotidien. Je me sens ainsi tel un mordu de cyclisme, et me photographie en imitant, monture à bout des bras, les plus intenses de l'autolocomotion à deux roues.


Si j'ai choisi initialement de me rendre jusqu'au lac, c'était avant tout parce qu'il s'agissait là du point d'intérêt topographique de la région. L'intention était donc d'en atteindre la rive, mais dès cet objectif atteint, constatant la piste cyclable qui semble le ceinturer dans son intégralité, j'entreprends d'en faire le tour.

La distance ne me semble pas excessive, et un panneau me le confirme bien vite : seize kilomètres. Le vent de face étant bien plus fort, l'effort est de mise. Autant souffrir à l'aller, que je me dis alors que je peine à maintenir le rythme.

Je finis par atteindre le bout du lac, point où, finalement, le vent devient mon allié, mes voiles. Pour me récompenser de l'effort, je m'installe sur l'herbe, consomme un goûter, puis m'accorde une sieste bien méritée, tant pour tout ce pédalage que pour la nuit écourtée. Somnolant et digérant lentement en congé au soleil dans l'herbe sous la brise par température confortable, je ne peux m'empêcher de dire, à voix haute mais seul pouvant me comprendre, quelle belle journée!



mardi 14 mai 2013

Chino

Mercredi, début de soirée. Je suis chez moi, de retour après ma leçon de japonais. Cette semaine l'enseignement des cours de français en alternance jeudi et vendredi n'est pas ma responsabilité, si bien que je suis à l'aube de deux jours de congé.

Rien au programme, sinon l'envie de bouger. Je me souviens de l'ami Jason, qui a récemment emmégané à Chino, ville de la préfecture montagneuse de Nagano. Il m'a invité il y a quelques semaines à le visiter. Petite sortie hors de Tokyo, pourquoi pas?

Je lui envoie un message pour lui demander si par hasard il serait libre. Il me répond que malheureusement, le travail l'attendra pour les deux jours à venir, mais qu'il lui ferait plaisir de m'accueillir, quitte à passer du temps ensemble en soirée. Je crains que ma présence annoncée à la toute dernière minute soit malvenue (il m'assure que non, pas du tout) puis, rassuré, me mets à magasiner les billets d'autocar de nuit.

Peu après, ma place est réservée, et ce, à peine une heure après que l'idée ait germé dans mon esprit, et quatre heures avant le départ. Heureux de ce périple qui promet sans préavis ni plan établi, je m'en vais meubler les heures restantes au gym. Le plaisir de l'escapade décidée en un rien de temps.

Soleil levant qui se fait accueillant

lundi 13 mai 2013

Tournage de page

Devant l'écran, je constate l'œuvre achevée. Rédigé soigneusement et détaillant les raisons sous-tendant ma décision, le message de démission n'est qu'à un clic de souris d'être acheminé à mon superviseur, qui depuis plus de deux ans chapeaute mon travail d'instructeur d'anglais à l'école au rayonnement international.

À l'origine questionnement devenu conviction par mûrissement, le choix s'est imposé d'amorcer de nouveaux défis, plus motivants et satisfaisants. Pour ce faire, il fallait d'abord tirer le rideau sur ceux déjà accomplis.

Je relis le texte pour y débusquer les dernières fautes de frappe, prends du recul pour l'observer dans son ensemble, hésite un dernier moment, puis, clic, il est envoyé, et ainsi ma décision s'officialise.

J'ai beau avoir encore un mois à travailler au service de cet employeur, je ne peux m'empêcher de ressentir une vague impression de liberté alors que je sors jogger, à l'aube d'une nouvelle chapitrerie.

Dans l'allée de la vie


Pour toute activité dans laquelle il entreprend d'exceller, l'homme se doit d'être habité par un état d'esprit dans le confort douillet duquel il pourra présider à son surpassement. Il ne doit pas s'immerger dans son rôle, piscine de ses exploits, mais plutôt devenir le rôle, pour qu'y pataugent les miracles. Cette réalité tient la route dans tous les chemins sinueux de la vie, au bowling et ailleurs...



vendredi 10 mai 2013

Bruine-babines

Au sortir en direction du boulot en matinée, bruine,
devenue faible pluie au moment d'arriver.
 Parti sans vêtements à l'épreuve de l'eau.
Pari risqué que l'averse aura passé d'ici la soirée. 

Le travail achevé, elle s'abat toujours,
avec un vigueur renouvelée,
 comme pour narguer.

À vélo enfourché et veste hydrophile enfilée,
file à domicile; saturation au point vite atteint.
Filets d'eau froide le long des bras.
Exécrable sensation de l'arrosé.

Journée de pluie maintenant au sec.
Vêtements qui sèchent dans le logis.
La bruine qui ruine.


mercredi 8 mai 2013

Trois capsules

J'enseignais hier près de la station Fuchinobe, dans la préfecture de Kanagawa, à près de quarante kilomètres au sud-ouest de mon domicile. Après la leçon, je suis allé étudier le japonais à un café de Machida, non loin. Les avions de avions de chasse survolant le ciel, dont le vrombissement aux quinze minutes m'assourdissait au point de forcer une pause d'étude, m'ont rappelé l'existence des quelques dizaines de milliers de soldats américains postés en sol japonais, une réalité qui n'effectue que de rares intrusions dans ma vie quotidienne.

Aujourd'hui a tout les airs d'une journée d'été, canadienne, faut-il le préciser. Nous ne sommes qu'en mai, mais déjà j'appréhende la chaleur écrasante de l'été tokyoïte. Cela me rappelle heureusement que mon ami Jason, qui s'est récemment établi dans la préfecture montagneuse de Nagano non loin, m'a lancé l'invitation à faire du camping dans les hauts plateaux dénommés Kamikochi, au climat frais qui ne sera que bienvenu.

En allait porter mes chemises chez le nettoyeur, ce matin et pour la première fois depuis des lustres, je portais un chandail de soccer d'une équipe de Séoul, souvenir de mon voyage en Corée, en 2009. En passant par le parc de retour chez moi, avec surprise j'ai été interpellé par un Coréen, à la fois excité et perplexe de voir un blanc arborant un chandail doté de caractères Hangeul. Je lui en ai expliqué la provenance tout en lui disant les trois mots coréen que je me souvenais de ce périple. L'un comme l'autre en ont été amusés.

mardi 7 mai 2013

Jet de pierre volcanique

Malgré que je sois de retour à Tokyo, mon ordinateur portable porte des traces de Kagoshima, sous forme d'une mince couche de poussière volcanique qui le recouvre, et qui m'embête le bout des doigts.

Je me trouve dans la grande salle d'où, chaque mardi et mercredi lorsque je ne suis pas en voyage, j'ai mes leçons privées de japonais. Elle se trouve au vingt-deuxième étage d'une tour du quartier Toranomon. De ses grandes fenêtres, s'offre à moi un beau panorama de Tokyo et ses immeubles, balayés par de forts vents qui gâchent un peu la journée ensoleillée.
 
Dans un peu plus d'une demi-heure commence la première leçon d'un cours à donner à même les locaux d'une entreprise. Il s'agira là de ma première expérience du genre, n'ayant jusqu'ici fait des leçons qu'aux écoles retenant mes services. Il me faut remercier le hasard à cet égard, qui a su faire en sorte de limiter à cent mètres à peine la distance séparant ma leçon de japonais de celle d'anglais. Plus près et il eut fallu qu'ils aient lieu dans la même bâtisse.

Sur ce, je vais à la rencontre de mes nouveaux élèves, qui à un jet de pierre, attendent que je leur enseigne la lingua anglica...

samedi 4 mai 2013

Trois j'ai

 À Kagoshima, j'ai

Bu du shōchū extrait d'un bout de bambou.
 
Porté mon linge à l'envers pour peindre sans crainte, ni de gâchis, ni du ridicule.

Patiné, tout droit sorti d'une autre époque, plus haute en couleur.

vendredi 3 mai 2013

Kagoshima jour 5 et fin : devanture et fin d'l'aventure




Peu avant les coups de huit heures, je me lève et amorce ma dernière journée à Kagoshima. Pendant la nuit, tiré du sommeil par le bruit sec d'une éruption, j'ai pu admirer Sakurajima, à la lueur de lave fraîchement expulsée.

J'ai mes pochoirs, mon ruban adhésif, ma peinture, mes pinceaux, et je suis motivé à terminer dans le courant de la matinée le lettrage de la devanture. J'effectue mes préparatifs matinaux et m'offre un petit-déjeuner composé d'une banane et de patates douces de Kagoshima, jouissant d'une réputation nationale pour leur bon goût et vendues en bonne quantité par le café.

Fin prêt, je pose l'escabeau devant la façade et me mets à l'ouvrage. Avant le premier coup de pinceau, je souhaite coller tous les pochoirs, pour avoir une idée du résultat final.

Je croyais qu'il me suffirait d'appliquer du ruban adhésif sur le périmètre seulement, mais bien vite je comprends que pour m'assurer que la peinture ne s'aventure pas au-delà du contour des lettres, il me faut appliquer du ruban un peu partout. La tâche s'annonce plus longue que prévue.

Les pochoirs tous collés, je prends un peu de recul pour en constater l'effet. L'erreur saute aux yeux : j'ai omis de tenir compte de l'espace qu'allait occuper le ruban adhésif entre chaque feuille de carton, avec comme résultat que le « tt » de Little est trop éloigné de « Li » et de « le ». Même son de cloche pour le « om » de Mommy, dont l'espacement avec « my » semble particulièrement large. Un peu découragé à l'idée de devoir tout décoller et recoller, je décide de me limiter à la minimisation de cette espace flagrante entre les deux m minuscules.

Je me mets à peindre, en appliquant uniformément une généreuse couche de rouge, en me servant d'une vieille clé anglaise pour tenir le carton contre la surface de bois. Je repasse ensuite sur les endroits laissés pour compte.


Deux constats : l'espacement est primordial, et les lettres courbes donnent du fil à retordre. Les lettreurs de ce monde se méritent toute mon admiration!

Le temps chaud animé d'une légère brise sèche vite la peinture. J'enlève les pochoirs et constate le résultat préliminaire. Il est déjà midi dépassé; la tâche m'aura pris un peu plus de trois heures.

Je suis vite déçu que l'espacement inégal entre les lettres paraît beaucoup plus que ce que j'espérais, et je m'en veux de ne pas avoir pris la peine de le rectifier, car un résultat pleinement satisfaisant fait aurait bien mérité une petite heure de plus. Malgré tout, je suis plutôt content du résultat, une première pour moi, comme fruit de bonne dose de concentration et d'expérimentation. Mes hôtes également semblent satisfaits, et c'est ce qui compte, au fond. La tâche achevée, je prends le temps de profiter de la fin de ma journée, à commencer par une visite de l'onsen en face. Et puis faire mieux la prochaine fois, en voilà une excellente raison de revenir l'an prochain!


Au moment de mon départ, après cinq merveilleux jours avec mes amis, le volcan Sakurajima m'a réservé une éruption d'au revoir. J'ai déjà hâte aux retrouvailles, l'an prochain!


jeudi 2 mai 2013

Kagoshima jours 3 et 4 : l'heure de l'ouvrage

Jour 3, mercredi 1er mai. Le matin, je me lève. Premier constat, il fait beau. Joli contraste par rapport à la veille.

Quelques vingt minutes plus tard, un phénome unique à la région mais fréquent se produit : le volcan s'offre une petite éruption matinale, et bien vite l'habituel filet de cendre cède la place à un impressionnant panache. Je demande à Johnny de m'immortaliser, à mi-saut, pourquoi pas.



J'aimerais bien me remettre à peinturer, mais hier nous sommes venus à bout de la peinture ivoire. Le patriarche de la famille est bien allé acheter un nouveau pot, mais il s'est trompé en optant pour de la peinture de couleur blanche.

Je suis donc condamné à attendre qu'on m'apporte la couleur adéquate pendant quelques heures, lesquelles sont consacrées à la lecture d'un bon bouquin, et aux retrouvailles plaisantes avec une habituée du café, rencontrée l'année dernière.

Je me remets à l'ouvrage en début d'après-midi, non sans entretemps m'être offert une balade en patins à roulettes, question de rendre homage aux grands de Canadien, lequel amorcera sa vraie saison sous peu.


En guise d'appui à nos Glorieux et à leur flambeau, hommage à deux grands qui de leurs bras meurtris ont su le porter bien haut, d'abord en simulant le faciès victorieux de Casseau, puis, plus subtilement, en portant des patins à roulettes des années 1970 et un t-shirt dont la couleur n'est pas sans rappeler le Démon Blond. 

La Golden Week est constituée d'une séries de jours fériés qui se succèdent au tournant des mois d'avril et mai, généralement dans la même semaine. Cette année, toutefois, elle se répartit plutôt sur deux semaines. Décidées sans trop y penser il y a environ trois mois, les dates de mon séjour à Kagoshima, du lundi 29 avril au vendredi 3 mai, ne sont donc pas idéales, car seuls lundi et vendredi sont fériés, les autres étant des jours de semaine ordinaires. Il y a bien quelques personnes qui font le pont, mais ce n'est pas si courant. Je ne serai donc sur place que pour la première journée du week-end de quatre jours qui en représente l'apogée.

Sans demande explicite en ce sens de la famille qui m'accueille, je prends conscience de l'objectif d'achever la préparation de leur nouveau point de vente, le Little Mommy, à temps pour ce vendredi férié, qui s'annonce occupé. Il me reste donc les murs intérieurs à finir de peindre, et l'enseigne extérieure, devant indiquer Little Mommy, car annexe du Mommy's café. Je comprends dans le même élan qu'il ne me reste pas beaucoup de temps.

Ainsi doté d'une mission clairement définie, ce mercredi amorcé tard, puis jeudi, au travail possible dès la matinée, je suis beaucoup plus concentré. La peinture intérieure, avec contour de fenêtre pour en rehausser l'apparence, est terminée en milieu d'après-midi, jeudi. Commence le véritable défi : le lettrage de leur devanture. Si Chiyomi (la « Mommy ») ne se préoccupe aucunement de la forme et de la qualité de ce dernier, je ne peux me permettre pareil état d'esprit, étant à la fois malhabile de mes mains et perfectionniste un brin.


 Châssis rougi


Je songe à la manière de procéder. Il y a une grande tablette de papier de bricolage. Je calcule que le lettrage prendrait sept de ces feuilles, soit trois pour Little, trois autres pour Mommy, et une feuille pour l'espace les séparant.

Me vient ensuite l'idée de m'inspirer de polices de caractères. Sur mon ordinateur, j'en choisis cinq qui me plaisant, que je présente à Chiyomi. Nous convenons que celle intitulée Bernard MT Condensed est préférable.



Armé d'un stylo, d'une règle et d'un exacto, je me mets à l'ouvrage. Son accomplissement exige un travail minutieux, si bien que bien vite je ferme la porte et les fenêtres du conteneur qui me sert de bureau, question de minimiser les distractions. 

Les dix-huit heures sont déjà bien entamées lorsque j'en arrive à bout. L'heure avancée me fait toutefois comprendre qu'il serait plus sage de remettre au lendemain matin l'application de la peinture grâce à ce pochoir

À la fois satisfait du résultat, façonné de mes mains maladroites, et fatigué par l'effort de la journée, c'est avec plaisir que je me joins au barbecue que l'on a organisé, à l'occasion de ma dernière soirée. Merci mes amis, nous sommes presque fin prêts pour demain!




mercredi 1 mai 2013

Kagoshima jour 2 : peinture à l'eau

À l'intérieur du conteneur qui m'a servi d'abri pour la nuit, je me sors du sac de couchage. J'y ai dormi longtemps, et très bien.

Je jette un coup d'oeil à l'extérieur. On a eu beau m'avertir la veille qu'il allait pleuvoir, l'averse que j'aperçois ne manque tout de même pas de me décevoir, surtout que je peux déjà deviner qu'elle ne sera pas que passagère.

Mes bagages ont été faits sous le spectre du temps au beau fixe caractéristique mon séjour l'an dernier. Conséquence : je n'ai pour couvre-pied qu'une vieille paire aux semelles trouées et au dessus absorbant l'eau, et une autre paire guère meilleure. L'expérience m'ayant appris que se sent misérable l'homme aux pieds mouillés, je me dis que la journée ne commence pas, justement, du bon pied.

La famille Okimura, propriétaire du Mommy's cafe, est composée de cinq membres : les deux patriarches, dont j'ignore le nom car je les nomme okaasan et otoosan, littéralement père et mère, leurs deux enfants, soit Jōji (surnommé Johnny par tous) et Chiyomi ( la "mommy"), ainsi que Junka, la fille de Chiyomi. 

Leur routine d'exploitation du café suit ces grandes lignes : Johnny est responsable de l'ouverture du café le matin. En fin de matinée Chiyomi arrive avec ses parents (et sa fille en cas de congé scolaire), et tous ensemble ils gèrent la période du midi, puis Johnny tire sa révérence tandis que Chiyomi prend la relève.

L'an dernier, Johnny avait l'habitude d'arriver au café vers neuf heures, et jouait souvent le rôle de réveil-matin et de signal qu'il était temps de remballer ma tente. En cette matinée toutefois, il est presque dix heures lorsque finalement il arrive, sans doute ralenti comme je le suis par le temps exécrable qui règne. 

Nous nous serrons dans les bras, un an après s'être vus, et allons s'installer dans le café, lui dans la cuisine derrière le comptoir, moi à la table la plus près. Il fait bon de nous revoir. 

L'après-midi est bien entamée lorsque finalement je me mets au boulot. Je suis en vacances, certes, mais s'ils conviennent de me nourrir et de me loger, c'est qu'en contrepartie je dois leur prêter main forte. L'an dernier, ma contribution s'est centrée sur la vente de glace aromatisée, dénommée kakigoori (カキ氷), depuis un kiosque installé devant la halte routière. Cette année, aucun kiosque, puisque le conteneur me servant de logis est destiné à devenir un point de vente permanent. Et plutôt que vendre des friandises glacées avec comme seul risque de se retrouver avec les mains collantes, ils souhaitent que je le peinture, leur conteneur-point de vente, du moins l'intérieur pour aujourd'hui, car pluie et peinture ne font pas bon ménage, pour ce qui est de l'extérieur. 

Je me rends compte que, ignorant cette tâche potentiellement salissante au moment de faire mes bagages, je n'ai apporté aucun vêtement que je serais prêt à voir taché de peinture. Après réflexion, j'opte pour un chandail de soccer et mes shorts d'entraînement, coutures et poches bien visibles, car portés à l'envers. 



 L'amateur à l'oeuvre, à l'avant-garde des tendances vestimentaires


Aidé par Nakanishi, un voyageur arrêté pour dîner mais ayant apporté son aide car il rechignait à poursuivre son périple à motocyclette sous la pluie, je m'attaque au premier panneau. Comme toutes les tâches manuelles, dont je ne suis naturellement pas doué, l'exercice est d'abord laborieux, puis progressivement je peaufine ma technique. Nous parvenons à maintenir l'équilibre entre une aération adéquate et une minimisation de l'eau de pluie qui entre. 


L'exercice est évidemment ponctuée de nombreuses pauses-café au café, à une distance de quelques mètres, toujours parcourue à la toutes jambes pour ne pas s'imbiber.

La journée de travail achève. Je fais tremper les pinceaux pour la nuit, me lave les mains, et aménage le conteneur en vue d'y dormir. Ces tâches terminées, je vais souhaiter bonne soirée, bonne nuit et à demain à ma famille adoptive, puis vais à me laver et me détendre à l'onsen. La pluie, devenue crachin, n'en a plus pour très longtemps. Demain, m'a-t-on assuré, le beau temps fera un retour en force. En voilà une bonne nouvelle pour le peintre industriel en devenir.