mardi 10 décembre 2013
Visite
Mais l'espace de ton petit logis est limité, et vers la fin de ces quelques jours à se côtoyer constamment, tu commences à avoir hâte de revenir à tes moutons, d'être à nouveau maître chez toi. Tu te sens aisément irritable, et parfois tu en viens à souhaiter qu'il soit déjà parti.
Et puis, tout d'un coup, il n'y est plus. Déjà il te manque, et tu te sens bien seul chez toi. Tu as honte d'avoir ressenti ces petites pointes d'animosité. Tu sais bien qu'au fond tu as de la chance d'avoir un ami comme lui qui souhaite te voir de si loin. Tu te réjouis de l'avoir vu au final, et tu souhaites que d'autres emboîtent le pas, pour vivre les mêmes plaisirs qui dureront, au diable l'irritabilité passagère.
lundi 28 octobre 2013
Art de planche
C'est alors que je remarque les motifs intéressants de sa surface, formés par la juxtaposition des copeaux pressés les uns contre les autres. Je me rappelle alors que c'était ce qui m'avait poussé à garder cette planche, il y a plus d'un an, sans savoir que j'allais l'abandonner à son sort, exposée aux éléments du balcon.
Je décide dès lors de faire amende honorable, en commençant par tracer au marqueur le contour des dizaines de copeaux de diverses tailles. Me vient ensuite l'idée d'y coller des cartes menko datant de l'avant-guerre, semblables aux pogs qui ont fait fureur à l'automne de ma sixième année, et que je collectionne depuis quelques temps. Ces bouts de carton circulaires aux thèmes variés montrent notamment des samouraïs légendaires, des super-héros sans crainte, des monstres furieux de rage, des cowboys en plein duel, des soldats sous le feu ennemi, et d'autres personnages colorés.
Je me mets donc à peindre les couleurs principalement employées dans ces menko, soit le rouge, le jaune et le vert, en prenant soin d'éviter que des copeaux de couleur identique se chevauchent. Je me rends ensuite compte que quelques coupeaux de bonne taille ne peuvent être peints, étant cernés de toutes parts par les trois autres couleurs. L'emploi d'un quatrième mousquetaire, le bleu, est donc de mise. Je ressors mon pinceau et me mets à la tâche.
Me vient enfin la satisfaction de l'œuvre achevée. Ma chère planche, je suis sincèrement désolé de t'avoir négligée tout ce temps, mais tu conviendras que l'attente balconière en aura valu le pinceau!
dimanche 20 octobre 2013
Sodai gomi
Le mien est néanmoins en mesure d'accueillir une chaise ou deux, et entre elles, une petite table, et avant d'emménager en ces lieux je pensais bien y passer du temps. La vie oisive de balcon ne s'est pourtant jamais matérialisée. La largeur de chaise susmentionnée s'est toutefois révélée bien utile pour faire de mon balcon la décharge de meubles devenus inutiles, notamment, et ironiquement, d'un fauteuil de travail qui m'avait été donné par George, mon ancien coloc, posé dans le coin droit et laissé là, à se détériorer par exposition aux éléments. Puisque cet espace extérieur ne m'était utile que pour sécher mes vêtements, et que la présence de ce vieux fauteuil n'était importune que par son aspect inesthétique, il m'a fallu plus d'un an pour y faire le ménage.
En frais de meubles, comme dans plusieurs aspects de la vie au Japon, ne jette pas qui veut. Une procédure bien définie doit être suivie pour se départir de ces sodai gomi (粗大ごみ, déchets de grande taille). Après des recherches sur la manière de procéder, il m'a d'abord fallu communiquer avec le centre de traitement des déchets de l'arrondissement, afin de s'enregistrer et d'y détailler les indésirables. La dame à l'autre bout du fil m'a ensuite confirmé que la mise au rebut de chacun des trois articles, soit ledit fauteuil, une petite table trouvée en bord de chemin et jamais mise à profit, et une bouilloire, revenait à trois cents yen chaque. Elle m'a ensuite confirmé la date de collecte, le 17 octobre, soit exactement deux semaines plus tard. Il ne faut pas être pressé pour jeter ses gros bidules!
La veille du jour D (pour déchets), je suis donc allé au dépanneur du coin pour y acheter les trois autocollants de sodai gomi de type B (à trois cents yen) à apposer, sur lesquels j'ai inscrit nom, adresse et date. J'ai sorti mes trois articles, et les ai laissés en évidence dans l'espace de stationnement de mon immeuble, la bouilloire insérée dans la table, elle même posée sur le fauteuil. Le lendemain à mon retour de leçon en matinée, plus de trace de ces trois amigos, mon balcon pouvait mieux respirer. Celui-ci contenait encore quelques débris, dont un d'entre eux allait servir sous peu...
mardi 15 octobre 2013
Flocons de typhon
Il est concevable que les enfants japonais des régions ceinturant la mer du Japon vivent les mêmes expériences hivernales, mais à l'instar des autres principales métropoles du pays, Tokyo ne voit des flocons qu'à quelques reprises chaque hiver, et la rare neige qui s'accumule au sol ne fait jamais long feu.
L'écolier peut toutefois compter sur un autre phénomène naturel pour le libérer à l'occasion des chaînes oppressantes de l'éducation étatique, j'ai nommé le typhon. Celui qui vient, Tokyo dans la mire, joliment baptisé Wipha et dont l'apogée est prévu pour demain en matinée, est apparemment le plus important des dix dernières années.
Comme replongé en enfance, mais sans devoir écouter la radio au petit matin en attente insoutenable de la confirmation de fermeture scolaire venue du ciel, je sais d'ores et déjà que ma leçon de japonais de demain n'aura pas lieu, le directeur ayant sagement décidé de fermer les portes de son école.
Je ne ressens toutefois pas la même joie que lors des blizzards ferme-école de jadis. Le fait que le plaisir ne découle pas aussi naturellement de l'eau de typhon que de la poudrerie de tempête y est probablement pour quelque chose...
lundi 14 octobre 2013
Affiche du tonnerre
Les affiches de films cultes ou rarissimes sont évidemment assez chères, mais pour ceux plus obscurs, il est possible de faire de bonnes affaires, comme c'est presque toujours le cas lors de chaque visite. Question de faire redonner à la présente tribune un certain air de régularité, permettez-moi à l'occasion de partager quelques-unes de mes trouvailles en cette boutique et parfois chez ses consœurs. Commençons donc par Tokyo Blackout...
En ce pays de séismes, typhons, éruptions et radiations, pas étonnant que les films catastrophes, dont celui-ci datant de 1987, aient historiquement eu la cote. Fait intéressant, le titre japonais (Shuto Shōshitu) signifie "Destruction de la capitale", plutôt que de Tokyo.
vendredi 4 octobre 2013
Forfait
La séance s'est bien déroulée et, aux dires de l'équipe de photographie, plus rapidement qu'à l'accoutumé, sans doute grâce à la belle et professionnelle complicité qui existait entre moi et Natsumi, et au naturel ayant caractérisé notre poignant jeu soignant-patient.
Alors Guillaume, la vérité s'impose : si par essence tu es le plus compétent des pharmaciens, par défaut, tu es le plus convaincant. Bravo!
jeudi 26 septembre 2013
Pharmafroc
L'air est frais aujourd'hui, l'humidité, de retour à un degré décent. Ça me donne envie d'écrire, mais il y a aussi le beau ciel bleu qui me donne le goût d'aller courir. Les belles journées d'automne ont le don de nous déchirer.
Mon frère Guillaume a amorcé, il y a quelques semaines, sa troisième année d'études universitaires en pharmacie. C'est donc dire que d'ici quelques années, on devrait le voir à l'œuvre, vêtu d'un sarrau blanc, à distribuer, personnaliser dis-je, divers élixirs aux médicamentés. Il s'est engagé dans cette voie après l'achèvement d'un baccalauréat et de la moitié d'une maîtrise dans le domaine des sciences humaines. Fallait le faire.
Certes, sous peu il sera un véritable pharmacien, mais pour ce qui est de jouer à l'apothicaire, il sera deuxième au fil d'arrivée. C'est qu'une amie japonaise de Tokyo, pratiquant la pharmacie depuis quelques années déjà, m'a fait part du projet de conception d'une brochure promotionnelle par son employeur. Parmi les valeurs que cette société pharmaceutique cherche à véhiculer, la connaissance de l'anglais de son personnel y tiendra une place prépondérante. Natsumi, l'amie, en est un excellent exemple, ayant vécu quelques années à Toronto, lieu par ailleurs de notre rencontre.
Le hic, c'est que Natsumi, comme sans doute tous ses collègues doués en lingua anglica, est Japonaise et ainsi a l'air japonaise. Il faut donc, pour la brochure, un pharmacien qui soit blanc, pardon, qui ait l'air de parler couramment anglais, au diable que le bougre en question ne soit pas pharmacien pantoute.
La séance de photo aura lieu demain. Il me suffira, j'imagine, d'arborer un sourire invitant qui met en confiance et des yeux doux qui disent, en anglais, « prenez ces médicaments et n'ayez crainte, ils vous feront le plus grand bien », et surtout, d'avoir l'air non-Japonais. Pour le dernier critère, ça devrait aller, pour le sourire et les yeux, je dois encore m'exercer.
Alors Guillaume, on sait déjà qui sera le plus compétent des pharmaciens, mais qui sera le plus convaincant?
lundi 16 septembre 2013
Le bercail de la caille est Berne ou Berlin?
Pendant ces deux semaines et des poussières, j'ai pu faire beaucoup, dont du camping, du vélo, de la course, de la pêche, des spectacles, même du karting, mais surtout, j'ai fait ces activités et partagé d'excellents moments avec des êtres chers, issus de ma famille comme d'amis.
Un seul élément a, et c'était prévisible, manqué à l'appel: l'étude et la pratique du japonais. Il y a bien eu quelques messages échangés avec des amis au Japon et la conversation avec l'employé nippon du café de mon ancien quartier torontois où mon ami Jeremy et moi étions allés siroter une boisson chaude en regardant les passants profitant d'un beau samedi, mais maintenant revenu je dois m'y remettre, redevenir l'apprenant qui, à défaut d'être studieux en tout temps, s'efforce de l'être assez souvent.
Je constate heureusement que mes notions plus approfondies de langue ont résulté en une régression moindre que l'an dernier. Et comme à l'automne 2012, je me dois à présent de mettre toute la gomme en vue de l'examen d'évaluation de compétences linguistiques japonaises (le JLPT en anglais, ou encore 日本語の力試験), qui aura lieu au début décembre.
Pour résumer l'expérience globale : bien content d'être de retour, bien content aussi d'y avoir fait le détour!
mercredi 11 septembre 2013
Le chou et l'achève
Je me devais bien de rendre publique mon oeuvre dans sa forme plus ou moins achevée, bien que quelques retouches que je ne me sens nullement pressé d'apporter ne feraient pas de tort. Le dernier jalon a consisté en l'achat d'un cadre, non seulement pour l'afficher au mur sans en voir les éléments la détériorer, mais également pour contrer le gauchissement du carton généré par la peinture appliquée d'un seul côté. Ce tableau hybride collage-peinture orne désormais le mur au-dessus de ma table à manger, prêt à me zyeuter la réalisation de mes prochaines créations...
mardi 10 septembre 2013
Une direction, plusieurs horizons
dimanche 8 septembre 2013
Le soleil le vent
Et puis par une belle journée de septembre, on se décide, on écrit, en espérant qu'il s'agisse de la première entrée d'une longue séquence quotidienne. On ignore si ce ne sont que de faux espoirs ou si réellement on s'y remet, mais qu'importe. Rédiger procure du bonheur dont on se prive depuis un moment déjà, et c'est ce qui compte après tout.
La journée est belle, une balade de vélo avec le père attend. Assez d'écriture pour aujourd'hui, allons enfourcher une belle monture à roues.
vendredi 16 août 2013
Flamme liquide
Comme étapes à venir, je souhaite couvrir la vilaine coulisse jaune héritée des flammes trop liquides, décider si je peins les nuages à droite dans le bleu (quoique j'aime bien les avoir juste sur les bandes rouges) et aussi décider ou non d'en faire de la cendre volcanique expulsée des deux Fujis les plus près, et choisir de quoi sera composé le centre (car non, le couvercle de métal n'est que pour la photo).
Inspiré par cette première expérience depuis la petite école, je songe à me joindre à un atelier de peinture, question de complémenter cet auto-apprentissage en vase clos par l'étude de techniques en bonne compagnie. Un musée pas très loin de chez moi semble proposer pareille avenue, dont les portes fermées par O-bon en cours me forcent à m'armer de pinceaux de patience.
dimanche 11 août 2013
De collage à peinturage
jeudi 1 août 2013
Chalibération
Il y a une grande chaleur qui règne dans ma ville. Cette chaleur est typique de l'été tokyoïte. Celle-là même qui me rend irritable, et qui existera deux mois encore.
Il y a un moyen de remédier temporairement à tout ça. Ce moyen est typiquement employé par les Tokyoïtes. Celui-là même qui consiste à se réfugier dans des régions fraîches, de par leur altitude ou leur latitude.
jeudi 25 juillet 2013
Collagestation
Depuis les mois où je farfouille dans les librairies de livres usagés de Jimbocho à la recherche d’ouvrages d’ukiyo-e et d’illustrations des batailles de la fin de l’époque Edo, et après tant d'heures à choisir, découper, agencer et coller, voilà enfin achevé mon premier collage depuis quelques années, intitulé « Un plat qui se mange chaud »
mardi 23 juillet 2013
Sud au cul
Il faisait certes plutôt frais, mais puisque l'obscurité ne diminue pas le taux d'humidité en même temps qu'elle fait baisser la température, je n'ai pas tardé à être détrempé de la sueur de l'effort. M'accordant une pause en parc à mi-parcours, en m'observant la carcasse suintante, j'en suis venu à la réalisation suivante : celui qui a chaud suera des aisselles. Celui qui a plus chaud encore suera du front et du bas du dos. Celui qui se croirait dans un sauna sera détrempé de la nuque, de l'entre-jambe et du cuir chevelu. Mais celui qui frôle l'hyperthermie, pour lequel aucune partie de son corps et de ses vêtements n'échappe au déluge, suera des avant-bras. Et oui, dans ce parc, bercé par le chant des cigales et le vol des chauve-souris, de mes avant-bras jaillissait le jus de fruit de mes efforts.
À votre prochaine séance intense de sudation brachiale, vous penserez à moi, et je suerai votre exemple!
jeudi 18 juillet 2013
Des nuées dénudées
Dans mes premières années d'école primaire, j'ai rêvé plusieurs fois la variante du même cauchemar.
Au début d'une journée d'école comme les autres, j'attends devant chez moi qu'on vienne me cueillir. L'autobus jaune s'immobilise à ma hauteur. J'y monte, m'assieds sur l'un de ses bancs en cuirette bruns, et là, l'horreur! Ni la brise dehors ni ma mère ne m'ont fait rendre compte que je suis parti sans vêtements! Le bus est déjà en marche, il est trop tard, je suis condamné à passer la journée tout nu, à devenir la risée de tous. L'horreur!
Cette terrifiante réalisation était généralement enchaînée par mon éveil. Je ne pense pas être le seul pour qui l'enfance a été le théâtre de ce mauvais rêve de nudité. Mais parfois j'en revis des relents, sans même dormir, ce qui chez d'autres est probablement moins fréquent. C'est qu'en cette période estivale où le transport à vélo rime avec abondante sudation, il est de mise de réserver l'enfilage de chemise qu'une fois arrivé à destination. La crainte, à la fois absurde et bien-fondée, est donc d'en oublier mes fringues de travail pour ne m'en rendre compte que trop tard, et avec elle l'humiliation de devoir enseigner en bermuda, gougounes et t-shirt. C'est pas tout nu, mais c'est pas jojo non plus!
jeudi 11 juillet 2013
Retour et inversion
Ma chambre est la même qu'à mon dernier passage, il y a presque deux ans. À l'époque, souhaitant voir et peut-être comprendre, au-delà des reportages télévisés, l'impact du triplé séisme-tsunami-accident nucléaire, je m'étais rendu à la ville de Fukushima, à une soixantaine de kilomètres de la centrale Dai-ichi.
Dans un parc en périphérie de la ville, des citoyens de la région y avait organisé un festival, comme plateforme d'échange et de discussion quant à leur avenir et aux risques liés à la radiation. J'y avais rencontré Tomoko, Satoko et Denis, elles japonaises, lui français. De leur kiosque, ils représentaient Ringono, organisme fondé afin de distribuer des pommes de la préfecture d'Aomori, d'où Tomoko et Satoko sont orignaires, la pectine trouvée en abondance dans ce fruit aidant le corps à se débarrasser du césium radioactif.
Je leur avais tenu compagnie et avais aidé à transporter quelques boîtes en fin de journée. Ils m'avaient grâcieusement invité à séjourner au même établissement qu'eux, celui-ci même depuis lequel j'écris les présentes lignes.
Près de deux ans plus tard, nous voici de retour, Denis en moins, à la rencontre de divers groupes et particuliers qui reçoivent toujours l'appui de Ringono. Le périple amorcé hier a également été l'occasion de ma première véritable expérience de conduite à la japonaise, nécessitant l'adaptation à un sens de circulation inserve à celui prévalant au Canada. Heureusement, peut-être aidé par l'habitude de faire du vélo partout à Tokyo, bien vite j'étais à l'aise et en confiance, au soulagement de mes passagères.
Cela dit, la conduite n'était pas sans heurt, car le siège conducteur n'était pas le seul élément à l'inverse de la norme canadienne. Les leviers aussi étaient de convention contraire, si bien qu'en cette journée sans pluie, à plus d'une intersection, au lieu de signaler un virage, j'ai fait subir à mon pare-brise quelques coups d'essuie-glace à sec!
lundi 8 juillet 2013
Nouvelle dimension bloguiste
Si avant même ce moment j'entretenais de sérieux doutes quant à mes chances de réussite, pour cause de préparation inadéquate empirée par le temps de qualité passé avec mon frère en pays non nippophone (pour raisons familiales constituant un motif valable ici), mes impressions le jour d'examen brillaient par leur absence d'équivoque : cet examen du sept juillet, passé mais ne pouvant être que cassé, devenait dès lors test de préparation en vue de la prochaine occasion, début décembre.
Gare à moi toutefois de tomber dans le piège de la procrastination au cours des mois qui restent, car oui oui, il reste beaucoup de temps, et oui oui aussi, fin finaud je me disais la même chose en janvier dernier, alors que juillet et ses chaleurs me semblaient lointains, avec les résultats à venir qu'on devine.
Ainsi m'est venu à l'esprit le questionnement suivant : comment tenter d'étudier avec meilleure régularité au quotidien? Par quel moyen novateur pourrais-je mettre en pratique mes connaissances, apprendre à employer des expressions ou points grammaticaux nouvellement acquis? Au fond, que je me suis dit, quelle habitude quotidienne déjà maintenue pourrait être mise au service de l'apprentissage de cette langue? Et pourquoi ne pas lancer un blogue en japonais, devant servir de réceptacle à une courte composition quotidienne, comme manière de faire mienne la langue apprise, de m'en appuyer pour relater mes tranches vitales? Dans le bassin fertile de mon imagination, l'idée a germé, et ici vous en trouverez la première pousse (non mais, quelle poésie!). Blogue en japonais, croissons ensemble!
samedi 6 juillet 2013
Philippines jour 11 et 12 : rafting et clé
Peu après les coups de sept heures, nous montons à l'arrière de la camionnette du parc, qui doit nous emmener au lieu de rassemblement indiqué par le responsable de l'entreprise de rafting. Dès le départ, je me rends compte que j'ai oublié mon appareil photo, ce qui m'empêche d'immortaliser la demi-douzaine de gamins qui prennent place à nos côtés, dès la sortie du partie, heureux d'un transport express jusqu'à leur école, en contrebas.
De la manière dont on m'avait expliqué le point de rencontre, je m'attendais à ce qu'il soit excenté, surtout qu'en principe nous allons vers une rivière que l'on devine loin du centreville, mais la camionnette finit par nous déposer sur l'avenue centrale, à deux pas de l'hôtel Ramon, où nous avons logé, la nuit précédente! Nous y attend un vieux camion chargé d'embarcations gonflables. Nous ne sommes pas en retard, mais dans ce pays où il est coutume d'arriver d'avance aux rendez-vous, nous sommes à peine assis que déjà le conducteur démarre et embraye la première. Le chemin jusqu'au point d'accès à la rivière est long, cahoteux et inconfortable, si bien qu'il ne se déroule bien qu'en fermant les yeux.
Les autres clients sont philippins, et difficilement distinguables des guides, à l'exception de deux blancs. En les voyant de loin, nous pensions que ces deux types étaient Australiens (surtout en raison de la coiffure blonde et ébouriffée de l'un deux), mais en discutant avant la mise à l'eau, nous apprenons qu'ils sont flamands. Ils voyagent aux Philippines car l'un d'entre deux, Herbert, y a vécu un an en 2009. Sa perspective et ses connaissances du pays, qu'il partage volontiers, sont rafraîchissantes, tout comme l'eau de la rivière que nous nous mettons à naviguer, peu après.
Le parcours est ponctué de quatorze rapides, entrecoupés de segments calmes nous permettant de sauter à l'eau et nous laisser porter par le courant. Contrairement aux eaux glaciales de eaux de la rivière argentine, lors de ma dernière expérience de rafting en 2008, ici nul besoin de wet suit, car la température est idéale, ni froide ni chaude. Les rapides en revanche ne sont pas aussi mouvementés que je l'espérais. Pour des sensations plus fortes, il eut fallu opter pour le niveau expert, plus cher. Le moment est tout de même plaisant sous tous les aspects.
L'activité achevée, c'est le retour à Cagayan, et comme prélude pénible à mon retour à Tokyo, je consacre les quelques heures avant que la camionnette du parc vienne nous cueillir, au même endroit qu'on nous a déposés en matinée, à régler les détails de l'obtention d'une clé de rechange, celle perdue étant désormais propriété de la mer des philippines. Il ne nous reste que la soirée tranquille au sein du manoir Paleaz, puis c'est le départ le lendemain, avant même les premiers cocoricos.
Les difficiles démarches quant la clé se poursuivent à l'aéroport de Manille pendant les quelques heures d'attente avant le vol international à destination du Japon. Tandis que j'échange des courriels et effectuer des appels téléphoniques auprès de la section de clés perdues de l'agence immobilière, plutôt éprouvants en raison de l'absence d'emploi et d'étude du japonais depuis près de deux semaines, Guillaume, ayant choisi Singapour comme courte escapade avant d'aller à la rencontre d'amis en Indonésie, se procure allègrement un billet aller-simple fort abordable, pour un vol le jour même en soirée. Son départ suivra le mien de quelques heures.
Amuse-toi bien en Indonésie, cher frère, tandis que je retourne aux choses sérieuses. Au plaisir de se revoir en août!
Merci chères Philippines pour l'accueil formidable, les bons moments et tes chaleureux habitants. Au revoir!