L'annonce d'une grosse bordée de neige les jours de semaine de mon enfance s'accompagnait de l'espoir que la gravité appréhendée du désastre blanc justifie, aux yeux des responsables qu'on aurait voulu plus peureux ou soudoyables, la fermeture de l'école, et ainsi une journée à jouer dans la neige.
Il est concevable que les enfants japonais des régions ceinturant la mer du Japon vivent les mêmes expériences hivernales, mais à l'instar des autres principales métropoles du pays, Tokyo ne voit des flocons qu'à quelques reprises chaque hiver, et la rare neige qui s'accumule au sol ne fait jamais long feu.
L'écolier peut toutefois compter sur un autre phénomène naturel pour le libérer à l'occasion des chaînes oppressantes de l'éducation étatique, j'ai nommé le typhon. Celui qui vient, Tokyo dans la mire, joliment baptisé Wipha et dont l'apogée est prévu pour demain en matinée, est apparemment le plus important des dix dernières années.
Comme replongé en enfance, mais sans devoir écouter la radio au petit matin en attente insoutenable de la confirmation de fermeture scolaire venue du ciel, je sais d'ores et déjà que ma leçon de japonais de demain n'aura pas lieu, le directeur ayant sagement décidé de fermer les portes de son école.
Je ne ressens toutefois pas la même joie que lors des blizzards ferme-école de jadis. Le fait que le plaisir ne découle pas aussi naturellement de l'eau de typhon que de la poudrerie de tempête y est probablement pour quelque chose...
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