En vidant mon balcon de ses détritus lâchement accumulés, je tombe sur une planche de bois contreplaqué, ou plutôt un panneau à copeaux orientés, en langage technique. Je ne me souviens plus exactement où je l'ai trouvée ni ce que je comptais en faire, mais la voilà qui attend que je décide de son sort.
C'est alors que je remarque les motifs intéressants de sa surface, formés par la juxtaposition des copeaux pressés les uns contre les autres. Je me rappelle alors que c'était ce qui m'avait poussé à garder cette planche, il y a plus d'un an, sans savoir que j'allais l'abandonner à son sort, exposée aux éléments du balcon.
Je décide dès lors de faire amende honorable, en commençant par tracer au marqueur le contour des dizaines de copeaux de diverses tailles. Me vient ensuite l'idée d'y coller des cartes menko datant de l'avant-guerre, semblables aux pogs qui ont fait fureur à l'automne de ma sixième année, et que je collectionne depuis quelques temps. Ces bouts de carton circulaires aux thèmes variés montrent notamment des samouraïs légendaires, des super-héros sans crainte, des monstres furieux de rage, des cowboys en plein duel, des soldats sous le feu ennemi, et d'autres personnages colorés.
Je me mets donc à peindre les couleurs principalement employées dans ces menko, soit le rouge, le jaune et le vert, en prenant soin d'éviter que des copeaux de couleur identique se chevauchent. Je me rends ensuite compte que quelques coupeaux de bonne taille ne peuvent être peints, étant cernés de toutes parts par les trois autres couleurs. L'emploi d'un quatrième mousquetaire, le bleu, est donc de mise. Je ressors mon pinceau et me mets à la tâche.
Me vient enfin la satisfaction de l'œuvre achevée. Ma chère planche, je suis sincèrement désolé de t'avoir négligée tout ce temps, mais tu conviendras que l'attente balconière en aura valu le pinceau!
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