mercredi 6 mars 2013

Le tournage

Je quitte mon logis, enfourche ma bécane. Dans le ciel, le bleu domine. La température est agréable. Aujourd'hui j'ai un tournage.

Depuis un certain temps j'ai tendance à être en retard à mes rendez-vous, mais invariablement de plus de cinq mais de moins de dix minutes, et aujourd'hui n'y fait pas exception. Madame Fujihashi, la productrice de NHK avec laquelle je communique depuis quelques semaines, a indiqué un rassemblement à 10h30 dans le lobby d'entrée ouest de la société de télédiffusion d'État, et comme de fait je n'y mets les pieds qu'à 10h36, régulier dans mon imponctualité.

S'y trouve Fan, la fiancée de mon ami Jason, lequel j'avais proposé à madame Fujihashi et qui a participé au tournage du 22 février. Aujourd'hui c'est le tour de sa douce-moitié, que je rencontre pour la première fois, mais puisque les fiancées de mes amis sont... mes amis, le courant passe bien d'emblée.

Une responsable nous mène à une salle de réunion, où la plupart des participants sont déjà arrivés. Mon badge, plutôt un bout de carton ovale portant mon nom, désigne ma place. Le document d'information envoyé préalablement aux participants indiquait qu'un Italien allait être du lot. Marco se trouve à ma gauche. J'amorce la discussion dans sa langue, plaisir trop rarement savouré à Tokyo.
 
On nous mène au plateau, question de confirmer que les vêtements de tous passent bien à l'écran. L'équipe de tournage s'inquiète brièvement de l'éclatant cirage de mes bottes, mais leurs appréhensions sont sans fondement.

Revenus à la salle de réunion, nous passons en revue la teneur des différents segments, réservés à trois participants à la fois, ainsi que la manière dont nous devrons nous présenter au début de chacun d'entre eux. Je dois prendre part à deux segments, le premier sur les néologismes, le second sur les formes abrégées de kanji. Les instructions terminées, on nous sert des sandwichs de porc frit. Je m'abstiens et mange ce que j'ai apporté de chez moi.

En pleine explication de mon affection des périples d'autostop
comme moyen de parfaire mon japonais.

Le premier segment, sur les néologismes, ne se passe pas très bien. Je suis nerveux, les questions sont ardues, mais surtout, je suis le premier auquel l'animateur-enseignant ou son assistante pose des questions, ce qui ne laisse que peu de temps à la réflexion. J'hésite, je marmonne, mes explications ne sont pas très claires, en japonais approximatif et inférieur à mes capacités.

Je me reprends au second segment. En guise d'introduction, il faut indiquer une méthode d'apprentissage du japonais qui nous plaît. J'opte pour mes voyages d'autostop, plus originaux que de simples leçons privées. Je ressens le trac moins intensément qu'au segment précédent, car je suis en terrain un peu plus connu, le sujet me plaît, et surtout, je suis le troisième à répondre. J'ai ainsi le temps de songer à ce que je veux dire et à la manière de bien l'exprimer. L'animateur me complimente à quelques reprises pour mes réponses.



Ce faisant, Fan m'immortalise. Je lui rends la pareille lors de son segment, plus ardu que les miens, car portant sur les onomatopées, dont je ne suis pas doué. Elle s'en sort bien, en plus d'être photogénique.

La journée de tournage prend fin vers seize heures. Il fait encore beau. J'accompagne Fan jusqu'au métro, à une quinzaine de minutes de marche. Nous relatons notre expérience, sommes d'accord sur le plaisir que nous en avons tiré.

Je lui dis au revoir à la bouche de métro, puis je retourne chez moi, sans me presser. Un rendez-vous galant m'attend. Je ne m'inquiète pas de tarir les sujets de conversation avec celle que je dois rencontrer vers dix-neuf heures. Mon expérience à tévé devrait meubler une partie de notre soirée.



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