Hier, en début d’après-midi, inspiré par l’ode que
je venais de consacrer à mon ami, dont je suis aussi fier à la relecture que je
l’étais en la composant, j’ai ressenti l’envie d’aller en terrain montagneux.
Accessible en moins d’une heure depuis la gare Shinjuku, le mont Takao était
tout indiqué pour m’étancher la soif de verticalité.
La journée était radieuse et donc idéale à pareille
entreprise. Souhaitant d’abord m’acquitter de quelques tâches à même de n’être
achevées qu’après la nuit tombée, j’étais sur le point de remettre l’aventure à
plus tard lorsque je me suis rappelé avoir déjà non seulement gravi ce mont,
mais d’y avoir
passé la nuit. Ma décision était prise. J’allais parvenir à son sommet et
aussi en revenir le soir même, les conditions hivernales rendant périlleux d’y dormir à la belle étoile.
Ayant donc pris soin de consulter l’horaire ferroviaire, question
ne pas devoir cogner à la porte d’étrangers à la recherche de toit pour cause
de dernier train manqué, je me suis rendu à vélo à la gare Shinjuku en vue de monter
à bord du train de 19h30, devant me
déposer à la station Takaosanguchi (littéralement, bouche du mont Takao) à 20h25.
Le train était bondé. Surprise, car le touriste d’une soirée
que j’étais n’avait pas songé au quotidien de sardines de tant de banlieusards.
Lorsque finalement j’ai bénéficié d’assez d’espace personnel pour tenir cahier
et crayon, j'ai gribouillé ceci:
Je viens de permettre à une dame d’âge d’or massif, pas juste d’or
plaqué – je veux dire par là qu’elle est presque antique – de prendre place
dans un siège, en lui demandant si elle souhaitait s’asseoir, question à
laquelle elle a sans surprise répondu par la négative, mais assez fort pour que
la bonne femme assise devant lève les yeux de son bouquin et se sente obligée
de lui céder la place. Je suis un héros.
Sorti du train dans les temps, je me suis rendu au pied du
mont et j’ai monté puis monté jusqu’à atteindre le sommet. (Permettez-moi de
faire dans l’abrégé ici, par manque de détails pertinents à partager, n’ayant
pas croisé une seule âme qui vive!) J’ai dû me reprendre à quelques reprises
pour obtenir un autoportrait satisfaisant, dont les tentatives se trouvent ci-dessous, et quelques
photos de la plaine illuminée en contrebas. Ensuite s'est amorcée la descente par
un sentier presque entièrement pavé, différent de celui plus naturel emprunté à
la montée, aux occasionnelles plaques glacées, sources d’insécurité.
Juste avant d’amorcer le dernier segment de descente, j’ai
finalement aperçu un autre promeneur, à la tête sertie d’une lampe frontale,
revenant d’un belvédère non loin. Nous avons jugé bon de ne pas aller à la
rencontre l’un de l’autre, et c’était tant mieux pour moi, et probablement pour
lui aussi, car on ne va pas en montagne de nuit pour y socialiser. Premier engagé dans le sentier de retour au pied du mont, j’ai maintenu un rythme à même de le
semer, en route vers la gare où m’attendait le train de retour au bercail.
Aventure fort réussie, de laquelle j'ai hérité d'un fessier
endolori.
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