Il y a quelques semaines, j'avais dévoilé mon projet d'aller assister à une joute de hockey à Shanghai. C'était trop beau pour être vrai.
La mise au jeu initiale est prévue à dix-neuf heures le 14 novembre. Je suis arrivée le 13, mais Craig, mon partenaire de voyage, n'arrive que le jour du match, un peu avant dix-sept heures. La journée précédant mon départ, il me demande comment s'y rendre depuis l'aéroport. Je fais mes recherches en me servant du nom de l'aréna indiqué sur le site de la ligue, et je lui propose de me joindre à la station de l'Université de Shanghai, sur le campus duquel doit se dérouler la rencontre. Quelques centaines de mètres à peine devraient nous séparer de la patinoire.
J'arrive environ une heure avant le début des hostilités. Je me mets à parcourir le campus à la recherche de l'aréna. Les écriteaux sont vagues. J'ai du temps, alors inutile de m'emballer. Après un bon moment à chercher en vain, je finis par demander aux gens croisés par hasard, en expliquant tant bien que mal que je suis venu assister à du hockey, soit en imitant un hockeyeur qui patine ou qui y va d'un lancer-frappé, ou en montrant le caractère correspondant à glace sur mon dictionnaire électronique. Personne ne semble être au courant, et j'ai l'impression que certains me prennent pour un imbécile.
Finalement, j'aperçois une étrangère aux cheveux blonds. Soulagé, je lui demande où est l'aréna. Elle l'ignore, mais me réfère à deux Chinois qui eux m'apprennent la terrible nouvelle, que je voyais venir : je me suis trompé, le véritable emplacement se trouve à cinquante kilomètres!
Je retourne à la station pour attendre l'arrivée de Craig, dégoûté par moi-même de m'être gouré de la sorte, mécontent du site de n'être pas foutu d'indiquer le nom réel de l'installation sportive, et désolé de devoir annoncer l'erreur monumentale à mon ami.
Il arrive une demi-heure plus tard. Après de chaleureuses retrouvailles, je lui annonce la mauvaise nouvelle. Il m'avoue qu'il était au courant de mon erreur de navigation, s'en étant rendu compte à l'aéroport de Vancouver, alors qu'il était trop tard pour m'en avertir, et qu'au fond il est surtout heureux de m'avoir trouvé. Je lui offre mes excuses pour la bourde, puis nous convenons d'aller négocier un taxi.
Nous trouvons un type disposé à nous y mener pour 130 yuán, soit environ ving dollars canadiens, ce qui n'est pas trop mal pour la distance à parcourir. Il nous dépose environ 45 minutes plus tard à l'endroit qui, en principe, devrait être le bon. Il est environ vingt heures trente à ce moment. Nous sommes confiants de pouvoir voir la troisième période, du moins partiellement.
Nous découvrons malheureusement que, même sans erreur de ma part, le satané site Web de la ligue a tout faux, car là où il devait y avoir du hockey, rien. De peine et de misère, nous finissons par mettre le grappin sur l'insaisissable aréna. Nous nous précipitons à l'intérieur, mais la dame au guichet refuse de nous laisser entrer. La raison nous échappe, mais nous apercevons deux blanches sortant d'une porte. Elle nous apprennent que le coup de sifflet final ne date que de quelques minutes!
Déçus, nous leur demandons le chemin pour voir les estrades, notre seul souhait à ce point-là. Nous nous y rendons pour y constater l'enceinte, libre de ses spectateurs et ses joueurs. C'est alors que vient à nous une dénommée Lisa, entraîneuse de hockey à Shanghai. Nous discutons un moment avec elle, de son cheminement de carrière, de gardienne de buts évoluant dans la région de Toronto à entraîneuse de l'équipe féminine chinoise, de l'état du programme olympique chinois, de la qualité des installations, de ses impressions de la Chine, des joueurs préférés de son enfance. Nous lui demandons de bien vouloir nous prendre en photo, comme preuve de nos efforts non couronnés de succès.
Elle nous offre, ou nous lui demandons, je ne me souviens plus, de nous présenter quelques-uns des joueurs canadiens de l'équipe locale. Elle nous emmène dans le couloir dans lequel débouche le vestiaire. À ma surprise, j'y rencontre un des joueurs nippons, qui représentera l'unique occasion d'utiliser mon japonais du voyage.
Robert Jarvis d'Ottawa vient finalement nous parler, et nous invite à les accompagner au restaurant. Nous acceptons volontiers. À la sortie du vestiaire, on nous présente les deux filles aperçues plus tôt, des Russes nommées Natalia et Maria, dont l'une est la copine de Ryan Burkholder, aussi d'Ottawa. Matthew Glasser, de Calgary et repêché par les Oilers en 2005, se greffe finalement à nous, et tous ensemble nous allons à un chic restaurant plus près du centre-ville. Nous discutons abondamment de hockey, au sens large mais également par rapport au parcours individuel de chacun de ces trois joueurs, Rob ayant évolué en France et les deux autres aux Pays-Bas. Nous étions bien contents de rencontrer ces gens, pour lesquels notre sport national leur offre l'occasion de voyager. Ils semblaient également apprécier la possibilité de s'entretenir avec deux de leurs compatriotes.
En Chine, le hockey, à défaut d'en voir, nous en avons parlé avec ceux qui en vivent. Tout n'était pas perdu!
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