vendredi 30 novembre 2012
L'heure du test
Dans quelques heures, l'aboutissement de deux mois d'études intenses, le troisième échelon sur cinq du test national de compétences linguistiques japonaises. Si, depuis la fin de mes études universitaires, les examens et plus généralement le bourrage de crâne m'ont laissé froid au point de me sembler contreproductifs, je dois avouer que la préparation à celui-là m'a permis d'être guidé par un objectif clair.
Je suis ainsi parvenu à discipliner mon étude avec sérieux et cohérence comme jamais auparavant, et ce faisant, j'ai pu remarquer une nette progression de mes capacités japonaises, tant écrites que parlées, d'écoute que de lecture. Il s'agit là pour moi de l'essentiel, bien plus crucial que la réussite de ce test ou son échec. Quoique je ne me plaindrais pas d'obtenir la note de passage...
jeudi 29 novembre 2012
Quinquennal
Après quelques ratés et imprévus, dont des va-et-vient cyclistes et postaux entre mon domicile et le bureau de l'immigration plutôt mal situé, j'ai finalement mis la main sur mon nouveau visa. Je me réjouis particulièrement de sa validité de cinq ans, la plus longue possible. Pour la demi-décennie à venir, je n'aurai donc pas à me plier à de quelconques exigences d'un employeur en échange de parrainage. Une préoccupation dont l'absence me confère une marge fort appréciée, pour faire place aux surprises que la vie a encore à me réserver!
mardi 20 novembre 2012
Partie IV: récapitulatif
Les souhaits de bonne continuation prononcés par Craig, nous quittons les lieux. Je suis excité, sous le choc, j'ai le cœur qui s'agite dans la poitrine. Wow!, que je me répète tout haut à quelques reprises, tandis que je assimile cette péripétie en en décortiquant les moindres détails. Wow!
Nous nous éloignons d'un pas vif en discutant de ce qui comptera parmi les meilleurs souvenirs de notre voyage. Craig m'indique qu'il s'est mis à douter de leurs intentions dès la mention de la cérémonie de thé. J'ai été beaucoup plus naïf, car si a posteriori tout m'apparaît clair, sur le coup je n'y ai vu que du feu. Il m'explique qu'à force de travailler auprès des détenus du système pénal manitobain, il en est venu à reconnaître les comportements manipulateurs et calculateurs.
Heureux de nous en être sortis sans égratignure autre que le vertige suscité par l'aperçu du gouffre financier qui nous attendait, nous concédons aux membres de cette bande le talent dont ils ont fait preuve. Ce qu'ils trament n'est en rien louable, mais ils parviennent à leurs fins en usant non pas de violence, mais d'intelligence. La connaissance des rudiments du japonais, notamment, leur a permis de bien ferrer le gros poisson qu'ils devaient voir en ma personne.
Nous soulignons la subtilité avec laquelle ils sont parvenus à nous tenir occupés et séparés, compromettant de ce fait notre capacité à penser clairement et à nous parler. Nous nous demandons combien ils peuvent tirer de cette combine, et quel en aurait été le dénouement si, étant restés pour l'ensemble du service, nous avions catégoriquement refusé de payer. Je me désole de les avoir outillés davantage en leur enseignant la manière de demande l'âge en japonais. D'éventuels touristes nippons n'en seront que plus facilement dupés. Je réitère ma surprise d'avoir été si influençable, mais Craig m'assure que je ne m'en suis pas laissé imposer, du moins une fois entré dans la boutique. Finalement, nous convenons qu'il aurait été intéressant d'observer leur réaction et de comprendre leurs échanges, après notre départ.
Nous nous mettons en route vers le musée de Shanghai, qui était notre destination avant de nous faire aborder par nos petits truands. Chemin faisant, nous nous mettons à discuter de nos tribulations de voyage respectives, inspirés par cette mésaventure qu'ensemble nous avons vécu, et par ses acteurs, qu'ensemble nous avons vaincus.
Nous nous éloignons d'un pas vif en discutant de ce qui comptera parmi les meilleurs souvenirs de notre voyage. Craig m'indique qu'il s'est mis à douter de leurs intentions dès la mention de la cérémonie de thé. J'ai été beaucoup plus naïf, car si a posteriori tout m'apparaît clair, sur le coup je n'y ai vu que du feu. Il m'explique qu'à force de travailler auprès des détenus du système pénal manitobain, il en est venu à reconnaître les comportements manipulateurs et calculateurs.
Heureux de nous en être sortis sans égratignure autre que le vertige suscité par l'aperçu du gouffre financier qui nous attendait, nous concédons aux membres de cette bande le talent dont ils ont fait preuve. Ce qu'ils trament n'est en rien louable, mais ils parviennent à leurs fins en usant non pas de violence, mais d'intelligence. La connaissance des rudiments du japonais, notamment, leur a permis de bien ferrer le gros poisson qu'ils devaient voir en ma personne.
Nous soulignons la subtilité avec laquelle ils sont parvenus à nous tenir occupés et séparés, compromettant de ce fait notre capacité à penser clairement et à nous parler. Nous nous demandons combien ils peuvent tirer de cette combine, et quel en aurait été le dénouement si, étant restés pour l'ensemble du service, nous avions catégoriquement refusé de payer. Je me désole de les avoir outillés davantage en leur enseignant la manière de demande l'âge en japonais. D'éventuels touristes nippons n'en seront que plus facilement dupés. Je réitère ma surprise d'avoir été si influençable, mais Craig m'assure que je ne m'en suis pas laissé imposer, du moins une fois entré dans la boutique. Finalement, nous convenons qu'il aurait été intéressant d'observer leur réaction et de comprendre leurs échanges, après notre départ.
Nous nous mettons en route vers le musée de Shanghai, qui était notre destination avant de nous faire aborder par nos petits truands. Chemin faisant, nous nous mettons à discuter de nos tribulations de voyage respectives, inspirés par cette mésaventure qu'ensemble nous avons vécu, et par ses acteurs, qu'ensemble nous avons vaincus.
dimanche 18 novembre 2012
Partie III : insulthé
Après un moment d'hésitation, Craig et moi décidons d'entrer dans la boutique pour y rejoindre nos nouveaux amis, en nous promettant d'user d'une extrême prudence. Outre la réception, l'endroit n'est doté que d'un court couloir dans lequel débouchent deux petites salles de thé. Nous nous asseyons dans celle du fond où on nous attend. Craig prend place à ma gauche. À ma droite, deux des filles; à sa gauche, le gars et la troisième fille. Face à la table et entouré de théières et de petits récipients, un homme en habit traditionnel se tient debout, prêt à commencer le service.
Malgré que tous les signes pointent dans la même direction, un je-ne-sais-quoi m'empêche d'admettre que nous avons affaire à des escrocs, passés maîtres dans l'art de séparer le touriste de son argent. Peut-être que je souffre de dissonance cognitive, le plaisir jusqu'alors éprouvé en leur compagnie ne cadrant pas du tout avec leurs sombres desseins. Peut-être aussi qu'il m'est difficile d'accepter que je me suis laissé manipuler si aisément. Qu'importe, ma crédulité est chose du passé et désormais je suis méfiant, sur mes gardes.
Avant que leur stratagème ne se mette en branle, nous demandons de voir le menu. Aucun problème qu'ils nous assurent en nous le remettant, toujours aussi souriants. L'anglais qui y figure est impeccable, et donc douteux pour un commerce dissimulé dans un centre commercial hors des artères touristiques. Le thé le moins cher se détaille à 49 yuans la tasse, soit sept dollars. À cela s'ajoute le prix d'entrée, environ cinq dollars. Dans le scénario improbable où il s'agirait d'un commerce légitime dans lequel nous ne porterions qu'une seule tasse à nos lèvres, cela reviendrait à douze dollars chacun, pas exactement bon marché.
Prétextant que nous sommes pressés par le temps, nous leur annonçons que nous nous limiterons à une tasse. Une tasse et puis c'est tout, que je répète. Aucun problème, qu'ils me disent presque à l'unisson, une seule tasse et vous pourrez y aller, qu'ils me confirment, pour ensuite reprendre le menu et se remettre à nous poser, individuellement à moi et à Craig, une myriade de questions légères, tandis que l'employé s'apprête à verser le thé.
Première erreur cruciale de leur part. Attendez une minute, que je lance, j'ai précisé une tasse, n'est-ce pas? Pourquoi nous prendre le menu? Ne devrions-nous pas pouvoir choisir notre thé?
Pas de problème, tu peux choisir n'importe quel thé. Voilà!, que me lance la fille à ma droite en me donnant le menu à nouveau. Elle tente de maintenir son calme, mais je vois bien qu'elle est un peu sur la défensive.
J'enchaîne: et puis, j'aimerais préciser autre chose. Il est entendu que Craig et moi ne payerons que pour nos propres consommations, pas pour tous, n'est-ce pas?
Bien sûr que oui, que me répond la même fille, visiblement énervée, voire outrée. Tu n'es pas mon grand-père, tu ne payeras pas pour moi, je peux payer moi-même!, qu'elle ajoute sur le même ton.
En perdant ainsi son sang froid, elle me rend un grand service. Du doute quant à leurs motifs, je passe à la certitude. Cela me libère d'un poids. J'ai le cœur qui bat la chamade, mais paradoxalement je me sens serein. Posément et en pesant mes mots, je lui explique (et ce faisant je ne manque pas de remarquer l'ironie de prononcer pareilles paroles dans cette situation) : tu sais, on m'avait averti qu'une escroquerie répandue de Chine prend la forme de jeunes gens fort sympathiques abordant les touristes et les convainquant d'assister à une cérémonie de thé. Les victimes, ne comprenant la supercherie que trop tard, se trouvent acculées à des additions scandaleuses, dont le paiement est soumis à des menaces plus ou moins voilées. Comment donc puis-je savoir que vous ne vous adonnez pas à pareille crapulerie?
La fille, toujours aussi mécontente, y va de sa réplique, mais je n'écoute pas. Ces gens ont cessé d'exister pour moi. Je me tourne vers Craig qui a su m'ouvrir les yeux, je lui souris, et nous convenons de quitter les lieux. En nous levant de table, Craig leur dit au revoir, je ne dis rien.
Aucune goutte de thé n'a été versée. Ils ne nous ont pas pris d'argent, mais nous leur avons fait perdre du temps. Et puisque le temps c'est de l'argent, aurait-on affaire à un cas d'arnaqueur arnaqué, mon Craig?
Malgré que tous les signes pointent dans la même direction, un je-ne-sais-quoi m'empêche d'admettre que nous avons affaire à des escrocs, passés maîtres dans l'art de séparer le touriste de son argent. Peut-être que je souffre de dissonance cognitive, le plaisir jusqu'alors éprouvé en leur compagnie ne cadrant pas du tout avec leurs sombres desseins. Peut-être aussi qu'il m'est difficile d'accepter que je me suis laissé manipuler si aisément. Qu'importe, ma crédulité est chose du passé et désormais je suis méfiant, sur mes gardes.
Avant que leur stratagème ne se mette en branle, nous demandons de voir le menu. Aucun problème qu'ils nous assurent en nous le remettant, toujours aussi souriants. L'anglais qui y figure est impeccable, et donc douteux pour un commerce dissimulé dans un centre commercial hors des artères touristiques. Le thé le moins cher se détaille à 49 yuans la tasse, soit sept dollars. À cela s'ajoute le prix d'entrée, environ cinq dollars. Dans le scénario improbable où il s'agirait d'un commerce légitime dans lequel nous ne porterions qu'une seule tasse à nos lèvres, cela reviendrait à douze dollars chacun, pas exactement bon marché.
Prétextant que nous sommes pressés par le temps, nous leur annonçons que nous nous limiterons à une tasse. Une tasse et puis c'est tout, que je répète. Aucun problème, qu'ils me disent presque à l'unisson, une seule tasse et vous pourrez y aller, qu'ils me confirment, pour ensuite reprendre le menu et se remettre à nous poser, individuellement à moi et à Craig, une myriade de questions légères, tandis que l'employé s'apprête à verser le thé.
Première erreur cruciale de leur part. Attendez une minute, que je lance, j'ai précisé une tasse, n'est-ce pas? Pourquoi nous prendre le menu? Ne devrions-nous pas pouvoir choisir notre thé?
Pas de problème, tu peux choisir n'importe quel thé. Voilà!, que me lance la fille à ma droite en me donnant le menu à nouveau. Elle tente de maintenir son calme, mais je vois bien qu'elle est un peu sur la défensive.
J'enchaîne: et puis, j'aimerais préciser autre chose. Il est entendu que Craig et moi ne payerons que pour nos propres consommations, pas pour tous, n'est-ce pas?
Bien sûr que oui, que me répond la même fille, visiblement énervée, voire outrée. Tu n'es pas mon grand-père, tu ne payeras pas pour moi, je peux payer moi-même!, qu'elle ajoute sur le même ton.
En perdant ainsi son sang froid, elle me rend un grand service. Du doute quant à leurs motifs, je passe à la certitude. Cela me libère d'un poids. J'ai le cœur qui bat la chamade, mais paradoxalement je me sens serein. Posément et en pesant mes mots, je lui explique (et ce faisant je ne manque pas de remarquer l'ironie de prononcer pareilles paroles dans cette situation) : tu sais, on m'avait averti qu'une escroquerie répandue de Chine prend la forme de jeunes gens fort sympathiques abordant les touristes et les convainquant d'assister à une cérémonie de thé. Les victimes, ne comprenant la supercherie que trop tard, se trouvent acculées à des additions scandaleuses, dont le paiement est soumis à des menaces plus ou moins voilées. Comment donc puis-je savoir que vous ne vous adonnez pas à pareille crapulerie?
La fille, toujours aussi mécontente, y va de sa réplique, mais je n'écoute pas. Ces gens ont cessé d'exister pour moi. Je me tourne vers Craig qui a su m'ouvrir les yeux, je lui souris, et nous convenons de quitter les lieux. En nous levant de table, Craig leur dit au revoir, je ne dis rien.
Aucune goutte de thé n'a été versée. Ils ne nous ont pas pris d'argent, mais nous leur avons fait perdre du temps. Et puisque le temps c'est de l'argent, aurait-on affaire à un cas d'arnaqueur arnaqué, mon Craig?
Partie IV récapitulative
samedi 17 novembre 2012
Partie II : en chemin
Avec ces quatre Chinois jeunes et souriants, Craig et moi marchons pour prendre le thé, dont l'établissement n'est pas très loin, qu'on nous assure. Le gars continue de me parler en japonais, tandis qu'une des filles y va aussi de quelques phrases, moins adroitement.
J'aperçois sur le trottoir une borne-fontaine qui me fait rigoler, car anormalement petite. Je confie mon appareil-photo à l'un d'entre eux pour qu'il m'immortalise en compagnie de cette lilliputienne. Le cliché pris, nous poursuivons notre route. Je suis devant, en parlant avec le gars et une fille. Craig nous suit, tout en conversant avec les deux autres filles.
Le gars au patron japonais me demande, en anglais, de lui enseigner la manière de demander l'âge en japonais. 何歳ですか?, que je lui indique. 何歳ですか?, qu'il répète à quelques reprises, me remerciant ensuite de ma gentillesse.
Nous entrons dans un centre commercial. Nous montons d'étage au moyen d'escaliers roulants, tandis qu'on joue à me faire devenir la signification des caractères chinois figurant sur les affiches au mur. Au troisième et dernier étage, on nous mène à un petit commerce. À ce moment, Craig n'est plus derrière mais devant moi.
Devant l'entrée de l'établissement, au lieu d'y entrer directement, il laisse nos compagnons chinois franchir la porte en premier, pour que je puisse le rejoindre. Pour la première fois depuis notre rencontre avec ce groupe, nous sommes réunis et pouvons nous parler sans perturbation. C'est alors qu'il me dit, tout bas : Attention, je pense bien s'il s'agit de l'arnaque de la maison de thé.
Si jusqu'alors j'étais plongé sans le savoir dans une stupeur naïve, tel un fracassant uppercut verbal ses paroles m'en sortent violemment. Sous le choc, je vois d'un tout nouveau regard l'intérieur de la boutique, animé de gens au visage radieux nous implorant de les rejoindre.
Qu'est-ce qu'on fait, à présent, mon Craig?
J'aperçois sur le trottoir une borne-fontaine qui me fait rigoler, car anormalement petite. Je confie mon appareil-photo à l'un d'entre eux pour qu'il m'immortalise en compagnie de cette lilliputienne. Le cliché pris, nous poursuivons notre route. Je suis devant, en parlant avec le gars et une fille. Craig nous suit, tout en conversant avec les deux autres filles.
Le gars au patron japonais me demande, en anglais, de lui enseigner la manière de demander l'âge en japonais. 何歳ですか?, que je lui indique. 何歳ですか?, qu'il répète à quelques reprises, me remerciant ensuite de ma gentillesse.
Nous entrons dans un centre commercial. Nous montons d'étage au moyen d'escaliers roulants, tandis qu'on joue à me faire devenir la signification des caractères chinois figurant sur les affiches au mur. Au troisième et dernier étage, on nous mène à un petit commerce. À ce moment, Craig n'est plus derrière mais devant moi.
Devant l'entrée de l'établissement, au lieu d'y entrer directement, il laisse nos compagnons chinois franchir la porte en premier, pour que je puisse le rejoindre. Pour la première fois depuis notre rencontre avec ce groupe, nous sommes réunis et pouvons nous parler sans perturbation. C'est alors qu'il me dit, tout bas : Attention, je pense bien s'il s'agit de l'arnaque de la maison de thé.
Si jusqu'alors j'étais plongé sans le savoir dans une stupeur naïve, tel un fracassant uppercut verbal ses paroles m'en sortent violemment. Sous le choc, je vois d'un tout nouveau regard l'intérieur de la boutique, animé de gens au visage radieux nous implorant de les rejoindre.
Qu'est-ce qu'on fait, à présent, mon Craig?
Suite à la partie III
Partie I : les présentations
À Shanghai. Depuis deux jours j'y fait le touriste avec Craig. Ce matin, il souhaite aller au musée de la ville. J'y suis allé deux jours plus tôt, mais y retourner n'est pas un problème, car je n'avais pas visité toutes les salles d'exposition, d'autant plus que l'entrée est gratuite.
À la sortie d'un tunnel permettant de traverser un boulevard achalandé, quelqu'un nous interpelle. Nous nous retournons pour voir un jeune homme accompagné de trois filles. Il nous demande de les prendre en photo. Craig s'en charge.
Son teint étant basané, je me dis d'emblée qu'il est d'Asie du Sud-Est, peut-être de Singapour ou du Vietnam. Je lui demande, et il m'indique qu'il est Chinois. Puisqu'ils vivent à environ une heure de Shanghai, ils ont profité d'une journée de congé pour venir en ville.
Lorsque je lui dis que je vis à Tokyo, son regard s'allume. Il m'annonce avec enthousiasme qu'il peut s'exprimer un peu en japonais, qui est la langue de son patron. Il commence par imiter ce dernier qui répond au téléphone, en y allant d'un moshi-moshi, puis enchaîne des phrases de base. Son accent est fort, mais il peut parler.
Je leur demande ce qu'ils ont au programme pour la journée. Le gars m'indique qu'ils comptaient se rendre à une sadō, tout fier d'employer le mot japonais pour cérémonie de thé.
Je regarde Craig un moment, puis je le demande s'ils verraient un quelconque inconvénient à ce que nous les accompagnions. Ils acceptent avec joie, heureux de voir de deux sympathiques étrangers venir avec eux. Nous nous mettons en marche. Je suis bien content de cette rencontre improvisée avec des gens du pays. Le musée saura attendre.
À la sortie d'un tunnel permettant de traverser un boulevard achalandé, quelqu'un nous interpelle. Nous nous retournons pour voir un jeune homme accompagné de trois filles. Il nous demande de les prendre en photo. Craig s'en charge.
Son teint étant basané, je me dis d'emblée qu'il est d'Asie du Sud-Est, peut-être de Singapour ou du Vietnam. Je lui demande, et il m'indique qu'il est Chinois. Puisqu'ils vivent à environ une heure de Shanghai, ils ont profité d'une journée de congé pour venir en ville.
Lorsque je lui dis que je vis à Tokyo, son regard s'allume. Il m'annonce avec enthousiasme qu'il peut s'exprimer un peu en japonais, qui est la langue de son patron. Il commence par imiter ce dernier qui répond au téléphone, en y allant d'un moshi-moshi, puis enchaîne des phrases de base. Son accent est fort, mais il peut parler.
Je leur demande ce qu'ils ont au programme pour la journée. Le gars m'indique qu'ils comptaient se rendre à une sadō, tout fier d'employer le mot japonais pour cérémonie de thé.
Je regarde Craig un moment, puis je le demande s'ils verraient un quelconque inconvénient à ce que nous les accompagnions. Ils acceptent avec joie, heureux de voir de deux sympathiques étrangers venir avec eux. Nous nous mettons en marche. Je suis bien content de cette rencontre improvisée avec des gens du pays. Le musée saura attendre.
Suite à la partie II
jeudi 15 novembre 2012
Prélude : ça n'arrive qu'aux autres
Je me lève à l'auberge, la première journée de mon court périple à Shanghai. Il est environ neuf heures, pas particulièrement tôt. Je suis en vacances, rien ne presse.
Je descends au rez-de-chausse. Installé au resto, je commande du café. Lorsqu'on me sert mon omelette espagnole, la fille assise à ma droite me souhaite bon appétit. C'est le début de notre conversation.
Miranda, des Pays-Bas, en est plein tour du monde. Tout comme Mathieu le Breton, elle est venue d'Europe par le Transsibérien. Le soir même, elle doit prendre l'avion en direction du Vietnam, pour y rencontrer une amie.
Nous convenons de nous balader ensemble jusqu'au milieu de l'après-midi, après quoi je devrai me préparer au match, tandis qu'elle aura à faire ses bagages.
Elle m'indique qu'elle comptait visiter le musée de Shanghai. J'accepte volontiers de l'accompagner. Puisque Shanghai est beaucoup plus frisquet que sa prochaine destination, elle me demande de l'accompagner d'abord au bureau de poste, question de rapatrier ses vêtements plus chauds. Pendant qu'elle remplit le bordereau d'expédition, je prends des photos de l'endroit, jusqu'à ce qu'on m'indique que c'est défendu.
En chemin vers le musée de Shanghai, elle discute de son voyage jusqu'à présent. Je lui demande si elle a eu de mauvaises expériences, en pensant surtout à la Russie et à la Mongolie, que j'imagine risquées pour une fille voyageant en solitaire. Elle me répond que sa pire mésaventure s'est plutôt produite à Beijing. J'en suis un peu surpris. Elle se met à m'en raconter les détails.
Je descends au rez-de-chausse. Installé au resto, je commande du café. Lorsqu'on me sert mon omelette espagnole, la fille assise à ma droite me souhaite bon appétit. C'est le début de notre conversation.
Miranda, des Pays-Bas, en est plein tour du monde. Tout comme Mathieu le Breton, elle est venue d'Europe par le Transsibérien. Le soir même, elle doit prendre l'avion en direction du Vietnam, pour y rencontrer une amie.
Nous convenons de nous balader ensemble jusqu'au milieu de l'après-midi, après quoi je devrai me préparer au match, tandis qu'elle aura à faire ses bagages.
Elle m'indique qu'elle comptait visiter le musée de Shanghai. J'accepte volontiers de l'accompagner. Puisque Shanghai est beaucoup plus frisquet que sa prochaine destination, elle me demande de l'accompagner d'abord au bureau de poste, question de rapatrier ses vêtements plus chauds. Pendant qu'elle remplit le bordereau d'expédition, je prends des photos de l'endroit, jusqu'à ce qu'on m'indique que c'est défendu.
Miranda est au comptoir tandis que je découvre mon nouvel objectif photo |
En chemin vers le musée de Shanghai, elle discute de son voyage jusqu'à présent. Je lui demande si elle a eu de mauvaises expériences, en pensant surtout à la Russie et à la Mongolie, que j'imagine risquées pour une fille voyageant en solitaire. Elle me répond que sa pire mésaventure s'est plutôt produite à Beijing. J'en suis un peu surpris. Elle se met à m'en raconter les détails.
Deux jeunes Chinoises sont d'abord venues me demander si je pouvais les prendre en photo. J'ai bien sûr obtempéré, voyant en elles deux voyageuses en situation semblable à la mienne. Bien sympathiques, elles me posent des questions sur mon périple, mes intérêts. Elles m'indiquent qu'elles sont étudiantes universitaires en vacances, venues de l'extérieur pour visiter la capitale. Après un moment, elles m'invitent à prendre le thé. J'accepte tout bonnement. Ces filles me semblent dignes de confiance et très gentilles.
La maison de thé est au sous-sol d'une bâtisse. Assises autour d'une table, nous sirotons une multitude de sélections de boissons infusées, accompagnées de grignotines. Elles alimentent sans cesse la conversation, toute en douceur.L'addition finit par arriver, et ce n'est qu'à ce moment que je comprends dans quoi je me suis embourbée. Le total revient à plus de 400 euros! Chaque tasse de thé, bue parce chacune d'entre nous, est comptabilisée à un prix de fou, en plus des frais pour l'entrée et les accompagnements.
On m'avait averti de cette arnaque, répandue en Chine. Mais pourtant, pourtant je n'ai rien vu venir. Me sentant à la fois paniquée et enragée, tant contre ma propre naïveté que par leurs manigances, j'essaie de trouver un moyen de m'en sortir. Je me trouve au sous-sol d'une bâtisse inconnue d'une ville et d'un pays qui me sont étrangers. Je suis dans leur tanière, dans l'antre du monstre.
Une fille semble vouloir s'accrocher à mon bras, tandis que l'autre se dresse devant l'escalier de sortie. Ajoutons à cela la tenancière et une autre employée. Quatre contre un. Qu'importe, je m'élance vers la sortie, mue par l'énergie du désespoir.
Deux des filles s'accrochent à moi. Je les traîne littéralement jusqu'à l'extérieur. S'ensuit une engueulade sur la voie publique. Aucun badaud ne réagit initialement, puis un type vient s'immiscer dans la conversation. Je ne comprends évidemment rien aux paroles qu'ils s'échangent avec tout autant d'intensité, mais je crois deviner qu'il prend ma défense, qu'il est au fait de leurs sombres desseins et qu'il s'y oppose.Son intervention me permet de leur échapper. Je reviens à toute allure à l'auberge de jeunesse, situé non loin. Tenaillée d'anxiété, j'appelle mes parents pour leur dire ce qui vient de se produire. Terrifiée à l'idée de croiser ces filles à nouveau dans la rue, je quitte la ville le jour même.Ces arnaqueurs sont très doués. Ils savent s'adapter à ta personnalité, profiter de ta bonne foi, pour ne pas dire naïveté, s'inventer une histoire crédible à peaufiner au besoin, te complimenter, et alimenter continuellement la conversation, pour t'empêcher de penser clairement et de voir leur petit jeu, tout en subtilité.Je m'en veux de m'être laissée volontairement guider jusqu'à l'abattoir. Heureusement que j'ai pu m'en sortir avant de passer au couperet, avant d'être délestée de tant d'argent. Un Américain rencontré ici à Shanghai n'a toutefois pas eu cette chance. Il a refusé de me dévoiler combien cette sale affaire lui avait coûté, alors que je devine que c'était bien plus que 400 euros!
Toute une histoire que Miranda me raconte! Alors que nous couvrons les quelques centaines de mètres nous séparant du Musée de Shanghai, je me demande si moi-même je tomberais aussi facilement dans le panneau. Elle quitte le pays dans quelques heures, alors que j'en suis à ma première journée. L'occasion pourrait donc très bien se présenter. Si c'est le cas, on verra, que je me dis...
Tir raté ou presque...
Il y a quelques semaines, j'avais dévoilé mon projet d'aller assister à une joute de hockey à Shanghai. C'était trop beau pour être vrai.
La mise au jeu initiale est prévue à dix-neuf heures le 14 novembre. Je suis arrivée le 13, mais Craig, mon partenaire de voyage, n'arrive que le jour du match, un peu avant dix-sept heures. La journée précédant mon départ, il me demande comment s'y rendre depuis l'aéroport. Je fais mes recherches en me servant du nom de l'aréna indiqué sur le site de la ligue, et je lui propose de me joindre à la station de l'Université de Shanghai, sur le campus duquel doit se dérouler la rencontre. Quelques centaines de mètres à peine devraient nous séparer de la patinoire.
J'arrive environ une heure avant le début des hostilités. Je me mets à parcourir le campus à la recherche de l'aréna. Les écriteaux sont vagues. J'ai du temps, alors inutile de m'emballer. Après un bon moment à chercher en vain, je finis par demander aux gens croisés par hasard, en expliquant tant bien que mal que je suis venu assister à du hockey, soit en imitant un hockeyeur qui patine ou qui y va d'un lancer-frappé, ou en montrant le caractère correspondant à glace sur mon dictionnaire électronique. Personne ne semble être au courant, et j'ai l'impression que certains me prennent pour un imbécile.
Finalement, j'aperçois une étrangère aux cheveux blonds. Soulagé, je lui demande où est l'aréna. Elle l'ignore, mais me réfère à deux Chinois qui eux m'apprennent la terrible nouvelle, que je voyais venir : je me suis trompé, le véritable emplacement se trouve à cinquante kilomètres!
Je retourne à la station pour attendre l'arrivée de Craig, dégoûté par moi-même de m'être gouré de la sorte, mécontent du site de n'être pas foutu d'indiquer le nom réel de l'installation sportive, et désolé de devoir annoncer l'erreur monumentale à mon ami.
Il arrive une demi-heure plus tard. Après de chaleureuses retrouvailles, je lui annonce la mauvaise nouvelle. Il m'avoue qu'il était au courant de mon erreur de navigation, s'en étant rendu compte à l'aéroport de Vancouver, alors qu'il était trop tard pour m'en avertir, et qu'au fond il est surtout heureux de m'avoir trouvé. Je lui offre mes excuses pour la bourde, puis nous convenons d'aller négocier un taxi.
Nous trouvons un type disposé à nous y mener pour 130 yuán, soit environ ving dollars canadiens, ce qui n'est pas trop mal pour la distance à parcourir. Il nous dépose environ 45 minutes plus tard à l'endroit qui, en principe, devrait être le bon. Il est environ vingt heures trente à ce moment. Nous sommes confiants de pouvoir voir la troisième période, du moins partiellement.
Nous découvrons malheureusement que, même sans erreur de ma part, le satané site Web de la ligue a tout faux, car là où il devait y avoir du hockey, rien. De peine et de misère, nous finissons par mettre le grappin sur l'insaisissable aréna. Nous nous précipitons à l'intérieur, mais la dame au guichet refuse de nous laisser entrer. La raison nous échappe, mais nous apercevons deux blanches sortant d'une porte. Elle nous apprennent que le coup de sifflet final ne date que de quelques minutes!
Déçus, nous leur demandons le chemin pour voir les estrades, notre seul souhait à ce point-là. Nous nous y rendons pour y constater l'enceinte, libre de ses spectateurs et ses joueurs. C'est alors que vient à nous une dénommée Lisa, entraîneuse de hockey à Shanghai. Nous discutons un moment avec elle, de son cheminement de carrière, de gardienne de buts évoluant dans la région de Toronto à entraîneuse de l'équipe féminine chinoise, de l'état du programme olympique chinois, de la qualité des installations, de ses impressions de la Chine, des joueurs préférés de son enfance. Nous lui demandons de bien vouloir nous prendre en photo, comme preuve de nos efforts non couronnés de succès.
Elle nous offre, ou nous lui demandons, je ne me souviens plus, de nous présenter quelques-uns des joueurs canadiens de l'équipe locale. Elle nous emmène dans le couloir dans lequel débouche le vestiaire. À ma surprise, j'y rencontre un des joueurs nippons, qui représentera l'unique occasion d'utiliser mon japonais du voyage.
Robert Jarvis d'Ottawa vient finalement nous parler, et nous invite à les accompagner au restaurant. Nous acceptons volontiers. À la sortie du vestiaire, on nous présente les deux filles aperçues plus tôt, des Russes nommées Natalia et Maria, dont l'une est la copine de Ryan Burkholder, aussi d'Ottawa. Matthew Glasser, de Calgary et repêché par les Oilers en 2005, se greffe finalement à nous, et tous ensemble nous allons à un chic restaurant plus près du centre-ville. Nous discutons abondamment de hockey, au sens large mais également par rapport au parcours individuel de chacun de ces trois joueurs, Rob ayant évolué en France et les deux autres aux Pays-Bas. Nous étions bien contents de rencontrer ces gens, pour lesquels notre sport national leur offre l'occasion de voyager. Ils semblaient également apprécier la possibilité de s'entretenir avec deux de leurs compatriotes.
En Chine, le hockey, à défaut d'en voir, nous en avons parlé avec ceux qui en vivent. Tout n'était pas perdu!
mercredi 14 novembre 2012
La veste
Je m'installe au comptoir du resto-bar de l'auberge. La soirée est jeune et je suis arrivé une heure ou deux plus tôt. Craig, mon partenaire de voyage, n'arrive que le lendemain soir.
Je discute d'abord avec la serveuse, Lily. Je ne connais pratiquement rien de sa langue, mais en ma qualité d'étudiant du japonais, les caractères qui la composent me sont généralement compréhensibles. Je lui demande de m'enseigner quelques phrases de base, en lui précisant d'en écrire les caractères.
Nous discutions un bon moment lorsqu'un gars vient au comptoir pour commander un verre. Du coin de l’œil, je remarque qu'il m'observe. Je porte mon regard sur lui. En un instant je comprends la source de sa curiosité: nous portons la même veste!
Tous deux surpris par pareille coïncidence, notre conversation est d'abord axée sur les avantages et la qualité de cet article de surplus d'armée. Nous en soulignons la durabilité, l'utilité des poches à fermeture éclair, le bon ajustement, et l'élastique à la taille. Il croit qu'elle vient de l'armée allemande, je lui dis qu'elle est plutôt de confection française, en lui montrant l'étiquette de la mienne, qui indique Lille 1988. Il enlève sa sienne pour constater qu'il s'agit plutôt d'une Lille 1989. Je lui assure qu'il est de notoriété publique que son millésime est bien supérieur au mien. Nous rions un bon coup.
Dans le cadre de notre dialogue, qui d'une veste commune s'étend à une foule de sujets, j'apprends que Mathieu l'architecte est arrivé à Shanghai au bout de sept mois de voyage, amorcé de sa Bretagne natale, à partir de laquelle il a rejoint l'Estonie sur le pouce, pour ensuite traverser la Russie à bord du transsibérien, avec passage obligé par la Mongolie et ses habitants batailleurs.
Nos atomes sont de toute évidence crochus, et on convient d'y aller d'une balade nocturne dans la ville. Y avant déjà habité, il me montre des endroits sympas et m'en raconte des bonnes. Je passe une excellente première soirée en bonne compagnie, et je crois deviner que le sentiment est réciproque.
L'habit ne fait peut-être pas le moine, mais à Shanghai, il se charge des présentations.
Je discute d'abord avec la serveuse, Lily. Je ne connais pratiquement rien de sa langue, mais en ma qualité d'étudiant du japonais, les caractères qui la composent me sont généralement compréhensibles. Je lui demande de m'enseigner quelques phrases de base, en lui précisant d'en écrire les caractères.
Nous discutions un bon moment lorsqu'un gars vient au comptoir pour commander un verre. Du coin de l’œil, je remarque qu'il m'observe. Je porte mon regard sur lui. En un instant je comprends la source de sa curiosité: nous portons la même veste!
La veste, source de rencontres fortuites. |
Dans le cadre de notre dialogue, qui d'une veste commune s'étend à une foule de sujets, j'apprends que Mathieu l'architecte est arrivé à Shanghai au bout de sept mois de voyage, amorcé de sa Bretagne natale, à partir de laquelle il a rejoint l'Estonie sur le pouce, pour ensuite traverser la Russie à bord du transsibérien, avec passage obligé par la Mongolie et ses habitants batailleurs.
Nos atomes sont de toute évidence crochus, et on convient d'y aller d'une balade nocturne dans la ville. Y avant déjà habité, il me montre des endroits sympas et m'en raconte des bonnes. Je passe une excellente première soirée en bonne compagnie, et je crois deviner que le sentiment est réciproque.
L'habit ne fait peut-être pas le moine, mais à Shanghai, il se charge des présentations.
mardi 13 novembre 2012
De retour
Je comptais contribuer au blogue à au moins quelques reprises pendant mon séjour à Shanghai. C'était sans compter la censure de ce site par le pouvoir chinois. Ce motif n'explique que partiellement mon absence de contribution, car je suis revenu le dimanche 18 novembre, tandis qu'il fait beau en ce mardi 20 novembre alors j'écris ces lignes. L'habitude d'écrire quotidiennement ayant ainsi été perdue en voyage, le retour au clavier s'est fait attendre.
Aujourd'hui et demain, je vais tenter de combler ce silence radar, et ainsi de peupler d'écrits les jours manqués, en y allant de courtes anecdotes sur mon périple. Voilà pourquoi le présent billet est datée du treize novembre plutôt que du vingt. Tous à bord!
Aujourd'hui et demain, je vais tenter de combler ce silence radar, et ainsi de peupler d'écrits les jours manqués, en y allant de courtes anecdotes sur mon périple. Voilà pourquoi le présent billet est datée du treize novembre plutôt que du vingt. Tous à bord!
dimanche 11 novembre 2012
Vouvoyagez
D'ici quelques heures, je quitte mon logis, me rends à pieds à la station la plus proche, prends le train et en descends à une station beaucoup plus vaste, atteints l'embarcadère et pénètre dans l'autocar, me fait transporter jusqu'à l'aéroport régional, y enregistre mes bagages et reçois ma carte d'embarquement, attends, me laisse porter par avion jusqu'à la plus grande ville du pays le plus populeux qui soit, y rejoins un ami, assiste à une joute de hockey.
D'ici quelques heures, un beau voyage s'amorce. D'ici là, une courte nuit s'impose.
D'ici quelques heures, un beau voyage s'amorce. D'ici là, une courte nuit s'impose.
samedi 10 novembre 2012
Mieux vantard que jamais
J'avais précédemment mentionné que, de mes objectifs hebdomadaires imposés depuis maintenant plus d'un mois, le maillon faible était celui lié à la forme physique. Concédant à l'époque qu'il était particulièrement relevé, avec ses deux sorties de course totalisant vingt kilomètres et ses deux séances en salle, j'avais décidé d'attendre un peu avant de le revoir à la basse.
Se trouve-t-il que la semaine dernière, j'ai pu l'atteindre pour la première fois, même si à strictement parler il m'a manqué environ cinquante mètres de course (ce petit secret restera entre nous, n'est-ce pas?). Cet objectif est certes rigoureux, mais il a son utilité et je ne vois pas de raison de le modifier. Pour en maintenir la pertinence, il n'y a d'autre choix que de répéter l'exploit, comme effort de bon aloi.
Se trouve-t-il que la semaine dernière, j'ai pu l'atteindre pour la première fois, même si à strictement parler il m'a manqué environ cinquante mètres de course (ce petit secret restera entre nous, n'est-ce pas?). Cet objectif est certes rigoureux, mais il a son utilité et je ne vois pas de raison de le modifier. Pour en maintenir la pertinence, il n'y a d'autre choix que de répéter l'exploit, comme effort de bon aloi.
vendredi 9 novembre 2012
La déception
La déception peut revêtir une multitude de formes. Elle peut être vive comme légère, profonde comme passagère. On peut être déçu de soi-même, de la tournure des événements, de résultats contraires à nos attentes, d'occasions manquées. Elle est aussi ressentie lorsque quelque chose qui commence bien finit sur une fausse note.
Prenons en exemple l'emploi du français à la sauce japonaise. Règle générale, afin d'embellir leurs produits ou les rendre plus élégants, les entreprises d'ici recourent moins à notre belle langue qu'à un ramassis de mots agencés de manière plus ou moins intelligible. C'est l'apparence qui compte, alors tant que les accents sont nombreux, le sens n'a que peu d'importance. Cette pseudo-langue, on ne peut qu'en rire, et parfois cela donne de vrais bijoux. La partie de gauche de la photo, qui représente la couverture d'un cahier acheté il y a quelques mois, en constitue un bon exemple.
Il existe toutefois quelques exceptions, comme le côté droit, car parfois on tombe sur du vrai français, pas seulement son pastiche, ce qui provoque une agréable surprise. On lit le texte, bien heureux d'en comprendre le sens, jusqu'à la toute fin. C'est alors qu'elle vous saute aux yeux, cette fausse note finale qui fait mal. Ô déception, liquidatrice de tous mes espoirs.
Prenons en exemple l'emploi du français à la sauce japonaise. Règle générale, afin d'embellir leurs produits ou les rendre plus élégants, les entreprises d'ici recourent moins à notre belle langue qu'à un ramassis de mots agencés de manière plus ou moins intelligible. C'est l'apparence qui compte, alors tant que les accents sont nombreux, le sens n'a que peu d'importance. Cette pseudo-langue, on ne peut qu'en rire, et parfois cela donne de vrais bijoux. La partie de gauche de la photo, qui représente la couverture d'un cahier acheté il y a quelques mois, en constitue un bon exemple.
Il existe toutefois quelques exceptions, comme le côté droit, car parfois on tombe sur du vrai français, pas seulement son pastiche, ce qui provoque une agréable surprise. On lit le texte, bien heureux d'en comprendre le sens, jusqu'à la toute fin. C'est alors qu'elle vous saute aux yeux, cette fausse note finale qui fait mal. Ô déception, liquidatrice de tous mes espoirs.
jeudi 8 novembre 2012
Pardessus le marché
Vous êtes sorti de chez vous à la hâte en n'ayant qu'une petite veste sur le dos. Ce n'est qu'en chemin vers votre rendez-vous, auquel vous êtes en retard, que vous vous apercevez qu'il fait froid, beaucoup trop froid pour être si légèrement vêtu.
Il est trop tard pour rebrousser chemin, et déjà vous vous mettez à grelotter. Pris de panique, vous inventez toutes sortes de scénarios. Vous vous imaginez vous ramasser à l'hôpital, engourdi par une profonde hypothermie, ou pire finir gelé dans une ruelle.
Votre anxiété est pourtant sans fondement. Il fait froid, certes, mais ce n'est pas la Sibérie. Vous survivrez. La prochaine fois, suffira de mieux vous habiller. Mais plus que simplement rajouter des couches, vous devez voir la réalité en face et l'accepter comme telle : vous souffrez de problèmes manteau.
Il est trop tard pour rebrousser chemin, et déjà vous vous mettez à grelotter. Pris de panique, vous inventez toutes sortes de scénarios. Vous vous imaginez vous ramasser à l'hôpital, engourdi par une profonde hypothermie, ou pire finir gelé dans une ruelle.
Votre anxiété est pourtant sans fondement. Il fait froid, certes, mais ce n'est pas la Sibérie. Vous survivrez. La prochaine fois, suffira de mieux vous habiller. Mais plus que simplement rajouter des couches, vous devez voir la réalité en face et l'accepter comme telle : vous souffrez de problèmes manteau.
mardi 6 novembre 2012
Influences positives
J'ai appelé mes parents dimanche dernier. D'emblée, la conversation avec ma mère s'est centrée sur mes habitudes de jogging. Je lui en ai parlé volontiers, malgré la surprise d'un sujet si vite amené. J'ai tout compris lorsqu'elle a mentionné qu'un de ses cousins avait récemment été frappé par un chauffard alors qu'il courait le long d'une route en soirée avec un ami. Lorsqu'elle l'avait vu quelques jours après l'accident, il était mal en point, nécessitant des antidouleurs.
Cette mésaventure m'a fait réfléchir. Sans égard à la partie fautive, les cyclistes, les piétons et les joggeurs sortent invariablement perdants de collisions avec des véhicules. Ce cousin de ma mère était probablement aussi prudent que je crois l'être lorsque je jogge. Pourtant il s'est fait fauché.
Ce soir pour ma séance de course à pied, j'ai ainsi réagi. Je me suis rappelé la bandoulière réfléchissante récemment dénichée mais laissée dans son rayon car jugée inutile. Elle me semblait tout à coup idéale, et en tout début de parcours je suis passé au magasin me la procurer. Très confortable, elle m'a rassuré. En fin de course, j'ai même aperçu un homologue qui en portait une semblable. Nous étions unis par notre souci de sécurité!
Lors du même appel, ma mère m'a également indiqué qu'elle s'était mise à faire trente minutes de vélo stationnaire chaque matin, avant de déjeuner. Elle m'a révélé que mon blogue lui avait servi d'inspiration à l'adoption de cette habitude saine, à la lecture des billets dans lesquels j'annonçais mes objectifs quotidiens et hebdomadaires, en matière d'exercice physique et sur d'autres plans.
Lui parler ne m'a non seulement poussé à prendre une mesure concrète pour améliorer ma sécurité, mais m'a aussi permis de constater que moi aussi je pouvais influencer positivement les autres. Je dois lui parler plus souvent à ma maman.
Cette mésaventure m'a fait réfléchir. Sans égard à la partie fautive, les cyclistes, les piétons et les joggeurs sortent invariablement perdants de collisions avec des véhicules. Ce cousin de ma mère était probablement aussi prudent que je crois l'être lorsque je jogge. Pourtant il s'est fait fauché.
Ce soir pour ma séance de course à pied, j'ai ainsi réagi. Je me suis rappelé la bandoulière réfléchissante récemment dénichée mais laissée dans son rayon car jugée inutile. Elle me semblait tout à coup idéale, et en tout début de parcours je suis passé au magasin me la procurer. Très confortable, elle m'a rassuré. En fin de course, j'ai même aperçu un homologue qui en portait une semblable. Nous étions unis par notre souci de sécurité!
Lors du même appel, ma mère m'a également indiqué qu'elle s'était mise à faire trente minutes de vélo stationnaire chaque matin, avant de déjeuner. Elle m'a révélé que mon blogue lui avait servi d'inspiration à l'adoption de cette habitude saine, à la lecture des billets dans lesquels j'annonçais mes objectifs quotidiens et hebdomadaires, en matière d'exercice physique et sur d'autres plans.
Lui parler ne m'a non seulement poussé à prendre une mesure concrète pour améliorer ma sécurité, mais m'a aussi permis de constater que moi aussi je pouvais influencer positivement les autres. Je dois lui parler plus souvent à ma maman.
lundi 5 novembre 2012
Son âme pour un hameçon
C'est l'histoire d'un vieil homme. Pêcheur, sa disette s'éternise. Il en est à quatre-vingt-quatre jour sans prise. Un jeune, avec lequel il pêchait à l'époque, lui tient compagnie sur la terre ferme, mais c'est en solitaire que le vieil homme pêche désormais.
Au quatre-vingt-cinquième jour, fidèle à sa routine il quitte le rivage avant l'aube, sans avoir déjeuné. Après quelques heures, au cours desquelles l'obscurité fait place à une lumière croissante, prélude au lever puis à l'ascension du soleil, une de ses lignes s'agite soudain. D'expérience, il sait qu'il en est présence d'un marlin. Il le laisse picosser sur l'appât, puis le ferre. La ligne se raidit sous une énorme tension.
Le poisson entraîne le navire dans son sillage. L'homme se dit que la bête, qu'il devine énorme, ne peut continuer ainsi bien longtemps, mais l'après-midi cède sa place à la soirée, qui devient nuit. Au petit matin, le monstre tire toujours le rafiot.
Le vieil homme a une main qui saigne, car brûlée par la friction de la ligne, et souffre d'une crampe à l'autre. Souhaitant conserver ses forces pour mener à bien son combat, l'homme taille en lanières un petit thon pêché la veille, qu'il mange cru, en se disant qu'il aimerait bien avoir du sel comme assaisonnement, et qu'il aimerait bien avoir le jeune à ses côtés. Ce dernier lui serait d'une précieuse aide.
La suite reste à découvrir. Moi même je l'ignore, car mon signet est inséré au moment ou cela se passe. À la manière de ce vieil homme, il est de bon thon ici de s'armer de patience, et d'éviter de faire le marlin.
Au quatre-vingt-cinquième jour, fidèle à sa routine il quitte le rivage avant l'aube, sans avoir déjeuné. Après quelques heures, au cours desquelles l'obscurité fait place à une lumière croissante, prélude au lever puis à l'ascension du soleil, une de ses lignes s'agite soudain. D'expérience, il sait qu'il en est présence d'un marlin. Il le laisse picosser sur l'appât, puis le ferre. La ligne se raidit sous une énorme tension.
Le poisson entraîne le navire dans son sillage. L'homme se dit que la bête, qu'il devine énorme, ne peut continuer ainsi bien longtemps, mais l'après-midi cède sa place à la soirée, qui devient nuit. Au petit matin, le monstre tire toujours le rafiot.
Le vieil homme a une main qui saigne, car brûlée par la friction de la ligne, et souffre d'une crampe à l'autre. Souhaitant conserver ses forces pour mener à bien son combat, l'homme taille en lanières un petit thon pêché la veille, qu'il mange cru, en se disant qu'il aimerait bien avoir du sel comme assaisonnement, et qu'il aimerait bien avoir le jeune à ses côtés. Ce dernier lui serait d'une précieuse aide.
La suite reste à découvrir. Moi même je l'ignore, car mon signet est inséré au moment ou cela se passe. À la manière de ce vieil homme, il est de bon thon ici de s'armer de patience, et d'éviter de faire le marlin.
dimanche 4 novembre 2012
Calepin
Le chemin parsemé d'études menant à l'examen de compétences linguistiques japonaises, prévu le 2 décembre, est incarné par un cahier rempli de gribouillis multicolores d'une importance capitale. Que Dieu m'emporte si je l'égare.
samedi 3 novembre 2012
Transporté
Il s'agit d'un de mes souvenirs les plus lointains, mais aussi l'un des plus vifs. Par une belle journée d'automne, les éducatrices de la garderie nous avaient emmené voir les trains de la ligne Chūō, depuis un viaduc surplombant les rails.
Je ne devais pas avoir plus de trois ou quatre ans à l'époque, mais je me souviens clairement du son émis par ces ingénieux engins, surtout du son, mais aussi de leur surprenante longueur. Ils semblaient énormes pour le bout de chou que j'étais. Malgré leur taille, on jurait qu'ils se déplaçaient sans effort.
Ce jour-là m'a changé à tout jamais. Ce fut l'étincelle d'une passion qui brûle en moi tout aussi vivement aujourd'hui qu'à l'époque. Au prix d'une persévérance frôlant l'entêtement et en dépit des exhortations de mes proches à tout abandonner, j'ai pu réaliser mon rêve, et je le vis chaque jour depuis des années : je suis pilote d'avion.
vendredi 2 novembre 2012
Shanghai hockey
Parlons hockey, en cette saison où son plus haut niveau fait défaut.
Shanghai se pointe lentement à l'horizon, si le visa répond à l'appel sans anicroche. Dans le cadre d'une courte escapade de cinq jours, j'irai y rejoindre Craig, de Winnipeg, que j'ai rencontré en Thaïlande il y a presque trois ans au hasard d'un gala de Muai Thai. Partageant avec lui l'appréciation du meilleur sport au monde, j'ai eu l'idée de lui proposer d'assister à une joute du Dragon de Shanghai, qui le 14 novembre affrontera les Eagles d'Oji, une équipe japonaise issue d'Hokkaido, de la Ligue d'Asie. C'est avec enthousiasme qu'il a répondu présent.
L'équipe locale n'a aucune victoire cette saison; les visiteurs en ont douze en treize parties. La léthargie n'est pas limitée au calendrier en cours : leur dernier triomphe remonte à 2009-2010, leur seul cette saison-là. À moins d'un coup de théâtre, l'issue en sera donc prévisible. Qu'importe, nous réclamons notre dose hockeyesque, au diable le duel serré.
En 2008-2009, Claude Lemieux a incidemment joué deux matchs pour l'équipe, à l'époque dénommée Sharks. Il s'agissait là de sa phase initiale de remise en forme, dans l'espoir d'effectuer un retour dans la LNH. Sa tentative fut couronnée d'un bref succès : les Sharks de San Jose, commanditaires de leur homonyme de Shanghai, d'où le nom identique, avaient fini par l'insérer dans l'équipe en fin de saison. Lemieux avait accroché ses patins, pour de bon cette fois, après seulement 18 matchs dans la grande ligue (ce qui est tout de même 18 matchs de plus que n'importe qui jouera dans la LNH cette saison, s'il y a maintien en la tendance).
Ce Lemieux m'amène à traiter d'un Lemieux qui jouait pas mal mieux, j'ai nommé Mario. C'est qu'un élève très doué, dénommé Koji mais souhaitant se faire surnommer Ken, m'en a parlé récemment. Il avait reçu des billets des Penguins alors qu'il travaillait à Pittsburgh, au tournant du XXIe siècle. Le hasard a voulu que le match en question ait été marqué par le retour au jeu du Magnifique, après une retraite de trois ans. En cette soirée du 27 décembre 2000, Ken, qui n'avait jamais vu de hockey de sa vie, avait été témoin d'un match historique, au sein d'une foule en liesse accueillant son idole, qui avait compté un but et ajouté deux passes.
Le hockey, c'est bien beau le regarder, il faut aussi le vivre. Samedi dernier, déguisé pour l'occasion en marathonien à la gloire révolue, au hasard d'une intersection de Roppongi encombrée de gens costumés j'ai rencontré Benoît le Québécois, incarnant un canard. Nous nous sommes mis en contact, et celui-ci m'a invité à me joindre à des parties de hockey-balle, organisées presque chaque semaine à divers arénas de Tokyo. Suffira de me procurer un bâton et le tour sera joué, ou plutôt le but sera scoré. Mon propre retour au jeu est prévu le 23 novembre.
À présent, permettez-moi de clore cet exposé sur notre sport national en y allant d'un fait surprenant. En me renseignant sur tout ce beau monde et ces belles équipes, j'ai découvert que Patrick Roy et Mario Lemieux n'ont pas seulement en commun de compter parmi les meilleurs hockeyeurs de l'histoire, ils sont aussi nés le même jour, le 5 octobre 1965. Lemieux, le Roy, la même date, ça m'épate.
Shanghai se pointe lentement à l'horizon, si le visa répond à l'appel sans anicroche. Dans le cadre d'une courte escapade de cinq jours, j'irai y rejoindre Craig, de Winnipeg, que j'ai rencontré en Thaïlande il y a presque trois ans au hasard d'un gala de Muai Thai. Partageant avec lui l'appréciation du meilleur sport au monde, j'ai eu l'idée de lui proposer d'assister à une joute du Dragon de Shanghai, qui le 14 novembre affrontera les Eagles d'Oji, une équipe japonaise issue d'Hokkaido, de la Ligue d'Asie. C'est avec enthousiasme qu'il a répondu présent.
L'équipe locale n'a aucune victoire cette saison; les visiteurs en ont douze en treize parties. La léthargie n'est pas limitée au calendrier en cours : leur dernier triomphe remonte à 2009-2010, leur seul cette saison-là. À moins d'un coup de théâtre, l'issue en sera donc prévisible. Qu'importe, nous réclamons notre dose hockeyesque, au diable le duel serré.
En 2008-2009, Claude Lemieux a incidemment joué deux matchs pour l'équipe, à l'époque dénommée Sharks. Il s'agissait là de sa phase initiale de remise en forme, dans l'espoir d'effectuer un retour dans la LNH. Sa tentative fut couronnée d'un bref succès : les Sharks de San Jose, commanditaires de leur homonyme de Shanghai, d'où le nom identique, avaient fini par l'insérer dans l'équipe en fin de saison. Lemieux avait accroché ses patins, pour de bon cette fois, après seulement 18 matchs dans la grande ligue (ce qui est tout de même 18 matchs de plus que n'importe qui jouera dans la LNH cette saison, s'il y a maintien en la tendance).
Ce Lemieux m'amène à traiter d'un Lemieux qui jouait pas mal mieux, j'ai nommé Mario. C'est qu'un élève très doué, dénommé Koji mais souhaitant se faire surnommer Ken, m'en a parlé récemment. Il avait reçu des billets des Penguins alors qu'il travaillait à Pittsburgh, au tournant du XXIe siècle. Le hasard a voulu que le match en question ait été marqué par le retour au jeu du Magnifique, après une retraite de trois ans. En cette soirée du 27 décembre 2000, Ken, qui n'avait jamais vu de hockey de sa vie, avait été témoin d'un match historique, au sein d'une foule en liesse accueillant son idole, qui avait compté un but et ajouté deux passes.
Le hockey, c'est bien beau le regarder, il faut aussi le vivre. Samedi dernier, déguisé pour l'occasion en marathonien à la gloire révolue, au hasard d'une intersection de Roppongi encombrée de gens costumés j'ai rencontré Benoît le Québécois, incarnant un canard. Nous nous sommes mis en contact, et celui-ci m'a invité à me joindre à des parties de hockey-balle, organisées presque chaque semaine à divers arénas de Tokyo. Suffira de me procurer un bâton et le tour sera joué, ou plutôt le but sera scoré. Mon propre retour au jeu est prévu le 23 novembre.
À présent, permettez-moi de clore cet exposé sur notre sport national en y allant d'un fait surprenant. En me renseignant sur tout ce beau monde et ces belles équipes, j'ai découvert que Patrick Roy et Mario Lemieux n'ont pas seulement en commun de compter parmi les meilleurs hockeyeurs de l'histoire, ils sont aussi nés le même jour, le 5 octobre 1965. Lemieux, le Roy, la même date, ça m'épate.
jeudi 1 novembre 2012
Chiner pour la Chine
Je devais me lever tôt aujourd'hui, avec l'objectif d'arriver à l'ambassade de la République populaire de Chine au moment même de son ouverture. Je n'ai pas réussi. Le scénario habituel s'est répété : je parviens rarement à amorcer à l'heure voulue les activités sans horaire fixe, ou dont le retard n'entraîne aucune conséquence grave.
Par exemple, j'arrive régulièrement à mes leçons de japonais bien après les coups de dix heures prévus, et il est presque impossible pour moi d'arriver à l'heure d'ouverture de bureaux d'immigration, malgré la potentielle économie de temps ainsi engendrée.
En revanche, je ne suis jamais en retard au travail, l'imponctualité étant un des principaux motifs de congédiement de mon employeur, et qu'en de très rares occasions je manque des rendez-vous importants ou même des rencontres prévues entre amis.
Je suis ainsi arrivé à l'ambassade chinoise plus tard que j'eus voulu. Avant même d'y entrer, j'avais une certaine appréhension, malgré mon dossier complet et mes formulaires dûment remplis. C'est que j'avais entendu de deux amis des histoires contradictoires quant à l'obtention d'un visa de tourisme pour les ressortissants de pays tiers résidant au Japon.
Je lui ai demandé les prix exigés, ce à quoi il m'a répondu que pour un visa le jour même, c'était trente mille yens (370$), pour celui au bout de deux ou trois jour ouvrables, onze mille yen, et si je pouvais attendre 4 jours ouvrables, ça revenait à huit mille yens, ce qui représentait tout le même le double des frais de visa théoriques. Pressé par le temps et peu enclin à se faire détrousser de la sorte, ce pauvre type avait décidé d'abandonner l'idée de visiter la Cité interdite au cours d'une escale prochaine dans la capitale chinoise. Je lui ai remercié de m'avoir renseigné, et il m'a fait promettre d'apprécier doublement le pays, pour moi comme pour lui.
À la fois résigné et sur mes gardes, je suis entré dans l'agence, mais pas celle d'où était sorti l'Anglais. Connaissant les prix du concurrent, je me préparais à exercer mes talents de négociation. L'homme au guichet du fond m'a demandé de m'asseoir. Il a examiné mon dossier de demande, qui lui semblait satisfaisant, pour ensuite me confirmer que, puisque mon départ n'était que le treize, j'allais pouvoir venir récupérer mon visa mercredi prochain.
Les frais : sept mille yens, mille de moins qu'à côté. Surpris par ce prix, je n'ai même pas négocié. C'était mieux que prévu, et dans les circonstances j'estimais m'en sortir plutôt bien. J'eus pu lancer une campagne de pression pour forcer l'ambassade à changer ses pratiques pour ainsi éliminer la nécessité d'un tel intermédiaire, mais pareilles protestations indignées iront à une prochaine fois, ou à mon prochain, car on ne badine pas avec la Chine.
Par exemple, j'arrive régulièrement à mes leçons de japonais bien après les coups de dix heures prévus, et il est presque impossible pour moi d'arriver à l'heure d'ouverture de bureaux d'immigration, malgré la potentielle économie de temps ainsi engendrée.
En revanche, je ne suis jamais en retard au travail, l'imponctualité étant un des principaux motifs de congédiement de mon employeur, et qu'en de très rares occasions je manque des rendez-vous importants ou même des rencontres prévues entre amis.
Je suis ainsi arrivé à l'ambassade chinoise plus tard que j'eus voulu. Avant même d'y entrer, j'avais une certaine appréhension, malgré mon dossier complet et mes formulaires dûment remplis. C'est que j'avais entendu de deux amis des histoires contradictoires quant à l'obtention d'un visa de tourisme pour les ressortissants de pays tiers résidant au Japon.
Selon le premier récit, qui finit bien, le personnel de l'ambassade vous remet un beau visa le jour même, et vous repartez heureux et satisfait de l'efficacité sinobureaucratique.Mes recherches sur Internet concordaient malheureusement avec ce dernier cheminement, et la réceptionniste de l'ambassade n'a pas manqué de me le confirmer. Je suis sorti, mais au lieu d'entrer directement dans l'une des deux agences, car oui il semblait y en avoir deux, je suis passé devant en réfléchissant à la stratégie à adopter. C'est alors que j'ai vu sortir de l'une d'elles l'Anglais qui m'avait précédé à la réception du service consulaire.
Selon le second, plus sombre, le personnel consulaire ne fournit pas directement ce qui est pourtant un visa tout à fait basique, et vous devez vous rendre dans une agence de voyage jouxtant pratiquement l'ambassade, où des types louches mais bien connectés sont heureux de graisser la machine à visa pour vous, moyennant une contrepartie propre à vous sortir les yeux de leur orbite.
Je lui ai demandé les prix exigés, ce à quoi il m'a répondu que pour un visa le jour même, c'était trente mille yens (370$), pour celui au bout de deux ou trois jour ouvrables, onze mille yen, et si je pouvais attendre 4 jours ouvrables, ça revenait à huit mille yens, ce qui représentait tout le même le double des frais de visa théoriques. Pressé par le temps et peu enclin à se faire détrousser de la sorte, ce pauvre type avait décidé d'abandonner l'idée de visiter la Cité interdite au cours d'une escale prochaine dans la capitale chinoise. Je lui ai remercié de m'avoir renseigné, et il m'a fait promettre d'apprécier doublement le pays, pour moi comme pour lui.
À la fois résigné et sur mes gardes, je suis entré dans l'agence, mais pas celle d'où était sorti l'Anglais. Connaissant les prix du concurrent, je me préparais à exercer mes talents de négociation. L'homme au guichet du fond m'a demandé de m'asseoir. Il a examiné mon dossier de demande, qui lui semblait satisfaisant, pour ensuite me confirmer que, puisque mon départ n'était que le treize, j'allais pouvoir venir récupérer mon visa mercredi prochain.
Les frais : sept mille yens, mille de moins qu'à côté. Surpris par ce prix, je n'ai même pas négocié. C'était mieux que prévu, et dans les circonstances j'estimais m'en sortir plutôt bien. J'eus pu lancer une campagne de pression pour forcer l'ambassade à changer ses pratiques pour ainsi éliminer la nécessité d'un tel intermédiaire, mais pareilles protestations indignées iront à une prochaine fois, ou à mon prochain, car on ne badine pas avec la Chine.
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