jeudi 31 janvier 2013
Alpinocturne
mercredi 30 janvier 2013
Franc cœur
Pendant trois semaines de mai, nous avions sillonné la partie centrale de la magnifique chaîne que sont les Pyrénées, en passant notamment par Gavarnie et son cirque, la brèche de Roland à la frontière franco-espagnole, le Vignemale et son lac, Lourdes et ses miracles.
Pour nous parer à l’effort physique considérable qu’impliquait ce voyage, à quelques reprises avant de partir nous nous étions rendus à la station Vallée du Parc afin d'y gravir les pistes désertées jusqu’à la saison de ski suivante, le dos chargé de sacs lestés. Le mien contenait notamment un dictionnaire encyclopédique et des bottes de ski. Une fois en Europe arrivés, les enseignants avaient d’ailleurs tôt fait de remarquer notre bonne forme physique, nous demandant d’effectuer des aller-retour dans les passages abrupts pour transporter le sac des faiblards mal préparés.
Charles était en profond questionnement quant à son avenir avec Marie-Ève, avec laquelle il était en couple depuis quelques années. Je me souviens, en fin de voyage, de l’appel crucial qu’il était allé faire pour lui annoncer sa décision. Marie-Ève et Charles sont aujourd’hui parents d’un radieux petit garçon. Il avait bien fait de la mûrir, sa décision.
Je l’avais aussi vu à deux doigts de plonger vers la mort, ses bottes ayant glissé sur l’herbe mouillée bordant un sentier à flanc de paroi vertigineuse. Tombé sur le côté, les jambes suspendues au-dessus de l’abîme, en panique nous l’avions sorti du pétrin.
Ce voyage aux Pyrénées avec l’un de mes meilleurs amis a été l’un des meilleurs de ma vie. Chaque fois que je rends visite à Charles, non sans fierté je ne peux m’empêcher de remarquer, accrochés au mur, les quelques portraits que j’avais pris de lui, sur fond de paysages qu'un jour j’espère revoir. Charles, mon ami, que penses-tu d’y retourner en 2022, pour souligner le vingtième anniversaire de ce périple mémorable?
mardi 29 janvier 2013
Grillage
En retrouvant cette photo, j'ai l'idée de m'en servir sur le présent blogue. C'est que, paradoxalement dans cette mégalopole aux vingt millions d'usagers quotidiens, je n'emprunte que rarement les transports en commun, du moins depuis mon emménagement dans un quartier central, en juin dernier. Les occasionnels frais de transport sont généralement payés par mon employeur, lorsqu'il m'envoie prêter main forte à une école éloignée.
Hormis ces moments parmi les fourmis du métro-boulot-dodo, je m'astreins à l'autopropulsion sur deux roues. Pour aller à l'école où j'apprends et à celles où j'enseigne, à la rencontre d'amis ou en plein magasinage, le vélo prévaut, car il en vaut la peine, car j'en suis dévot.
J'oublie facilement à quel point je suis privilégié de non seulement aimer me déplacer ainsi, mais de vivre dans un ville où la qualité de l'air et celle du chauffeur moyen se prêtent bien à ce mode de transport. J'ai de la chance, moi pour qui une grille bloquant l'accès au métro n'implique aucune entrave à la mobilité intraurbaine, mais plutôt une belle occasion de photo.
lundi 28 janvier 2013
Dédrabisation
Il est d'abord question de le munir de meubles, presque tous donnés par des amis ou trouvés dans la rue. Hier, près de mon gym, j'ai d'ailleurs dégoté une petite étagère impeccable, qui sert désormais de garde-manger.
Ensuite viennent les ajustements graduels, effectués en permanence, à force d'expérience et d'analyse de ce qui ne va pas rondement, pour rendre mon espace de vie plus fonctionnel et efficace. Notons entre autres l'achat de crochets permettant de suspendre les tasses à café pour ainsi libérer de l'espace pour le reste de la vaisselle, le fait de déposer clés, gants et foulard toujours au même endroit pour éviter d'avoir à les chercher au moment de sortir, ou encore la création rubanesque d'un porte-balai pour désencombrer le débarras.
Qu'exposer au lieu de ces tenugui compris à l'achat? |
Finalement s'impose la décoration, car l'envie de couvrir ces murs à la blancheur drabe s'est récemment fait ressentir. Dans une boutique d'articles d'occasion, j'ai ainsi mis la main sur quelques cadres, dans lesquels insérer des œuvres lentement accumulées. Voici ci-dessous la première née, composée d'une photo de promotion de ce que je devine un film de samouraï où la vengeance, probablement pour le meurtre d'un frère, se fera à la pointe d'un tantō, et ce malgré les exhortations de la belle, affolée, sur fond de prospectus de l'exposition célébrant le 60e anniversaire du Musée national d'art moderne de Tokyo. J'aime le contraste entre la photo monochrome et le fond coloré, et je trouve que ce cadre sied drôlement bien à mon vestibule. Ça promet pour la suite des choses décoratives!
dimanche 27 janvier 2013
Pierre et les gens bons
Les hivers de ma jeunesse ont été enrichis par de nombreuses journées à dévaler les pistes de Stoneham, au nord de Québec, station de ski dont je me plaisais à traduire le nom par roche jambon. Mon anglais limité m’empêchant de réaliser qu’il eut plutôt fallu opter pour jambon de roche (ou encore jambon à la roche, à la manière de gâteau au chocolat pour chocolate cake). Qu’importe qu’elle fût erronée, l’appellation roche jambon me faisait rigoler. Jamais, toutefois, je n’aurais pu m’imaginer qu’un jour j’allais établir un parallèle entre ce souvenir de jeunesse et l’industrie nippone. Observez-moi procéder exactement ainsi, dès que sera opéré le changement de paragraphe.
samedi 26 janvier 2013
Germanofaux
Voici ma chope, un souvenir utile rapporté du Canada. En céramique et achetée au Village des Valeurs, d'un côté elle met en scène un village alpin, avec les inscriptions allemandes Lieb und Lied (amour et chanson) et froh Gemüt (bonne humeur); de l'autre, un brave moustachu enchaînant les accords sous les oreilles attentives de sa famille, tandis que le chat roupille. Son anse rappelle une branche irrégulière, tandis que les nombreux détails, dont les outils au mur et la pipe au sol, agrémentent la scène et lui confèrent de la profondeur. En somme, une très belle trouvaille, valant amplement la somme de 1,99 $ plus taxes.
Compte tenu de sa qualité de fabrication et des scènes qu'elle dépeint, cette chope je la croyais initialement issue d'un pays germanophone. Quelle surprise de la retourner pour y apercevoir le Made in Japan, bien en évidence, indiquant une origine remontant à l'époque où le pays était un exportateur majeur d'ustensiles et de vaisselle. En la rapatriant de la sorte, j'ai l'impression de lui avoir permis de finir ses jours dans le pays qui l'a vu naître. Pour me remercier de ma gentillesse, un jour, débordante de bière et perchée au bout de mon bras, elle m'aidera à entonner des chansons allemandes parlant d'amour et de bonne humeur. Prost!
vendredi 25 janvier 2013
Interactionnable
Dans la ruelle ou le long du grand boulevard, mes pieds foulent le sol de divers quartiers. L'air est frais sans être froid, le vent, inexistant. Il fait bon courir en ce début de nuit et je maintiens mon rythme. Ce soir me rappelle tout le plaisir que j'éprouve à pratiquer cette activité, surtout que les occasions se sont faites rares depuis le début de l'année.
La course à pied ne se définit pas que par ses bienfaits physiques, quoiqu'ils en constituent l'essence même. Il s'agit de voir du pays, de le voir autrement. D'observer les badauds, de se faire observer par les badauds. De découvrir un chemin, un quartier, un monument en y posant pour la première fois son regard. De redécouvrir un chemin, un quartier, un monument en y jetant un regard nouveau.
Ce soir vers la mi-parcours, je longe l'enceinte du Palais d'Akasaka. En attendant de traverser à l'intersection des boulevards Gaien-Higashi et Aoyama, je remarque une grande carte interactive des environs. De nombreux points d'intérêt y sont répertoriés sur le tableau de commande. J'appuie, au hasard, sur le bouton correspondant à l'un ces lieux, et l'itinéraire depuis la station Aoyama-itchome se met à clignoter.
J'appuie sur le bouton d'un autre lieu. Son itinéraire aussi s'illumine, sans que l'autre s'éteigne. Un sourire taquin aux lèvres, j'appuie coup sur coup sur toutes les rangées de boutons, au moment même où le feu de signalisation tourne au vert. Je me mets à courir puis me retourne en milieu de boulevard pour apercevoir, glorieuse, cette immense carte du quartier dont j'ai été l'imprésario, scintillant de tous ses feux. Malgré moi je me mets à ricaner. Oui, j'aime la course à pied.
jeudi 24 janvier 2013
Cisaille
Pour vérifier la qualité des pièces de son butin, le pirate en croquera quelques-unes à l'affût d'empreintes de dents, l'or pur se caractérisant par sa malléabilité.
Pour s'assurer que le couteau qu'il songe à se procurer est affûté, l'amateur en effleura le tranchant du bout du pouce. Un bon couteau s'enfoncera légèrement dans la peau au moindre contact. C'est ce qui distingue les véritables canifs suisses de leurs pâles imitations chinoises.
J'ai usé de cette vérification d'aiguisage primitive en magasinant un couteau de cuisine de fabrication japonaise, hier dans une quincaillerie dotée d'une appréciable sélection. Le second et dernier que j'ai assujetti au test du pouce m'a surpris de par son affûtage extrême, pratiquement au point de me donner des sueurs froides, à penser aux dégâts que cette arme de cuisson massive pourrait occasionner en cas d'accident de planche à découper.
Quel plaisir, doublé d'un sentiment de puissance, que de tenir pareille merveille! J'ai même pu l'inaugurer le soir même. Il n'a pas déçu, et bien qu'il était coupant au point de me permettre de trancher mes oignons avec à peine plus de force que celle requise pour fendre l'air, aucun incident n'a été déploré. Dès que je serai en possession d'une pierre à aiguiser, j'espère pouvoir utiliser ce couteau pour des années à venir, pour hacher mes aliments aisément, sans me taillader au passage.
Ne reste plus qu'à déchiffrer le nom de son artisan |
mercredi 23 janvier 2013
Gens du pays à l'ouvrage, 2/2
La parasolière qui va te garder à l'ombre pour tes noces |
Le coiffeur de campagne qui va te faire une belle coupe à la mode |
Le maître golfeur qui va t'enseigner à la taper loin |
Le loup de mer drette comme une barre qui va te mener à bon port |
Le joueur de triangle, ou plutôt de cercle, qui va te tenir un beau rythme régulier |
Le jeune arriviste qui va t'envoyer une demande d'amitié en ligne |
Les préposés au stationnement qui vont t'avouer avoir jadis rêvé à une carrière de policier |
L'animateur amoché qui va espérer que tu ne lui demandes pas ce qui s'est passé |
La pourvoyeuse de bière mousseuse qui va t'en vendre à volonté ou ébriété |
mardi 22 janvier 2013
Gens du pays à l'ouvrage, 1/2
Le cowboy qui va te rosser si tu lui livres un duel |
Les percussionnistes qui vont te tabasser si tu provoques une rixe |
Le lutteur qui va te passer au bat si tu oses souiller son ring |
L'artisan qui va te tailler en morceaux à la moindre tentative de dégainer plus vite que lui |
Le membre de l'escouade canine qui va te broyer le bras si tu pénètres son périmètre de sécurité |
L'attiseur de flammes qui va te marquer au fer si tu prétends surpasser sa maîtrise du tisonnier |
Les confrères qui vont te porter si tu sors meurtri de ton duel, ta rixe, ta bastonnade, ton broyage, ta taillade ou ta brûlure. |
lundi 21 janvier 2013
Dictonnaire
J'avais souligné, il y a de ça plus de deux ans, l'adéquation des jours de la semaine, le lundi étant notamment, comme dans notre langue, le jour de la lune (getsuyōbi, 月曜日). À présent, voyons quelles trouvailles nous réservent les dictons.
dimanche 20 janvier 2013
Omnipr_s_nt
Travail ardu. Partout il apparaît, constituant un apport contributif garanti, s’infiltrant à profusion dans plus d’un mot. Maints mots ainsi proscrits, tant d’outils manquants, nuisant à un parcours sans accroc.
La discussion, il faut savoir la choisir. Quoi donc? Voilà! Handicap, car mon pari choisi m’a mis dans un coin invalidant. Pas façon golf. Handicap global, puisqu'aboutir à un point clair, ni trop abasourdissant, ni trop abracadabrant, faisant tabula rasa d'un composant aussi primordial du français, voilà un handicap inouï aux choix tout sauf infinis!
Ma situation d'automutilation à mots doux, comparons-là à un rat sans odorat, un char sans volant, un humain sans poumon droit, un manchot cuistot. Biscornu, mais aussi malplaisant à souhait, pas vrai? Ainsi, moi, grand manchot monopoumon sans guidon, à bout d’inspiration mais satisfait, au lit j'y vais, subito. Moi, mon futon, nous avons un rancard, mus par moult plaisirs promis du dodo. Ciao!