Les deux autres étudiantes du cours, Elizabeth l'Équatorienne et Agatha la Philippine (des noms très britanno-classiques, en contraste avec leurs origines), étaient de niveau comparable au mien. Les leçons étaient donc bien équilibrées et intéressantes.
Comme quoi rien ne dure éternellement, à mon retour, lundi cette semaine, deux anciennes nouvelles étudiantes se sont jointes. Anciennes car elles y étaient avant mon arrivée, nouvelles car elles étaient en vacances lors de mes deux semaines initiales. Une Néerlandaise enceinte, revenue d'un mois en Europe, et une Pakistanaise en plein Ramadan, restée à Tokyo mais s'étant occupée de membres de sa famille en visite.
Non seulement elles arrivent bien en retard, mais initialement elles ne font que parler anglais. Je me tais, dans l'espoir que bien vite elles se mettent à parler japonais. Mais voilà que Selma la Néerlandaise m'adresse la parole :
Elle : d'où viens-tu? (en anglais)
Moi : peux-tu essayer de me poser la question en japonais? (en japonais)
Elle: Non. (en anglais)
Moi (contenant à peine ma rage devant son attitude minable) : À quoi ça sert d'être ici si tu ne veux pas parler japonais? (en anglais). Puis, exaspéré : je viens du Canada. (en japonais).
Je peux comprendre que ces filles aient perdu un peu de leur japonais, mais la classe étant techniquement de niveau intermédiaire, elles auraient dû être en mesure, ou du moins tenter, de me poser de telles questions de base dans la langue des sept samouraïs. Ce n'était justement pas tant leur niveau faible que leur absence d'effort qui m'agaçait. J'ai diplomatiquement décidé qu'il valait mieux suivre la leçon sans verbaliser les sentiments belliqueux qui m'habitaient.
Ce cours, qui jusque là avait été si plaisant, s'en est ainsi trouvé grandement ralenti, au point où je me suis mis à m'y emmerder, en bonne partie par des questions telles que (et toujours posées en anglais) : qu'est-ce que « suzushii » veut dire? Tout le monde sait ce que « suzushii » signifie, bon sang!
Le mercredi, j'ai demandé d'observer le cours de niveau supérieur, en après-midi celui-là. Quelle différence! De premier de classe, j'en suis devenu le cancre. Tout de même, puisque des leçons un peu trop difficiles sont préférables à celles trop faciles, j'ai officialisé mon transfert la journée même.
Comme quoi il est difficile de trouver son niveau et d'y rester. J'espère évidement ne pas devenir la Néerlandaise de mes nouveaux camarades!
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