Vingt-trois heures cinquante-six. Trente minutes pour écrire, pas une de plus.
Sur mon pupitre, à la droite de mon ordinateur, une banane dont le brun est en train de repousser le jaune dans ses derniers retranchements. Le dilemme se présente toujours devant une banane vieillissante : elle a beau être encore bonne, son aspect peu ragoûtant fait en sorte que plus le temps avance, moi j'ai envie de la manger. Finira-t-elle dans la poubelle ou dans mon estomac (bien que d'aucuns pourraient parfois arguer qu'à l'occasion mon estomac fasse office de poubelle), telle est la question. Suspense qui trouvera son issue dans une journée ou deux.
À la droite de ma souris rouge, une bière dénommée 90 Days Stout, à la bouteille brune, dont l'étiquette comporte un sosie de Miles Davis, le sax au bec. Je ne me souviens pas vraiment du visage de Miles, ni si son instrument était réellement le saxophone. Grâce aux pouvoirs des technologies ahurissantes du vingt-et-unième siècle, je pourrais en avoir le cœur net en moins de deux quarts de minute, mais je viens de décider, et cette décision est sans appel, de ne pas le faire, dans l'espérance que ma mémoire n'ait pas eu la faculté d'oublier.
Ce lundi, de nouveaux cours de japonais j'ai entamés, profitant d'une promotion estivale aperçue dans un magazine anglophone de Tokyo. Voilà un rare exemple où la publicité s'est révélée réellement utile pour moi, pour l'annonceur (l'école en question) et pour le diffuseur (Metropolis). Ladite école est située au vingt-deuxième étage d'une tour en verre d'où on peut apercevoir bon nombre d'autres tours en verre. Le panorama est particulièrement impressionnant depuis les toilettes des hommes, situées dans le coin. Je me vois bien, comme dans une comédie crue, regarder la vue par-dessus mon épaule et en être distrait jusqu'à en pisser hors de l'urinoir.
D'ici deux semaines, je me délecterai de cinq jours de congé, au cours desquels je caresse l'idée de me rendre dans la ville de Fukushima, dans la préfecture de Fukushima, où parait-il il y aura un festival organisé par des Fukushimaïens (nom supposé des habitants de l'endroit) qui souhaitent, pour une raison ou une autre, dissocier Fukushima de certains événements récents pour le moins dire négatifs. Cette période correspond à l'Obon, un festival dont j'ai oublié la raison mais durant lequel le Japon tout entier semble en congé, et s'il y a bien un endroit au Japon qui devrait être tranquille c'est bien Fukushima. C'est la quatrième fois que j'écris ce nom maudit commençant par f majuscule; le temps est venu de passer à un nouveau paragraphe.
J'ai découvert l'autre jour une infâme représentante de la famille Pitre, Marguerite, la dernière femme condamnée à la pendaison au Canada. J'ai aussi découvert l'autre jour un mot rigolo en japonais : 正月太り (shōgatsubutori), qui veut dire engraisser pendant les Fêtes.
L'autre jour justement, je me suis acheté le chandail d'une équipe de soccer japonaise, l'Albirex de Niigata, dont le logo est composé d'un cygne, d'une cigogne, d'un héron ou d'une grue, je ne sais trop. Un de ces oiseaux échassiers à long cou. Le chandail est orange et était pas cher. Pas cher parce que, j'ai appris plus tard, son design est en fait l'ancien, remplacé depuis peu par une nouvelle version. J'ai vu la nouvelle version, et je suis content d'avoir la vieille, plus belle, à mon avis, et moins chère, de l'avis de tous.
J'ignore combien de paragraphes j'ai écrit jusqu'à présent. Je dirais neuf. Le présent serait donc le dixième. C'est drôle d'ailleurs comment dixième se prononce réellement dizième. Sur ce, les trois dizaines de minutes arrivent à échéance!
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