Mon ami Alain et moi discutons dans le hall principal de notre école de japonais. Un homme japonais d'un certain âge passe par là, s'arrête sec devant nous et nous demande : « parlez-vous français? ».
Un peu étonnés, nous répondons par l'affirmative. Je me dis d'emblée qu'il doit s'agir d'un retraité qui s'est mis au français pour se tenir occupé. Si nous sommes surpris par la qualité de son français, nous le sommes d'autant plus lorsqu'il nous révèle être le directeur de l'institut. Une grosse pointure, ancien étudiant à la Sorbonne et auteur d'une anthologie de la diplomatie française du vingtième siècle. Pas n'importe qui, le monsieur.
Il nous indique qu'il vient de terminer la séance hebdomadaire du cours de conversation française qu'il donne, pour le plaisir avant tout. Il nous demande si ça nous conviendrait de le remplacer de temps à autre, au cas où. Ça nous ferait certainement plaisir, lui assure-t-on. Il prend note de nos adresses de courrier électronique, puis reprend son chemin. Nous restons là, un tantinet éberlués par cette rencontre fortuite.
Deux semaines plus tard, courriel de monsieur Oi. Pourriez-vous venir me remplacer pour la séance du 29 juillet, car je dois me rendre à Niigata pour la conférence de l'ISC? Mais bien sûr, monsieur Oi!
C'est ainsi qu'après plus de trois mois à inculquer une langue qui n'est pas la mienne, ce qui peut-être rend jaloux quelques-uns de mes collègues unilingues anglophones, et parfois je me sens presque intrus de le faire, j'aurai mon baptême d'enseignement de ma langue maternelle. C'est maman qui sera contente!
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