Cette expérience, j'eus aimé la prolonger. J'ai certainement envie de la répéter. Récit d'une journée de volontariat.
Au matin, vers sept heures, mes coéquipiers et moi nous levons lentement, et déjeunons. J'ai quelques vivres, mais Alex, le chef d'équipe, qui vient d'Allemagne, m'indique que je peux également prendre quelques aliments reçus en don par le refuge.
Mis à part Alex et moi-même, l'équipe de la journée est composée de Joe, Jason et Justin les Américains, et Teruyoshi et Toshiki, d'origine japonaise.
Chevauchant des vélos, pour la plupart rescapés des débris laissés par le tsunami et en condition variable, nous pédalons jusqu'aux terrains de l'université locale, où un village de tentes a été érigé par bon nombre d'autres bénévoles. Cet endroit est en quelque sorte le centre de tri, où sont déterminés les groupes de la journée et les moyens de transports pour les conduire aux différents sites.
Puisque les travaux ont lieu au sein de domiciles sinistrés, remplis de clous et autres périls, on me demande de souscrire à une assurance. C'est un certain
Jaime El-Banna, coordonnateur énergique et sur le terrain depuis déjà plusieurs mois, qui chapeaute cette tâche. Comme tant d'autres, il est devenu leader par la force des choses, sans réelle expérience de bénévolat avant de mettre les pieds dans le
Tōhoku.
Une fois assuré, je reçois un autocollant de tissu comportant mon nom, à apposer sur mes vêtements. Éternel maladroit, je l'échappe dans une flaque d'eau, et il en perd ses qualités adhésives. Je serai donc sans nom pour cette journée!
Notre petit groupe, auquel se greffe Bob d'Écosse, Marci de Nouvelle-Zélande, Trevor, de Colombie-Britannique et de trois autres Japonais dont j'ai oublié le nom, est transporté en camionnette vers notre lieu de travail pour la journée. Notre tâche : préparer, en vue de leur restauration, des maisons dont les fondations et la charpente sont relativement intactes. Cela implique d'arracher le plancher, l'isolant sous-jaçant et le plâtre des murs. Rien de très glorieux, certes, mais cela permettra au bout du compte de redonner un domicile à ceux qui l'ont perdu.
Sur l'heure du dîner, nous nous rendons tous à une maison dont le courant a été rétabli, où quelques femmes ont préparé un excellent dîner, que nous mangeons dans un atmosphère de convivialité. D'ailleurs, j'ai ressenti cette bonne humeur et un esprit de camaraderie toute la journée, pas seulement parmi les bénévoles, mais également chez les habitants de l'endroit, ceux qui ont tout perdu, à commencer par des êtres chers.
Remis au boulot en après-midi, c'est au moment d'une pause, vers 14h30, qu'un
séisme de magnitude 6,3, suivi d'une alerte au tsunami, met prématurément un terme à la journée. Même si le tsunami n'aura atteint que 50 centimètres sans entraîner de dégâts, on nous somme par précaution de nous rendre en terrain élevé. Le travail se terminant généralement vers 15h30, on déclare la fin de la journée, et nous regagnons le refuge.
Ce que j'ai retenu de cette journée, c'est la gentillesse et l'esprit de coopération généralisés, la force de caractère des citoyens d'Ishinomaki et le dévouement des bénévoles. Même les gestes les plus infimes font la différence.
Ce n'est qu'un au revoir, Ishinomaki!