Dans visa vacances-travail, il y a vacances et il y a travail. Des vacances, qui ont duré presque quatre mois et qui ont été rendues possibles par des économies qui ne sont plus ce qu'elles étaient, je passe maintenant au travail.
Un travail jusqu'ici fascinant, celui d'instructeur d'anglais donnant surtout des leçons individuelles. Je n'ai enseigné qu'à sept personnes jusqu'à présent, mais toutes étaient uniques, avec une personnalité et des objectifs propres.
Dans les mois à venir, grâce à ce poste je rencontrerai des gens issus d'un large pan de la société japonaise. Un avenir rapproché qui s'annonce chargé. Comment pourrait-il ne pas l'être avec des cours de japonais les matins de semaine, et de l'enseignement les fins de semaine et les soirs de semaine?
Dans cet avenir rapproché et chargé, donc, je compte enseigner à des Japonais, persévérer dans mon apprentissage du japonais, et ce, en travaillant comme un Japonais.
Aux travaillants de ce monde, je dis : Japeau!
samedi 30 avril 2011
vendredi 29 avril 2011
Trad et treize
Le destin a voulu que mon parcours ressemble à la Grande Ourse |
Treize kilomètres de jogging dans la ville, ville d'apparence plus calme que la normale, Gōruden Wīku oblige.
Si lorsque je suis à vélo, les conducteurs sont généralement consciencieux et me laissent une certaine marge de manœuvre, c'est tout le contraire pour les piétons, face auxquels je dois faire gaffe en pleine course lorsqu'ils sont nombreux.
Quand ils ne sont pas dans la lune en regardant partout sauf où ils vont, toute leur attention est portée sur leur cellulaire ou leur jeu vidéo portatif, ou alors ils fixent le sol devant leurs pieds. Un simple jogging se transforme ainsi en course à obstacles.
Mais bon, je m'y fais. Les Japonais, quoique distraits, ont l'avantage d'être rarement obèses, donc faciles à éviter, malgré qu'une collision avec une personne enrobée serait probablement moins douloureuse qu'avec un maigrichon aux arêtes vives!
mercredi 27 avril 2011
Soir de première
J'ai donné aujourd'hui mes deux premières leçons d'anglais à vie. La première fois de toute chose, c'est toujours excitant.
L'étudiant à qui j'ai enseigné travaillait dans le domaine biogénétique et son niveau d'anglais était étonnamment élevé. D'emblée, il m'a demandé de réviser une lettre de présentation et son curriculum vitæ, en vue d'obtenir un poste dans son domaine aux États-Unis. M'étant préparé à donner ma leçon de la meilleure manière possible, sa demande inusité m'a surpris! J'ai promis d'effectuer une courte révision plus tard, et je me suis concentré sur l'essentiel : les notions à inculquer. Ça ne sera assurément pas le dernier imprévu de ma carrière d'instructeur!
Les leçons se sont globalement bien déroulées. Je ne pouvais demander mieux comme élève : disposé à parler abondamment, il m'a posé quelques questions pertinentes, et le thème du jour, la planification et la réalisation de réunions d'affaires, le touchait directement.
Les quarante minutes de chaque leçon se sont ainsi écoulées très rapidement. C'est remarquable la manière dont la perception du temps est relative. À la fin, nous avons tout de même eu l'occasion de comparer les rituels d'échange de cartes professionnelles du Japon et d'Amérique du Nord.
Au Japon, m'a-t-il expliqué, il s'agit justement beaucoup plus d'un rituel, avec son lot de lois non écrites, qu'une simple pratique. Il ne suffit pas d'accepter la carte de son interlocuteur, il faut la traiter avec respect et dignité. Il m'a ainsi raconté une anecdote savoureuse : servant d'intermédiaire entre un grand scientifique japonais et un homme d'affaires américain lors d'un dîner d'affaires, il a été mortifié de voir l'Américain commettre l'irréparable : poser son verre sur la carte de l'éminent chercheur, comme si cette dernière n'était qu'un vulgaire sous-verre. La honte!
D'aucuns m'ont déjà mentionné que l'enseignement des langues constituait une des meilleures manières de découvrir la culture d'un pays et ses habitants. Après ces premières leçons à vie, je n'ai aucune difficulté à le croire!
L'étudiant à qui j'ai enseigné travaillait dans le domaine biogénétique et son niveau d'anglais était étonnamment élevé. D'emblée, il m'a demandé de réviser une lettre de présentation et son curriculum vitæ, en vue d'obtenir un poste dans son domaine aux États-Unis. M'étant préparé à donner ma leçon de la meilleure manière possible, sa demande inusité m'a surpris! J'ai promis d'effectuer une courte révision plus tard, et je me suis concentré sur l'essentiel : les notions à inculquer. Ça ne sera assurément pas le dernier imprévu de ma carrière d'instructeur!
Les leçons se sont globalement bien déroulées. Je ne pouvais demander mieux comme élève : disposé à parler abondamment, il m'a posé quelques questions pertinentes, et le thème du jour, la planification et la réalisation de réunions d'affaires, le touchait directement.
Les quarante minutes de chaque leçon se sont ainsi écoulées très rapidement. C'est remarquable la manière dont la perception du temps est relative. À la fin, nous avons tout de même eu l'occasion de comparer les rituels d'échange de cartes professionnelles du Japon et d'Amérique du Nord.
Au Japon, m'a-t-il expliqué, il s'agit justement beaucoup plus d'un rituel, avec son lot de lois non écrites, qu'une simple pratique. Il ne suffit pas d'accepter la carte de son interlocuteur, il faut la traiter avec respect et dignité. Il m'a ainsi raconté une anecdote savoureuse : servant d'intermédiaire entre un grand scientifique japonais et un homme d'affaires américain lors d'un dîner d'affaires, il a été mortifié de voir l'Américain commettre l'irréparable : poser son verre sur la carte de l'éminent chercheur, comme si cette dernière n'était qu'un vulgaire sous-verre. La honte!
D'aucuns m'ont déjà mentionné que l'enseignement des langues constituait une des meilleures manières de découvrir la culture d'un pays et ses habitants. Après ces premières leçons à vie, je n'ai aucune difficulté à le croire!
mardi 26 avril 2011
À la charge!
Une journée bien chargée, c'est quitter son logis à 8h50 pour ne le regagner qu'à 22h15, et n'avoir pas le temps de souffler dans l'intervalle.
Une journée bien chargée, c'est apercevoir sur le coup de minuit le mardi passer au mercredi, et se rendre compte du même coup qu'on n'a pas pris, ni même eu, le temps de faire ses devoirs de japonais.
Une journée bien chargée, c'est, arrivé au moment où elle est techniquement terminée, où tout a été fait, ne pas avoir envie de se coucher tout de suite, même si on devrait.
Une journée bien chargée, c'est apercevoir sur le coup de minuit le mardi passer au mercredi, et se rendre compte du même coup qu'on n'a pas pris, ni même eu, le temps de faire ses devoirs de japonais.
Une journée bien chargée, c'est, arrivé au moment où elle est techniquement terminée, où tout a été fait, ne pas avoir envie de se coucher tout de suite, même si on devrait.
lundi 25 avril 2011
Cravaté
Demain, toute la journée, jour six et ultime de ma formation d'instructeur d'anglais, directement au centre d'enseignement qui sera mon port d'attache, dans le quartier Ueno. Il s'agit en quelque sorte du dernier grand test, avant l'inévitable et espérons pas trop pénible période de probation.
Je compte y porter une cravate noire, habituellement réservée aux funérailles par les Japonais. Reste à savoir si, en ma qualité d'étranger, j'aurai droit à une exception. Car j'aime ma cravate noire, et nul besoin d'un enterrement pour me la faire porter!
Je compte y porter une cravate noire, habituellement réservée aux funérailles par les Japonais. Reste à savoir si, en ma qualité d'étranger, j'aurai droit à une exception. Car j'aime ma cravate noire, et nul besoin d'un enterrement pour me la faire porter!
dimanche 24 avril 2011
Portrait d'adopté du Japon : René Pagé
M. Pagé arrosant son jardin. |
D’où viens-tu et qu’est-ce qui t’a apporté au Japon?
Je suis né à Saint-Louis-de-France. Mon père ayant été cultivateur et menuisier, j’ai hérité de ces deux passions.
Après mon secondaire, je me suis joint à Communauté des Frères de l’instruction chrétienne de Pointe-du-Lac, au sein de laquelle j’ai fait une partie de mon éducation à Cap-Rouge, près de Québec.
De là j’ai passé quatre ans aux États-Unis, en Ohio. Mes études universitaires ont eu lieu à la Walsh University, dirigée par les frères de cette même communauté.
En 1970, à l'âge de 22 ans, je me suis amené au Japon comme missionnaire.
Est-ce qu’ils t’avaient donné le choix d’y aller?
On nous avait demandé si quelqu’un souhaitait aller au Japon. Puisque ça m’intéressait, j’en avais fait la demande. C’est la raison pour laquelle j’ai fait ma formation aux États-Unis : pour me préparer à [enseigner] l’anglais.
Nous avions trois écoles au Japon. Ayant obtenu ma licence d’enseignement de l’État d’Ohio, j’ai enseigné d’abord trois ans à notre école internationale de Tokyo, desservant les étrangers habitant la capitale. Soixante nationalités étaient représentées, majoritairement des enfants d’expatriés travaillant dans les ambassades et les grandes compagnies. Cette école étant affiliée à une école américaine, je n’avais pas besoin d’être titulaire d’une licence d’enseignement japonaise pour y enseigner. Ma licence américaine suffisait.
J’ai ensuite étudié à une école de langue japonaise pendant deux ans, après quoi j’ai enseigné à une école japonaise de Yokohama. C’est là que j’ai obtenu ma licence d’enseignement japonaise, reconnue par la préfecture de Kanagawa.
J’ai enseigné à cette école pendant une vingtaine d’années. Au même titre qu’un professeur japonais, j’ai été titulaire de classe, et j’ai même eu des fonctions dans l’école.
J’ai fini par me tanner de la grosse organisation d’une grande école, de la tension que ça pouvait engendrer. Souvent j’allais me promener en campagne, et je rêvais justement de vivre en campagne japonaise.
À moment donné, j’ai décidé de voler de mes propres ailes. Je suis retourné au Canada, où j’ai essayé de me trouver un emploi.
Ce retour au Canada remonte à quand?
Ça fait 18 ans, donc vers 1993 ou 1994.
Étais-tu encore membre de ta communauté religieuse?
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter les ordres.
J’ai pensé d’abord me trouver un emploi au Canada, disons dans une organisation japonaise, pour rester en contact avec le Japon. Y ayant vécu 23 ans, je ne voulais pas y aller d'une rupture totale.
J’ai pensé d’abord me trouver un emploi au Canada, disons dans une organisation japonaise, pour rester en contact avec le Japon. Y ayant vécu 23 ans, je ne voulais pas y aller d'une rupture totale.
J’ai essayé toutes sortes d’options, mais rien n’a fonctionné. Quand Air Canada a lancé un nouveau vol pour le Japon, à l’aéroport d’Osaka, j’ai pris part à l’entrevue. Ils exigeaient la connaissance des trois langues : le japonais, l’anglais et le français. J’ai passé avec brio ce volet, mais dans les aspects techniques je ne m’en suis pas aussi bien sorti. Je n’ai donc pas obtenu l’emploi.
Comme je m’ennuyais du Japon, j’ai décidé d’y revenir, et de recommencer à zéro, cette fois-ci en tant que « civil ».
Je suis arrivé à l'aéroport Narita, et puisque je connaissais bien Yokohoma, j’ai pris le bus vers cette ville. Je me suis loué un appartement à la semaine, et sans tarder j’ai feuilleté les annonces classées à la recherche d’un emploi. Il m'a fallu une semaine pour décrocher un poste à Mito, capitale de la préfecture d’Ibaraki.
Malheureusement, je n’ai pas vraiment aimé l’endroit. C’était une petite école privée, plus une business que de l’éducation. J’avais l’impression que mon employeur était un profiteur. Même si j’y suis resté seulement deux mois, j’y ai fait de bonnes rencontres, dont une dame, amie du maire de Mito. Elle m’avait dit : « donne-moi ton CV, je vais le transmettre au maire »
Tu avais des contacts dans les hautes sphères.
Oui [rires]. Trois jours plus tard j’ai reçu l’appel du directeur d’une école secondaire, ici, à Kashima, qui cherchait un professeur d’anglais. J’ai été engagé dès le lendemain. J’y ai travaillé six ans comme professeur, au même titre que les professeurs japonais.
À un certain moment, la direction de l’école a changé et les choses se sont gâtées. J’ai donc décidé de remettre ma démission à l’âge de 53 ans, afin de partir à mon compte, de fonder ma propre école.
Un facteur qui m’a motivé à quitter cet emploi est que, sur ces entrefaites, j’ai obtenu ma résidence permanente japonaise.
C’était vers quelle année?
1997, peut-être. Dès lors, je me suis dit que j’étais libre, que je n’avais plus besoin d’avoir un employeur. [NDLR : travailler pour un employeur est une condition essentielle à l’obtention et au maintien d’un permis de travail, mais pas d’une résidence permanente. Cette dernière confère tous les droits du citoyen japonais, à l'exception du droit de vote.]
C'est ainsi que j'ai découvert que ce terrain [sur lequel la maison est maintenant bâtie] était à vendre. Je l’ai acheté et je me suis construit, après quoi j’ai ouvert mon école.
Elle existe depuis quand?
J’amorce ma onzième année. Elle a ouvert ses portes en avril 2000.
Es-tu satisfait du stade auquel tu es rendu dans la vie?
Tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent, l’expérience que j’ai prise, a rendu le présent possible. Je suis une personne qui regarde vers l’avant. Je ne regrette absolument rien. J’ai bien aimé mes années à Yokohama et Tokyo. Elles ont été très enrichissantes, et elles ont pavé la voie à ce que je vis présentement.
C'est maintenant que j’ai le plus l’impression de rendre service à la communauté. Dans une grosse école, tes efforts sont perdus dans un ensemble, c’est plus difficile de bien rejoindre les gens. Tandis que dans une petite école comme la mienne, c’est moins machinal, tu peux rejoindre les gens, qui viennent parce qu’ils en ont envie, par choix.
De tous les emplois que j’ai occupés, c’est celui que je préfère. J’ai passé l’âge de la retraite depuis quatre ans, mais tant que les élèves vont vouloir venir, tant qu’ils vont être satisfaits, et tant que je serai en forme et que j’en tirerai du plaisir, je vais continuer à enseigner.
samedi 23 avril 2011
Cracottes
Voici un produit au nom pour le moins curieux. Il me fait penser à un mélange de carottes, de cocottes, et de... je vous laisse deviner.
vendredi 22 avril 2011
jeudi 21 avril 2011
Habituation
Au café, en pleine étude, musique dans mes oreilles.
Le sol se met à trembler. Un autre séisme.
Je lève les yeux, retire mes écouteurs.
Personne ne semble réagir, sauf l'employée qui va ouvrir la porte d'entrée.
Rien. Que la musique d'ambiance et les luminaires qui se balancent au bout de leur cordon.
Scène et sensation à peine réelles.
Je hausse les épaules et replonge dans mes études.
Le sol se met à trembler. Un autre séisme.
Je lève les yeux, retire mes écouteurs.
Personne ne semble réagir, sauf l'employée qui va ouvrir la porte d'entrée.
Rien. Que la musique d'ambiance et les luminaires qui se balancent au bout de leur cordon.
Scène et sensation à peine réelles.
Je hausse les épaules et replonge dans mes études.
mardi 19 avril 2011
Poème sur le coup d'une heure
Un complet noir à 9800 yen
Une chemise blanche à 1200 yen
Dans le café, un couple de démunis s'étant partagé un seul café
Pour avoir le droit d'y dormir et se garder au chaud
En ce soir d'avril étonnamment froid
Au moins jusqu'à la fermeture de l'endroit
Une leçon à préparer ce soir
Et à enseigner au matin
Une journée assez longue
Une nuit qui sera trop courte
Une chemise blanche à 1200 yen
Dans le café, un couple de démunis s'étant partagé un seul café
Pour avoir le droit d'y dormir et se garder au chaud
En ce soir d'avril étonnamment froid
Au moins jusqu'à la fermeture de l'endroit
Une leçon à préparer ce soir
Et à enseigner au matin
Une journée assez longue
Une nuit qui sera trop courte
À la manière d'Yvon
Avant de prendre sa retraite, Yvon Deschamps riait volontiers de ses blagues pendant ses monologues, si bien que son rire enthousiaste était souvent plus drôle que ses propos aux oreilles du public.
J'ai eu droit à mon moment Yvon Deschamps aujourd'hui pendant ma formation. Ça s'est passé en avant-midi, au moment où nous suivions un cours d'indonésien, donné par la rayonnante Dharma, dans le but de nous faire comprendre la réalité de l'apprentissage d'une langue complètement étrangère.
La leçon portait sur les salutations élémentaires. Une feuille nous a été remise, comportant notamment la photo d'une femme serrant la pince d'un homme. Distraitement, je lui ai dessiné une belle moustache, tout en lui épaississant les sourcils. En voici le résultat :
Le problème, c'est qu'à chaque coup d'œil sur la photo, je devais m'empêcher de pouffer de rire à la vue de cette femme moustachue, pour éviter de semer le doute dans l'esprit de mes camarades quant à ma santé mentale. En bon élève, j'ai fini par chasser ce spectacle de ma vue en retournant la feuille, seul moyen de rester concentré sur la leçon.
Un beau moment Yvon, c'est Deschamps qui serait content!
J'ai eu droit à mon moment Yvon Deschamps aujourd'hui pendant ma formation. Ça s'est passé en avant-midi, au moment où nous suivions un cours d'indonésien, donné par la rayonnante Dharma, dans le but de nous faire comprendre la réalité de l'apprentissage d'une langue complètement étrangère.
La leçon portait sur les salutations élémentaires. Une feuille nous a été remise, comportant notamment la photo d'une femme serrant la pince d'un homme. Distraitement, je lui ai dessiné une belle moustache, tout en lui épaississant les sourcils. En voici le résultat :
Le problème, c'est qu'à chaque coup d'œil sur la photo, je devais m'empêcher de pouffer de rire à la vue de cette femme moustachue, pour éviter de semer le doute dans l'esprit de mes camarades quant à ma santé mentale. En bon élève, j'ai fini par chasser ce spectacle de ma vue en retournant la feuille, seul moyen de rester concentré sur la leçon.
Un beau moment Yvon, c'est Deschamps qui serait content!
lundi 18 avril 2011
Tour de pupitre
Premier jour d'une formation d'une semaine à l'enseignement de l'anglais. Si le tout se déroule bien, à son terme j'obtiens un poste d'instructeur. Parmi mes camarades de formation, notons
Une fille des Philippines au nom de famille ludique, Lego
Un Kamenya des États-Unis, aux parents du Kenya
Une Rebecca, ou Becca, c'est comme on veut, d'Angleterre et bien sympa
Une Elissa et une Alyssa, l'une d'Australie, l'autre d'Hawaï
Et moi, le pitre du Canada
dimanche 17 avril 2011
Kashima
J'ai visité aujourd'hui l'oncle d'un ami, dont je ferai le portrait sous peu, installé au Japon depuis 1970. René, de son prénom, possède une belle maison à Kashima, dans la préfecture d'Ibaraki, à environ une heure trente de voiture au nord-est de Tokyo.
C'était le premier endroit que j'ai visité qui comportait des dommages visibles du tremblement de terre, malgré que j'étais encore loin de l'épicentre, beaucoup plus au nord. Les routes étaient lézardées à plusieurs endroits, bon nombre de murets étaient écroulés, et le toit de la plupart des maisons était recouvert de toiles, là où il y avait auparavant des tuiles, détachées par les secousses. En voici quelques photos.
C'était le premier endroit que j'ai visité qui comportait des dommages visibles du tremblement de terre, malgré que j'étais encore loin de l'épicentre, beaucoup plus au nord. Les routes étaient lézardées à plusieurs endroits, bon nombre de murets étaient écroulés, et le toit de la plupart des maisons était recouvert de toiles, là où il y avait auparavant des tuiles, détachées par les secousses. En voici quelques photos.
samedi 16 avril 2011
Le où du comment
Voici une situation tout à fait banale au Canada. Je suis à la recherche d'un commerce dans un quartier que je ne connais pas très bien. Tant qu'à tourner en rond, j'entre dans le premier magasin et je demande à la personne derrière le comptoir si elle connaît l'endroit recherché. Le cas échéant, elle m'indique le chemin et je le remercie. Si elle l'ignore, elle me l'avoue, tout simplement. Je la remercie d'avoir voulu m'aider, puis je continue ma quête.
Un comportement des Japonais qui m'énerve, mais juste un peu, est l'obligation qu'ils ressentent de vous indiquer le chemin, même lorsqu'ils l'ignorent totalement. C'est à croire qu'ils se sentent forcés d'orienter les brebis égarées à tout prix, selon un quelconque code moral.
Ainsi, au lieu de me révéler tout bonnement et sans honte qu'ils ne sont pas en mesure de m'aider, ils réfléchiront lourdement, comme si de leur mémoire pourrait jaillir à tout moment le souvenir de l'emplacement visé. Ou encore ils se consulteront longuement entre eux, se mettront à chercher dans l'annuaire téléphonique ou sur Internet, ou appelleront leurs connaissances qui s'y connaissent en adresses.
Poireautant tandis qu'ils tergiversent, je pense au temps que je perds, et je m'imagine de sacrer mon camp sans mot dire. Mais évidemment je reste planté là en feignant des sourires polis, en hochant poliment de la tête, et au moment de partir je remercie mes interlocuteurs à profusion d'avoir su me retenir si longtemps.
Remarquez que, j'ai beau chialer contre cet excès de politesse, on a vu pire au chapitre des conduites répréhensibles!
Un comportement des Japonais qui m'énerve, mais juste un peu, est l'obligation qu'ils ressentent de vous indiquer le chemin, même lorsqu'ils l'ignorent totalement. C'est à croire qu'ils se sentent forcés d'orienter les brebis égarées à tout prix, selon un quelconque code moral.
Ainsi, au lieu de me révéler tout bonnement et sans honte qu'ils ne sont pas en mesure de m'aider, ils réfléchiront lourdement, comme si de leur mémoire pourrait jaillir à tout moment le souvenir de l'emplacement visé. Ou encore ils se consulteront longuement entre eux, se mettront à chercher dans l'annuaire téléphonique ou sur Internet, ou appelleront leurs connaissances qui s'y connaissent en adresses.
Poireautant tandis qu'ils tergiversent, je pense au temps que je perds, et je m'imagine de sacrer mon camp sans mot dire. Mais évidemment je reste planté là en feignant des sourires polis, en hochant poliment de la tête, et au moment de partir je remercie mes interlocuteurs à profusion d'avoir su me retenir si longtemps.
Remarquez que, j'ai beau chialer contre cet excès de politesse, on a vu pire au chapitre des conduites répréhensibles!
vendredi 15 avril 2011
Depuis peu
Une tendance surprenante que j'ai constatée chez nombre d'établissements est la mention clairement indiquée d'une année de fondation très récente.
Si le Depuis 1932 ornant mon t-shirt est gage de qualité pour Laferté Bicycles, Since 2010 ne n'impressionne pas vraiment. Après tout, le Rockaholic donné en exemple pourrait très bien être un bar mal famé aux boissons infectes qui fermera dans les six mois. C'est peut-être qu'au fond, les Japonais accordent plus d'importance à la nouveauté qu'à la pérennité...
jeudi 14 avril 2011
En un tournemain
Voici quelques mots liés à la main que je trouve intéressants. Le caractère la représentant, 手 se prononce té. Avouons, avec un peu d'imagination, qu'il ressemble à une main à six doigts. Sans plus tarder, mettons la main à la pâte.
手袋 (tébukuro). 袋 signifie sac. Un sac de main? Un gant, bien sûr!
手首 (tékubi). 首 signifie cou. Si je demande un cou de main, qu'est-ce que j'obtiens? Un poignet. Dans le même ordre d'idées, notons 足首 (ashibuki), où 足 représente la jambe ou le pied. Lorsqu'on prend les jambes à son cou, ou qu'on donne un bon cou de pied, faut faire gaffe de ne pas se fouler la cheville!
手紙 (tégami). 紙 signifiant papier, tégami est une lettre, préférablement écrite à la main. Toujours dans le domaine postal, 切手 (kitté) est un timbre, où 切 veut dire couper. C'est en effet toujours à la main qu'on détache nos timbres, avant bien sûr de les lécher, cette fois avec la langue...
空手 (karaté). La signification de 空 est vide. Le sens littéral de karaté est donc main vide, dans la mesure où le karatéka apprend à se défendre à mains nues, « vides » de tout objet.
手伝い (tétsudai). 伝 voulant dire transmettre, transmettre une main, c'est en quelque sorte donner un coup de main. Un coup de main (et non pas un cou de main, le tébuki), qu'est-ce que c'est, sinon de l'aide?
Voilà pour main. Puisqu'il est tard, je vous dis : à deux mains!
手袋 (tébukuro). 袋 signifie sac. Un sac de main? Un gant, bien sûr!
手首 (tékubi). 首 signifie cou. Si je demande un cou de main, qu'est-ce que j'obtiens? Un poignet. Dans le même ordre d'idées, notons 足首 (ashibuki), où 足 représente la jambe ou le pied. Lorsqu'on prend les jambes à son cou, ou qu'on donne un bon cou de pied, faut faire gaffe de ne pas se fouler la cheville!
手紙 (tégami). 紙 signifiant papier, tégami est une lettre, préférablement écrite à la main. Toujours dans le domaine postal, 切手 (kitté) est un timbre, où 切 veut dire couper. C'est en effet toujours à la main qu'on détache nos timbres, avant bien sûr de les lécher, cette fois avec la langue...
空手 (karaté). La signification de 空 est vide. Le sens littéral de karaté est donc main vide, dans la mesure où le karatéka apprend à se défendre à mains nues, « vides » de tout objet.
手伝い (tétsudai). 伝 voulant dire transmettre, transmettre une main, c'est en quelque sorte donner un coup de main. Un coup de main (et non pas un cou de main, le tébuki), qu'est-ce que c'est, sinon de l'aide?
Voilà pour main. Puisqu'il est tard, je vous dis : à deux mains!
mercredi 13 avril 2011
Jeu de mots
La blague qui suit n'est pas tout à fait de mon cru.
Elle a été inspirée librement d'un jeu de mots concocté par des Japonais, pour les Japonais.
Elle a été inspirée librement d'un jeu de mots concocté par des Japonais, pour les Japonais.
Un couple de Japonais se marie, puis de l'aéroport Narita s'envole vers une destination paradisiaque en vue de leur lune de miel.
Cependant, en sol étranger, le nouveau marié, que sa fiancée voyait auparavant comme débrouillard, sûr de lui et en mesure de la protéger, se montre excessivement timide, hésitant et incapable de communiquer les instructions les plus élémentaires aux habitants du pays avec lesquels ils doivent interagir.
L'image que la nouvelle épouse se faisait de son homme en prend un dur coup. Elle commence à avoir des doutes sur leur avenir, à songer à un rikon (離婚, divorce) expéditif, car parfois mieux vaut tôt que tard.
Dès qu'ils remettent les pieds à Narita, elle annonce donc à son mari flanc mou qu'elle exige un narikon en bonne et due forme!
mardi 12 avril 2011
Sur glace
Après les vacances du printemps, c'est semaine de retour en classes dans les universités nippones. En cette belle journée ensoleillée, le temps était au recrutement pour les nombreux clubs sportifs et sociaux de l'Université Sophia, l'une des plus réputées du pays.
Ces clubs, il y en avait des dizaines. De tir à l'arc, de danse, d'improvisation, de photographie, de théâtre, de meneuses de claques, de cosplay, de handball, de ski. Tout y était. J'ai même parlé à un Matt Perron du Vermont qui, déguisé en mascotte, m'a invité à me joindre au SISEC, un organisme d'activités sociales pour étudiants étrangers. Que je n'étais pas étudiant à Sophia n'avait aucune importance.
Remarquez Pikachu à droite en arrière-plan... |
J'ai été heureux d'apercevoir les représentants de l'équipe de hockey sur glace. Ça m'a rappelé que Canadien allait bientôt entreprendre sa série contre le Boston. À l'autre bout du monde avec treize heures de décalage, je la suivrai attentivement, bien que ça sera difficile, voire impossible, de voir les matches en direct. Car après tout, il n'y a pas que les étudiants de Sophia qui doivent aller en classe...
lundi 11 avril 2011
Portrait de camarade : Markus
D’où viens-tu, qu’est-ce qui t’a apporté au Japon et depuis quand y habites-tu?
Je viens d’une ville pas très loin de Vienne, en Autriche, et j’habite au Japon depuis 2009.
Ma femme travaille pour l’ambassade autrichienne. Nous n’avons pas choisi de venir ici. Dans le cadre de son travail, elle fait l’objet d’affections de quatre ans, et Tokyo est notre première destination. Auparavant elle travaillait pour le Bundesministerium für europäische und internationale Angelegenheiten [Ministère fédéral autrichien des Affaires étrangères] à Vienne. Dans deux ans, nous fixerons nos pénates dans un nouveau pays.
As-tu une idée de quel sera le prochain pays?
Non. On nous soumet une liste, à partir de laquelle nous devons choisir huit villes. On nous enverra dans l'une de ces villes.
Si tu avais eu le choix, après le Japon, quelle aurait été ta destination?
Ma femme avait au départ opté pour le Japon car elle avait étudié le japonais en Autriche. Personnellement, je préfère les pays anglophones. Je n’ai tout de même pas de quoi me plaindre, car j’aime ce pays.
En Autriche, travaillais-tu?
J’étais répartiteur à l’Aéroport de Vienne-Schwechat. Ce n’est pas facile d’être répartiteur au Japon, puisque je ne parle pas la langue.
Tu peux donc légalement travailler au Japon?
Oui. Les conjoints de membres du personnel consulaire peuvent normalement travailler.
Prévois-tu de chercher un travail lorsque ton japonais aura atteint un certain niveau?
Peut-être dans le prochain pays [où nous irons vivre], s’ils ont besoin de personnes qui parlent allemand et japonais.
Tu m’as déjà mentionné que vous viviez à l’ambassade. Aviez-vous eu le choix entre y vivre et trouver votre propre logement?
Non. Je crois que le Japon est le seul pays dont le choix n’est pas offert. Ailleurs, on te présente diverses options de logis, et l’ambassade se charge du loyer.
Qu’aimes-tu à propos du Japon?
C’est très propre. J’adore la nourriture : c’est toujours délicieux. Bien qu’il soit difficile de communiquer avec les Japonais, ceux-ci sont toujours courtois et corrects. Je ne dirais pas qu’ils sont relaxes mais, comment puis-je dire, en tant qu’étrangers au Japon, on n’a pas de problème, parce qu’on ignore les règles [de la société japonaise] et que les Japonais nous pardonnent parce que, justement, en notre qualité d’étrangers, ils ne s’attendent pas à ce que nous les connaissions.
Exactement. On jouit d’une certaine marge de manœuvre.
Oui. Le bonus de gaijin.
Des conseils pour les Européens qui souhaitent venir au Japon?
Pas vraiment. Just do it!
dimanche 10 avril 2011
Flair de fleur
Nous sommes au beau milieu de la saison de l'hanami, la coutume japonaise d’admirer la beauté éphémère des fleurs, jugée touchante car elle incarne le caractère évanescent de la vie. En ce dimanche non pluvieux, les Japonais de tous horizons se sont rassemblés en groupes de taille diverse pour manger et boire sous les sakura, ces cerisiers en fleurs.
C'est aux alentours de 17 heures que j’ai visité une cerisaie près de chez moi. Les festivités battaient leur plein, l'odeur d’alcool supplantant souvent celui des fleurs.
Le visage rougi, la bouteille à la main, l'équilibre faisant défaut, ce luron en boisson a su détourner, le temps d'un instant, l'attention de ses compatriotes, d'ordinaire portée sur les pétales et pédoncules périssables. Un peu de bonhomie à l'hanami...
samedi 9 avril 2011
Portrait de camarade : Yekaterina
La journée précédant le tremblement de terre du 11 mars, j'avais annoncé le portrait à venir de mes camarades de classe. Voici donc celui de Yekaterina, avec beaucoup de retard.
Qu’est-ce qui t’a apporté au Japon et depuis quand y habites-tu?
Je suis arrivée de Moscou, en Russie, il y a quatre mois, et je vais probablement rester au Japon deux ans. Mon mari s’est fait offrir un poste ici. J’ai donc quitté mon emploi [en Russie] pour le suivre.
Quel travail faisais-tu en Russie?
J’étais la chef du service juridique d’une importante société russe, spécialisée en arbitrage entre des compagnies d’immobilier et des locataires commerciaux.
Ton époux a-t-il été invité par une entreprise japonaise, ou plutôt russe ayant des bureaux au Japon?
Il a reçu une offre d’emploi à Tokyo d’une filiale japonaise d’une importante entreprise russe pour laquelle il travaillait depuis deux ans à Moscou.
Jusqu’à présent, aimes-tu le Japon?
Je ne saurais dire pour l’instant car ça ne fait pas assez longtemps que j’y suis. J’aime certaines choses. Ici les gens sont très consciencieux. Personne ne craint les voleurs et cambrioleurs. Par contre, je ne parle pas beaucoup japonais, et c’est un problème pour moi.
Voilà pourquoi tu es inscrite à cette école.
Oui [rires].
La Russie te manque-t-elle? Dans l’affirmative, qu’est-ce qui te manque?
Bien sûr. Ma famille et mes proches me manquent. Mon travail ne me manque pas, car je peux toujours m’en trouver un autre à mon retour. Au Japon je n’ai que peu d’amis, mais en Russie j’en ai plusieurs en plus d’une famille nombreuse.
Te sens-tu donc seule parfois au Japon?
Ça m’arrive, oui. En Russie je n’avais pas beaucoup de temps libres, car j’avais beaucoup de travail et une vie sociale chargée. C’était intéressant.
Les Russes sont-ils nombreux à Tokyo?
Oui, mais ils semblent se rassembler uniquement pour affaires. Mais j’ai commencé depuis peu à rencontrer des familles russes. Je préfère ça.
En dernier lieu, aurais-tu des conseils à prodiguer aux couples, comme toi et Dimitri [son mari], qui songent à déménager au Japon pour le travail?
Si possible, commencez à apprendre le japonais dans votre pays d’origine. Trouvez un logis avant d’arriver. Je crois qu’il est très difficile de dénicher un bon logement une fois arrivé au Japon, et c’est souvent très dispendieux. Dans les négociations avec l’entreprise qui embauche, tenez mordicus à faire inclure dans le contrat de travail l’obligation pour l’entreprise de vous trouver un logement adéquat.
vendredi 8 avril 2011
Tomate
Vendredi soir. Premier grand test du mois de sobriété. Dans le bar, je dois être le seul à ne pas m'alcooliser, en me cantonnant au jus de tomate. J'aurai mes vitamines, au moins.
Ma soirée commence à la rencontre de Shin devant le chien Hachikō, principal point de rencontre de Shibuya. Shin est un Nisei, un Américain de New York, né de parents japonais. Ça fait un bail qu'on s'est vu.
On se rend tout d'abord au Hub Pub, où nous discutons avec quelques filles pour le plaisir. Nous nous rendons ensuite dans un standing bar, où on se tient debout. L'endroit est bien vivant. Au bout d'à peine quinze minutes, Shin se rend compte que l'heure de son shūden, le dernier train vers chez lui, est presque arrivée. Je finis mon jus de tomate, lui sa bière, et je le raccompagne au métro.
Après lui avoir souhaité bonne nuit, je me sens laissé sur ma faim, et je décide de revenir seul à ce standing bar, sentant qu'il y avait encore des rencontres intéressantes à y faire.
J'entame une discussion avec une fille cool et son ami. Après quelques minutes, je leur prie de m'excuser, le temps d'aller chercher mon coupe-vent, laissé à l'avant du bar. En l'empoignant, je sens mon cellulaire vibrer dans la poche.
Je réponds et c'est Alain qui me dit « J'suis dans marde ».
Imaginant le pire, je lui demande ce qui se passe. Il me répond qu'il s'est endormi dans son shūden et, puisqu'il habite à Chiba, très loin, il a besoin d'un endroit où dormir. Bien entendu, je lui offre de dormir chez moi.
Un peu déçu, je souhaite bonne soirée à mes nouveaux amis du standing bar, qui venaient de m'inviter à un bar rock dénommé Rockaholic, je finis mon jus de tomate, puis je m'élance en vélo à la rencontre d'Alain, près de chez moi.
À mi-chemin, coup de fil. C'est Alain. Il a plutôt décidé d'aller dormir à l'hôtel. Il me remercie pour ma générosité et me souhaite bonne nuit.
Seul au milieu de la nuit, je suis encore une fois laissé sur ma faim.
Je me souviens tout à coup du nom du bar où j'avais été invité. Je décide d'y aller!
Depuis le comptoir du bar où je sirote un autre jus de tomate, j'écris le présent récit. Mes amis viennent d'arriver. Je m'assoie à leur table dès que j'aurai fini. Tout va bien dans le meilleur des mondes.
La morale de cette histoire? Le shūden fait vivre d'intéressantes péripéties, et le jus de tomate est tellement salé qu'il déshydrate comme de l'alcool.
Ma soirée commence à la rencontre de Shin devant le chien Hachikō, principal point de rencontre de Shibuya. Shin est un Nisei, un Américain de New York, né de parents japonais. Ça fait un bail qu'on s'est vu.
On se rend tout d'abord au Hub Pub, où nous discutons avec quelques filles pour le plaisir. Nous nous rendons ensuite dans un standing bar, où on se tient debout. L'endroit est bien vivant. Au bout d'à peine quinze minutes, Shin se rend compte que l'heure de son shūden, le dernier train vers chez lui, est presque arrivée. Je finis mon jus de tomate, lui sa bière, et je le raccompagne au métro.
Après lui avoir souhaité bonne nuit, je me sens laissé sur ma faim, et je décide de revenir seul à ce standing bar, sentant qu'il y avait encore des rencontres intéressantes à y faire.
J'entame une discussion avec une fille cool et son ami. Après quelques minutes, je leur prie de m'excuser, le temps d'aller chercher mon coupe-vent, laissé à l'avant du bar. En l'empoignant, je sens mon cellulaire vibrer dans la poche.
Je réponds et c'est Alain qui me dit « J'suis dans marde ».
Imaginant le pire, je lui demande ce qui se passe. Il me répond qu'il s'est endormi dans son shūden et, puisqu'il habite à Chiba, très loin, il a besoin d'un endroit où dormir. Bien entendu, je lui offre de dormir chez moi.
Un peu déçu, je souhaite bonne soirée à mes nouveaux amis du standing bar, qui venaient de m'inviter à un bar rock dénommé Rockaholic, je finis mon jus de tomate, puis je m'élance en vélo à la rencontre d'Alain, près de chez moi.
À mi-chemin, coup de fil. C'est Alain. Il a plutôt décidé d'aller dormir à l'hôtel. Il me remercie pour ma générosité et me souhaite bonne nuit.
Seul au milieu de la nuit, je suis encore une fois laissé sur ma faim.
Je me souviens tout à coup du nom du bar où j'avais été invité. Je décide d'y aller!
Depuis le comptoir du bar où je sirote un autre jus de tomate, j'écris le présent récit. Mes amis viennent d'arriver. Je m'assoie à leur table dès que j'aurai fini. Tout va bien dans le meilleur des mondes.
La morale de cette histoire? Le shūden fait vivre d'intéressantes péripéties, et le jus de tomate est tellement salé qu'il déshydrate comme de l'alcool.
jeudi 7 avril 2011
Chiffre de mauvaise augure
Le treize au Japon n'inspire pas la crainte. Ce rôle revient plutôt au chiffre quatre (shi, 四), car celui-ci est homophone de la mort (shi, 死).
À l'époque, cette peur du shi se répercutait même sur le sel (塩), prononcé shio. Puisque la prononciation du sel est dangereusement proche de celle de la mort, une fois la nuit tombée, à table on demandait de se faire passer le nami no hana (波の花, littéralement fleurs de vagues) pour rehausser le goût de son repas. Ainsi, grâce à ce bel euphémisme, pas de danger de crever, sauf peut-être de haute pression!
À l'époque, cette peur du shi se répercutait même sur le sel (塩), prononcé shio. Puisque la prononciation du sel est dangereusement proche de celle de la mort, une fois la nuit tombée, à table on demandait de se faire passer le nami no hana (波の花, littéralement fleurs de vagues) pour rehausser le goût de son repas. Ainsi, grâce à ce bel euphémisme, pas de danger de crever, sauf peut-être de haute pression!
mercredi 6 avril 2011
Français douteux, partie deux
Nouvelle portion nutritive de français version nippone. Admirons.
Ça ne devrait pas plutôt être « bistra française »? |
Votre lèche-vœux |
On confond souvent accent et apostrophe. À moins que ce restaurant ait réellement des tiques au menu... |
N'est-ce pas alléchant, un curry à saveur de café? |
Jouir de bijour sale. |
... de ses fonctions |
Endroit de renom pour jouer aux dés? |
lundi 4 avril 2011
C'est saké ça
Après des vacances bien arrosées
J'ai décidé de m'imposer
Trente jours de sobriété
Non pas que je pense avoir un problème de consommation
Mais pour reposer mon foie
Et pour me prouver que je peux me passer de boisson
Ne serait-ce qu'un mois
J'ai décidé de m'imposer
Trente jours de sobriété
Non pas que je pense avoir un problème de consommation
Mais pour reposer mon foie
Et pour me prouver que je peux me passer de boisson
Ne serait-ce qu'un mois
Domicile
De retour à Tokyo depuis une vingtaine d'heures. J'ai déjà ressenti quelques répliques, ces yoshin (余震). Depuis le tremblement de terre du 11 mars, il y a en eu plus de 800. Va falloir s'y réhabituer.
Il fait froid ici par rapport à là-bas, et j'ai la peau qui plume de son exposition au soleil des derniers jours.
Au moins il fait beau soleil. Rebonjour Tokyo, ça fait un bail.
Il fait froid ici par rapport à là-bas, et j'ai la peau qui plume de son exposition au soleil des derniers jours.
Au moins il fait beau soleil. Rebonjour Tokyo, ça fait un bail.
samedi 2 avril 2011
Fin
Derrière journée à Okinawa, quelques heures avant d'aller à l'aéroport. Le jour ultime de chaque voyage, je ressens une certaine mélancolie de la fin des vacances, doublée du soulagement de revenir chez moi, dans mes affaires, dans ma routine.
Pour souligner cette fin qui n'est finalement que le début d'autres aventures, admirez messieurs dames cette sélection de photos de l'île d'Okinawa, telle que je l'ai vécue.
Pour souligner cette fin qui n'est finalement que le début d'autres aventures, admirez messieurs dames cette sélection de photos de l'île d'Okinawa, telle que je l'ai vécue.
Mariage |
Attitude |
Monorail! |
Bunker |
Message |
Arcade |
Sourire |
Visou |
Fromage |
Remonorail! |
Dégout |
Tabac |
vendredi 1 avril 2011
Tôt ou tôt
Merci à un Nord-Irlandais dénommé Gerard de m'avoir rappelé que parfois il est préférable de se lever tôt un samedi matin que de se coucher tôt un samedi matin.
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