lundi 1 décembre 2014

Un CV claqueur de circuits

Salut (nom de l'ami qui m'a demandé de réviser son curriculum vitae)!

J’espère que tout va bien de ton côté. C’est effectivement la folie de la fin de session, mais il me fait plaisir de pouvoir te conseiller sur ton CV.

L’art d’un CV, c’est avant tout de se mettre en valeur, de se rendre attrayant aux yeux de l’employeur éventuel. Ton CV, autant son contenu que son contenant, doit être conçu dans cette optique.

Il convient donc d’y aller, d’entrée de jeu, d’un paragraphe « choc », à la fois succinct et accrocheur, qui te résume dans toute ta splendeur.

Tout ce qui suit, tant ta formation que tes expériences de travail, ne doit servir qu’à renforcer le « toi » dont tu as jeté les bases dans ledit premier paragraphe. Ne te borne pas donc à énumérer tes études et tes expériences de travail; montre plutôt comment chaque aspect de ton parcours éducationnel et professionnel t’a mieux outillé pour réussir dans la vie et y laisser ta marque.

Parlant de laisser ta marque, ton CV ne comporte qu’une timide et obscure mention du grand artiste que tu es. C’est pourtant ce qui te distingue des autres. Tu te dois d’y mettre toute la gomme et d’accorder une place de choix dans ton CV à tes expériences de poète-compositeur-musicien, avec une mention bien en évidence dans le paragraphe d’introduction.

Ainsi, en misant sur tes talents de poète et de compositeur avec en preuve tes études en littérature, tu peux facilement convaincre l’employeur de tes aptitudes en traduction.

Armé de ces conseils, tu pourras sans doute transformer ton CV en Louisville Slugger avec lequel claquer un grand chelem en dixième manche d’un septième match de la série mondiale. Il me fera plaisir de le réviser, ce Slugger à venir.

Bonne rédaction!
Julien

vendredi 7 novembre 2014

Verrouiller la coupe

De l'art de transformer toute situation en occasion d'apprentissage :

Hier matin en sortant de chez moi, je barrais la porte de l'intérieur en oubliant la clé dans ma chambre. Hier soir, j'apprenais à crocheter une serrure.

Sentir le verrou qui finalement cède au bout de plusieurs minutes à zigonner, quel moment jouissif que j'imagine semblable à celui que vivra David Desharnais en marquant du bout de sa palette le but en prolongation du septième match de la finale de la Stanley contre les Blackhawks ou les Kings, procurant ainsi la 25e coupe à Canadien, un beau jour de juin 2015.

On apprend tous les jours, analogie de hockey douteuse à l'appui...

lundi 6 octobre 2014

Une première







Premier texte publié dans la Rotonde, le journal francophone de l’université!

(Malheureusement, dans son empressement à retravailler mon texte, le responsable de la section culturelle a créé une phrase sans verbe qui ne tient pas debout et a décidé que « l’Acronyme » s’appelait « Acronyme ». Mais bon, ainsi va la presse écrite.

samedi 27 septembre 2014

Verts de rage



 Se mijotant un ragoût pour la semaine, l'anthropomorphiste en moi a remarqué la mine renfrogné et la rage commune de quatre demi-poivrons, fraîchement passés au couperet. Probablement que l'idée d'être taillés en dés pour ensuite sombrer dans une mixture bouillante les faisait déchanter...

mardi 23 septembre 2014

Une serviette de papier qui essuie tout

Paper towels contre essuie-tout... Avez-vous déjà remarqué la différence de perspective dans ces termes qui désignent la même chose?

L'anglais mise sur l'objet (la serviette) et ce dont il est fait (de papier).

Le français en décrit plutôt l'emploi (essuyer) et son prétendu champ d'action (tout!).

C'est fascinant!, que dirait Charles Tisseyre d'une voix passionnée.

vendredi 19 septembre 2014

L'aigre regret

Un sentiment que tous préfèrent éviter est le regret, celui d’avoir fait quelque chose ou bien de s’en être abstenu. Que le geste ou son abstention se soit fait spontanément, au bout de longues réflexions ou inconsciemment, le regret qu’on finit par en tirer n’est jamais plaisant à éprouver.

J’ai récemment rendu visite à mon bon ami Craig à Winnipeg, au cours d’un mois d’août consacré, avant la rentrée, à la visite d’amis un peu partout au pays. Celui-ci m’avait mentionné qu’Arcade Fire, populaire groupe montréalais, allait se produire pendant mon séjour. Connaissant peu leur musique, je m’étais d’abord montré ouvert à l’idée, pour ensuite me dégonfler le jour du spectacle. Alors que celui-ci avait lieu dans l’aréna de la ville, nous nous baladions sans but et sommes allés voir en partie un ennuyant match de baseball.

Tard dans la soirée, nous avions croisé un ami de Craig  qui en revenait, encore exalté de la performance électrisante dont il avait été témoin. Le regret naissait ainsi en moi. Aujourd'hui encore, quand j’y repense je regrette encore d’avoir manqué pareille occasion, sous des motifs douteux du besoin d’économiser (les nombreux billets invendus se vendaient pourtant à moins de trente-cinq dollars pièce) et de mon prétendu attrait diminué envers les concerts (l’habitude d’y aller et le plaisir ainsi tiré ayant été estompés par mon séjour au Japon où pareilles performances sont souvent hors de prix).

En me demandant s’il y avait une leçon à tirer de cette mésaventure, et le cas échéant, en songeant à sa nature, j’en suis venu à créer l'interrogation suivante, simple et universellement applicable. À moi désormais de m’en servir pour l’évaluation future des dilemmes avec des regrets comme résultats prévisibles.

L’avoir fait ou s’en être abstenu : quelle serait la source la plus probable de regret?

mercredi 17 septembre 2014

L'écriture

L'écriture fait partie de ma vie professionnelle depuis maintenant presque dix ans. Le métier de traducteur, amorcé dès la fin de mes études universitaires en 2005, en a été la première mise en application.

À titre d'enseignant de l'anglais et du français au Japon, de 2011 à 2014, je mettais autant l'accent sur l'amélioration de la langue écrite de mes élèves que sur celle parlée. Parallèlement, je continuais à faire de la traduction, principalement de l'anglais au français, mais aussi parfois du japonais à l'une ou l'autre de ces langues.

Désormais de retour sur les bancs universitaires, je suis bien conscient de l'utilité de ces années formatrices dans mes capacités de rédaction. L'écriture occupe toujours une place de choix, à la différence près que j'écris maintenant pour moi, et non plus pour l'entreprise qui souhaite vendre son produit sur le marché québécois ou l'élève nippon qui doit transiger avec des clients américains. Une différence qui fait toute la différence.

samedi 13 septembre 2014

Penser la rentrée

Deux semaines après la rentrée, quelques pensées :

Les études de deuxième cycle sont intenses, mais aussi intensément valorisantes.

Tout un art à réacquérir que de rester assis, attentif et passif devant une éminence grise qui fait étalage de son savoir pendant une heure ou deux. Heureusement, les cours sont principalement axés sur les interactions et la participation.

La faculté des sciences sociales, inaugurée récemment au point de dégager un parfum de pavillon neuf, n’est pas à plaindre.

Les rues d’Ottawa, véritable chantier à ciel ouvert où les poules sont nombreuses à faire leur nid, quant à elles sont à plaindre.

Les étudiants de mon programme, issus d’horizons divers (dont une vétérinaire), sont bien sympathiques et motivés. En prime, les anglophones s’expriment pour la plupart bien en français.

日本語を話すのはどんどん懐かしくなってきました。

J’en ajouterais d’autres, mais mon premier travail sur l'utilitarisme ne se rédigera pas tout seul!

jeudi 11 septembre 2014

De retour

Il fallait bien s'y remettre, après une pause multimensuelle. Me revoilà donc, désormais ottavien, étudiant à nouveau, plus de neuf ans après avoir quitté les bancs d'université, et bien content de l'être.

Les cours sont commencés depuis plus d'une semaine, et déjà l'homme s'est doté de sa monture, affectueusement baptisée La Verte, une belle pur-sang dix vitesses qui saura gracieusement me mener à bon port tout au long de l'année scolaire. Faite au Canada, mais dotée d'un siège fabriqué à Osaka, elle est à l'image de son maître, et fera assurément verdir ses rivales d'envie.

lundi 28 avril 2014

La lutte

Les années japonaises, du moins l'actuelle édition qui dure depuis plus de trois ans, tirent à leur fin. Dès septembre, c'est le retour aux bancs d'école, afin d'amorcer une maîtrise en affaires publiques et internationales à l'Université d'Ottawa. Mon séjour au pays de l'opposé de la lune couchante aboutira ainsi dans un peu plus de trois mois, au début août plus précisément, le temps d'achever les cours de français à ma charge du trimestre de la rentrée universitaire, qui en ces lieux se déroule d'avril à juillet. Le temps qui me reste représente une belle occasion d'y aller d'activités jamais encore tentées, dont une à la forte symbolique nippone.

C'est avec mon bon ami Frédéric, avec qui j'ai fait mes études de baccalauréat il y a une décennie et qui vit actuellement en Turquie, que je ferai mon baptême du sumo, dans le cadre du tournoi de mai à Tokyo. J'ai déjà mis la main sur nos billets, qui donnent non seulement accès à quelques-unes des meilleures places du stade (le 両国国技館, prononcé Ryogoku Kokugi Kan, un nom dont la répétition rapide représente un défi de taille... forte comme celle des sumotoris), mais qui sont également gracieusement payés de la poche de Frédéric (merci mon ami!). Avec pareilles places si près de l'action, la performance des athlètes nous en mettra plein la vue, tandis que leur odeur corporelle devrait nous en mettre plein l'odorat. Ça promet!

dimanche 20 avril 2014

Une étoile est nipponée

Aujourd'hui, une équipe de NHK, la chaîne de télévision nationale, est venue me rendre visite à domicile, pour le tournage de l'émission Tsukaeru! Tsutawaru nihongo (en japonais 使える!伝わる にほんご, traduit plutôt librement par «Le japonais, je l'utilise, je le transmets»), qui met en lumière la manière dont les étrangers étudient la langue japonaise.

On m'avait initialement contacté pour une émission autre, au thème d'apparence ardue, pour laquelle il aurait fallu me déplacer au studio de NHK. J'avais poliment refusé, sachant notamment que ma participation n'aurait pas été rémunérée.

Semble-t-il que mon concours avait été estimé essentiel, à en juger par la perche à nouveau tendue début avril sous forme de courriel de relance de la productrice, madame Muto, m'expliquant le concept de l'émission. Décidant de n'y participer que si on acceptait de faire les choses à ma manière, j'avais indiqué que mon secret d'amélioration du japonais consistait en des voyages de pouce partout au pays. Je ne fondais pas de grands espoirs de réponse positive, mais étonnamment l'idée avait suscité l'intérêt.

J'avais proposé d'effectuer le tournage dans le coin du lac Sagami, qui a le double avantage d'être près de Tokyo et plutôt rural de caractère, donc décor idéal à une séance fictive de pouce arrangée avec le gars des vue pour le plaisir des téléspectateurs.

Madame Muto m'avait plutôt suggéré un tournage en deux temps, d'abord en venant chez moi pour jaser devant caméra de ma personne, de mes voyages et des expressions apprises de la bouche des conducteurs et autres âmes rencontrés sur les routes japonaises. Le deuxième volet, éventuel, allait prendre la forme d'un récit de téléréalité dans lequel l'équipe de tournage allait me suivre à mesure j'allais brandir le pouce et progresser au sein du région japonaise donnée.

Ainsi donc en début d'après-midi est venue en mon logis l'équipe composée de madame Muto l'intervieweuse, monsieur Nishino le caméraman et monsieur Watanabé le preneur de son.

J'ai pu faire quelques blagues, et j'ai pu bien exprimer ma pensée, le tout s'est bien déroulé, et j'ai bien hâte de voir le résultat final, pour que tous puissent enfin voir à quel point je crève l'écran nippon!

mardi 15 avril 2014

L'universitaire



Me voici ainsi professeur universitaire, à l'université Oberlin de Tokyo. Jamais je n'avais enseigné le français, ni l'anglais au demeurant, à une trentaine d'étudiants, en fait pour la plupart étudiantes, mais ces deux leçons d'aujourd'hui se sont globalement bien déroulé. Le bouillonnement d'activités de cette jeunesse universitaire, entre les leçons et pendant la pause-dîner, a eu vaguement le don de me rappeler des souvenir estudiantins, provenant d'un époque de douce insouciance. Les quatorze semaines de cours à venir promettent!

dimanche 13 avril 2014

Bouger

Relatons ma fin de semaine comme manière de briser le silence sur ce blogue. Depuis ces plus de deux mois de silence, à quelques reprises j'ai bien voulu m'asseoir, me concentrer et rédiger, mais peine perdue, ça n'aboutissait pas. Ce soir, j'aboutis.

Ladite fin de semaine, qui nous a fait le bonheur d'être ensoleillée, je l'ai passée sous le signe de l'activité physique, comme rares ont été les fins de semaine qui l'ont précédée.

Exposée ainsi aux rayons solaires, mais peau et plus particulièrement mes lèvres sont sèches et me donnent l'impression d'irradier la chaleur accumulée au cours des dernières heures. Le teint de peau estival est déjà bien entamé.

Fête du vendredi, annonciatrice d'un samedi pénible

Samedi, ainsi, sorti du sommeil avec un légère douleur cervicale découlant de la soirée bien arrosée que certains de mes anciens élèves m'avaient réservée, le vendredi soir, j'ai décidé d'aller courir un peu, question d'éliminer les toxines accumulées, ou plus simplement, de changer le mal de place. Si normalement je limite mes sorties à une dizaine, voire une douzaine, de kilomètres, cette fois-ci, inspiré par le beau temps, je me suis mis à longer une rivière traversant plusieurs quartier de la ville, si bien que j'ai fini par courir presque vingt kilomètres, au cours desquels je me suis aventuré dans des quartiers jamais visités auparavant.

Longer une rivière rend son cheminement sinueux

Bien content de mon parcours m'ayant transporté loin au point de me forcer à rentrer au bercail en train, samedi soir j'ai achevé les quelques contrats de traduction reçus la veille. Ce soir-là, j'ai dormi comme un bébé.

Le dimanche, j'ai décidé de me rendre à un parc de Tachikawa, une ville de l'ouest de la région métropolitaine tokyoïte, car un ami y organisait une séance d'hanami, la pratique bien japonaise de se rassembler pour manger et boire à l'ombre de cerisiers en pleine floraison (la saison en était à ses derniers retranchements, si bien que la moindre des brises menait à de jolies averses de pétales). Comme porté par l'esprit du sportif urbain, je décidé de m'y rendre à vélo plutôt qu'en train, ce qui représentant un défi de taille (ou plutôt de distance), comme tenu des plus de trente kilomètres séparant mon logis de ma destination. La météo était heureusement clémente, m'incitant à m'engager résolument dans la voie du vélo.

Soixante kilomètres, ça use les souliers, sauf si on les franchit à vélo.

Le périple, à l'allée mais surtout au retour, était à la fois plaisant mais long et pénible, mais je me suis rends à bon port, y est rencontré des amis et m'y suis détendu. Ce faisant, je me suis surpris de passer sur des rues que j'avais foulées pour la première en joggant la veille, à des endroits que je n'avais jamais visités malgré mes plus de trois ans au pays. Une ville comme Tokyo ne cesse jamais de se révéler sous un nouveau jour, et nous réserve toujours des coins dont on ignore l'existence.

J'ai les lèvres qui irradie encore la chaleur accumulée, je suis épuisée de ces deux journées d'effort physique, mais je suis heureux d'avoir bougé autant, et d'avoir pris le temps d'en faire le récit. Ça faisait longtemps.

mardi 4 février 2014

Retard'avance

Tu te grouilles. L’heure de rendez-vous est passée depuis un bout, mais le lieu de rencontre est encore loin. Comme d’habitude, tu aurais pu facilement faire le nécessaire pour arriver à l’heure, voire d’avance, mais ton temps, à prime abord abondant, tu l’as dilapidé, et voilà que tu te presses d’arriver, en te maudissant d’être tombé dans le piège, encore.

Haletant, tu récites les excuses que tu devras piteusement sortir à ton comparse, sans doute arrivé à l’heure, et que tu imagines en train de taper impatiemment du pied tandis qu’il reconsidère les mérites de votre amitié, surtout que ce n’est pas la première fois que tu le fais poireauter.

Tu es presque arrivé lorsque ton téléphone sonne. Convaincu que c’est lui au bout du fil et qu’il ne demande qu'à te couvrir d'insultes, tu annules l’appel sans ralentir ta course.

Te voilà enfin arrivé, mais nulle trace du comparse. Il est pire que toi! Il se pointe quelques minutes plus tard, offre ses piteuses excuses, et t’explique que c’était pour te prévenir de son retard qu’il appelait. En bon ami, tu lui assures qu’il n’y a pas de problème, en omettant évidemment de préciser que pour toi aussi, la ponctualité faisait défaut. Ton honneur est sauf, et la table est mise pour votre prochain rendez-vous pas à l'heure.

vendredi 31 janvier 2014

Client professionnel

En septembre dernier, j'annonçais en grande pompe que j'allais jouer le rôle de pharmacien dans le cadre d'une campagne de recrutement de l'entreprise pour laquelle travaille mon amie Natsumi. J'en avais profité pour lancer le défi de la crédibilité à mon frère Guillaume, qui lui étudie les sciences pharmaceutiques, pour ensuite lui accorder la victoire par défaut, car j'avais mal compris qu'on s'attendait à ce que joue au client, accablé de mille questions sur les effets secondaires de l'élixir qu'on lui a prescrit.



J'ai finalement pu observer le produit fini, et surprise!, on y voit ma grosse tête de client qui se fait assurer par mon amie Natsumi la pharmacienne que non, ces pilules ne me donneront pas de reflux gastriques accompagnés de bruyantes éructations. Si mon visage n'est qu'en partie visible et flou de surcroît, ma main droite s'est heureusement taillée une place de choix en plein centre, adoptant une posture magistrale à même de transmettre toute la gamme des émotions qui traversent l'esprit du bougre qui sait apprécier les bons services de son apothicaire. Merci Natsumi, le client que j'incarne peut rentrer chez lui l'esprit en paix!

dimanche 26 janvier 2014

Poisson cru

  
Ambassadeur japonais le temps d'un soir, auprès de quatre compatriotes venus de loin, formant deux couples, dont l'un amorçait sa lune de miel. Ils en sont dans les premiers jours de leur périple trimestriel respectif en Asie. Pour nous interpréter l'univers du sushi de manière bien plus convaincante que ce à quoi il m'était donné d'aspirer, deux amies Japonaises ont bien voulu nous accompagner, pour ce qui a été une soirée fort plaisante pour tous. Merci les amis de m'honorer de votre visite!

lundi 20 janvier 2014

L'attente

Tu as rendez-vous avec un ami quelque part à une heure convenue. Tu arrives dix minutes d'avance, mais lui n'y est pas encore. Tu attends deux-trois minutes, puis aperçois un commerce à pas cent mètres.

Tu sais qu'il recèle un article que tu songes à te procurer depuis un certain temps. Un article dont l'achat t'effleure souvent l'esprit, mais que tu finis toujours par oublier.

Le voilà tout près de toi, le commerce, et il ne demande qu'à te servir. Mais l'heure de rendez-vous a presque sonné. Tu brûles d'y aller, mais tu crains de faire attendre ton ami qui arriverait entre-temps.

Tu hésites, mais avec l'hésitation se ferme ta fenêtre d'opportunité. Tu sais que tu serais déjà revenu si tu étais passé à l'action au lieu d'hésiter, mais tu es plutôt resté là, médusé, comme un pion en attente.

L'heure de rencontre est passée depuis quelques minutes, et toujours pas de trace de l'ami. Tu ne bouges pas pour autant, de peur d'être en plus accusé de retard par l'ami qui arriverait entre-temps. Tu te sens con, mais voilà qu'il arrive; alors tu te sens content. Au diable l'article.

samedi 18 janvier 2014

Montréaléatoire

Le monde, ou peut-être le Montréal, est petit. Permettez-moi de vous en présenter un exemple éloquent.

Le 26 décembre dernier, je me rends dans la métropole québécoise à la rencontre de mon ami Jérôme, qui occupe une place prépondérante au sein de mon cercle d’amis torontois. Il est de passage au Québec en compagnie de sa copine, qui ce soir-là est en famille. Sa sœur, qui n’est pas en ville, lui a prêté son appartement, si bien qu’en tout confort nous pouvons y passer du temps de qualité pendant une soirée, toute à nous. Après quelques heures de conversation sans effort et d’un grand plaisir, signe d’une véritable amitié, l’envie nous prend d’aller nous promener dans la ville, lors d’une de ces nuits d’hiver où, neige au sol oblige, l’obscurité n’est jamais totale.

Nous progressons vers l’ouest sur Beaubien. Au premier coin, rue Saint-Denis, je remarque du coin de l’œil une passante, progressant vers le nord et s’apprêtant à nous croiser, qui semble nous reluquer. Je lui fais face et surprise!, il s’agit de Catherine, une amie d’université et ancienne copine de mon bon ami Frédéric. Notre dernière rencontre remonte bien à trois ou quatre ans. Elle revient d’un souper avec une amie, et bien qu’elle ait bien mangé, elle rentre chez elle en restant sur sa faim, sa comparse ayant tiré sa révérence par fatigue invoquée.

Le hasard de notre rencontre tombe donc bien, et comme manière de prolonger sa soirée, elle convient de nous guider dans une visite improvisée de son quartier, à commencer par un bar dissimulé au milieu d’entrepôts. Nous n’en voyons que la porte, car l’établissement n’est exploité qu’en période estivale, mais qu’importe. Tout au long de notre progression, nous jasons joyeusement et nous nous mettons à jour sur nos projets présents et nos aspirations futures. Il fait bon la revoir dans cette nuit montréalaise drapée de blanc, et bientôt vient l’heure de se séparer, heureux de ce moment partagé et dans l’attente d’une prochaine rencontre, fortuite ou pas.

vendredi 10 janvier 2014

Sagaviation

J'ai passé un fort agréable temps des Fêtes en famille au Québec, mais le retour à Tokyo s'est transformé en saga aéroportuaire mêlant mauvais temps, malchance et manque de jugeote. Résumons de manière aussi concise que possible :

1. Mes vols initiaux étaient Montréal-Chicago le 6 janvier à 13h50, puis Chicago-Tokyo le lendemain 7 janvier à 12h30. Au matin du 6, la pluie verglaçante entraîne l'annulation de mon vol vers Chicago. J'appelle American Airlines et on m'indique qu'un vol à 18h20 le même jour, vers LaGuardia (New York) a été confirmé, et qu'un vol me mènera de cet aéroport vers Chicago le lendemain matin, à temps pour le vol initialement prévu Chicago-Tokyo du 7 janvier.

2. Je m'enregistre à l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau (PET) et atteins les portes d'embarquement bien d'avance. J'en profite pour m'installer dans un coin tranquille, et consulte régulièrement le site de l'aéroport pour vérifier l'état du vol à venir. Je constate d'emblée qu'il a été repoussé à 19h15. Les vérifications subséquentes me le confirment.

3. À 17h45, heure prévue de l'embarquement si l'avion avait bien décollé à 18h20, j'entends soudainement mon nom à l'intercom, n'ayant pas porté attention aux annonces précédentes. J'accours aussitôt au comptoir de la porte d'embarquement, mais trop tard : après avoir été retardé, le vol a été annulé, et on tentait de me trouver une place sur un vol plus tôt d'une demi-heure, dont les portes viennent de se fermer. Pas fort, Julien. (Certes, mais avez-vous déjà vu ça, un vol retardé puis annulé entraînant une redirection vers un vol plus tôt?)

4. L'agente exaspérée par ma nonchalance puis attendrie par mes piteuses excuses finit, après une demi-heure de recherches, par me trouver une place sur un vol d'Air Canada vers LaGuardia à 19h55. Je la remercie et me crois tiré d'affaire.

5. L'attente est longue, le vol, retardé, et on n'annonce l'embarquement qu'à 22h, au moment où l'aéroport est pratiquement déserté. Je donne ma carte d'embarquement, mais l'agent surpris me dit que je n'ai qu'un reçu de transfert entre American Airlines (AA) et Air Canada (AC), et qu'il fallait que je m'enregistre à nouveau auprès d'AC (l'agente précédente me l'avait dit, ce que je me souviens à ce moment-là, mais sa consigne a dû me rentrer d'une oreille pour en ressortir de l'autre). Les bagagistes ayant quitté l’aéroport depuis belle lurette, et puisqu'il ne peut me prendre sans mes bagages, il me fait sortir de la zone sécurisée de l'aéroport – la honte! – et me dit d'aller au comptoir d'AA à compter de son ouverture, à 3 heures du matin. Je me sens piteux, nullard, j'ai faim. Pas fort fort, Julien.

6. Heureusement, mon frère vient me chercher, question d'au moins passer quelques heures au chaud, et avec son cellulaire vers 23h j'appelle le service à la clientèle d'AA pour me mettre en file (il s'agit de laisser le numéro de téléphone et de raccrocher en attendant son tour). Le téléphone sonne à 3 heures du matin. Dans les vapes, je réussis à obtenir un vol à 6h10 à LaGuardia, puis un autre LaGuardia-Chicago à 8h50, me permettant enfin de rejoindre mon vol depuis Chicago à 12h30.

7. Déposé à l'aéroport vers 4 heures du matin le 7 janvier (merci frérot!), je me rends au comptoir d'AA et la dame m'indique que le vol vers LaGuardia étant retardé, autant mieux laisser tomber la possibilité d'aller à Chicago à temps pour 12h30. Elle me patente un vol vers Boston avec AC à embarquement dans les vingt minutes, en vue d'un vol Boston-Tokyo à midi avec Japan Airlines (JAL). Mes bagages étant perdus dans les dédales de PET, elle m'indique de ne pas m'en préoccuper et de déposer une réclamation de bagage une fois arrivé à Tokyo.

8. Je me rends à toute vitesse au comptoir d’AC pour mettre la main sur ma carte d’embarquement, passe la sécurité et l’immigration tout aussi vite et arrive au moment même où les passagers se mettent à monter à bord. Ma chance se met-elle à tourner?

9. À Boston, avec beaucoup de temps avant le vol, je vais au comptoir de JAL pour obtenir ma carte d’embarquement. Le visage de l’agente, qui se crispe dès les premiers instants, présage le nouveau rebondissement : mon nom, bien que transféré par AA, n’apparaît pas dans les systèmes de JAL. Le vol étant déjà trop plein compte tenu de la météo exécrable, on me met en standby, bien sûr dernier de la liste de priorité, n’étant pas a priori client de JAL. Après près de deux heures d’attente, alors qu’il ne reste que deux des personnes en standby dont moi (tandis qu’une quinzaine d’autres obtiennent le droit de monter à bord), on me confirme que non, je ne pourrai prendre ce vol, et que je dois retourner au comptoir d’AA.

10. À ce point-ci, l’aventure semble surréelle et inéluctable au point de me rendre calme et agréable. Je compatis avec la dame au comptoir d’AA, qui doit vivre une journée bien plus stressante que la mienne, je fais des blagues légères, je joue au charmeur. C’est tout de même à dessein : je sais qu’il sera probablement impossible d’aller à Tokyo le jour même, et espère obtenir une nuit à l’hôtel et peut-être un coupon d’alimentation. Le jeu en vaut la chandelle : nuitée à l’aéroport de l’hôtel et vol tôt le lendemain 8 janvier pour Chicago, duquel JAL me transportera jusqu’à Tokyo. Ça va de mieux en mieux. Après quelques heures de détente à l’hôtel, je vais me balader au joli centre-ville de Boston, à Quincy Market, Faneuil Hall et au Boston Garden. Il fait frette, mais allez pas dire ça à un Trifluvien rescapé des airs.

11. Le seul hic demeure mes bagages, se trouvant quelque part dans l’antre du monstre qu’on appelle industrie aéronautique. Mes vols Boston-Chicago et Chicago-Tokyo me mènent sans anicroche à bon aéroport, soit Narita à Tokyo, où passé les douanes je réclame mes bagages sans espoir de les retrouver avant quelques jours, surtout que leur localisation semble donner du fil à retordre à celui qui traite ma demande. Mais surprise, et belle conclusion à cette saga, ils me sont livrés quelques heures plus tard, directement à mon logis tokyoïte. Tout est bien qui finit bien, et quelle histoire à conter, sous le signe de la malchance, du mauvais temps et de la stupidité!