J'ai passé un fort agréable temps des Fêtes en famille au Québec, mais le retour à Tokyo s'est transformé en saga aéroportuaire mêlant mauvais temps, malchance et manque de jugeote. Résumons de manière aussi concise que possible :
1.
Mes vols initiaux étaient Montréal-Chicago le 6 janvier à 13h50, puis
Chicago-Tokyo le lendemain 7 janvier à 12h30. Au matin du 6, la pluie
verglaçante entraîne l'annulation de mon vol vers Chicago. J'appelle
American Airlines et on m'indique qu'un vol à 18h20 le même
jour, vers LaGuardia (New York) a été confirmé, et qu'un vol me mènera
de cet aéroport vers Chicago le lendemain matin, à temps pour le vol
initialement prévu Chicago-Tokyo du 7 janvier.
2. Je
m'enregistre à l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau (PET) et atteins les
portes d'embarquement bien d'avance. J'en profite pour m'installer dans
un coin tranquille, et consulte régulièrement le site de l'aéroport pour
vérifier l'état du vol à venir. Je constate d'emblée qu'il a été
repoussé à 19h15. Les vérifications subséquentes me le confirment.
3. À 17h45, heure prévue de l'embarquement si l'avion avait bien
décollé à 18h20, j'entends soudainement mon nom à l'intercom, n'ayant
pas porté attention aux annonces précédentes. J'accours aussitôt au
comptoir de la porte d'embarquement, mais trop tard : après avoir été
retardé, le vol a été annulé, et on tentait de me trouver une place sur
un vol plus tôt d'une demi-heure, dont les portes viennent de se fermer.
Pas fort, Julien. (Certes, mais avez-vous déjà vu ça, un vol retardé
puis annulé entraînant une redirection vers un vol plus tôt?)
4. L'agente exaspérée par ma nonchalance puis attendrie par mes piteuses
excuses finit, après une demi-heure de recherches, par me trouver une
place sur un vol d'Air Canada vers LaGuardia à 19h55. Je la remercie et
me crois tiré d'affaire.
5. L'attente est longue, le vol,
retardé, et on n'annonce l'embarquement qu'à 22h, au moment où
l'aéroport est pratiquement déserté. Je donne ma carte d'embarquement,
mais l'agent surpris me dit que je n'ai qu'un reçu de transfert entre
American Airlines (AA) et Air Canada (AC), et qu'il fallait que je
m'enregistre à nouveau auprès d'AC (l'agente précédente me l'avait dit,
ce que je me souviens à ce moment-là, mais sa consigne a dû me rentrer
d'une oreille pour en ressortir de l'autre). Les bagagistes ayant quitté
l’aéroport depuis belle lurette, et puisqu'il ne peut me prendre sans
mes bagages, il me fait sortir de la zone sécurisée de l'aéroport – la
honte! – et me dit d'aller au comptoir d'AA à compter de son ouverture, à
3 heures du matin. Je me sens piteux, nullard, j'ai faim. Pas fort
fort, Julien.
6. Heureusement, mon frère vient me chercher,
question d'au moins passer quelques heures au chaud, et avec son
cellulaire vers 23h j'appelle le service à la clientèle d'AA pour me
mettre en file (il s'agit de laisser le numéro de téléphone et de
raccrocher en attendant son tour). Le téléphone sonne à 3 heures du
matin. Dans les vapes, je réussis à obtenir un vol à 6h10 à LaGuardia,
puis un autre LaGuardia-Chicago à 8h50, me permettant enfin de rejoindre
mon vol depuis Chicago à 12h30.
7. Déposé à l'aéroport vers 4
heures du matin le 7 janvier (merci frérot!), je me rends au comptoir
d'AA et la dame m'indique que le vol vers LaGuardia étant retardé,
autant mieux laisser tomber la possibilité d'aller à Chicago à temps
pour 12h30. Elle me patente un vol vers Boston avec AC à embarquement
dans les vingt minutes, en vue d'un vol Boston-Tokyo à midi avec Japan
Airlines (JAL). Mes bagages étant perdus dans les dédales de PET, elle
m'indique de ne pas m'en préoccuper et de déposer une réclamation de
bagage une fois arrivé à Tokyo.
8. Je me rends à toute vitesse
au comptoir d’AC pour mettre la main sur ma carte d’embarquement, passe
la sécurité et l’immigration tout aussi vite et arrive au moment même où
les passagers se mettent à monter à bord. Ma chance se met-elle à
tourner?
9. À Boston, avec beaucoup de temps avant le vol, je
vais au comptoir de JAL pour obtenir ma carte d’embarquement. Le visage
de l’agente, qui se crispe dès les premiers instants, présage le nouveau
rebondissement : mon nom, bien que transféré par AA, n’apparaît pas
dans les systèmes de JAL. Le vol étant déjà trop plein compte tenu de la
météo exécrable, on me met en standby, bien sûr dernier de la liste de
priorité, n’étant pas a priori client de JAL. Après près de deux heures
d’attente, alors qu’il ne reste que deux des personnes en standby dont
moi (tandis qu’une quinzaine d’autres obtiennent le droit de monter à
bord), on me confirme que non, je ne pourrai prendre ce vol, et que je
dois retourner au comptoir d’AA.
10. À ce point-ci, l’aventure
semble surréelle et inéluctable au point de me rendre calme et agréable.
Je compatis avec la dame au comptoir d’AA, qui doit vivre une journée
bien plus stressante que la mienne, je fais des blagues légères, je joue
au charmeur. C’est tout de même à dessein : je sais qu’il sera
probablement impossible d’aller à Tokyo le jour même, et espère obtenir
une nuit à l’hôtel et peut-être un coupon d’alimentation. Le jeu en vaut
la chandelle : nuitée à l’aéroport de l’hôtel et vol tôt le lendemain 8
janvier pour Chicago, duquel JAL me transportera jusqu’à Tokyo. Ça va
de mieux en mieux. Après quelques heures de détente à l’hôtel, je vais
me balader au joli centre-ville de Boston, à Quincy Market, Faneuil Hall
et au Boston Garden. Il fait frette, mais allez pas dire ça à un
Trifluvien rescapé des airs.
11. Le seul hic demeure mes
bagages, se trouvant quelque part dans l’antre du monstre qu’on appelle
industrie aéronautique. Mes vols Boston-Chicago et Chicago-Tokyo me
mènent sans anicroche à bon aéroport, soit Narita à Tokyo, où passé les
douanes je réclame mes bagages sans espoir de les retrouver avant
quelques jours, surtout que leur localisation semble donner du fil à
retordre à celui qui traite ma demande. Mais surprise, et belle
conclusion à cette saga, ils me sont livrés quelques heures plus tard,
directement à mon logis tokyoïte. Tout est bien qui finit bien, et
quelle histoire à conter, sous le signe de la malchance, du mauvais
temps et de la stupidité!
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