mardi 31 juillet 2012
Kofu
Demain matin m'attend la montagne. Par demain j'entends tantôt, après une courte de nuit de sommeil. Courte comme moins de quatre heures. Paupières lourdes maintenant, paupières lourdes sans doute de l'autre côté de la nuit, sieste ferroviaire s'imposera. Suffira de ne pas manquer son arrêt vers les contrées montagnesques pour de la randonnée rocambolesque.
samedi 28 juillet 2012
Vingt-trois
Vingt-trois minutes vingt-trois secondes de rédaction.
À l'occasion de chaque exercice de composition chronométrée, je demande si je serai en mesure de remplir ce temps de mots. Immanquablement, j'y parviens, et cette fois-ci ne devrait pas faire exception.
L'été bat donc son plein depuis quelques semaines, et les températures rafraîchissantes ne devraient commencer à se succéder qu'à compter de fin septembre.
Voilà pourquoi la semaine prochaine, de mardi à vendredi, je compte me farcir une petite escapade de montagne, où à l'abri de l'île thermique bétonnière qu'est Tokyo et adouci par l'altitude des Minami Arupusu, les Alpes méridionales, j'envisage de m'adonner à une activité jamais déplaisante, j'ai nommé la randonnée. Du strict minimum équipé, c'est en tente et sac de couchage que je compte pieuter. Des sommets à trois mille mètres, à moins de trois heures et trois mille yens en train de Tokyo.
J'ai mentionné la fin du calvaire caniculaire à la fin septembre. Eh bien ça tombe bien, car de la fin août, et ce, pour trois semaines, c'est le sol canadien que fouleront mes pieds, pour y voir famille et amis. En attendant qu'au pays du soleil levant le soleil soit moins écorchant, je serai parmi mes proches alors même que le festival western de Saint-Tite battra son plein, et qu'en soirée le coton ouaté sera de mise. Au menu également, mon ami Jean-Philippe qui à Québec saura se donner âme et corps en prestation avec son groupe, du camping avec mes parents au Lac Blanc, une virée chalet pour la fête du Travail, bref du plaisir joyeux et de la joie plaisante.
Si Canada rimera avec détente sans souci, le retour sera plutôt synonyme de passage aux choses sérieuses. Voyez-vous, mon visa venant à échéance en décembre seulement, une réflexion en profondeur sur la manière de s'y prendre sera de bon aloi, compte tenu qu'au Japon dans un avenir rapproché je souhaite rester. Il faudrait que je me mette à y penser dans les plus brefs délais, mais je me connais, j'ai la tendance, inscrite dans mes gènes, de m'imposer des délais, de repousser à plus tard, à un moment où la pression parviendra miraculeusement à me faire mouvoir le postérieur. Des visées de visa à venir.
Au fait, je reviens d'une soirée avec mes collègues de travail, pour souligner l'arrivée de Michael, d'Écosse mais que je croyais d'Australie (j'ai toujours eu de la misère à distinguer certains accents britannique de ceux d'Océanie), de Kimie, elle d'Australie, de Miho à la réception, et du départ d'Oana, dont la naissance du bébé ne saurait tarder. Bien gentille l'Oana la Roumaine, elle qui m'avait offert un bon Bordeaux pour mon anniversaire, tandis que je lui avais rapporté du pâté de poulet de Roumanie, qui m'avait été donné par Ioana la Roumaine, elle aussi à l'époque enceinte, rencontrée lors de mon voyage à Kyushu en mai dernier. J'espère qu'elle mettra bas, ou qu'elle vêlera en français correct, sans heurt.
Sans heurt, et c'est l'heure. Ce n'est pas un leurre. Ciao!
À l'occasion de chaque exercice de composition chronométrée, je demande si je serai en mesure de remplir ce temps de mots. Immanquablement, j'y parviens, et cette fois-ci ne devrait pas faire exception.
L'été bat donc son plein depuis quelques semaines, et les températures rafraîchissantes ne devraient commencer à se succéder qu'à compter de fin septembre.
Voilà pourquoi la semaine prochaine, de mardi à vendredi, je compte me farcir une petite escapade de montagne, où à l'abri de l'île thermique bétonnière qu'est Tokyo et adouci par l'altitude des Minami Arupusu, les Alpes méridionales, j'envisage de m'adonner à une activité jamais déplaisante, j'ai nommé la randonnée. Du strict minimum équipé, c'est en tente et sac de couchage que je compte pieuter. Des sommets à trois mille mètres, à moins de trois heures et trois mille yens en train de Tokyo.
J'ai mentionné la fin du calvaire caniculaire à la fin septembre. Eh bien ça tombe bien, car de la fin août, et ce, pour trois semaines, c'est le sol canadien que fouleront mes pieds, pour y voir famille et amis. En attendant qu'au pays du soleil levant le soleil soit moins écorchant, je serai parmi mes proches alors même que le festival western de Saint-Tite battra son plein, et qu'en soirée le coton ouaté sera de mise. Au menu également, mon ami Jean-Philippe qui à Québec saura se donner âme et corps en prestation avec son groupe, du camping avec mes parents au Lac Blanc, une virée chalet pour la fête du Travail, bref du plaisir joyeux et de la joie plaisante.
Si Canada rimera avec détente sans souci, le retour sera plutôt synonyme de passage aux choses sérieuses. Voyez-vous, mon visa venant à échéance en décembre seulement, une réflexion en profondeur sur la manière de s'y prendre sera de bon aloi, compte tenu qu'au Japon dans un avenir rapproché je souhaite rester. Il faudrait que je me mette à y penser dans les plus brefs délais, mais je me connais, j'ai la tendance, inscrite dans mes gènes, de m'imposer des délais, de repousser à plus tard, à un moment où la pression parviendra miraculeusement à me faire mouvoir le postérieur. Des visées de visa à venir.
Au fait, je reviens d'une soirée avec mes collègues de travail, pour souligner l'arrivée de Michael, d'Écosse mais que je croyais d'Australie (j'ai toujours eu de la misère à distinguer certains accents britannique de ceux d'Océanie), de Kimie, elle d'Australie, de Miho à la réception, et du départ d'Oana, dont la naissance du bébé ne saurait tarder. Bien gentille l'Oana la Roumaine, elle qui m'avait offert un bon Bordeaux pour mon anniversaire, tandis que je lui avais rapporté du pâté de poulet de Roumanie, qui m'avait été donné par Ioana la Roumaine, elle aussi à l'époque enceinte, rencontrée lors de mon voyage à Kyushu en mai dernier. J'espère qu'elle mettra bas, ou qu'elle vêlera en français correct, sans heurt.
Sans heurt, et c'est l'heure. Ce n'est pas un leurre. Ciao!
vendredi 27 juillet 2012
Élodieuse France
À Shinjuku j'ai donné rendez-vous à mon amie Ayami.
J'y suis allé en vélo, heureux. Cette locomotion bicycliste au centre de Tokyo, malgré la chaleur étouffante, était un plaisir qui, voilà un mois à peine, m'était interdit.
Nous avons déniché une pizzeria sympa, auquel Emmanuel, que je n'avais pas vu depuis des lustres, s'est joint à nous. Français d'origine et la peau plus résistante au soleil que la mienne, en discutant plages il nous a révélé devenir pratiquement noir lorsqu'il se bronze la couenne, ce à quoi j'ai fait allusion à Black Emmanuelle en Afrique, film exotico-érotique des années soixante-dix qui a alimenté nos fantasmes de garçons en puberté de chaque côté de l'Atlantique. Nous avons ri de bon cœur, pour ensuite vulgariser à Ayami la blague. Elle est après tout une fille, japonaise de surcroît, ignorant tout de Bleu Nuit.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers une fête à Otsuka, moi à vélo, eux en train, dans un bar tenu par un Français, en l'honneur d'une Française fraîchement débarquée. Élodie de son prénom, elle s'est désistée de sa propre fête une quinzaine de minutes seulement après notre arrivée, afin de se rendre, de son propre aveu, à une activité organisée par des amis. Faussement insulté par son départ, je lui ai dit à la blague qu'au lieu de la mélodie du bonheur, elle nous jouait l'Élodie du malheur, plaisanterie qu'elle n'a exactement trouvé drôle. Moi, j'ai su l'apprécier, ma blague.
Chic soirée avec deux bon amis, en rétrospective. N'en déplaise à la chaleur estivale.
J'y suis allé en vélo, heureux. Cette locomotion bicycliste au centre de Tokyo, malgré la chaleur étouffante, était un plaisir qui, voilà un mois à peine, m'était interdit.
Nous avons déniché une pizzeria sympa, auquel Emmanuel, que je n'avais pas vu depuis des lustres, s'est joint à nous. Français d'origine et la peau plus résistante au soleil que la mienne, en discutant plages il nous a révélé devenir pratiquement noir lorsqu'il se bronze la couenne, ce à quoi j'ai fait allusion à Black Emmanuelle en Afrique, film exotico-érotique des années soixante-dix qui a alimenté nos fantasmes de garçons en puberté de chaque côté de l'Atlantique. Nous avons ri de bon cœur, pour ensuite vulgariser à Ayami la blague. Elle est après tout une fille, japonaise de surcroît, ignorant tout de Bleu Nuit.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers une fête à Otsuka, moi à vélo, eux en train, dans un bar tenu par un Français, en l'honneur d'une Française fraîchement débarquée. Élodie de son prénom, elle s'est désistée de sa propre fête une quinzaine de minutes seulement après notre arrivée, afin de se rendre, de son propre aveu, à une activité organisée par des amis. Faussement insulté par son départ, je lui ai dit à la blague qu'au lieu de la mélodie du bonheur, elle nous jouait l'Élodie du malheur, plaisanterie qu'elle n'a exactement trouvé drôle. Moi, j'ai su l'apprécier, ma blague.
Chic soirée avec deux bon amis, en rétrospective. N'en déplaise à la chaleur estivale.
mardi 24 juillet 2012
Kagurazaka
Ensemble en début de soirée nous sommes allés au festival, le matsuri, de Kagurazaka, un beau quartier à une station de métro seulement.
À la lumière des lanternes, la chaleur issue de la cuisson des nombreux stands, joignant ses forces à celle accumulée dans le béton, nous chauffait la couenne.
C'était jaune de monde, du monde de bonne humeur, au point où nous avancions à pas de tortue dans les parties encombrées. Pas de quoi nous énerver, enivrés que nous étions par l'esprit du matsuri.
Je portais mon jinbei, elle son yukata, qui la rendait encore plus belle. Une touche traditionnelle conférée à une beauté habituelle, j'étais choyé.
À la lumière des lanternes, la chaleur issue de la cuisson des nombreux stands, joignant ses forces à celle accumulée dans le béton, nous chauffait la couenne.
C'était jaune de monde, du monde de bonne humeur, au point où nous avancions à pas de tortue dans les parties encombrées. Pas de quoi nous énerver, enivrés que nous étions par l'esprit du matsuri.
Je portais mon jinbei, elle son yukata, qui la rendait encore plus belle. Une touche traditionnelle conférée à une beauté habituelle, j'étais choyé.
dimanche 22 juillet 2012
Grande visite
Mon cousin Louis et sa copine de longue date Cynthia sont venus me rendre visite hier. En provenance de Thaïlande après trois semaines de vacances, ils avaient une escale de seize heures à Tokyo.
Je crois avoir été en mesure d'être un bon ambassadeur de ma ville d'adoption. Comme c'était l'anniversaire de Cynthia, nous sommes allés dans un restaurant de teppanyaki, où l'on peut voir le chef à l’œuvre, créant de l'art culinaire sur sa plaque de cuisson. Nous avons bien mangé et bien bu.
Comme toujours, j'ai apprécié la présence de visiteurs venus d'ailleurs. Je m'émerveillais de les voir s'émerveiller de choses auxquelles je suis désormais habitué. J'ai proposé d'explorer un temple sur le chemin de retour, et ce n'est qu'après sa visite que j'ai jeté un coup d’œil à ma montre, juste à temps pour constater que le transport escompté allait nous filer entre les doigts.
Voyez vous, cette soirée en leur compagnie avait si plaisante que j'ai failli à ma tâche de gardien du temps. Il était déjà trop tard pour le dernier train vers l'aéroport Haneda, d'où leur avion de retour au Canada devait décoller, le lendemain à 6h55. Un peu honteux, je les ai accompagnés pour les aider à se rapprocher de l’aéroport, afin de réduire les frais de taxi. J'ignore encore s'ils s'en sont bien sortis, mais je l'espère, et j'ai été soulagé de constater qu'ils ne semblaient pas m'en vouloir hier soir.
À présent, à quels prochains visiteurs aurais-je l'honneur de faire manquer le dernier train?
Je crois avoir été en mesure d'être un bon ambassadeur de ma ville d'adoption. Comme c'était l'anniversaire de Cynthia, nous sommes allés dans un restaurant de teppanyaki, où l'on peut voir le chef à l’œuvre, créant de l'art culinaire sur sa plaque de cuisson. Nous avons bien mangé et bien bu.
Comme toujours, j'ai apprécié la présence de visiteurs venus d'ailleurs. Je m'émerveillais de les voir s'émerveiller de choses auxquelles je suis désormais habitué. J'ai proposé d'explorer un temple sur le chemin de retour, et ce n'est qu'après sa visite que j'ai jeté un coup d’œil à ma montre, juste à temps pour constater que le transport escompté allait nous filer entre les doigts.
Voyez vous, cette soirée en leur compagnie avait si plaisante que j'ai failli à ma tâche de gardien du temps. Il était déjà trop tard pour le dernier train vers l'aéroport Haneda, d'où leur avion de retour au Canada devait décoller, le lendemain à 6h55. Un peu honteux, je les ai accompagnés pour les aider à se rapprocher de l’aéroport, afin de réduire les frais de taxi. J'ignore encore s'ils s'en sont bien sortis, mais je l'espère, et j'ai été soulagé de constater qu'ils ne semblaient pas m'en vouloir hier soir.
À présent, à quels prochains visiteurs aurais-je l'honneur de faire manquer le dernier train?
mardi 17 juillet 2012
Corps d'Adam C.
J'ai les muscles endoloris, conséquence attendue des premières fréquentations d'un nouveau gym, après un trimestre d'inactivité.
À mon premier jour, mardi, dès mes premiers sauts en corde à danser, je remarque la réflexion dans le miroir du responsable en poste, l'air affolé. Je lui demande ce qui ne va pas. Il me répond qu'il devra confirmer à la direction que mon engin à sauter sur place peut être utilisé sur place.
Bredouille, j'amorce mon entraînement en attendant la confirmation, sans pouvoir faire mes quelques centaines de sauts, comme échauffement.
Il me revient une vingtaine de minutes plus tard, porteur de mauvaise nouvelle : je ne suis pas autorisé à sauter à la corde, sous prétexte que cette dernière risque de heurter d'autres clients. Inutile de promettre que je ferai attention et d'avancer que les autres usagers du gym sauront éviter de se faire bêtement pincer. Il n'est qu'un pion, qu'une courroie de transmission d'ordres venant du haut.
Au lieu de mille sauts à la corde, je me résigne à faire dix minutes de vélo stationnaire à résistance élevée, entraînait une abondante production sudatoire dans ce local dont l'air climatisé ne parvient pas tout à fait à m'isoler de la chaleur torride régnant à l'extérieur.
Après l'entraînement, à la réception je fais en sorte que Reiko, qui parle bien anglais, demande à son gérant de bien vouloir m'accorder une dispense. Je suis toutefois réaliste. En toute probabilité il me faudra m'adapter. J'en ai même composé un poème.
À mon premier jour, mardi, dès mes premiers sauts en corde à danser, je remarque la réflexion dans le miroir du responsable en poste, l'air affolé. Je lui demande ce qui ne va pas. Il me répond qu'il devra confirmer à la direction que mon engin à sauter sur place peut être utilisé sur place.
Bredouille, j'amorce mon entraînement en attendant la confirmation, sans pouvoir faire mes quelques centaines de sauts, comme échauffement.
Il me revient une vingtaine de minutes plus tard, porteur de mauvaise nouvelle : je ne suis pas autorisé à sauter à la corde, sous prétexte que cette dernière risque de heurter d'autres clients. Inutile de promettre que je ferai attention et d'avancer que les autres usagers du gym sauront éviter de se faire bêtement pincer. Il n'est qu'un pion, qu'une courroie de transmission d'ordres venant du haut.
Au lieu de mille sauts à la corde, je me résigne à faire dix minutes de vélo stationnaire à résistance élevée, entraînait une abondante production sudatoire dans ce local dont l'air climatisé ne parvient pas tout à fait à m'isoler de la chaleur torride régnant à l'extérieur.
Après l'entraînement, à la réception je fais en sorte que Reiko, qui parle bien anglais, demande à son gérant de bien vouloir m'accorder une dispense. Je suis toutefois réaliste. En toute probabilité il me faudra m'adapter. J'en ai même composé un poème.
Je vous l'accorde
À bien y penser
Finie la corde
À danser
dimanche 15 juillet 2012
Moine d'Iberville
Le bouquin emprunté à la bibliothèque, à couverture rigide, me conseille d'en retirer la jaquette, plutôt flamboyante.
Paraît-il que Douglas Coupland, son auteur, souhaitait éviter qu'elle devienne une distraction au détriment de l’œuvre, souhaitait éviter qu'on associe l'habit au moine.
C'est drôle, je fais de même avec toutes les jaquettes. Elles sont inutilement encombrantes, voyantes, et puis un livre sans jaquette offre une bien meilleure prise en mains.
C'est moins drôle, la bibliothèque a jugé bon de recouvrir à la fois la jaquette et le livre de cette pellicule autocollante qui me ramène à la petite école, où certains parents l'appliquaient sur les manuels de leurs enfants.
(Les miens optaient plutôt pour un film non adhésif, tenu en place par du papier collant.)
C'est donc dire qu'en dépit de mes préférences et du souhait de l'auteur, la pellicule demeure. Le livre ne peut se dénuder, quelle pudeur.
jeudi 12 juillet 2012
Cutané
Ce matin je me lève, sans trop savoir que faire de ma peau. Cette semaine, n'ayant pratiquement pas eu de traduction à faire, j'ai eu de la misère à meubler les journées ainsi libres.
Je décide de me rendre à la bibliothèque de l'ambassade, pour y remettre trois des quatre romans empruntés trois semaines plus tôt, et renouveler le quatrième. J'y flâne pendant plus d'une heure, à la recherche d'autres bouquins à emprunter. Après avoir pris en note des proverbes japonais d'un ouvrage intéressant mais pas assez pour l'emprunt, mon choix s'arrête sur une œuvre de Douglas Coupland, natif de la Colombie-Britannique, dont j'avais auparavant bien aimé le style. Mon ami Jérôme approuvera.
Je passe au stade de baseball Jingu, pour voir si par hasard les Swallows jouent en soirée. Ce n'est pas le cas, mais s'y déroule une partie d'équipes issues d'écoles secondaires, et l'entrée est libre. Je pénètre dans l'enceinte. Nous sommes en début de neuvième, le score est 4-2 à l'avantage des rouges, les noirs sont au bâton. Ceux-ci marquent les deux points manquants pour forcer la tenue de manches supplémentaires. Personne ne foule le marbre en dixième, mais tout se joue dans une onzième interminable où, incroyablement, les noirs marquent cinq points. Eux qui jusqu'en milieu de match perdaient 4-0 arrachent ainsi la victoire au compte de 9-4. Défaite crève-coeur pour leurs adversaires, les rouges, dont certains joueurs ne peuvent retenir leurs larmes. D'emblée, cela me semble risible, puis je trouve ça un peu triste, de pleurer pour un jeu.
Voulant profiter du happy hour, je me dirige vers le pub tout près, celui-là même où il y aura bientôt un an et demi j'ai pris conscience pour la première fois des dégâts du tsunami, qui n'avaient rien à voir avec le Tokyo calme et épargné, tel que je l'ai vécu le 11 mars 2011.
La nuit tombée, je reviens dans mon quartier, avec l'intention de jeter un coup d’œil au petit club punk découvert quelques jours auparavant. L'entrée y est cette fois presque libre, moyennant seulement l'achat d'une consommation. J'arrive juste à temps pour la dernière formation, produisant du punk un peu garage pas mal du tout. Leur courte prestation achevée sans rappel, je rentre. Sans savoir qu'en faire, ma peau je l'ai promenée.
Je décide de me rendre à la bibliothèque de l'ambassade, pour y remettre trois des quatre romans empruntés trois semaines plus tôt, et renouveler le quatrième. J'y flâne pendant plus d'une heure, à la recherche d'autres bouquins à emprunter. Après avoir pris en note des proverbes japonais d'un ouvrage intéressant mais pas assez pour l'emprunt, mon choix s'arrête sur une œuvre de Douglas Coupland, natif de la Colombie-Britannique, dont j'avais auparavant bien aimé le style. Mon ami Jérôme approuvera.
Je passe au stade de baseball Jingu, pour voir si par hasard les Swallows jouent en soirée. Ce n'est pas le cas, mais s'y déroule une partie d'équipes issues d'écoles secondaires, et l'entrée est libre. Je pénètre dans l'enceinte. Nous sommes en début de neuvième, le score est 4-2 à l'avantage des rouges, les noirs sont au bâton. Ceux-ci marquent les deux points manquants pour forcer la tenue de manches supplémentaires. Personne ne foule le marbre en dixième, mais tout se joue dans une onzième interminable où, incroyablement, les noirs marquent cinq points. Eux qui jusqu'en milieu de match perdaient 4-0 arrachent ainsi la victoire au compte de 9-4. Défaite crève-coeur pour leurs adversaires, les rouges, dont certains joueurs ne peuvent retenir leurs larmes. D'emblée, cela me semble risible, puis je trouve ça un peu triste, de pleurer pour un jeu.
Voulant profiter du happy hour, je me dirige vers le pub tout près, celui-là même où il y aura bientôt un an et demi j'ai pris conscience pour la première fois des dégâts du tsunami, qui n'avaient rien à voir avec le Tokyo calme et épargné, tel que je l'ai vécu le 11 mars 2011.
La nuit tombée, je reviens dans mon quartier, avec l'intention de jeter un coup d’œil au petit club punk découvert quelques jours auparavant. L'entrée y est cette fois presque libre, moyennant seulement l'achat d'une consommation. J'arrive juste à temps pour la dernière formation, produisant du punk un peu garage pas mal du tout. Leur courte prestation achevée sans rappel, je rentre. Sans savoir qu'en faire, ma peau je l'ai promenée.
lundi 9 juillet 2012
Un pro d'impro
Parfois je me lève, sans obligation au menu, et décide de m'improviser une virée, une improvirée, si vous voulez.
Ce fut le cas ce matin, et en direction du mont Takao, à moins d'une heure de train, j'ai mis les voiles.
Non content de simplement le gravir, après m'être renseigné au centre des visiteurs au sommet, j'ai mis le cap à l'ouest, vers le mont Kobotoke-Shiroyama, puis comme cible finale le lac Sagami, dont j'ignorais jusqu'alors l'existence.
Il faisait beau, pas trop chaud. J'ai su maintenir un bon rythme et rester hydraté. Mon mélange du randonneur maison a bien rempli sa mission. Arrivé à destination, je me suis étendu à l'ombre en bordure du lac, avant de revenir au bercail. Bien jouée comme improvirée!
Ce fut le cas ce matin, et en direction du mont Takao, à moins d'une heure de train, j'ai mis les voiles.
Non content de simplement le gravir, après m'être renseigné au centre des visiteurs au sommet, j'ai mis le cap à l'ouest, vers le mont Kobotoke-Shiroyama, puis comme cible finale le lac Sagami, dont j'ignorais jusqu'alors l'existence.
Il faisait beau, pas trop chaud. J'ai su maintenir un bon rythme et rester hydraté. Mon mélange du randonneur maison a bien rempli sa mission. Arrivé à destination, je me suis étendu à l'ombre en bordure du lac, avant de revenir au bercail. Bien jouée comme improvirée!
samedi 7 juillet 2012
Poutinette
La poutine qui gagne ses lettres de noblesse, en vedette dans le nouveau
matériel d'enseignement de Berlitz. La mention du Québec plutôt que du
Canada aurait été plus juste, et pourquoi la reléguer au rang d'entrée? L'appétit m'est néanmoins creusée.
vendredi 6 juillet 2012
Après la nuit le beau temps
Elle s'était mise à tomber, puis a cessé. Le pavé n'est pas encore sec, mais n'est plus détrempé. De lourds nuages demeurent, aux contours découpés par la pollution lumineuse, tandis que me parvient celle sonore d'occasionnels véhicules. L'air s'est rafraîchi; après tout il fait nuit.
jeudi 5 juillet 2012
Poésie du logis
Mon ami Jeremy m'a demandé d'organiser un tour d'horizon de mon nouveau logis.
Tout d'abord, laissez-moi vous présenter la théorie julienienne du logis tokyoïte : des trois éléments désirables que sont (1) un emplacement central, (2) un loyer abordable et (3) une bonne taille, il n'est possible que d'en choisir deux. J'ai opté pour les deux premiers, de sorte que ma tanière ne fait que 16,5 mètres carrés, environ 10 tatamis en mesure japonaise conventionnelle, ou environ 180 pieds carrés, en mesure usuelle canadienne. Sa petitesse aura l'avantage de freiner ma tendance à accumuler des bébelles inutiles.
À présent, amorçons-en la description, photos à l'appui.
Tout d'abord, la vue depuis l'extérieur, avec de biais une des rares avenues bordées d'arbres de Tokyo. Lorsque la corde à linge est rangée, il est possible de s'y asseoir et s'y détendre, ce qui n'est pas donné à tous les balcons de la capitale. Remarquez, dans le coin inférieur droit, la plante, naguère toute petite mais croissant rapidement, que je viens de transplanter. Son nouveau pot, je l'ai trouvé abandonné près de la station, dans lequel se trouvait un jeune conifère achevé par le dessèchement. Cet arbre n'a beau plus être des nôtres, sa terre et son récipient, maintenant aliments et refuge de ma plante, sauront honorer sa mémoire. Trop de poésie pour la botanique, passons à la prochaine photo!
Vient ensuite la vue intérieure, depuis le balcon. Hormis la salle de bains, mon lieu de vie se résume pas mal à ça. À noter que tous les meubles de l'appartement m'ont été donnés, sauf le support à cintres. Dignes d'intérêt ici sont les deux romans qui servent de part et d'autre de support à mon ordinateur qui, vieillissant, a la manie de surchauffer. J'ai pu emprunter Les rapaillages de Lionel Groulx à la bibliothèque de l'ambassade canadienne, ce qui est ironique, lui qui fut un des maîtres à penser du nationalisme canadien-français du début du vingtième siècle. Je m'écarte de la visite guidée, j'en suis conscient, mais en voici d'ailleurs mon passage préféré, une citation d'Albert Lozeau :
Notre Notre Père à présent récité, tournons-nous vers le futon, essentiel pour cause d'espace restreint. Je n'ai pas eu trop de mal à m'y habituer, et aujourd'hui je le préfère presque au lit. Et puis, c'est moins dramatique de tomber en bas de son futon...
Retournons-nous et avançons de quelques pas, ou plutôt passons à la cuisine. La table à la gauche, accompagnée de deux chaises, je l'avais remarquée le jour de mon déménagement, posée au flanc de l'immeuble. Je suis allé voir le responsable de l'édifice, qui n'a pas hésité à me les offrir les trois. Je crois qu'il souhaitait s'en départir, malgré leur excellent état, et puisque ici il faut payer pour jeter des meubles, de cet échange nous en sommes tous deux sortis gagnants.
Quant à la table à droite, si elle est drapée, c'est pour en dissimuler adroitement du matériel, car l'espace de rangement ne déborde pas en ces lieux. Une nappe, une table, et on a un coffre.
La salle de bains est ce qu'on appelle ici un UB, soit Unit Bath (toilette et douche dans la même pièce). Les Japonais préfèrent généralement qu'ils soient séparés, mais cela ne me pose pas problème. Les dames remarqueront ici le couvert abaissé de la cuvette, par courtoisie mais aussi par crainte d'y échapper des articles de toilette.
Chaque étage de l'édifice ne comportant qu'une rangée d'appartements, le couloir donne sur l'extérieur. C'est un avantage, car lorsque je laisse ma porte patio et celle d'entrée entrouvertes, une agréable brise traverse mon logement. Je n'aurais jamais pensé que pareil échange d'air me plaise à ce point, mais c'est le cas. Comme quoi on a beau examiner un endroit sous toutes ses coutures avant d'y emménager, ce n'est qu'en y vivant qu'on en apprend réellement les défauts et qualités. Pas de doute, j'ai un logement de qualité.
Tout d'abord, laissez-moi vous présenter la théorie julienienne du logis tokyoïte : des trois éléments désirables que sont (1) un emplacement central, (2) un loyer abordable et (3) une bonne taille, il n'est possible que d'en choisir deux. J'ai opté pour les deux premiers, de sorte que ma tanière ne fait que 16,5 mètres carrés, environ 10 tatamis en mesure japonaise conventionnelle, ou environ 180 pieds carrés, en mesure usuelle canadienne. Sa petitesse aura l'avantage de freiner ma tendance à accumuler des bébelles inutiles.
À présent, amorçons-en la description, photos à l'appui.
Tout d'abord, la vue depuis l'extérieur, avec de biais une des rares avenues bordées d'arbres de Tokyo. Lorsque la corde à linge est rangée, il est possible de s'y asseoir et s'y détendre, ce qui n'est pas donné à tous les balcons de la capitale. Remarquez, dans le coin inférieur droit, la plante, naguère toute petite mais croissant rapidement, que je viens de transplanter. Son nouveau pot, je l'ai trouvé abandonné près de la station, dans lequel se trouvait un jeune conifère achevé par le dessèchement. Cet arbre n'a beau plus être des nôtres, sa terre et son récipient, maintenant aliments et refuge de ma plante, sauront honorer sa mémoire. Trop de poésie pour la botanique, passons à la prochaine photo!
Vient ensuite la vue intérieure, depuis le balcon. Hormis la salle de bains, mon lieu de vie se résume pas mal à ça. À noter que tous les meubles de l'appartement m'ont été donnés, sauf le support à cintres. Dignes d'intérêt ici sont les deux romans qui servent de part et d'autre de support à mon ordinateur qui, vieillissant, a la manie de surchauffer. J'ai pu emprunter Les rapaillages de Lionel Groulx à la bibliothèque de l'ambassade canadienne, ce qui est ironique, lui qui fut un des maîtres à penser du nationalisme canadien-français du début du vingtième siècle. Je m'écarte de la visite guidée, j'en suis conscient, mais en voici d'ailleurs mon passage préféré, une citation d'Albert Lozeau :
Ô belle, ô pure, ô noble, ô délectable langue française. Dieu qui aime les Français, et par lesquels ses desseins s'accomplissent, leur a mis dans la bouche, en témoignage de leur mission sublime, le parler le plus suave, le plus doux, le plus fin, le plus fort, le plus touchant qui ait jamais chanté sur les lèvres humaines. Langue claire, langue droite, probe, ennemie de la fraude [...]. Langue pieuse. « Notre Père, qui êtes aux cieux...», cela ne se dit bien qu'en français. [...]
Notre Notre Père à présent récité, tournons-nous vers le futon, essentiel pour cause d'espace restreint. Je n'ai pas eu trop de mal à m'y habituer, et aujourd'hui je le préfère presque au lit. Et puis, c'est moins dramatique de tomber en bas de son futon...
Retournons-nous et avançons de quelques pas, ou plutôt passons à la cuisine. La table à la gauche, accompagnée de deux chaises, je l'avais remarquée le jour de mon déménagement, posée au flanc de l'immeuble. Je suis allé voir le responsable de l'édifice, qui n'a pas hésité à me les offrir les trois. Je crois qu'il souhaitait s'en départir, malgré leur excellent état, et puisque ici il faut payer pour jeter des meubles, de cet échange nous en sommes tous deux sortis gagnants.
Le subterfuge révélé au petit jour |
Chaque étage de l'édifice ne comportant qu'une rangée d'appartements, le couloir donne sur l'extérieur. C'est un avantage, car lorsque je laisse ma porte patio et celle d'entrée entrouvertes, une agréable brise traverse mon logement. Je n'aurais jamais pensé que pareil échange d'air me plaise à ce point, mais c'est le cas. Comme quoi on a beau examiner un endroit sous toutes ses coutures avant d'y emménager, ce n'est qu'en y vivant qu'on en apprend réellement les défauts et qualités. Pas de doute, j'ai un logement de qualité.
mardi 3 juillet 2012
L'homme et les emplettes
Règle générale, l'homme récemment déménagé a besoin de quelques articles pour compléter le mobilier qu'il possède déjà. Lorsque l'homme en question n'est pas féru de magasinage, il s'efforce d'en faire le plus à la fois, de lier l'utile à l'utile à l'utile.
Après la leçon matinale de japonais, je, l'homme en question, suis allé à la succursale de Ginza de Don Quichote, grande surface où on trouve de tout. Ne souhaitant initialement que me procurer une nappe, j'en suis sorti avec une marmite, une poêle, une cuillère en bois, un couteau de cuisine, un pommeau de douche, une ampoule. Ne me reste que quelques articles, dont des rideaux, et joué sera le tour.
Ce n'est qu'au moment de passer à la caisse j'ai pris conscience que c'était à vélo que le matos il me fallait rapporter. Cela représentait beaucoup de stock, mais heureusement avec ma bécane de grand-mère, dotée d'un panier avant et d'un porte-bagages arrière, il a suffi d'un peu de ruban adhésif pour me mettre sur la bonne voie.
Retourné au logis, dans le quartier Waseda, quoi de mieux que siroter une Waseda pour célébrer ma nouvelle vie wasedesque?
Après la leçon matinale de japonais, je, l'homme en question, suis allé à la succursale de Ginza de Don Quichote, grande surface où on trouve de tout. Ne souhaitant initialement que me procurer une nappe, j'en suis sorti avec une marmite, une poêle, une cuillère en bois, un couteau de cuisine, un pommeau de douche, une ampoule. Ne me reste que quelques articles, dont des rideaux, et joué sera le tour.
Ce n'est qu'au moment de passer à la caisse j'ai pris conscience que c'était à vélo que le matos il me fallait rapporter. Cela représentait beaucoup de stock, mais heureusement avec ma bécane de grand-mère, dotée d'un panier avant et d'un porte-bagages arrière, il a suffi d'un peu de ruban adhésif pour me mettre sur la bonne voie.
Retourné au logis, dans le quartier Waseda, quoi de mieux que siroter une Waseda pour célébrer ma nouvelle vie wasedesque?
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