jeudi 31 mars 2011

Savoir-faire du pouce

Hier matin j'ai décidé de me rendre à l'aquarium Churaumi, située à environ 80 kilomètres au nord. Le bus coûtant trop cher à mon goût, c'est sur le pouce que j'y suis allé comme dans le temps.


Ma pancarte indique Je peux parler japonais! J'avais en fait commis une faute de débutant, dont je me suis rendu compte après un certain temps. C'est la particule possessive を qu'il fallait mettre au lieu de la particule de sujet は. Je l'ai corrigée au stylo, mais le mal était fait.

Trois personnes m'ont permis de me rendre à bon aquarium. Un instructeur de plongée, une mère de famille conduisant une camionnette de distribution alimentaire, et un pêcheur portant fièrement la coupe Longueuil. Ce dernier m'a même déposé directement devant l'entrée de l'aquarium. Merci pêcheur de m'apporter aux poissons!



Cette petite journée de pouce n'était en rien comparable aux cinq semaines de grande aventure sur les routes de France alors que j'avais dix-neuf ans, où ma pancarte, l'attrape-Français par excellence, indiquait Je suis Québécois. Tout de même, cette petite journée m'a rappelé que ce mode de transport permet de rencontrer des gens de divers horizons, dont on pourrait difficilement faire la connaissance autrement.

Expérience à répéter ailleurs au Japon. Expérience à répéter dès maintenant, car je dois retourner à Naha, la capitale, en vue de la fièvre du vendredi du soir...

mercredi 30 mars 2011

Son temps

Prendre son temps en voyage, c'est entrer dans un parc, parce qu'on l'a vu sur la carte, et s'y assoupir doucement, la tête posée sur son sac, le visage baigné par le soleil faiblissant de fin d'après-midi.

mardi 29 mars 2011

Les hasards de la vie

Je me lève en fin d'avant-midi sans trop savoir que faire de ma peau. C'est la première journée chaude et ensoleillée depuis plus d'une semaine. Je décide d'aller me louer un vélo, pour au moins profiter d'une brise en me baladant.

Le responsable de l'office de tourisme m'indique la boutique la plus proche. Je m'y rends et y entre. L'unique employé me demande d'attendre tandis qu'il ajuste les bicyclettes d'un couple, et qu'il pose le siège d'enfant sur l'une d'entre elles, dans lequel prendra place leur gamine.

Je ne sais pas si c'est la chaleur qui m'oppresse, ou si j'ai la mèche courte doublée de bougeotte, mais au bout d'à peine cinq minutes, je me lève de ma chaise et sans mot dire je sors de l'endroit. C'est à croire que je vais marcher aujourd'hui.

J'arrive à la hauteur du port, où j'observe un traversier en train de se faire décharger. Ça me fait sourire de voir tous ces matelots qui fourmillent à sortir les marchandises du ventre de la bête, tandis que le capitaine, ce vieux loup de mer, les supervise placidement.


Dans tout ça, je me rends compte que je ne sais pas trop où aller, et je commence à regretter de ne pas avoir été patient à la boutique de vélo. Devant une librairie, je m'arrête pour feuilleter des mangas usagés à 50 yen.

Soudain, j'entends konnichiwa! derrière moi. Je me retourne et aperçois en voiture de location Akane et Naomi, deux filles de Tokyo avec lesquelles j'avais discuté le jour précédent au château Shujiro. Elles s'apprêtent à visiter divers lieux de l'île. Elles m'invitent, où peut-être que je m'invite, et je monte à bord de leur bagnole rose, en vue d'une journée non prévue mais ô combien plaisante à me faire conduire et à voir du pays. Quel heureux hasard!

La Naomi

lundi 28 mars 2011

Un bon chrétien


 En ce jour de mon anniversaire, je suis allé visiter le château Shujiro, probablement le plus connu de l'île d'Okinawa.

Je me disais que j'aurais bien apprécié la présence d'un autre bon Canadien français en cette journée spéciale. Voilà-ti pas que j'aperçois Jean Chrétien sur une photo du centre d'interprétation. Il a visité le château dans le cadre du Sommet Kyushu-Okinawa du G8, tenu en 2000. Non seulement un bon Canayen, mais un p'tit gars de Shawinigan, tout comme moi. Merci Jean, ça m'a réjoui de te voir la bette!


Ce soir, pour célébrer, je compte retourner à un bar baptisé Rehab. J'y étais allé le soir précédent, intrigué par le nom de l'établissement et par son l'écriteau indiquant "Need a drink? Come to the third floor, it's worth the climb!". Le bar appartiendrait à un Canadien anglais, mais paraît-il qu'un Québécois habitant Okinawa s'y rend régulièrement. Qui sait, après un ti-Jean, pourquoi pas un bon Jack?

dimanche 27 mars 2011

Parti vite


 Minuit et neuf, tiens donc, j’ai vingt-sept ans depuis neuf minutes.

Je me lève dimanche midi, magané de la veille, car le samedi soir c’est le gros soir, avec l’envie soudaine de quitter Ishigaki. J’y ai passé six jours, et j’estime que ça suffit, que j’ai fait le tour. À moi maintenant Okinawa.

Je fais mon sac, je rends la clé à la tenancière, qui heureusement ne m’impose aucune pénalité pour mon check out en retard, puis je me dirige vers le terminus d’autobus, juste en face.

Il doit être 13h10 à ce moment-là, et j’espère pouvoir prendre le prochain vol vers Okinawa, à 14h30.

C’est sans compter le bus qui roule excessivement lentement sur un parcours vers l’aéroport plus long que prévu. Je perds progressivement espoir de prendre le vol prévu, et me résigne à devoir prendre le suivant, à 15h30.

Le bus me dépose à l’aéroport vers 14h05. Je me rends au comptoir d’ANA, la compagnie aérienne qui dessert Ishigaki, et demande un billet pour le prochain vol vers Okinawa. L’employée, grande et jolie, ne semble pas tout à fait Japonaise. Je lui demande et elle m’indique que sa mère est une Japonaise de Chiba, et que son père est un anglophone de Montréal, tandis qu’elle est née à Tokyo. C’était comme converser avec ma propre fille, si un jour j’en venais à marier une Japonaise et qu’ensemble nous faisions des enfants.

Mon billet en main, je franchis la porte d’embarquement et on me demande de marcher directement vers l'avion, qui m’attend sur le tarmac. C’est finalement le vol de 14h30 que je prendrai!

Je n’ai jamais transité si rapidement dans un aéroport. Entre le moment d’y mettre les pieds et le décollage de mon avion, à peine 25 minutes se sont écoulées. Si seulement ça pouvait toujours être si rapide!

J’écris le présent récit depuis ma chambre d’un hôtel miteux de Naha, la principale ville de l’île d’Okinawa. La serviette de douche qu’on m’a donnée arbore une vieille tache de café, mais ce n’est pas grave, car j’aime le café.

Demain commence l’exploration de cette île aux nombreuses bases militaires américaines, D’ici là, quelques photographies d’Ishigaki, pour votre plaisir oculaire.

Toujous prêt

Pont bleu sous un ciel bleu

Loin loin

J'aime m'entourer de mannequins

Brillante réflexion

Ce visiteur venu d'Osaka est passé dans le journal local,
à se la jouer derrière de jeunes filles en plein salut hitlérien...

Téléphone pleurnichard

Je sais pas si ce singe est un capucin, mais j'aimerais qu'il le soit.
Alors dans mon monde, c'est un capucin.


samedi 26 mars 2011

Gorge sèche



Rude séance de jogging punitif en après-midi, pour avoir abusé d'awamori la veille. J'aurais couru en matinée si je ne m'étais pas levé à midi et demi.

Déjà passablement déshydraté en début de course, la soif est devenu presque insoutenable sur le chemin de retour. J'ai ainsi décidé momentanément d'arrêter au premier magasin rencontré. Il s'agissait d'un centre de distribution d'eau potable. Ça tombait bien!

Au Japon on craint rarement pour sa sécurité, et les vols sont presque inexistants. J'en ai eu une autre preuve hier tard : je buvais cet awamori maudit dans un petit débit de boisson, lorsque le propriétaire du café Internet est entré pour m'avertir qu'il avait trouvé mon appareil photo, et que je pourrai aller le récupérer le lendemain. Je ne m'étais même pas rendu compte à ce moment-là que je l'avais oublié! Je me demande si, poussé par le sens du devoir, il m'a cherché longtemps...

Ceci n'est pas un cigare, mais de la cane à sucre,
à mâcher pour en extraire la sève, délicieuse.

vendredi 25 mars 2011

Chute meurtrière

Au café Internet où depuis maintenant deux jours je fais des contrats de traduction en début de soirée (il faut bien mettre du sushi sur la table, après tout), je suis tombé sur cet avertissement, collé sur la porte des toilettes.


Dans notre monde où les écriteaux sont peuplés de personnages souriants et bienveillants nous mettant joyeusement en garde contre une multitude de dangers, cette honnêteté est rafraîchissante. C'est vrai que la marche est imposante, et nul doute que le pauvre type nonchalant est promis à une mort certaine en tombant de celle-ci, non sans crier « Oh my God! » alors même que ses yeux se transforment en macabres X, signe immanquable que la mort le gagne avant même de toucher le sol...

jeudi 24 mars 2011

Escargot

L'île Kohama. Découverte à pied car les vélos se louent trop cher. Un appareil photo oublié dans la chambre de l'auberge.

Une vue depuis le sommet, à quatre-vingt-dix-neuf mètres d'altitude. Des bovins au loin.

Un gentil couple de Japonais retraités rencontrés au café du village, qui s'arrêtent peu de temps après pour offrir une balade dans leur auto de location. Balade qui dure un temps seulement, suivie par la demande polie de se faire déposer un peu plus loin, préférant la contemplation et le rythme de la locomotion à deux jambes.

Une plage parsemée de détritus. Des ampoules à la douille rouillée. Une botte au cap d'acier rouillé. Mille et une bouteilles, des milliards de grains de sable.

Une pluie qui se met à tomber. Un coupe-vent qui n'est pas coupe-pluie. Une toile devant une maison servant d'abri de fortune. Une carte de l'île qui se désagrège au contact de l'eau.

L'île Kohama, découverte à pied tandis que ses habitants récoltent la cane à sucre.

mercredi 23 mars 2011

Retomber en enfance

Journée de visite de l’île Taketomi, à 7 km d’Ishigaki, ayant à peine plus de 300 âmes. Les îles peu peuplées m’ont toujours fasciné, et dans celle-ci, je suis retombé en enfance.

Le traversier allait vite vite, et il brassait pas mal à chaque vague brisée. Ça m’a bien fait rigoler, comme un gamin.

Arrivé à Taketomi, je me suis mis à marcher vers le village, situé au centre. Dans un champ en bordure du chemin, des vaches ruminaient. J’ai entrepris de les alimenter en herbes longues hors de portée pour elles. C’était amusant, mais j’avais peur de me faire mordre les doigts, comme un gamin.


Au village, je suis entré dans un petit terrain de jeux. Sur la balançoire je me suis balancé en riant, comme un gamin.


J’ai ensuite exploré un sous-bois, dans lequel j’ai vu un arbre ayant poussé sur un rocher. J’ai été épaté par la capacité de la nature à surmonter les obstacles, comme un gamin.


Dans l’aire de pique-nique d’une plage, j’ai aperçu un chat à la queue tronquée. Ça m’a fait penser à Peter le chat sans queue, un film que j’ai souvent vu à Ciné-Cadeau, étant gamin.


De retour au village, je suis monté dans une tour d’observation donnant une vue d’ensemble du hameau, poussé par l'impulsion d’aller le plus haut possible, comme un gamin.


En marchant le long de la rive vers le port, afin de prendre le traversier de retour, j’ai aperçu le cadavre d’une tortue. Ça m’a rappelé que la vie est éphémère, comme tôt ou tard doit l’apprendre un gamin.

Plus loin le long de cette rive, j’ai observé des bernard-l’ermite faisant leur chemin. Ces petites bêtes qui changent de coquille à mesure qu’elles grandissent m’ont rappelé que, bien qu’elle soit éphémère, la vie s’adapte à toutes les situations, comme tôt ou tard doit le comprendre un gamin.

mardi 22 mars 2011

À l’assaut du mont Omoto

Je me lève vers 9h30, un seul objectif en tête : atteindre le point culminant de l’île, le mont Omoto, à 526 mètres d’altitude. Si en général la hauteur d’une montagne n’est pas indicatrice de la progression verticale du grimpeur, c’est le cas ici. Mon auberge se trouve en effet en face du port, à 0 m sur le niveau de la mer.

Le temps est frais, parfait!, mais plutôt gris, maudit! Je peux probablement oublier la vue panoramique promise depuis le sommet. Qu’importe. L’objectif ne me quitte pas la tête pour autant.

Vers 10h45, après un petit-déjeuner de champion composé de pâtes, je me rends à la gare pour prendre l’autobus qui me déposera au pied du mont. Je m’étais renseigné la journée précédente, sans prendre la peine de bien noter l’horaire. L’employée m’apprend la mauvaise nouvelle : le prochain bus ne part qu’à 14h30. Diantre!

Je refuse d’attendre. Obstiné, je lui demande où se trouve la boutique de location de véhicules la plus proche. C’est en vélo que j’irai, malgré les douze kilomètres qui d’après moi me séparent de la montagne.

L’aller est long et pénible, car évidemment depuis le rivage ça ne peut que monter, et de plus je dois composer avec un fort vent de face. Je ne lâche pas, Omoto ne m’aura pas si facilement.


J’arrive finalement à l’arrêt d’autobus, à 1,7 km du sentier montagnard. J’avais déjà remarqué que les machines distributrices sont légion au Japon. En voilà une autre preuve : dans un champ au beau milieu de ce nulle part rural, une distributrice se dresse fièrement. Je lui achète une boisson, au cas où un besoin de sucre se fera sentir en grimpée.

Ce 1,7 km ascendant, je le gravis à bicyclette. C’est particulièrement rude. Je me crois presque en étape de montagne du Tour de France. Où plutôt du Tour d’Ishigaki, duquel je suis gagnant par défaut.


Au niveau d’une belle vue sur le monstre à conquérir, j’y vais d’un autoportrait, preuve que je me suis rendu à son pied, si je devais décéder. La pancarte par terre m'avertit de ne pas m’approcher d’une partie de la route qui s’est effondrée, juste derrière moi, probablement en raison de pluies diluviennes. J’espère ne pas finir ainsi.

Là commence la véritable épreuve. Ça monte longtemps, dans la jungle humide, au point où je me demande à un certain moment si j’avais dû m’apporter des vivres, à consommer au sommet. Mais bon, je me dis que la portion de pâte me suffira.

À l’approche du sommet, je suis arrosé de bruine. Du moins c’est ce que je pense, jusqu’au moment où je me rends compte que je suis en fait dans les nuages, qui sont bien bas aujourd’hui.


Au bout d’environ une heure de marche, je conquiers le monstre. Je n’ai pas seulement la tête, mais tout le corps, dans les nuages. C’est très venteux, alors je ne m’éternise pas. J’opte pour un autocroquis sur la pierre indiquant l’altitude finale, je bois ma boisson aux raisins, plutôt atroce, puis j’entame ma descente.


Non loin du point culminant, une tour de communications, presque sortie d’un film de science fiction. Les nuages appellent la Terre!

Le parcours depuis le sommet est sans histoire, hormis les quelques fois où mes souliers glissent sur les pierres mouillées, sans toutefois me briser le coccyx, heureusement.

J’atteins finalement mon vélo, et reviens à bon port, soit le port d’Ishigaki. Cette fois-ci j’ai le vent dans les voiles, ou dans le dos plutôt, et ça descend presque sans interruption, comme ça n’a pas trop le choix quand on se dirige vers le rivage.


Chemin faisant, j’aperçois l’épouvantail le plus épouvantable qu’il m’ait été donné de voir. Poussé par le vent y flotte le cadavre d’une corneille accroché par les pattes. Ses comparses toujours vivantes doivent avoir compris le message.

Je rends le vélo à la boutique, et reviens à l’auberge où en bon Japonais, je me détends en lisant, en regardant dis-je, une bande dessinée softcore (de la nipporn), trouvée dans l’imposante collection de manga de l’établissement, avant de faire une sieste, fier d’avoir eu le dessus sur Omoto.


Dans ce numéro bleu et blanc, les pilotes de l’air s’envoient en l’air. Dans cette journée fraîche et grise, cette montagne je l’ai soumise.

lundi 21 mars 2011

Fait chaud au pays du sans accent

Je compose ce texte depuis l'auberge Mariudo d'Ishigaki, dont l'ordinateur est exempt du clavier franco. Puisque j'ai horreur de publier quoi que ce soit sans ses accents, je me cantonne aux mots qui n'en prennent pas. Bel exercice de style.

Les insulaires d'ici sont bien Japonais, sauf qu'ils ont pour la plupart un bronzage et semblent plus relaxes.

Hier, premier jour de port de shorts depuis longtemps. Faisait chaud. Un peu de plage, une bonne marche, le soleil m'a ainsi rendu rouge. L'achat d'un beau chapeau n'y aura pas fait grand chose. Si seulement la mixture solaire qu'on se met sur la peau n'avait pas un prix si exorbitant au magasin de la plage. Profiteurs!

Aujourd'hui, j'ai l'objectif de gravir le mont Omoto, point culminant de cette terre insulaire, dont le sommet surpassse les 500 m. J'adore escalader de hauts lieux! J'aime moins en redescendre, en revanche...

Notre langue a beau contenir moults accents, quand on veut, on peut s'en passer!

dimanche 20 mars 2011

Bref passage

Révision du vocabulaire dans l'autocar

Beau dimanche après-midi à Tokyo. En me promenant non loin de chez moi, je n'ai pas perçu de différence majeure par rapport à la normale, et j'ai même aperçu quelques étrangers. La seule indication des circonstances dans lesquelles le Japon se trouve était la multitude de groupes de collecte de fonds pour les victimes du 2011年東北地方太平洋沖地震, le séisme du 11 mars 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku, dans sa version française.


Les joueurs du F.C. Tokyo, installés devant la station Shinjuku, constituaient un de ces groupes. C'était certainement celui qui a attiré le plus d'attention, et espérons-le, le plus de dons.

Je suis sur le point d'aller à l'aéroport Haneda, où demain très tôt m'attend un vol vers les îles du sud, dont Okinawa. Puisqu'on annonce que de la pluie risque bien de tomber, mon départ tombe bien...

samedi 19 mars 2011

Hiroshima, sayonara


C'est en bus de nuit ce soir que je reviendrai dans la capitale nationale. Je m'attends à ce que cet autocar soit plutôt vide, mais ne sait-on jamais.

J'ai décidé de revenir parce qu'un vol m'attend tôt lundi matin à l'aéroport Haneda vers l'île d'Ishigaki. Je l'avais réservé avant de partir pour le Japon, dans le cadre d'une promotion sur vols nationaux à l'achat d'un billet transpacifique. Tant qu'à devoir s'exiler de Tokyo, autant mieux voir du pays.

Je me demande à quoi ressemblera l'atmosphère de Tokyo, désertée par bon nombre de ses ressortissants étrangers. L'aéroport Haneda sera-t-il complétement bondée, ou au contraire plutôt calme, ceux voulant quitter le pays l'ayant déjà fait?

Ça reste à voir. D'ici là, dernière journée à Hiroshima, ce phénix rené des cendres atomiques. En voici d'ailleurs quelques clichés.


De faire retentir la cloche de la paix

Un survivant

Le magnifique jardin Shukkeien, entièrement restauré après la guerre.
Monture

Mannequins

vendredi 18 mars 2011

Une semaine plus tard : remise en perspective

Si j'ai parlé surtout de la question nucléaire depuis quelques temps, c'est que c'est elle qui m'a touché directement, en tant qu'habitant de Tokyo. Heureusement, je m'en suis sorti indemne, et pour cela je me considère privilégié.

Il faut surtout penser aux véritables victimes des événements qui durent depuis aujourd'hui une semaine. En plus des personnes décédées et disparues, qui se comptent par milliers, on recense encore des centaines de milliers de réfugiés, dont la situation demeure précaire et qui sont à court d'eau, de nourriture et de carburant.

On peut tous faire la différence. Au risque de me répéter, je vous invite à faire un don à l'organisme de bienfaisance de votre choix. En voici deux qui sont reconnus :

Croix-Rouge canadienne

Médecins sans frontières

mercredi 16 mars 2011

Genbaku

Genbaku (原爆, de 原 fondamental, et 爆, bombe) : bombe atomique


Parce que je ne pouvais pas passer la journée les yeux rivés sur les nouvelles provenant du nord-est du pays, je me suis rendu au Genbaku Dōmu, le mémorial de la paix d’Hiroshima. Si l’exercice a été plutôt déprimant, j’ai ressenti une certaine nécessité d’y aller, compte tenu de la dégradation de la situation à la centrale Fukushima Daiichi.


J’aurais aimé qu’une colombe blanche se pose près du dôme, mais j’ai eu droit à une corneille noire. À vous d’en faire votre interprétation.

140 000 personnes auraient péri de l’impact initial de cette bombe atomique et de ses retombées, bien souvent dans les souffrances les plus atroces qui soient. La catastrophe de Fukushima Daiichi, qui serait maintenant plus grave que l'accident de Three Mile Island de 1979, selon le secrétaire de l'Énergie américain, n’entraînera probablement qu’une fraction de ce nombre de décès. Pour une raison ou pour une autre, cela ne me rassure pas du tout.


Il faut parfois associer un visage à une tragédie afin de la rendre plus accessible, plus humaine. Parmi la liste consultable des victimes confirmées du bombardement atomique du 6 août 1945, je suis tombé sur un certain Normand Brissette, un soldat de l’armée américaine, prisonnier de guerre des Japonais en ce jour fatidique. Ce jeune Franco-Américain provenait de Lowell, au Massachusetts, un des principaux Little Canadas de la Nouvelle-Angleterre, établis par des ouvriers québécois arrivés en masse au tournant du vingtième siècle. 

J'ignore pour l'instant quel visage sera pour moi associé à la crise actuelle.

mardi 15 mars 2011

Hiroshima

Comme travail de session d’un cours de physique du CÉGEP, j’avais soupesé les avantages et inconvénients de l’énergie nucléaire. Soulignant que la conception du réacteur de Tchernobyl ne répondait pas aux normes occidentales, et que l’accident avait découlé d’un irrespect flagrant des règles par des employés incompétents, j’en avais conclus que tant et aussi longtemps que l’humanité continuerait à être si énergivore, l’énergie nucléaire, que je jugeais relativement sécuritaire, était là pour rester.
Exilé à Hiroshima, lieu de la première attaque atomique de l’histoire, je ne suis plus si sûr de la validité de ce constat.

Fukushima Daiichi. Voilà une centrale qui était exploitée dans un pays développé, selon des normes supposément rigoureuses, et dotée de nombreux dispositifs redondants de sécurité, qui ont tous flanchés.

Voilà des responsables de la centrale qui de toute évidence préfèrent ne pas dire la vérité sur l’état de la situation, pour éviter de causer la panique.

Voilà ces mêmes responsables qu’on devine eux-mêmes paniqués et à court d'idées, et qui en dernier recours, mais dès les premiers jours, décident de pomper de l’eau de mer pour refroidir le cœur des réacteurs. Je doute fortement que cela fasse partie des procédures éprouvées et approuvées.

Avec un peu de recul, c’était plutôt évocateur la manière dont chaque nouveau communiqué de presse desdits responsables annonçait en douceur une situation de plus en plus grave, tout en se voulant toujours tout à fait rassurant.

Malgré les fortes explosions, qu’on nous a présentées comme normales et anodines.

Malgré la présence détectée de césium, élément issu de la fission nucléaire, révélatrice d’une fuite de matière radioactive.

Malgré les mesures relevées de radioactivité, très souvent supérieures aux limites fixées.

Malgré la très probable fonte du cœur d’un ou plusieurs réacteurs, et les répercussions environnementales catastrophiques qui en découleront.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a été fondée afin de promouvoir les usages pacifiques de l'énergie nucléaire et de limiter le développement de ses applications militaires.

Exilé à Hiroshima, lieu de la première attaque atomique de l’histoire, je me demande si ces usages pacifiques en valent la chandelle. Qu'il est loin le temps du CÉGEP.

Deux heures

Le Shinkansen, le train rapide, a quitté la gare de Nagoya, où je suis monté à bord, il y a environ 25 minutes

Si le train m’ayant mené tôt ce matin de Nagoya à Tokyo était presque vide, alors que les nouvelles n’étaient pas encore alarmantes, celui là est bien plein, les passagers dépassant le nombre de sièges disponibles.

En tout, je suis resté deux heures dans cette ville à 350 km à l’ouest de Tokyo.

Deux heures pour prendre un café et manger une bouchée en cherchant une auberge de jeunesse proche.

Deux heures pour me rendre à l’auberge, en confirmer la disponibilité, puis recevoir un message de mon ami Alain annonçant qu’il déménageait sa famille à Hiroshima, beaucoup plus loin, où habite son pote Félix. Deux secondes pour décider d'aller les y rejoindre.

Deux heures pour comprendre que, tenant compte du fait que l’accident nucléaire de Fukushima ne cesse de s’aggraver et que le vent souffle maintenant de la centrale vers Tokyo, 350 kilomètres à l’ouest de Tokyo, ce n’est pas assez loin pour s’offrir une tranquillité d’esprit.

Et deux heures pour me rendre à l’évidence qu’en cas de crise, la meilleure chose à faire est de se rassembler en lieu sûr avec des proches.

Ces proches, j’ai hâte de les serrer dans mes bras.

lundi 14 mars 2011

Penser et faire

Que penser?
D'un côté
Une ambassade de France qui recommande à ses ressortissants de quitter Tokyo

Un camarade d'études rencontré au hasard hier, m'annonçant avoir décidé de retourner dans son Allemagne natale

Ma colocataire, exilée temporairement à Osaka, ville de l'ouest n'ayant rien vécu du séisme

 D'un autre côté
Des magasins en grande majorité ouverts, tout comme les restaurants

Des Japonais qui semblent sereins dans tout ça, et qui pour la plupart ont travaillé aujourd'hui

Une ville d'apparence encore fonctionnelle, malgré des perturbations ferroviaires et des interruptions de l'alimentation électrique annoncées pour pallier la baisse de l'offre énergétique

Que faire?

Ne pas céder à la panique

Rester vigilant et surveiller l'évolution de la situation, en n'excluant pas la possibilité de devoir quitter la ville

Se constituer des provisions de nourriture, d'eau et de bougies, au cas où

Faire un don en aide aux sinistrés

dimanche 13 mars 2011

Mots d'actualité

Jishin (地震 : 地 terre, 震 tonnerre) : tremblement de terre.

Yoshin (余震 : 余 plus de, 震 tonnerre) : réplique.

Tsunami (津波 : 津 port, 波 vague) : tsunami.

Saigai (災害 : 災 calamité, 害 dommage) : désastre.

Kyōmei (救命  : 救 sauver, 命 vie) : sauvetage.

Kibō (希望) : espoir.

samedi 12 mars 2011

24 heures plus tard


La mythologie japonaise attribue les séismes à Namazu, un poisson-chat gigantesque vivant dans la vase des profondeurs terrestres. C’est lorsqu’il échappe à l’attention de son gardien, le dieu Kashima, qu’il gigote à en faire trembler la Terre et effrayer ses habitants.
Samedi 12 mars en début d’après-midi. Assis dans un restaurant à digérer mon repas, je ressens une autre légère réplique. Presque vingt-quatre heures se sont écoulées depuis ce tremblement de terre de magnitude 8,9, dont l’épicentre était à près de 400 kilomètres au nord-est de Tokyo, et plus de 150 répliques ont depuis été répertoriées. Elles sont si fréquentes que je me demande parfois si je les hallucine.

Trois jours plus tôt, le 9 mars, je prends part à une entrevue de groupe, au seizième étage d’un gratte-ciel, lorsque les stores se mettent à osciller comme des pendules et les murs semblent prendre vie. Le recruteur, au bord de la nausée, se voit forcé d’interrompre sa présentation un instant. Une fois la secousse atténuée, on fait des blagues forcées, en feignant de ne pas avoir eu la frousse. Ce serait mal vu de craquer en entrevue, après tout. Impossible à ce moment-là de prévoir que ce séisme de magnitude 7,2 n’est qu’un prélude aux événements du surlendemain.

Le vendredi 11 mars à 14h46, je suis en train de faire mes devoirs à l’institut de japonais lorsque je ressens les premières secousses. Surpassant en intensité celles vécues en entrevue, je me réfugie sous la table. Ça brasse si violemment que je me mets à redouter l’effondrement de l’immeuble. Ce sentiment de n’avoir aucun contrôle sur ma destinée est, pour le moins dire, troublant. Heureusement, ça se calme au bout d'environ deux minutes, deux très longues minutes, le seul dommage apparent étant un petit tas de mousse isolante tombée du plafond.

Je me rends dans la rue en compagnie d'autres étudiants. Quelques répliques s’y produisent peu après. Les fils d'électricité font la valse, tandis que les gens discutent nerveusement. Une camarade d’études, originaire de Kobe, ville victime d’un séisme catastrophique en 1995, fond en larmes en se rappelant de douloureux souvenirs.

Je donne rendez-vous à une amie à 17 h, et nous décidons de marcher pour prendre le pouls de la ville et ses habitants. Si Tokyo a été largement épargnée, les effets ressentis touchent surtout les transports. Les métros et les trains, et nombre d’autoroutes périphériques, absolument essentiels au bon fonctionnement de la mégalopole, sont en effet hors service jusqu’à nouvel ordre, ce qui empêche des millions de Japonais de retourner dans leur demeure de banlieue.

Les trottoirs sont bondés comme jamais. C’est également la première fois que je vois des embouteillages dans les principales artères, car en temps normal les voitures sont souvent laissées de côté parce que peu pratiques.

Les cabines téléphoniques, qui sont presque des reliques du passé dans ce pays hautement technophile, ne répondent plus à la demande. Elles représentent le seul moyen sûr d’entendre la voix d’êtres chers, les lignes cellulaires étant complètement engorgées.

Nous arrivons à la hauteur d’une boutique de vélos devant laquelle une imposante file s’est formée. Tant de banlieusards pour lesquels une bicyclette représente la promesse d’un retour au bercail. Jamais cet établissement n’aura fait de si bonnes affaires.

Dans tout ça, les Tokyoïtes semblent résignés, stoïques même. La retenue bien nippone ne fait pas défaut.

Le calme de Tokyo me donne l’impression que le reste du pays n’est pas trop affecté. Ce n’est que plus tard, en regardant les nouvelles télévisées dans un pub, que je constate l’ampleur de la catastrophe ailleurs au Japon, découlant surtout du tsunami subséquent. Le bilan, tant en vies humaines qu’en dégâts matériels, s’annonce lourd.

Du restaurant où je digère mon repas, je constate que l’avenue Shinjuku n’est plus congestionnée. La cabine téléphonique du coin est à nouveau déserte. Namazu s’est calmé, la vie a repris son cours.

vendredi 11 mars 2011

8.9

J'écris ces lignes depuis ma chambre, une heure et quart après la principale secousse. Mus par une réplique, l'eau vacille dans le verre et mes vêtements dansent sur leur cintre.

Un séisme de magnitude 8,9 s'est produit à 373 kilomètres au nord-est de Tokyo. J'étends des sirènes au loin.

J'étais à l'école, en train de faire mes devoirs, lorsque j'ai ressenti les premières secousses. Voyant qu'elles gagnaient rapidement en intensité, je me suis réfugié sous la table. Je m'attendais à ce que tout se mette à s'écrouler. J'avais peur. Finalement ça s'est calmé, au bout d'environ deux minutes, deux très longues minutes. De la mousse isolante, voilà tout ce qui est tombé du plafond.

J'ai fini par sortir de l'école, pour attendre dans la rue, en compagnie d'autres étudiants. Quelques répliques se sont produites. Les fils d'électricité faisaient la valse, tandis que les gens discutaient nerveusement. De ce que j'ai pu voir, aucun bâtiment ne s'est écroulé. Reste à voir ce qui s'est passé ailleurs.

La puissance brute et omniprésente d'un tremblement de terre est terrifiante. Si on peut prédire l'arrivée d'une violente tempête, s'y préparer et trouver un abri, le tremblement de terre frappe sans avertir. On a beau se terrer sous une table ou dans un cadre de porte, si l'immeuble dans lequel on se trouve s'écroule, il n'y rien à faire. Cruel coup du hasard.

Mes vêtements dansent toujours sur leur cintre, mais l'eau du verre s'est calmée. Ça devrait aller...

jeudi 10 mars 2011

La grande classe

 
La semaine prochaine sera déjà la dernière de mon programme matinal d'apprentissage du japonais. N'ayez crainte pour ma progression : je prévois m'inscrire à la prochaine session, qui débute à la mi-avril.

D'ici la fin, j'entreprends de dresser le portrait de mes camarades de classe, dont la première a été Shi Han. En vedette demain, Yekatarina, en provenance de Russie.

Je me suis donné comme défi d'interviewer Yamada, ma prof favorite, à ma gauche sur la photo. Elle est récalcitrante, mais je compte la convaincre en lui proposant de réaliser le face à face en japonais. Après tout, l'enseignant qui se respecte se doit de favoriser coûte que coûte le perfectionnement de ses élèves, quitte à se sacrifier pour une entrevue!

mercredi 9 mars 2011

Deux temps

Un tremblement de terre de 7,2 sur l'échelle de Richter, quand on se trouve au seizième étage d'un gratte-ciel, ça brasse longtemps, ça fait redouter le pire, et ça donne un début de nausée.
Quand je pense à cette échelle, je pense à Mike Richter, illustre gardien des Rangers du temps où je collectionnais les cartes de hockey.
Une soirée de rock'n'roll dont le prix d'entrée donne droit à un bar open, quand on se trouve au sous-sol d'une petite bâtisse, ça brasse longtemps, ça fait apprécier le mieux, et ça donne un début de nausée à ceux portés à abuser.
Quand je pense à ces moments d'ivresse, je pense que les Japonais sont particulièrement plaisants en boisson, où finalement ils se laissent aller.

mardi 8 mars 2011

Coupe-gorge



Comme cadeau de départ, mes amis torontois m'ont offert un rasoir à lame droite, que je me plais à surnommer coupe-gorge. Rien de plus badass pour se tailler la barbe, au risque de se taillader le visage.

J'avais depuis un certain temps voulu m'en procurer un, sans jamais prendre le temps de bien le magasiner. Recevoir un cadeau non seulement utile mais qui dure toute une vie, que demander de mieux dans notre société de surconsommation où presque tout est jetable?

Chers amis, votre cadeau, je l'utilise à bon escient.

Chers amis, je vous aime.

lundi 7 mars 2011

La popo

En marchant sur le trottoir détrempé, après avoir raccompagné une amie à la station de métro, je me suis fait contrôler par une patrouille cycliste. Le policier dirigeant l'intervention a jugé bon de me fouiller les poches et d'inspecter le contenu de mon portefeuille. Je me suis laissé faire, sachant que je n'avais rien à me reprocher. Il m'a dit de faire attention avec mon minuscule canif de porte-clés à la lame émoussée. Misère.

J'aurais tout de même aimé connaître les droits spécifiques des policiers dans de telles situations, et les conséquences d'un refus d'obtempérer à leurs consignes.

Et si je m'étais enfui dans les rues sombres de mon quartier? D'ailleurs, le simple fait de s'enfuir, alors qu'on n'a rien à se reprocher, est-il passible d'une quelconque sanction? Aurais-je dû essayer de prendre la poudre d'escampette, juste pour voir? Probablement pas, mais c'était libérateur de l'envisager...

dimanche 6 mars 2011

Altitude


J'ai mentionné précédemment que les Japonais ne sont pas généralement grands. Les étrangers de bonne taille doivent donc les impressionner, et particulièrement ce géant, aperçu au Hama-Rikyū Teien. Les autres personnes de la photo sont de taille normale, en passant. Il s'est sûrement souvent fait dire qu'il devrait jouer au basket-ball...

samedi 5 mars 2011

Maid in Japan

Par ce samedi après-midi ensoileilé, je décide d'aller visiter le quartier Akihabara, haut lieu de la culture otaku, qui regorge de magasins d'électronique vendant toutes les bébelles que le nerd nippon pourrait avoir besoin.

Depuis maintenant dix ans y fleurit par dizaines un type d'établissement répondant spécifiquement aux fantaisies de ces otakus, les maid cafés.

En me promenant parmi la foule, et en voyant les nombreuses maids passant des prospectus de leur café respectif, je me dit qu'il faut bien que je tente l'expérience.

Je vais parler à la passeuse de papiers colorés la plus proche. Je m'assure au préalable que le tout ne me coûtera pas un bras (j'ai appris depuis l'épisode des snack bars), puis elle me conduit à son port d'attache, au deuxième étage d'une petite bâtisse.


Baptisé en fonction de l'onomatopée du cri du chat, le Nya Nya Café a, surprise!, un thème félin. Les filles y portent des oreilles de matou et se plaisent à miauler. Je m'installe à une table et commence à converser avec Noirot et Mistigri.

Peu de temps après mon arrivée, un noir bégayant et un latino enrobé s'assoient près de moi. Ces deux soldats américains de la base d'Atsugi ne comprennent pas trop où ils ont mis les pieds, et ils sont décontenancés devant le comportement de minou des maids. J'essaie tant bien que mal de leur vulgariser le phénomène.

En tout, j'y reste environ quarante-cinq minutes, le temps de siroter une bière en pratiquant mon japonais. Le noble objectif d'apprentissage linguistique n'est jamais bien loin.

Pour terminer en beauté, je décide d'opter pour un petit extra : un polaroid avec Sakippo, aux multiples piercings, qui me le personnalise en quelques minutes.

Ahhhh, adorable!
Je règle l'addition, d'ailleurs abordable, et on me remet à une carte de fidélité. À quoi elle me donne droit, je l'ignore. Je pars, le sourire au visage.

Que penser de ces maid cafés? Je ne sais trop. C'est rigolo et innocent, selon ma perspective d'étranger qui n'en a rien à battre des jeux vidéo et autres pertes de temps. Ce n'est pas si sain pour ceux pour lesquels ces établissements sont les seuls lieux de socialisation avec les membres de la gente féminine.

Ce n'est pas pour rien que l'@Home Cafe a jugé nécessaire de proclamer un code de conduite en dix commandements, dont la plupart concernent les problèmes de harcèlement des filles. Car si au final les maid cafés ne proposent qu'un univers de fantaisie et de rêve, certains ont malheureusement tendance à confondre rêve et réalité...

vendredi 4 mars 2011

Passe-moi la manette



Que faire d'amusant entre amis dans le pub du coin? Jouer à un jeu débile de saute-wagons sur la Famicom de l'établissement, bien sûr!

jeudi 3 mars 2011

Tôt-kyo

Presqu'une heure et demie du matin, et puis j'ai de l'école demain, dur dur de se coucher tôt à Tokyo.

mercredi 2 mars 2011

Trève de texte

De temps à autre, comme maintenant, je vais me contenter de publier quelques photos que je trouve intéressantes ou représentatives de ma vie au Japon. Voici donc quatre mille mots, ou quatre images, en d'autres mots.

Désert

Réflexion et construction


Béton


Le maillet et la hache