jeudi 25 juillet 2013
Collagestation
Depuis les mois où je farfouille dans les librairies de livres usagés de Jimbocho à la recherche d’ouvrages d’ukiyo-e et d’illustrations des batailles de la fin de l’époque Edo, et après tant d'heures à choisir, découper, agencer et coller, voilà enfin achevé mon premier collage depuis quelques années, intitulé « Un plat qui se mange chaud »
mardi 23 juillet 2013
Sud au cul
Il faisait certes plutôt frais, mais puisque l'obscurité ne diminue pas le taux d'humidité en même temps qu'elle fait baisser la température, je n'ai pas tardé à être détrempé de la sueur de l'effort. M'accordant une pause en parc à mi-parcours, en m'observant la carcasse suintante, j'en suis venu à la réalisation suivante : celui qui a chaud suera des aisselles. Celui qui a plus chaud encore suera du front et du bas du dos. Celui qui se croirait dans un sauna sera détrempé de la nuque, de l'entre-jambe et du cuir chevelu. Mais celui qui frôle l'hyperthermie, pour lequel aucune partie de son corps et de ses vêtements n'échappe au déluge, suera des avant-bras. Et oui, dans ce parc, bercé par le chant des cigales et le vol des chauve-souris, de mes avant-bras jaillissait le jus de fruit de mes efforts.
À votre prochaine séance intense de sudation brachiale, vous penserez à moi, et je suerai votre exemple!
jeudi 18 juillet 2013
Des nuées dénudées
Dans mes premières années d'école primaire, j'ai rêvé plusieurs fois la variante du même cauchemar.
Au début d'une journée d'école comme les autres, j'attends devant chez moi qu'on vienne me cueillir. L'autobus jaune s'immobilise à ma hauteur. J'y monte, m'assieds sur l'un de ses bancs en cuirette bruns, et là, l'horreur! Ni la brise dehors ni ma mère ne m'ont fait rendre compte que je suis parti sans vêtements! Le bus est déjà en marche, il est trop tard, je suis condamné à passer la journée tout nu, à devenir la risée de tous. L'horreur!
Cette terrifiante réalisation était généralement enchaînée par mon éveil. Je ne pense pas être le seul pour qui l'enfance a été le théâtre de ce mauvais rêve de nudité. Mais parfois j'en revis des relents, sans même dormir, ce qui chez d'autres est probablement moins fréquent. C'est qu'en cette période estivale où le transport à vélo rime avec abondante sudation, il est de mise de réserver l'enfilage de chemise qu'une fois arrivé à destination. La crainte, à la fois absurde et bien-fondée, est donc d'en oublier mes fringues de travail pour ne m'en rendre compte que trop tard, et avec elle l'humiliation de devoir enseigner en bermuda, gougounes et t-shirt. C'est pas tout nu, mais c'est pas jojo non plus!
jeudi 11 juillet 2013
Retour et inversion
Ma chambre est la même qu'à mon dernier passage, il y a presque deux ans. À l'époque, souhaitant voir et peut-être comprendre, au-delà des reportages télévisés, l'impact du triplé séisme-tsunami-accident nucléaire, je m'étais rendu à la ville de Fukushima, à une soixantaine de kilomètres de la centrale Dai-ichi.
Dans un parc en périphérie de la ville, des citoyens de la région y avait organisé un festival, comme plateforme d'échange et de discussion quant à leur avenir et aux risques liés à la radiation. J'y avais rencontré Tomoko, Satoko et Denis, elles japonaises, lui français. De leur kiosque, ils représentaient Ringono, organisme fondé afin de distribuer des pommes de la préfecture d'Aomori, d'où Tomoko et Satoko sont orignaires, la pectine trouvée en abondance dans ce fruit aidant le corps à se débarrasser du césium radioactif.
Je leur avais tenu compagnie et avais aidé à transporter quelques boîtes en fin de journée. Ils m'avaient grâcieusement invité à séjourner au même établissement qu'eux, celui-ci même depuis lequel j'écris les présentes lignes.
Près de deux ans plus tard, nous voici de retour, Denis en moins, à la rencontre de divers groupes et particuliers qui reçoivent toujours l'appui de Ringono. Le périple amorcé hier a également été l'occasion de ma première véritable expérience de conduite à la japonaise, nécessitant l'adaptation à un sens de circulation inserve à celui prévalant au Canada. Heureusement, peut-être aidé par l'habitude de faire du vélo partout à Tokyo, bien vite j'étais à l'aise et en confiance, au soulagement de mes passagères.
Cela dit, la conduite n'était pas sans heurt, car le siège conducteur n'était pas le seul élément à l'inverse de la norme canadienne. Les leviers aussi étaient de convention contraire, si bien qu'en cette journée sans pluie, à plus d'une intersection, au lieu de signaler un virage, j'ai fait subir à mon pare-brise quelques coups d'essuie-glace à sec!
lundi 8 juillet 2013
Nouvelle dimension bloguiste
Si avant même ce moment j'entretenais de sérieux doutes quant à mes chances de réussite, pour cause de préparation inadéquate empirée par le temps de qualité passé avec mon frère en pays non nippophone (pour raisons familiales constituant un motif valable ici), mes impressions le jour d'examen brillaient par leur absence d'équivoque : cet examen du sept juillet, passé mais ne pouvant être que cassé, devenait dès lors test de préparation en vue de la prochaine occasion, début décembre.
Gare à moi toutefois de tomber dans le piège de la procrastination au cours des mois qui restent, car oui oui, il reste beaucoup de temps, et oui oui aussi, fin finaud je me disais la même chose en janvier dernier, alors que juillet et ses chaleurs me semblaient lointains, avec les résultats à venir qu'on devine.
Ainsi m'est venu à l'esprit le questionnement suivant : comment tenter d'étudier avec meilleure régularité au quotidien? Par quel moyen novateur pourrais-je mettre en pratique mes connaissances, apprendre à employer des expressions ou points grammaticaux nouvellement acquis? Au fond, que je me suis dit, quelle habitude quotidienne déjà maintenue pourrait être mise au service de l'apprentissage de cette langue? Et pourquoi ne pas lancer un blogue en japonais, devant servir de réceptacle à une courte composition quotidienne, comme manière de faire mienne la langue apprise, de m'en appuyer pour relater mes tranches vitales? Dans le bassin fertile de mon imagination, l'idée a germé, et ici vous en trouverez la première pousse (non mais, quelle poésie!). Blogue en japonais, croissons ensemble!
samedi 6 juillet 2013
Philippines jour 11 et 12 : rafting et clé
Peu après les coups de sept heures, nous montons à l'arrière de la camionnette du parc, qui doit nous emmener au lieu de rassemblement indiqué par le responsable de l'entreprise de rafting. Dès le départ, je me rends compte que j'ai oublié mon appareil photo, ce qui m'empêche d'immortaliser la demi-douzaine de gamins qui prennent place à nos côtés, dès la sortie du partie, heureux d'un transport express jusqu'à leur école, en contrebas.
De la manière dont on m'avait expliqué le point de rencontre, je m'attendais à ce qu'il soit excenté, surtout qu'en principe nous allons vers une rivière que l'on devine loin du centreville, mais la camionnette finit par nous déposer sur l'avenue centrale, à deux pas de l'hôtel Ramon, où nous avons logé, la nuit précédente! Nous y attend un vieux camion chargé d'embarcations gonflables. Nous ne sommes pas en retard, mais dans ce pays où il est coutume d'arriver d'avance aux rendez-vous, nous sommes à peine assis que déjà le conducteur démarre et embraye la première. Le chemin jusqu'au point d'accès à la rivière est long, cahoteux et inconfortable, si bien qu'il ne se déroule bien qu'en fermant les yeux.
Les autres clients sont philippins, et difficilement distinguables des guides, à l'exception de deux blancs. En les voyant de loin, nous pensions que ces deux types étaient Australiens (surtout en raison de la coiffure blonde et ébouriffée de l'un deux), mais en discutant avant la mise à l'eau, nous apprenons qu'ils sont flamands. Ils voyagent aux Philippines car l'un d'entre deux, Herbert, y a vécu un an en 2009. Sa perspective et ses connaissances du pays, qu'il partage volontiers, sont rafraîchissantes, tout comme l'eau de la rivière que nous nous mettons à naviguer, peu après.
Le parcours est ponctué de quatorze rapides, entrecoupés de segments calmes nous permettant de sauter à l'eau et nous laisser porter par le courant. Contrairement aux eaux glaciales de eaux de la rivière argentine, lors de ma dernière expérience de rafting en 2008, ici nul besoin de wet suit, car la température est idéale, ni froide ni chaude. Les rapides en revanche ne sont pas aussi mouvementés que je l'espérais. Pour des sensations plus fortes, il eut fallu opter pour le niveau expert, plus cher. Le moment est tout de même plaisant sous tous les aspects.
L'activité achevée, c'est le retour à Cagayan, et comme prélude pénible à mon retour à Tokyo, je consacre les quelques heures avant que la camionnette du parc vienne nous cueillir, au même endroit qu'on nous a déposés en matinée, à régler les détails de l'obtention d'une clé de rechange, celle perdue étant désormais propriété de la mer des philippines. Il ne nous reste que la soirée tranquille au sein du manoir Paleaz, puis c'est le départ le lendemain, avant même les premiers cocoricos.
Les difficiles démarches quant la clé se poursuivent à l'aéroport de Manille pendant les quelques heures d'attente avant le vol international à destination du Japon. Tandis que j'échange des courriels et effectuer des appels téléphoniques auprès de la section de clés perdues de l'agence immobilière, plutôt éprouvants en raison de l'absence d'emploi et d'étude du japonais depuis près de deux semaines, Guillaume, ayant choisi Singapour comme courte escapade avant d'aller à la rencontre d'amis en Indonésie, se procure allègrement un billet aller-simple fort abordable, pour un vol le jour même en soirée. Son départ suivra le mien de quelques heures.
Amuse-toi bien en Indonésie, cher frère, tandis que je retourne aux choses sérieuses. Au plaisir de se revoir en août!
Merci chères Philippines pour l'accueil formidable, les bons moments et tes chaleureux habitants. Au revoir!