Ma pancarte de pouce indique simplement "Je parle japonais", bien sûr en japonais. Moyen éprouvé de se déplacer sans devoir toujours mettre à jour sa destination.Il vient me voir alors que je suis en bord de route. Le soleil de milieu d'après-midi me chauffe la nuque, cela fait déjà quarante-cinq minutes que j'attends, je suis moins patient.
Tu devrais écrire ta destination!, qu'il me dit.
Eille le bozo, si j'ai réussi à me rendre jusqu'ici, en pleine campagne japonaise, c'est sûrement parce qu'elle est très bien comme elle est, ma pancarte!, que j'ai le goût de lui dire. C'est trop de trouble de devoir constamment réécrire ma destination suivante, que je lui dit réellement et poliment.
Il me dit que demain il passera par la halte routière de Takachiho, ma destination de la journée, et qu'à ce moment-là il pourra m'emmener vers le mont Aso, ma cible suivante. Je lui réponds qu'on verra demain, sans trop attacher d'importance à ce petit homme.
Quelques minutes après son départ, un jeune accompagné de sa mère, au volant d'une grosse Mercedes avec le volant à gauche, donc importée d'Allemagne, sorte de status symbol, me cueille et m'apporte gentillement jusqu'à la halte en question.
Le lendemain, en matinée je visite le temple de Takachiho, doté de ses arbres centenaires, plus intéressants à mes yeux que le temple comme tel, puis les gorges avoisinantes, spectaculaires. J'ai déjà oublié l'expert en écriteaux d'autostop.
Vers treize heures, je me poste à l'embranchement de la route nationale 324, vers le mont Aso. Un couple tout de noir vêtu, que j'avais aperçu plus tôt dans les gorges, vient me cueillir. Ils me déposent une demi-heure plus tard, au carrefour de la route 265, qui je crois me mènera à ma destination.
Tout de suite après avoir remercié et souhaité bonne continuation aux noireaux, le même type qu'hier immobilise sa voiture devant moi. Quelle mauvaise coïncidence! Il me déclare s'être arrêté à la halte routière, et me reproche d'avoir été absent, contrairement à ce qu'il croit qu'on avait convenu!
À la fois surpris et irrité, je lui réponds séchement que je n'avais rien promis, et que de par sa nature même, mon voyage n'avait pas d'horaire défini.
Il rajoute que je fais fausse route en tentant de rejoindre le mont Aso par la route 265. Même si cette fois-ci il aura raison, je l'envoie poliment paître, ce maudit faticant qui colle aux semelles. Heureusement, dans ce pays pour chaque tache de la sorte, il y a une centaine d'admirables gens, comme j'en ai eu la confirmation plus tard, lorsqu'il un gentil enseignant à la retraite m'a mené jusqu'au cratère fumant d'Aso!
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