À Nobeoka, dans la préfecture de Miyazki, j'attends depuis plus d'une heure qu'on me cueille en bord de route. Le soleil de fin d'après-midi me chauffe la nuque, et un certain faticant vient de me faire la leçon.
Plus tôt, j'avais remarqué un arrêt d'autobus, à une centaine de mètres devant. Je décide d'abandonner le pouce pour la journée et d'aller consulter l'horaire de transport en commun. Le prochain bus ne passe que dans une heure, misère.
Derrière, j'entends une voix qui me demande où je vais. Je me retourne. Elle appartient à un gars d'environ trente ans, dont le visage m'est vaguement familier. Je suis en route vers Takachiho, je lui réponds. (Dans pareil voyage, il est toujours préférable d'employer vers au moment de préciser sa destination, pour éviter de donner l'impression qu'elle est coulée dans le béton). Je t'y emmène, qu'il me dit, en m'indiquant sa voiture garée à proximité. Une rutilante Mercedes, que je reconnais avoir vue, quelques minutes auparavant. Il a donc fait marche arrière, juste pour moi!
Nous posons mon sac dans le coffre avant de prendre place, moi sur la banquette arrière. Sa mère est assisse sur le siège passager. Muneaki, de son nom, est derrière le volant, du côté gauche plutôt que droit. Il s'agit donc d'une voiture importée d'Allemagne, signe de prestige.
Sa Mercedes, il aime bien la pousser dans cette route toute en courbes de plus en plus montagneuse. Je suis nerveux, mais juste un peu, car elle présente une excellente tenue de route, et il me paraît plutôt apte à la manœuvrer adroitement. Sur fond de musique techno, que sa mère j'imagine n'apprécie guère, nous discutons.
Une quarantaine de minutes plus tard, ils me déposent à la halte routière de Takachiho. Reconnaissant de bien avoir voulu m'y amené, je leur souhaite bonne continuation. Aussitôt partis, j'entre dans le centre d'information touristique à la recherche d'un emplacement pour monter ma tente, et aussitôt ma question posée, je me rends compte que mon iPod, muni d'un dictionnaire fort utile, manque à l'appel, oublié sur la banquette en cuir. Objet noir sur fond noir, difficile de ne pas broyer du noir en pensant au temps qu'il mettra à remarquer le petit cadeau que je lui ai laissé.
Tant pis. Je me fais à l'idée. Si le dictionnaire de cet appareil était les petites roues du vélo de la communication en japonais, il me faudra désormais faire de la bicyclette comme un grand, sans stabilisation contrant les chutes, au risque de se faire un bobo linguistique ou deux.
Épilogue : j'ai finalement reçu par mon iPod par messagerie, quelques jours après mon retour à Tokyo. Mon voyage post-dico s'est déroulé sans égratignure ou presque.
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