Il tangue de tous côtés dans le métro bondé. À moitié ou au quart conscient, il se balance au gré des mouvements ferroviaires, sa prise heureusement ferme sur la poignée qui pend du plafond. À quelques reprises il vient choir contre moi, qu'il s'agisse de sa tête, de ses épaules ou de son dos. Ça m'embête un peu, et si initialement je redoute qu'il rende sur ma personne, je trouve la situation rigolote, au point où je ne peux m'empêcher d'en rire. Quelques passagers font de même.
Lorsque le train arrive à la gare Kitasenju, je juge bon de le lui indiquer. Il sourit béatement sans me fixer du regard et sans bouger. Ou bien il est complètement perdu, ou bien il continue sa route dans le même train. Mais voilà que juste avant la fermeture des portes, il quitte le train, en trombe mais de manière étonnamment gracieuse, fondant dans la masse des banlieusards de retour au bercail. Mes homologues usagers semblent à la fois amusés et soulagés. Il rentra chez lui sans problème, tandis que sa gueule de bois se révélera problématique.
jeudi 31 mai 2012
mercredi 30 mai 2012
Petites roues
La bonne habitude, une fois ancrée, se maintient sans nécessiter d'effort excessif. J'ai de toute évidence levé l'ancre sur l'habitude d'écrire; mon navire a dérivé. Tentative d'accoster à nouveau au port de la rédaction quotidienne, secoué par la mer houleuse du laisser-aller, à commencer par une capsule de voyage.
À Nobeoka, dans la préfecture de Miyazki, j'attends depuis plus d'une heure qu'on me cueille en bord de route. Le soleil de fin d'après-midi me chauffe la nuque, et un certain faticant vient de me faire la leçon.
Plus tôt, j'avais remarqué un arrêt d'autobus, à une centaine de mètres devant. Je décide d'abandonner le pouce pour la journée et d'aller consulter l'horaire de transport en commun. Le prochain bus ne passe que dans une heure, misère.
Derrière, j'entends une voix qui me demande où je vais. Je me retourne. Elle appartient à un gars d'environ trente ans, dont le visage m'est vaguement familier. Je suis en route vers Takachiho, je lui réponds. (Dans pareil voyage, il est toujours préférable d'employer vers au moment de préciser sa destination, pour éviter de donner l'impression qu'elle est coulée dans le béton). Je t'y emmène, qu'il me dit, en m'indiquant sa voiture garée à proximité. Une rutilante Mercedes, que je reconnais avoir vue, quelques minutes auparavant. Il a donc fait marche arrière, juste pour moi!
Nous posons mon sac dans le coffre avant de prendre place, moi sur la banquette arrière. Sa mère est assisse sur le siège passager. Muneaki, de son nom, est derrière le volant, du côté gauche plutôt que droit. Il s'agit donc d'une voiture importée d'Allemagne, signe de prestige.
Sa Mercedes, il aime bien la pousser dans cette route toute en courbes de plus en plus montagneuse. Je suis nerveux, mais juste un peu, car elle présente une excellente tenue de route, et il me paraît plutôt apte à la manœuvrer adroitement. Sur fond de musique techno, que sa mère j'imagine n'apprécie guère, nous discutons.
Une quarantaine de minutes plus tard, ils me déposent à la halte routière de Takachiho. Reconnaissant de bien avoir voulu m'y amené, je leur souhaite bonne continuation. Aussitôt partis, j'entre dans le centre d'information touristique à la recherche d'un emplacement pour monter ma tente, et aussitôt ma question posée, je me rends compte que mon iPod, muni d'un dictionnaire fort utile, manque à l'appel, oublié sur la banquette en cuir. Objet noir sur fond noir, difficile de ne pas broyer du noir en pensant au temps qu'il mettra à remarquer le petit cadeau que je lui ai laissé.
Tant pis. Je me fais à l'idée. Si le dictionnaire de cet appareil était les petites roues du vélo de la communication en japonais, il me faudra désormais faire de la bicyclette comme un grand, sans stabilisation contrant les chutes, au risque de se faire un bobo linguistique ou deux.
À Nobeoka, dans la préfecture de Miyazki, j'attends depuis plus d'une heure qu'on me cueille en bord de route. Le soleil de fin d'après-midi me chauffe la nuque, et un certain faticant vient de me faire la leçon.
Plus tôt, j'avais remarqué un arrêt d'autobus, à une centaine de mètres devant. Je décide d'abandonner le pouce pour la journée et d'aller consulter l'horaire de transport en commun. Le prochain bus ne passe que dans une heure, misère.
Derrière, j'entends une voix qui me demande où je vais. Je me retourne. Elle appartient à un gars d'environ trente ans, dont le visage m'est vaguement familier. Je suis en route vers Takachiho, je lui réponds. (Dans pareil voyage, il est toujours préférable d'employer vers au moment de préciser sa destination, pour éviter de donner l'impression qu'elle est coulée dans le béton). Je t'y emmène, qu'il me dit, en m'indiquant sa voiture garée à proximité. Une rutilante Mercedes, que je reconnais avoir vue, quelques minutes auparavant. Il a donc fait marche arrière, juste pour moi!
Nous posons mon sac dans le coffre avant de prendre place, moi sur la banquette arrière. Sa mère est assisse sur le siège passager. Muneaki, de son nom, est derrière le volant, du côté gauche plutôt que droit. Il s'agit donc d'une voiture importée d'Allemagne, signe de prestige.
Sa Mercedes, il aime bien la pousser dans cette route toute en courbes de plus en plus montagneuse. Je suis nerveux, mais juste un peu, car elle présente une excellente tenue de route, et il me paraît plutôt apte à la manœuvrer adroitement. Sur fond de musique techno, que sa mère j'imagine n'apprécie guère, nous discutons.
Une quarantaine de minutes plus tard, ils me déposent à la halte routière de Takachiho. Reconnaissant de bien avoir voulu m'y amené, je leur souhaite bonne continuation. Aussitôt partis, j'entre dans le centre d'information touristique à la recherche d'un emplacement pour monter ma tente, et aussitôt ma question posée, je me rends compte que mon iPod, muni d'un dictionnaire fort utile, manque à l'appel, oublié sur la banquette en cuir. Objet noir sur fond noir, difficile de ne pas broyer du noir en pensant au temps qu'il mettra à remarquer le petit cadeau que je lui ai laissé.
Tant pis. Je me fais à l'idée. Si le dictionnaire de cet appareil était les petites roues du vélo de la communication en japonais, il me faudra désormais faire de la bicyclette comme un grand, sans stabilisation contrant les chutes, au risque de se faire un bobo linguistique ou deux.
Épilogue : j'ai finalement reçu par mon iPod par messagerie, quelques jours après mon retour à Tokyo. Mon voyage post-dico s'est déroulé sans égratignure ou presque.
jeudi 24 mai 2012
Les serviettes
J'arrive en milieu d'après-midi au parc national Aso-Kuju, qui tout de suite me marque par la beauté de ses montagnes. Après avoir la cassé la croûte, je décide d'y rester pour la nuit, avec l'objectif de me lancer à l'assaut du mont Mimata, de 1744 mètres.
L'élévation de base étant de plus d'un kilomètre, je passe dans ma tente la nuit la plus froide du voyage. En plus de mon sac de couchage, d'usage, je dors tant bien que mal vêtu de shorts et d'un chandail de laine, d'une couverture, gracieuseté de la ligne aérienne, des bas les plus longs que j'aie, et de petites serviettes d'onsen, qui enroulées autour de mon crâne se transforment en turban improvisé.
Arrive finalement 6h30, l'heure réglée du réveil. Je crains d'abord de la pluie, en raison de gouttes plus tôt entendues sur ma tente, mais en en sortant que je comprends qu'il ne s'agissait en fait que de condensation écoulée du toit du restaurant au flanc duquel je m'étais installé pour la nuit.
Le soleil du matin est déjà réconfortant, la journée est resplendissante. Je démonte ma tente, dissimule mon gros bagage après avoir préparé mon petit, puis amorce ma montée, qui mettra un peu plus de heures. En cours de descente, le soleil me cuisant la couenne me force à recourir à nouveau à une serviette d'onsen, pour protéger ma nuque de ses rayons.
C'est qu'elles servent bien ces serviettes qui n'ont l'air de rien!
L'élévation de base étant de plus d'un kilomètre, je passe dans ma tente la nuit la plus froide du voyage. En plus de mon sac de couchage, d'usage, je dors tant bien que mal vêtu de shorts et d'un chandail de laine, d'une couverture, gracieuseté de la ligne aérienne, des bas les plus longs que j'aie, et de petites serviettes d'onsen, qui enroulées autour de mon crâne se transforment en turban improvisé.
Arrive finalement 6h30, l'heure réglée du réveil. Je crains d'abord de la pluie, en raison de gouttes plus tôt entendues sur ma tente, mais en en sortant que je comprends qu'il ne s'agissait en fait que de condensation écoulée du toit du restaurant au flanc duquel je m'étais installé pour la nuit.
Le soleil du matin est déjà réconfortant, la journée est resplendissante. Je démonte ma tente, dissimule mon gros bagage après avoir préparé mon petit, puis amorce ma montée, qui mettra un peu plus de heures. En cours de descente, le soleil me cuisant la couenne me force à recourir à nouveau à une serviette d'onsen, pour protéger ma nuque de ses rayons.
C'est qu'elles servent bien ces serviettes qui n'ont l'air de rien!
mardi 22 mai 2012
Le billet
Mon voyage à présent terminé, voici frais servis quelques hors-d’œuvre représentatifs de mes aventures sur l'île de Kyushu. La plupart sont transcrits pratiquement tels quels de mon journal.
Fukuoka, 19h05. Mon coeur file à cent mille à l'heure. Il n'y a pas une minute, j'écrivais quelque détail anodin en attendant le métro à la gare Hakata, la principale de Fukuoka, la principale ville de Kyushu, en vue de m'enfuir de la ville pour gagner la campagne. J'étais accroupi, mon billet reposant sur mon genou droit.
À l'arrivée du métro, un peu brusqué j'ai remis mon journal et mon stylo dans mon petit sac noir, pour me lever et prendre place dans la voiture. Une fois assis, j'ai soudain pensé à mon billet, pour remarquer qu'il brillait par son absence. Pris de panique, je me suis levé et suis allé à la hauteur de la porte, toujours ouverte par je ne sais quelle mineure avarie, pour apercevoir le billet par terre sur la plateforme, à l'endroit exact où je me trouvais il n'y avait pas trente secondes.
Décidant de risquer de me faire séparer de mes bagages, plutôt que d'abdiquer et d'ainsi devoir payer 560 yen à nouveau pour me rendre à la destination souhaitée, bondissant hors du train j'ai saisi mon billet, parvenant à retrouver mes bagages juste avant la fermeture des portes. Le billet en main, les bagages en main, tout allait bien!
lundi 14 mai 2012
Les cartes postales
Les cartes postales n'ont pas nécessairement à transiter par la poste
Je prends place dans le bureau de Daiki Uchiyama, sympathique entrepreneur en construction de Karatsu, dans la préfecture de Saga. Bien qu'il brasse des affaires depuis ce matin, et discute finances avec son frère en ce moment, ma présence n'a pas l'air de l'importuner.
Hier, il m'a cueilli en bordure de la route nationale 202, de laquelle j'étais parti quelques heures auparavant, après ma première, et j'espère seule, nuit à l'hôtel, pour cause d'arrivée tardive à des environs peu propices au montage de tente.
Daiki m'a invité à prendre un café chez lui, tout près de son bureau, pour quelques minutes plus tard m'inviter à rester chez lui pour la nuit. J'ai ainsi fait la connaissance de Masumi, son épouse, et de Momo-chan, leur fillette enjouée. Leur hospitalité est bien tombée, car après presque deux semaines de beau temps ininterrompu, hier tombait la pluie.
Le jour précédent, j'avais acheté de vieilles et jolies cartes postales, à distribuer aux âmes charitables croisées sur mon chemin. Celle que je lui ai remise avec message de remerciement, représentant un soleil couchant et un cerisier en fleurs, a eu l'air de lui plaire. Petit présent personnalisé pour ceux qui sauront apprécier.
jeudi 10 mai 2012
Le sanglier
Du 1er au 6 mai, j'aide une famille propriétaire d'un sympathique café à la halte routière de Tarumizu, non loin du volcan Sakurajima, en perpétuelle éruption. Ces dates correspondent à la Golden Week, sorte de vacances de la construction mais bien pire parce que tous les Japonais sont en congé.
Essentiellement, à leur kiosque je vends de la glace dite rasée (j'ignore le vrai terme), aux saveurs de fruits. Ils m'offrent un toit sous lequel monter ma tente, me nourrissent et me paient l'onsen le soir venu, tandis que j'exerce mon japonais comme jamais auparavant. Entente mutuellement avantageuse.
Le 5 mai 2012, après un barbecue avec la famille et des invités, je me retrouve fin seul devant les braises faiblissantes ayant servi à cuire le festin. Il est presque minuit, et je décide d'aller explorer l'intérieur des terres, tout en collines. La lune étant presque pleine, je parviens à distinguer la route de terre sans recourir à ma lampe frontale. J'y vois divers champs, quelques maisonnettes, une grande carrière, le tout dans un silence presque total.
Sur le chemin de retour vers ma tente, à ma droite je perçois soudain du bruit provenant d'un masse dense de buissons. Je me dis d'emblée qu'il s'agit probablement d'un singe qui, alerté par ma présence, cherche un peu nerveusement à gagner un lieu plus sûr.
J'ai désormais passé les buissons, or le bruit ne cesse pas. Au contraire, il semble s'intensifier. Je m'éloigne en y gardant un oeil. À une douzaine de mètres, soudain jaillit un animal, qui me charge à toute vitesse!
Je pense initialement qu'il s'agit d'un loup ou d'un chien sauvage, mais je n'ai pas trop le temps de me pencher sur sa nature de bête, car il est déjà presque à ma hauteur, n'ayant aucunement changé de cap. Par instinct de survie, je bondis vers l'arrière en poussant un cri de mort auquel je ne me savais pas capable, puis j'y vais d'un coup de pied qui lui frôle la nuque.
Ce n'est qu'à ce moment que je comprends que j'ai affaire à un cochon sauvage. Surpris j'imagine par mon coup de savate et mon effroi vocal, il continue sa course puis disparaît dans la nuit. Mon coeur bat la chamade, et par précaution je descends la petite colline qui me sépare de la route nationale 220, asphaltée et plus sûre.
Le lendemain, après avoir relaté ma péripétie à Joshi, le frère de la famille, ce dernier m'indique que parfois ces animaux (猪, inoshishi en japonais) tuent les infortunés qui ont la malchance de se trouver sur leur chemin.
Je ne pense pas avoir auparavant fait face à pareille situation. J'estime avoir tout de même bien réagi face à ce porc. L'absence d'égratignure, pour lui et moi, en fait foi. Ça sera un méchoui de sanglier, la prochaine fois.
Essentiellement, à leur kiosque je vends de la glace dite rasée (j'ignore le vrai terme), aux saveurs de fruits. Ils m'offrent un toit sous lequel monter ma tente, me nourrissent et me paient l'onsen le soir venu, tandis que j'exerce mon japonais comme jamais auparavant. Entente mutuellement avantageuse.
Le 5 mai 2012, après un barbecue avec la famille et des invités, je me retrouve fin seul devant les braises faiblissantes ayant servi à cuire le festin. Il est presque minuit, et je décide d'aller explorer l'intérieur des terres, tout en collines. La lune étant presque pleine, je parviens à distinguer la route de terre sans recourir à ma lampe frontale. J'y vois divers champs, quelques maisonnettes, une grande carrière, le tout dans un silence presque total.
Sur le chemin de retour vers ma tente, à ma droite je perçois soudain du bruit provenant d'un masse dense de buissons. Je me dis d'emblée qu'il s'agit probablement d'un singe qui, alerté par ma présence, cherche un peu nerveusement à gagner un lieu plus sûr.
J'ai désormais passé les buissons, or le bruit ne cesse pas. Au contraire, il semble s'intensifier. Je m'éloigne en y gardant un oeil. À une douzaine de mètres, soudain jaillit un animal, qui me charge à toute vitesse!
Je pense initialement qu'il s'agit d'un loup ou d'un chien sauvage, mais je n'ai pas trop le temps de me pencher sur sa nature de bête, car il est déjà presque à ma hauteur, n'ayant aucunement changé de cap. Par instinct de survie, je bondis vers l'arrière en poussant un cri de mort auquel je ne me savais pas capable, puis j'y vais d'un coup de pied qui lui frôle la nuque.
Ce n'est qu'à ce moment que je comprends que j'ai affaire à un cochon sauvage. Surpris j'imagine par mon coup de savate et mon effroi vocal, il continue sa course puis disparaît dans la nuit. Mon coeur bat la chamade, et par précaution je descends la petite colline qui me sépare de la route nationale 220, asphaltée et plus sûre.
Le lendemain, après avoir relaté ma péripétie à Joshi, le frère de la famille, ce dernier m'indique que parfois ces animaux (猪, inoshishi en japonais) tuent les infortunés qui ont la malchance de se trouver sur leur chemin.
Je ne pense pas avoir auparavant fait face à pareille situation. J'estime avoir tout de même bien réagi face à ce porc. L'absence d'égratignure, pour lui et moi, en fait foi. Ça sera un méchoui de sanglier, la prochaine fois.
Le faticant
Ma pancarte de pouce indique simplement "Je parle japonais", bien sûr en japonais. Moyen éprouvé de se déplacer sans devoir toujours mettre à jour sa destination.Il vient me voir alors que je suis en bord de route. Le soleil de milieu d'après-midi me chauffe la nuque, cela fait déjà quarante-cinq minutes que j'attends, je suis moins patient.
Tu devrais écrire ta destination!, qu'il me dit.
Eille le bozo, si j'ai réussi à me rendre jusqu'ici, en pleine campagne japonaise, c'est sûrement parce qu'elle est très bien comme elle est, ma pancarte!, que j'ai le goût de lui dire. C'est trop de trouble de devoir constamment réécrire ma destination suivante, que je lui dit réellement et poliment.
Il me dit que demain il passera par la halte routière de Takachiho, ma destination de la journée, et qu'à ce moment-là il pourra m'emmener vers le mont Aso, ma cible suivante. Je lui réponds qu'on verra demain, sans trop attacher d'importance à ce petit homme.
Quelques minutes après son départ, un jeune accompagné de sa mère, au volant d'une grosse Mercedes avec le volant à gauche, donc importée d'Allemagne, sorte de status symbol, me cueille et m'apporte gentillement jusqu'à la halte en question.
Le lendemain, en matinée je visite le temple de Takachiho, doté de ses arbres centenaires, plus intéressants à mes yeux que le temple comme tel, puis les gorges avoisinantes, spectaculaires. J'ai déjà oublié l'expert en écriteaux d'autostop.
Vers treize heures, je me poste à l'embranchement de la route nationale 324, vers le mont Aso. Un couple tout de noir vêtu, que j'avais aperçu plus tôt dans les gorges, vient me cueillir. Ils me déposent une demi-heure plus tard, au carrefour de la route 265, qui je crois me mènera à ma destination.
Tout de suite après avoir remercié et souhaité bonne continuation aux noireaux, le même type qu'hier immobilise sa voiture devant moi. Quelle mauvaise coïncidence! Il me déclare s'être arrêté à la halte routière, et me reproche d'avoir été absent, contrairement à ce qu'il croit qu'on avait convenu!
À la fois surpris et irrité, je lui réponds séchement que je n'avais rien promis, et que de par sa nature même, mon voyage n'avait pas d'horaire défini.
Il rajoute que je fais fausse route en tentant de rejoindre le mont Aso par la route 265. Même si cette fois-ci il aura raison, je l'envoie poliment paître, ce maudit faticant qui colle aux semelles. Heureusement, dans ce pays pour chaque tache de la sorte, il y a une centaine d'admirables gens, comme j'en ai eu la confirmation plus tard, lorsqu'il un gentil enseignant à la retraite m'a mené jusqu'au cratère fumant d'Aso!
Les soeurs
Deux soeurs, la cadette de 29 ans, l'aînée de 31 ans. Propriétaires d'un restaurant de ramen et en route vers le boulot, elles ne m'ont fait progresser que de deux ou trois kilomètres, dans la ville de Miyakonojo.
En temps normal, j'aurais été un peu déçu d'un si court parcours. L'alléchant décoletté en contreplongée offert par l'ainée, alors qu'elle m'aidait à sortir mon lourd sac de la banquette arrière, a heureusement enjolivé l'expérience. Les conducteurs suivants ont peut-être remarqué un sourire un peu plus prononcé qu'à l'habitude sur mon visage de pouceux.
En temps normal, j'aurais été un peu déçu d'un si court parcours. L'alléchant décoletté en contreplongée offert par l'ainée, alors qu'elle m'aidait à sortir mon lourd sac de la banquette arrière, a heureusement enjolivé l'expérience. Les conducteurs suivants ont peut-être remarqué un sourire un peu plus prononcé qu'à l'habitude sur mon visage de pouceux.
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