L'air est frais aujourd'hui, l'humidité, de retour à un degré décent. Ça me donne envie d'écrire, mais il y a aussi le beau ciel bleu qui me donne le goût d'aller courir. Les belles journées d'automne ont le don de nous déchirer.
Mon frère Guillaume a amorcé, il y a quelques semaines, sa troisième année d'études universitaires en pharmacie. C'est donc dire que d'ici quelques années, on devrait le voir à l'œuvre, vêtu d'un sarrau blanc, à distribuer, personnaliser dis-je, divers élixirs aux médicamentés. Il s'est engagé dans cette voie après l'achèvement d'un baccalauréat et de la moitié d'une maîtrise dans le domaine des sciences humaines. Fallait le faire.
Certes, sous peu il sera un véritable pharmacien, mais pour ce qui est de jouer à l'apothicaire, il sera deuxième au fil d'arrivée. C'est qu'une amie japonaise de Tokyo, pratiquant la pharmacie depuis quelques années déjà, m'a fait part du projet de conception d'une brochure promotionnelle par son employeur. Parmi les valeurs que cette société pharmaceutique cherche à véhiculer, la connaissance de l'anglais de son personnel y tiendra une place prépondérante. Natsumi, l'amie, en est un excellent exemple, ayant vécu quelques années à Toronto, lieu par ailleurs de notre rencontre.
Le hic, c'est que Natsumi, comme sans doute tous ses collègues doués en lingua anglica, est Japonaise et ainsi a l'air japonaise. Il faut donc, pour la brochure, un pharmacien qui soit blanc, pardon, qui ait l'air de parler couramment anglais, au diable que le bougre en question ne soit pas pharmacien pantoute.
La séance de photo aura lieu demain. Il me suffira, j'imagine, d'arborer un sourire invitant qui met en confiance et des yeux doux qui disent, en anglais, « prenez ces médicaments et n'ayez crainte, ils vous feront le plus grand bien », et surtout, d'avoir l'air non-Japonais. Pour le dernier critère, ça devrait aller, pour le sourire et les yeux, je dois encore m'exercer.
Alors Guillaume, on sait déjà qui sera le plus compétent des pharmaciens, mais qui sera le plus convaincant?